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Energie - Page 145

  • Alimentation : élevez et mangez des insectes !

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    Le chef étoilé David Faure (à gauche), du restaurant niçois "Aphrodite", pose avec son assistant Geoffroy Szamburski devant une "inclusion de grillons en bubble au whisky". Photo archives AFP

    "Les insectes nourriront-ils la planète ?"  Le titre du livre de Jean-Baptiste de Panafieu, publié cette année aux éditons du Rouergue, pose la bonne question économique, sociétale et écologique du moment, celle qui fait le buzz partout dans le monde. Jusqu'en Gironde, où l'association girondine Terre & Océan organise ce soir une conférence-débat, à l'Aquaforum de Bègles, sur le thème "Insectes comestibles", avec Sylvain Much, un passionné d'environnement, mordu d'insectes, auteur d'un livre éponyme.

    insectes comestibles.jpgLa vraie fausse mauvaise réputation

    Les insectes, ça  pique, ça mord, ça grouille...  Dans nos sociétés occidentales, l'idée de les consommer dérange et répugne. Et pourtant, depuis 2008, comme le souligne le petit livre de Jean-Baptiste de Panafieu, la FAO (l'organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture), soutient le développement de la consommation des insectes en s'appuyant sur les exemples des nombreux pays où l'entomophagie (consommation d'insectes) est une pratique courante, parfois même très prisée pour ses qualités gustatives et gastronomiques. Sans compter que, si l'idée de manger des insectes nous choque, nous le faisons déjà sans nous en rendre compte  : nous ingurgitons à notre insu 500 grammes d'insectes en moyenne par an, présents dans les fruits, les confitures, ou la farine du pain, des tartes et des gâteaux. Et puis les Français avalent bien déjà les cuisses de grenouilles ou les escargots sans tordre le nez...

    insectes étals.jpgTrès prisés par 2 milliards d'humains

    En Afrique, en Asie, en Amérique, en Australie... plus de 2 milliards d'êtres humains mangent près de 2.000 espèces d'insectes au quotidien. Sur les marchés thaïlandais, on trouve ainsi des étals d'insectes frits, comme sur les nôtres des crevettes ou des beignets de calamar. Mieux, les petites bêtes sont la plupart du temps croquées pour le plaisir, comme plat principal ou comme tapas et les consommateurs sont parfois prêts à les payer au prix fort. Ainsi au Mexique, où "des restaurants spécialisés dans la nourriture pré-hispanique propose aujourd'hui à leurs clients des insectes, comme les "escamoles", des "oeufs de fourmis" difficiles à récolter et très coûteux", raconte Jean-Baptiste de Panefieu. Un genre de caviar d'insectes, en somme. 

    L'insecte est écologiquement vertueux

    L'organisation qui lutte contre la faim dans le monde cherche aussi à promouvoir l'utilisation des insectes en Occident, dans les pays industrialisés, car ils sont une source de protéine de qualité et leur production est plus respectueuse de l'environnement que ne l'est celle de la viande d'élevage. L'élevage des insectes est moins polluant que celui des vaches, cochons et autres poulets, car peu émetteur de gaz à effet de serre. Il ne faut que deux kilos d'aliments pour produire un kilo d'insectes, contre huit pour un kilo de boeuf. Enfin, les petites bêtes ont une teneur en protéines et minéraux plus élevée que la viande. Excellents pour la santé, les insectes font aussi de parfaites farines (goûtez la quiche à la farine de vers !),  y compris pour l'alimentation animale.

    foie_gras_grillons.jpgVous reprendrez bien un peu de grillon ?

    L'un des premiers chefs à se lancer dans l'aventure en France est le chef étoilé David Faure dans son restaurant niçois Aphrodite, où il propose depuis le printemps dernier un menu "spécial insectes". Attention, ça réveille les papilles : foie gras poêlé et croustillant de grillon au sarrazin(photo ci-contre)... Cédric Auriol, le fondateur de Micronutris à Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne) se sert de la petite bête de la même manière que des amandes effilées, sur de la glace à la vanille, avec un peu de caramel. Première entreprise de production d'insectes à destination alimentaire en Europe, sa start-up veut se développer autant en Europe que sur le sol national, en répondant aux enjeux sociaux et environnementaux de l'alimentation de l'humanité. La ferme d'insectes en intérieur près de Toulouse emploie 6 salariés, produit grillons et vers à farine et envisage de mettre sur le marché, d'ici à la fin de l'année un produit grand public, une barre chocolatée à base de poudres d'insectes. Chocolatier à Mazamet, Guy Roux propose déjà une gamme de chocolats à base de grillons séchés et de vers de farine. Et depuis le 12 octobre, un bar parisien offre à ses clients cinq bouchées de sauterelles, vers et punaises... C'est sûr,  les insectes arrivent dans nos assiettes !

    En marge de la loi en Europe

    Cette nouvelle filière d'alimentation humaine et animale à base d'insectes s'installe en profitant du flou de la réglementation européenne en la matière. En France, si la commercialisation d'insectes n'est pas clairement autorisée, elle n'est en tout cas pas interdite et reste tolérée. Aux pionniers de l'alimentation à base d'insectes de mettre les bouchées doubles pour développer cette nouvelle pratique culinaire avant que l'Europe ne mette son nez dans les élevages de criquets, punaises d'eau, sauterelles, vers et autres grillons, ou que les éleveurs bretons ne partent en croisade contre la concurrence potentielle de ce mini-bétail qui s'élève plus sainement que les cochons nourris en batteries, dont les fumiers engendrent la pollution par les nitrates, responsable des algues vertes.

    viande in vitro.jpgNourrir la planète

    Revenons à nos moutons. Pardon, à nos insectes. "Mangez des pommes !", le slogan de campagne satirique imaginé en 1995 par les Guignols de l'info pour la marionnette de Jacques Chirac, alors candidat à l'élection présidentielle, pourrait bien devenir, en 2022, "Mangez des insectes !". En effet, s'il ne s'agit pas de remplacer totalement la viande par les insectes, il est intéressant de faire entrer ces animaux dans notre alimentation, pour l'avenir de la sécurité alimentaire de l'humanité. La planète compte déjà plus de 7 milliards d'être humains et 842 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La Terre devrait abriter 10 à 11 milliards d'habitants d'ici à la fin du XXIe siècle. Comment parvenir à nourrir tout ce monde-là correctement, en procurant aux consommateurs les protéines animales dont ils sont de plus en plus friands ? Des chercheurs travaillent aujourd'hui à créer de la viande de synthèse (photo ci-dessus), à grands frais, avec des incertitudes sur les répercussions sur l'environnement et la santé humaine. Développer l'élevage d'insectes pour les consommer est une autre solution, a priori beaucoup plus écologique et économique.

    Et en plus, ça peut être délicieux, comme Sylvain Much se propose de nous le faire découvrir ce soir. Car à Bègles, après les débats, des dégustations insolites sont prévues...

    Cathy Lafon

    PRATIQUE

    A LIRE

  • Fiscalité verte : les députés votent la contribution climat énergie

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    L'Assemblée nationale a voté, le 21 octobre, l'instauration d'une taxe carbone dans le  budget de 2014. Photo AFP

    Les députés ont voté lundi l'instauration d'une contribution climat énergie (CCE) dans le budget 2014, une taxe carbone revisitée qui va monter en puissance d'ici 2016 pour financer une diminution du coût du travail et la baisse de la TVA sur la rénovation énergétique du logement social.

    baupin.jpg"Une avancée"

    Il s'agit d'augmenter progressivement les taxes intérieures sur la consommation des produits énergétiques polluants, les TIC, en fonction de leurs émissions de CO2. Dans un contexte politique où, en matière d'écologie, s'accumulent tergiversations, avancées et reculs, les écolos ne boudent pas leur plaisir. "Pour la première fois, nous allons avoir une composante carbone dans notre fiscalité. C'est une avancée", s'est félicité l'écologiste Denis Baupin dont le parti avait fait du verdissement de la fiscalité une condition pour le vote du budget 2014. L'opposition est beaucoup moins enthousiaste. Le député UMP Jean-François Lamour dénonce "une montée en puissance rapide, juste après les municipales pour combler les déficits" de l'Etat et pointe la double peine qui risque peser sur l'usager des transports : la hausse du carburant à la pompe et la hausse de la TVA, qui pourrait entraîner une nouvelle augmentation des billets de train, rebondissant sur la demande de Guillaume Pépy, le président de la SNCF, d'exempter les transports collectifs de la hausse de la TVA dans les transports publics prévue au 1er janvier.

    4 milliards d'euros en 2016

    Cette composante carbone intégrée aux TIC sera fixée à 7 euros la tonne, puis atteindra 14,5 euros en 2015 et 22 en 2016. En tout, la mesure doit rapporter à l'Etat 340 millions d'euros l'an prochain, avant une montée en puissance à 2,5 milliards en 2015 et 4 milliards en 2016. La TIC sur les carburants et sur le fioul domestique sera cependant globalement maintenue au même niveau l'an prochain, et elle n'augmentera que sur le fioul lourd, le gaz naturel et le charbon.

    Un surcoût indolore pour le consommateur

    Selon le rapporteur au budget Christian Eckert (PS), la CCE devrait représenter en 2015 une augmentation d'environ 2,9 centimes par litre pour le gazole. Cela correspondra à un surcoût pour le consommateur sur l'année de 28 euros pour un célibataire se chauffant au gaz, ou de 1,4 euro s'il se chauffe au fioul domestique.

    "Substituer le coût de l'énergie fossile au coût du travail"

    Sur les quatre milliards attendus en 2016, trois milliards contribueront au financement du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) tandis qu'un milliard financera l'application du taux réduit de TVA à la rénovation énergétique et au logement social.

    Si certains députés auraient préféré que l'affectation du produit aille davantage aux ménages, l'écologiste Eric Alauzet s'est félicité "qu'on substitue au coût du travail le coût de l'énergie fossile" comme le font déjà les pays nordiques.

    Cathy Lafon avec l'AFP

    PLUS D'INFO

    • Le texte de loi sur la contribution climat énergie : cliquer ICI
  • Respirer peut nuire gravement à la santé: la pollution de l'air est "cancérigène", selon l'OMS

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    Embouteillage sur la rocade de Bordeaux, 25 janvier 2012. Photo archives Sud Ouest/Thierry David

    La pollution de l'air que nous respirons est bien cancérigène. Telle est la conclusion de l'agence spécialisée sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui pointe aujourd'hui du doigt la responsabilité de nombreux secteurs économiques et des modes de transports.

    diesel.jpgDiesel et particules fines

    Le diesel et les particules fines ont déjà été classés dans la catégorie "cancérigène certain" en juin 2012 par le CIRC. Au vu de l'augmentation des maladies respiratoires et de leur corrélation avec les dépassements croissants des seuils admissibles pour la santé de la pollution atmosphérique, on n'en doutait plus vraiment : la pollution de l'air, pour la santé, ce n'est pas bon du tout... On a maintenant la certitude scientifique qu'elle est responsable de nombreux cancers. Après avoir analysé des études portant sur des milliers d'hommes et de femmes suivis pendant plusieurs décennies, les membres de l'agence internationale, réunis à Lyon, sont arrivés à la conclusion jeudi que la pollution de l'air qui nous entoure est cancérigène. Selon eux, "'il existe des preuves suffisantes pour dire que l'exposition à la pollution de l'air extérieur provoque le cancer du poumon". Ils notent également une "association positive avec un risque accru de cancer de la vessie".

    Pollution air.jpg220.000 cancers du poumon

    Selon le CIRC, "'il existe des preuves suffisantes pour dire que l'exposition à la pollution de l'air extérieur provoque le cancer du poumon". L'organisme note également une "association positive avec un risque accru de cancer de la vessie". Les données les plus récentes montrent qu'en 2010, 223.000 personnes étaient décédées d'un cancer du poumon en lien avec la pollution de l'air. "Nous savons maintenant que la pollution de l'air extérieur n'est pas seulement un risque majeur pour la santé en général, mais aussi une cause environnementale de premier plan des décès par cancer", ajoute le docteur Kurt Straif, membre du CIRC. Les personnes les plus exposées à l'air pollué sont les plus vulnérables. Sont-elles plutôt jeunes ou plutôt âgées, principalement des femmes ou au contraire des hommes ? Pour l'instant, les données ne permettent pas une analyse aussi fine.

    pollution chine wuhan.jpgAugmentation de la pollution de l'air

    Les études compulsées par l'agence de l'OMS montrent que, ces dernières années, les niveaux d'exposition à la pollution atmosphérique ont augmenté significativement dans certaines régions du monde, en particulier dans les pays largement peuplés et à croissance industrielle rapide, comme la Chine. Sans diminuer pour autant dans les pays développés. Tel est le cas par exemple, de la France, en Europe, au premier rang des pays où la pollution de l'air tue le plus, comme le revélait une étude scientifique réalisée par la Nasa, publiée en juillet dernier.

    Asthme, bronchites, pneumopathie : un coût de 1,7 milliards d'euros pour la France

    En France, selon un document du Commissariat général au développement durable (CGDD) daté d'octobre, la pollution de l'air coûte de 0,7 à 1,7 milliard d'euros par an au système de soins. L'asthme, avec de 400.000 à 1,4 millions de nouveaux cas par an attribuables à la pollution, est "l'exposition chronique qui est globalement la plus préjudiciable en termes d'impact sanitaire"', avec un coût total situé entre 335.000 euros et 1,1 milliard d'euros. Suivent les bronchites aiguës (950.000 nouveaux cas), les bronchites chroniques (134.000 cas), et les broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO, entre 26.000 et 39.500 cas).

    pollution air usine.jpgRéduire la pollution atmosphérique : c'est possible

    Pour le CICR, la situation n'est pas sans remède. "Il y a des façons effectives de réduire la pollution atmosphérique et, étant donné l'ampleur de l'exposition (à la pollution, ndlr) qui touche les personnes à travers le monde, ce rapport devrait envoyer un signal fort à la communauté internationale pour qu'elle agisse sans délai", déclarent les experts. Dans son communiqué diffusé jeudi, l'organisation souligne que les principales causes de la mauvaise qualité de l'air sont principalement les transports, l'industrie, l'agriculture. Et, dans une moindre mesure, de cuisiner et de chauffer son lieu de résidence.  Dont acte.

    Le CIRC publiera ses conclusions de façon plus détaillée le 24 octobre, en les mettant en ligne sur le site The Lancet Oncology.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le rapport du CICR," IARC: Outdoor air pollution a leading environmental cause of cancer deaths" : cliquer ICI

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