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Energie renouvelable - Page 146

  • Sciences. A la recherche du 7ème continent

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    Un 7ème continent, amas de déchets et de détritus DR Plus belle Ma Terre

    Cette bonne vieille planète Terre n'a pas fini de nous étonner... On croyait ce monde définitivement exploré et cartographié, jusqu'à la Lune et même jusqu'à Mars, et voici qu'on parle de l'apparition d'un nouveau continent, le septième donc, qui se situerait dans le Pacifique Nord.

    elan.jpgPour en savoir plus, une expédition scientifique, l'"Expédition 7ème continent", doit bientôt larguer les amarres. Après avoir repoussé deux fois la date de son départ, c'est à la fin du mois de mai que la goélette "Elan" devrait s'élancer à la recherche de ce nouveau continent : départ de Cayenne, prévu le 21 mai, et de San Diego (Californie), le 28. A son bord, des chercheurs du CNES (Centre national d'études spatiales) : Patrick Deixonne, chef de mission et skipper professionnel, est accompagné de plusieurs coéquipers, dont un caméraman-photographe, pour partager en direct avec le grand public les découvertes de l'expédition qui devrait durer six semaines.

    Un nouveau continent... de déchets plastiques

    Alors, quid de ce "nouveau continent "? Les mouvements violents et récents des plaques tectoniques responsables des séismes et du tsunami qui ont dévasté l'an dernier la région de Fukushima, au Japon, auraient-ils permis l'émergence d'une vaste île au coeur du Pacifique ? L'Atlantide aurait-elle ressurgie des abysses ? Voilà qui serait du pur Jules Vernes et nous ferait rêver d'aventures et d'explorations. Hélas, le "7ème continent" n'incite nullement à la rêverie et n'a rien de glamour : il s'agit en réalité d'une "Grande Plaque de déchets", ou de plusieurs plaques, qui se forme au sein du Pacifique Nord, entre les côtes de Hawaï et de l'Amérique du nord, à partir de millions de tonnes de détritus plastiques charriés par les courants océaniques. Dans cette région du globe, les courants tournent dans le sens des aiguilles d'une montre et créent une spirale interminable, un puissant vortex, qui fait tourbillonner les déchets en plastique et les accumulent depuis des années. Les déchets proviennent des côtes et des fleuves, le tourbillon subtropical du Pacifique nord les ramène vers son centre, créant  ainsi une zone flottante de détritus agglomérés, d'une superficie de près de 3,5 million de km2. Soit 7 fois la superficie de la France. Rien de moins.

    Pourquoi l'expédition "7ème continent ?"

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    Le vortex de détritus dans l'océan Pacifique Nord. Carte DR Arte

    Comme tous les problèmes écologiques qui n'ont pas encore affecté directement notre quotidien et notre santé, le phénomène n'intéresse pas vraiment grand monde aujourd'hui, à part les écologistes et les scientifiques. Son existence est même, cela va de soi, remise en question par la famille des écolo-sceptiques. Il est vrai que la "soupe plastique", ou "great pacific garbage patch", comme on l'appelle au Nord-Est de l'océan Pacifique, n'est pas située dans une zone très fréquentée par la navigation marchande et le tourisme. En outre, l'imagerie satellite n'est pas assez puissante pour qu'on puisse avoir une idée précise de sa superficie. Quant à sa composition, elle n'a pas non plus fait encore l'objet d'analyses scientifiques.

    Dans 20 ans, un "continent" vaste comme l'Europe

    Et pourtant, dans 20 ans, si rien n'est fait, le "7ème continent" sera aussi grand que l'Europe. Avec des conséquences néfastes évidentes sur la composition de nos océans, qui recouvrent 2/3 de notre planète et abritent d'immenses prairies de plancton et d'autres micro-organismes, véritable et immense pompe à oxygène de notre biotope : ils absorbent plus de la moitié du CO2 produit sur Terre. A l'heure du réchauffement climatique et de l'impératif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, il ne fait aucun doute que l'avenir de l'humanité dépend plus que jamais de la préservation des océans...

    Seules deux expéditions américaines se sont rendues à ce jour sur place, en 2006 et 2009, dont celle de la SEAPLEX, qui a pu constater l'existence d'un gigantesque vortex de déchets. Doù l'importance de la mobilisation actuelle des scientifiques français du CNES, par le biais du projet Argonautica, pour constituer les preuves matérielles des nombreuses plaques de détritus qui encombrent le Pacifique nord, et analyser la composition chimique des particules polluantes.  Afin d'anticiper leur impact sur le milieu océanique et d'essayer de lutter contre le phénomène.

    Au XXIème siècle, l'aventure s'achève dans les poubelles de l'humanité

    Les  Indiana Jones, Magellan, Christophe Colomb et autres aventuriers de nos temps modernes ont intérêt à se vêtir de combinaisons étanches et de masqus antipollution et à oublier vite fait leurs rêves de trésors enfouis à exhumer.  Les seules terres qui restent à explorer dans notre XXIème siècles sont les sales produits de notre mode de vie : consommation effrénée, pillage des ressources naturelles et asséchement des énergies fossiles...  Non seulement la banquise fond, en raison du réchauffement climatique, mais jamais à court d'idées, l'humanité la remplace par une nouvelle banquise de plastique, issue des poubelles de l'humanité ! 

    Bienvenue sur le nouveau continent de la planète Terre : on a les explorations et les découvertes qu'on mérite.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    Pour tout savoir sur l'expédition 7ème continent et la suivre en direct, dès son départ : cliquer sur le site de l'OSL (Ocean Scientif Logistic)

    A ECOUTER

    Une émission de RFI :

    L'océan plastique, le 7e continent, 5 mai 2012 - Chronique de l'espace - Le 7e continent
     
    TOUT SUR LE PLASTIQUE

    En France, nous utilisons près de 300 sacs plastiques par an et par habitant.  230 000 tonnes sont recyclées sur plus d’un million de tonnes d’emballages en plastique mises sur le marché chaque année en France.

  • Fil vert. Climat : l'objectif 2° C, c'est 1.000 milliard de dollars

    rechauffement climatique,réduction gaz à effet de serre,prévention,lutte,aie,rapportLe 26 avril, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a rendu son rapport «Energy Technology Perspectives 2012», concernant les moyens de stabiliser le réchauffement climatique à 2° C, lors du sommet ministériel des énergies propres (23 Etats réunis) qui a eu lieu à Londres.

    Le rapport, disponible en ligne le 11 juin prochain sur le site internet de l'AIE, détaille les progrès accomplis et ceux restant à effectuer, pour décarboner suffisamment nos économies afin de stabiliser le réchauffement. Selon la directrice exécutive de l'AIE, Maria van der Hoeven, l'objectif de limiter à 2° C le réchauffement climatique s'éloigne...

    Loin cependant de baisser les bras, l'agence, combattive, redonne tout un arsenal de mesures destiné à l'atteindre : rien de nouveau sous le soleil, a-t-on envie de dire. On sait quoi faire. Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique des Etats pour mettre en application des mesures basiques, comme par exemple la suppression des subventions à la consommation de carburants et de combustibles qui contribuent au renforcement de l'effet de serre.

    Après avoir passé au crible les énergies renouvelables, les transports, le captage-stockage du C02, l'industrie, le bâtiment, l'AIE fait une autre proposition qui ne plaira pas à tous les écolos mais qui ne surprendra pas de sa part : elle recommande en effet de recourir, là où les conditions environnementales, économiques et politiques le permettent, à l'énergie nucléaire, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

    Enfin, en prime,  l'AIE fournit la note et chiffre l'investissement nécessaire à cet objectif dans la prochaine décennie : il  se limiterait à 5.000 milliards de dollars, à comparer aux 4.000 milliards de dollars d'économies sur les factures d'énergies fossiles. Soit un coût net de 1.000 milliards de dollars finançables auprès des investisseurs institutionnels. Le tout en réduisant de 5 milliards de tonnes nos emissions de GES.  Est-ce si cher payé, finalement, pour préserver nos conditions de vie et notre environnement, si l'on considère que l'on est dans une "deadline" climatique vitale  ? Raisonnablement, non.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Comment atteindre "l'Objectif 2°C", Journal de l'Environnement, 26 avril 2012

  • Le Japon à l'ère post-nucléaire

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    Demain, les 54 réacteurs nucléaires du Japon seront tous à l'arrêt. Dans la soirée du 5 mai, l'électricien Hokkaido Power va en effet stopper pour maintenance la tranche n° 3 de la centrale de Tomari, au nord de l'archipel : pour la première fois depuis 1965, l'Empire du soleil levant passera sa première nuit sans énergie nucléaire.

    Le nucléaire, plus d'un quart de l'énergie électrique japonaise

    Au Japon, avant la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011, la part de l'électricité d'origine nucléaire représentait 27,4 % de l'énergie électrique. Samedi 5 mai, avec l'arrêt du réacteur de Tomari, qui avait été le premier réacteur japonais à être relancé en août 2011 après Fukushima, les 54 réacteurs auront tous été stoppés les uns après les autres pour inspection, travaux de maintenance ou accidents. Les populations locales étant opposées à tout redémarrage, les autorités qui ne veulent pas passer en force n'autorisent plus les exploitants producteurs d'électricité à relancer l'exploitation des sites nucléaires. Et le Japon a dû apprendre en un temps record à vivre, travailler et produire sans nucléaire, en compensant l'absence d'un quart de son électricité.

    Sans nucléaire, le Japon continue à vivre

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    Le Japon recourt aux lampes à LED, qui permettent de réduire la consommation d'électricité de 50 % par rapport aux lumières habituelles. Ici, des lampes installées sur le toit d'une gare à Tokyo YOSHIKAZU TSUNO/AFP

    La vie sans nucléaire du Japon s'organise, sans un retour au Moyen-Age, avec notamment une remise en exploitation des centrales thermiques, qui produisent plus des deux tiers de l'électricité du pays, mais aussi avec une reprise importante des importations d'energies fossiles, qui ont augmenté pour le pétrole et du gaz naturel liquéfié de 11,6 %, d'avril 2011 à mars 2012. Les consommateurs, habitants et entreprises, ont aussi réduit fortement leur consommation d'électricité. Ainsi, l'été dernier, saison chaude où la demande est à son maximum au Japon avec une climatisation omniprésente, le pays a réussi à baisser sa consommation de 10 %. Dans les immeubles, l'intensité des lumières avait été baissé et la température des climatiseurs relevée. Les ascenseurs fonctionnaient en alternance, des escalators étaient arrêtés, et les industriels avaient décalé les horaires de travail, afin de ne pas peser sur les heures de pointe du réseau électrique, aux heures de grande chaleur.  

    Le bras de fer du gouvernement avec l'opinion japonaise

    Les économies d'énergie sont toujours à l'ordre du jour, mais l'été dernier, le nucléaire produisait alors encore 11 % de l'électricité japonaise. Craignant des pénuries d'électricité pour l'été 2012, le gouvernement japonais voudrait relancer deux réacteurs fin juillet, dans l'ouest de l'archipel. Derrière les risques de pénurie d'électricité, sur lesquels le gouvernement communique largement pour tenter de gagner l'opinion publique au redémarrage du nucléaire, il y a aussi le refus des autorités d'entériner ce qui passe aujourd'hui dans le pays pour une victoire des anti-nucléaires et de la part des industriels, la dure réalité de l'impact des hausses du coût de l'énergie.

    Le recours aux énergies renouvelables

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    Eolien, photovoltaïque, géothermie... le Japon se tourne vers les énergies renouvelables. Photo DR

    Dès le lendemain du 11 mars 2011, le Japon a relancé ses énergies renouvelables. Mais la conversion du nucléaire au renouvelable ne se fait pas sur un claquement de doigt. Le Japon a cependant entrepris de valoriser rapidement son potentiel dans ce domaine. Avec un sous-sol volcanique très actif,  le Japon est naturellement une gigantesque source géothermique, avec un potentiel équivalent à une vingtaine de tranches nucléaires (23.000 mégawatts de puissance électrique). Or la géothermie ne représentait que 0,2 % de l'électricité du pays et à peine 2,5 % du potentiel géothermique estimé. Pourtant, cette énergie est propre en CO2 et moins chère que le solaire et l'éolien, aussi le gouvernement veut-il la développer. 142 millions d'euros ont ainsi été débloqués par le ministère de l'industrie pour subventionner la prospection de sources dans le pays. Enfin, d'ambitieux projets d'éoliennes flottantes et de centrales photovoltaïques mis en chantier dans un temps record, devraient être rapidement opérationnels.

    En Europe, l'Autriche a dit "non" au nucléaire et "oui" aux énergies renouvelables

    Vivre sans nucléaire, c'est possible. Le Japon l'expérimente dans la douleur et un pays européen se passe déjà aujourd'hui du nucléaire pour son électricité. L'Autriche a dit non au nucléaire par référendum en 1978.  La puissance manquante avec l'arrêt du programme électronucléaire a été compensée en Autriche par l'ouverture de deux centrales thermiques et par l'exploitation de sa richesse en énergie hydraulique. 70 % de l'électricité autrichienne provient de sources renouvelables, un chiffre appelé à augmenter puisque le pays s'oblige à élargir ses parcs éoliens et photovoltaïque à hauteur de 1 % de l'énergie produite par an. Enfin, le pays a décidé de devenir un pays totalement sans nucléaire, avec un engagement volontaire des fournisseurs d'électricité de ne plus se procurer d'électricité nucléaire importée pour leurs clients, un étiquetage de l'électricité nucléaire d'ici au 1er janvier 2013 et une meilleure efficacité énergétique, notamment dans les bâtiments de son territoire.

    Rester dans l'ère post-nucléaire. Ou pas

    Au Japon, traumatisé par la double catastrophe majeure, naturelle et nucléaire, de Fukushima, la sortie du nucléaire est d'une grande brutalité et la transition énergétique loin d'être achevée. Pour passer définitivement à l'ère post-nucléaire, le Japon devra faire évoluer des solutions temporaires en solutions alternatives pérennes en réorientant ses choix de développement technologiiques. Compte tenu des crises économiques, sociales, écologiques et énergétiques à l'oeuvre aujourd'hui dans le monde qui doit préparer l'après-pétrole et parvenir à maîtriser le réchauffement climatique en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre, le Japon est aujourd'hui observé à la loupe. Notamment par les pro et anti-nucléaires. Le Japon se serait bien passé de jouer dans l'urgence ce rôle de laboratoire vivant de la transition énergétique. En témoigne le refus actuel de ses habitants de relancer les réacteurs nucléaires de leur pays, dont le message est "plus jamais ça". Le pays fera-t-il pour autant le choix de renoncer définitivement au nucléaire ? Pour le gouvernement japonais, la question semble toujours ouverte.

    Cathy Lafon


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