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Eau - Page 127

  • Justice. Marée noire dans le Golfe du Mexique: vers un accord à 16 milliards de dollars?

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    La marée noire dans le Golfe du Mexique en 2010 Photo achives AFP

    Lundi 25 février, s'ouvre au tribunal civil fédéral de La Nouvelle-Orléans (Etats-Unis, Louisiane) le procès de la société pétrolière britannique BP, pour l'accident de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon survenu le  20 avril 2010.

    Un drame humain et environnemental colossal

    Sur le plan financier, ce procès est le plus important  jamais suscité à ce jour par une catastrophe écologique : les procédures se comptent par centaines, contre BP et ses sous-traitants et les plaignants requièrent des dizaines de milliards de dollars d'indemnisations et d'amendes. L'explosion de la plate-forme de BP a fait onze morts parmi les personnes présentes sur le site et  dix-huit blessés. Elle a répandu 780 millions de millions de litres de brut dans le golfe du Mexique jusqu'à la fermeture du puits quatre mois plus tard.

    sauvetage oiseau maree noire.jpgVers un accord financier pour mettre fin aux poursuites civiles ?

    Les autorités américaines envisagent de proposer à la société pétrolière BP de verser 16 milliards de dollars afin de mettre un terme aux poursuites civiles liées à la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique, a indiqué le "Wall Street journal" le 24 février : "Le ministre de la Justice et les Etats du Golfe du Mexique envisagent d'offrir à BP un accord aux termes duquel la société verserait 16 milliards de dollars pour mettre un terme aux poursuites civiles", écrit le quotidien.  "Il n'est pas encore établi que la proposition (d'un arrangement à l'amiable, ndlr) a été formellement faite à BP", ajoute le "Wall Street Journal" qui cite des sources proches des négociations.

    Le coût de la marée noire pour BP : 31,9, 48 milliards de dollars, plus encore ?

    BP s'est déjà engagé à payer plus de 4,5 milliards de dollars et a reconnu sa culpabilité dans la marée noire afin d'échapper aux poursuites pénales. La compagnie a également accepté d'indemniser à hauteur de 7,8 milliards de dollars des dizaines de milliers de plaignants privés affectés par la catastrophe écologique, la plus grave dans l'histoire des Etats-Unis. Elle avait par ailleurs déjà versé plus de 6 milliards de dollars à quelque 220.000 plaignants qui avaient choisi d'être indemnisés dans le cadre d'une procédure d'urgence. Les travaux de nettoyage de la marée noire lui ont également coûté 13,6 milliards de dollars. La facture de la marée noire pour la compagnie pétrolière s'élève déjà à 31,9 milliars de dollars, auxquels se rajouteront donc peut-être 16 milliards, si l'accord financier évoqué par le "Wall Street journal". Soit près de 48 milliards de dollars...

    Pour BP, la note est salée. Le géant pétrolier britannique a d'ailleurs annoncé, au début du mois de février, avoir accusé une chute de son bénéfice net en 2012 en raison notamment de l'amende record de plus de 4,5 milliards de dollars infligée par les autorités américaines. Pour autant, la nature durablement abimée de la zone concernée, l'océan, la faune et la flore, les êtres humains qui y vivent et en vivent, y trouvent-il leur compte ? Pas sûr.  Régler la facture d'un accident industriel de cette ampleur peut-il exonérer ses auteurs de la responsabilité d'avoir commis ce qui constitue un crime écologique ou environnemental ? Pas sûr non plus.

    Cathy Lafon

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  • Notre-Dame-des-Landes : un aéroport vraiment pour rien ?

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    Les opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes occupent le site, le 17 novembre 2012. Photo AFP

    Ce soir à Bordeaux, NDDL fait son cinéma

    KEMPF.jpgLe vendredi 15 février à 20 h30, le cinéma bordelais Utopia organise une projection unique du documentaire "Notre Dame des Landes, au coeur de la lutte ", de Christophe Kergosien et Pierrick Morin, suivi d'un débat avec Hervé Kempf (photo ci-contre). En partenariat avec la librairie La Machine à lire, qui accueille juste avant, à 18 h 30, le journaliste du Monde spécialiste de l'environnement, pour la présentation de son nouveau livre : "Fin de l'Occident, naissance du monde". Au cinéma, la soirée est à l'initiative des Cinq collectifs girondins de soutien à la ZAD (Zone A Défendre) Notre-Dame-des-Landes. Salle archicomble en perspective.

     
    NOTRE-DAME-DES-LANDES ... Au coeur de la lutte... 

    Où en est-on de la bataille du futur aéroport nantais ?

    C'est l'occasion de faire le point sur ce conflit emblématique, "mère" de toutes les batailles pour les écologistes, qui a fait couler beaucoup d'encre et envahi le web et les réseaux sociaux en fin d'année dernière.

    llivre,édition,conflit,aéroport,notre-dame-des-landes,film,documentaire,débat,hervé kempfLes opposants ont gagné une victoire juridique, mais pas la guerre

    Le dernier épisode de l'histoire mouvementée de l'"Ayraultport", comme le surnomment ses opposants, est pratiquement passé inaperçu :  le 29 janvier, dernier, la Cour de cassation a rendu 5 arrêts qui mettent en attente le dossier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes  jusqu'à la fin des autres recours.

    Les pelleteuses de Vinci au garage

    Les juges ont remisé les pelleteuses envoyées par Vinci. Ils ont donné raison aux propriétaires et exploitants agricoles qui lui demandaient  de se prononcer contre les ordonnances d’expropriation prononcées un an plus tôt, le 18 janvier 2012. Selon eux, pas d'expropriation tant que le juge administratif n’a pas confirmé la légalité des arrêtés antérieurs de cessibilité (arrêtés préfectoraux du 13 septembre 2011 listant les parcelles expropriables). De son côté, la société AGO (Aéroports du Grand-Ouest), concessionnaire du projet, et filiale de Vinci Airports, souhaitait le rejet immédiat du pourvoi, sans attendre la fin des recours administratifs.

    conflit,aéroport,notre-dame-des-landes,film,documentaire,débat,hervé kempfAucune expulsion n'est possible durant au moins deux ans et demi

    La plus haute instance judiciaire du pays a mis le dossier en attente, jusqu’à ce que les juridictions administratives se soient prononcées. Elle a estimé ne pouvoir prendre aucune décision sur l'« arrêté de cessibilité » qui autorise AGO à exproprier les agriculteurs toujours en exploitation sur le terrain du futur aéroport, au nord de Nantes. Voilà qui ne simplifie pas les affaires du gouvernement et retarde le projet d'AGO d'au moins deux ans et demi... Il ne pourra y avoir en outre aucune expulsion jusqu’au terme de cette procédure, conformément à l’accord  voulu par François Hollande et signé le 8 mai 2012, entre une délégation du PS de Loire-Atlantique et  les paysans qui s'opposent aux expropriations et aux expulsions depuis... la fin des années 1960.

    La loi sur l'eau en embuscade

    Pour autant, la bataille juridique est loin d'être achevée.  La justice doit encore se prononcer sur au moins 5 recours. Pas moins de 7 ou 8 nouvelles procédures devraient être déposées dans un délai d’un à six mois, avec le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CeDpa) et lAssociation citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa).  Selon Etienne Boittin, avocat des opposants, "la loi sur l’eau [leur] offre plusieurs perspectives de recours, notamment sur  des questions préjudicielles devant la Cour de justice de l’UE ou des questions prioritaires de constitutionnalité".

    Des procès en cascade...

    conflit,aéroport,notre-dame-des-landes,film,documentaire,débat,hervé kempfPendant ce temps-là, pour les opposants à Notre-Dame-des-Landes (les "zadistes"), les rendez-vous s'enchaînent avec la justice. Lundi 11 février se tenait le procès à Nantes de cinq d'entre eux,  soupçonnés d'avoir commis des dégradations au siège de Vinci Construction en octobre dernier à Couëron. Le 21 février, deux autres personnes seront jugées pour avoir "virilement raccompagné" un policier en civil. C'était lors d'une manifestation festive, à Notre-Dame-des-Landes, en novembre dernier. En mai, c'est au tour de quatre protestataires, perchés dans les arbres et délogés par le GIPN, d'être convoqués. Le comité de soutien aux inculpés anti-aéroport dénonce pour sa part « le harcèlement policier et judiciaire à l'encontre des opposants, la répression systématique de toute action de protestation et la volonté de fichage des opposants ». Et multiplie les actions partout en France.

    conflit,aéroport,notre-dame-des-landes,film,documentaire,débat,hervé kempf... et des boulons oxydés

    Ainsi, à Bordeaux, dans la nuit du 11 au 12 février, les "zadistes" ont fait parvenir cinq colis contenant de vieux boulons de métal oxydés au journal "Sud Ouest" (photo ci-jointe), à la préfecture (quartier Mériadeck) et à trois sous-préfectures, accompagnés d'un message de soutien et de "solidarité" aux opposants inculpés.... et de menaces à l'encontre des pylônes de lignes à haute tension girondines, d'où proviendraient les boulons, comme les activistes le laissent entendre. Est-ce vraiment le cas ? Quoi qu'il en soit, les cinq paquets-cadeaux n'ont pas vraiment faire rire le procureur de la République et les investigations de la police judiciaire ont aussitôt débuté.

    Cathy Lafon

    REPERES

    La soirée-débat NDDL à Bordeaux, ce vendredi : c'est où, c'est quand ?

    • A la librairie La Machine à lire, 18 h 30  : rencontre avec  Hervé Kempf pour la présentation de son nouveau livre : "Fin de l'Occident, naissance du monde"(8 place du Parlement, 05-56-48-03-87).
    • Au cinéma Utopia, à 20 h 30 :  projection unique du documentaire "Notre Dame des Landes, au coeur de la lutte ", de Christophe Kergosien et Pierrick Morin, suivi d'un débat avec Hervé Kempf. Tarif unique 4 €. Toutes les places sont déjà vendues. On peut néanmoins venir avant le début de la séance s'inscrire sur une liste d'attente et croiser les doigts...(5 place Camille Jullian, 05-56-52-00-03).

    LES MOTS

    • NDDL  : Notre-Dame-des-Landes, le site sur lequel doit être construit le nouvel aéroport de Nantes.
    • ZAD  : Zone A Défendre 
    • Zadiste : Défenseur d'une Zone à Défendre

    LE BLOG

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  • Insolite. Mais quel est donc ce poisson qui s'échoue sur nos plages ?

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    Un poisson inconnu, échoué sur la plage océane du Porge (33), le 30 décembre 2012. Photo DR

    Le 30 décembre dernier, Olivier Cazaux, un Bordelais amoureux de l'océan, se balade sur la plage médocaine du Porge (Gironde). Par ce jour d'hiver plutôt beau et doux, la mer est forte. Au milieu des déchets qui jonchent le littoral, il découvre un poisson étrange, comme il n'en a encore jamais rencontré sur les côtes de la région. Echoué sur le sable, l'animal de belle taille est en train d'agoniser...

    Il faut sauver le poisson inconnu

    Peu amène, avec sa grosse poche ventrale et sa bouche agressive, véritable bec armé de dents pointues, le poisson cherche sa respiration. N'écoutant que son instinct d'écolo-pêcheur ami des animaux, adepte de surfcasting mais pas vraiment du no-kill fishing, Olivier veut sauver le poisson et le rejeter à la mer. Vu l'apparence de l'animal, on ne meurt pas vraiment d'envie de le manger, non plus... Le sauver, oui, mais le Girondin aimerait bien savoir de quel poisson il s'agit. Comment l'identifier ? On est alors en 2012 (et presque en 2013). Il fait ce qu'on attend de tout être humain normalement constituté vivant sur cette planète en ce début de XXIème siècle : en trois clics, il photographie la bête avec son smartphone et poste l'image sur facebook accompagnée d'un message invitant son réseau d'amis à l'aider à mettre un nom sur ces écailles. Il alerte aussi Ma Planète, dont il est l'une des Sentinelles. Puis, vite, vite, il prend le poisson par la queue et le rend à l'océan...

    L'enquête commence

    fourneau5560.jpgLe 2 janvier, l'enquête commence sur internet et le réseau social du Girondin fait merveille : au milieu des souhaits de bonne année, on aime la photo, on la partage, on s'extasie, on s'étonne, on s'émeut, on incrimine le réchauffement climatique...  Bref, ça fait le buzz. Mais on ne reconnaît toujours pas le poisson. Ma Planète, très intriguée, suit l'affaire en direct. Deux semaines plus tard, la filière "écolo-pêche-nature et photographie" des amis d'Olivier est à fond. L'un de ses membres, Alain Noël, pêcheur et girondin lui aussi, transmet la photo à Gérard Fourneau (photo ci-dessus) président d'Aquitaine Landes Récifs, association landaise de protection et d'étude de la faune aquatique du littoral, installée à Saint-Pau-Lès-Dax (40). Retraité des personnels civils de l'armée, Gérard, 67 ans, est un ancien pêcheur adepte de surfcasting. Autant dire que, question poisson océanique, il a de la bouteille. Et pourtant, lui non plus n'a jamais vu semblable animal... En revanche, il se permet  de donner un conseil au passage : "Quand on découvre ce genre de poisson sur une plage, mort ou quasi, le mieux est de le rapporter chez soi pour le congeler, afin de le confier à des scientifiques qui pourront l'identifier, l'analyser et découvrir ainsi la cause de son échouage.  Maladie, pollution, blessure due à un filet dérivant... Et puis, attention en le manipulant : il peut être toxique."  Message reçu et transmis.

    "Un poisson-coffre"

    Et l'enquête continue... Hop, la photo atterrit sur l'ordi de Jean-Paul Lagardère, également membre  d'Aquitaine Landes Récifs : jackpot. L'ancien directeur de recherche du CNRS à l'ancien CREMA (le Centre de Recherche sur les Ecosystèmes Marins et Aquacoles) de l’Houmeau près de La Rochelle, spécialisé en océanographie biologique, a passé sa vie à travailler sur l'utilisation des sons par les poissons. Le scientifique retraité sait tout ou presque des communautés marines et océanes : il reconnaît l'animal. Le poisson-mystère appartient à la famille des tétraodontidés (du grec "tetra", quatre, et "odous", dent, pour ceux qui ont oublié leurs humanités), qui sont des poissons-coffre ou poissons-ballon. "Leur caractéristique est d'emmagasiner de l'eau : ils gonflent et doublent de volume pour se défendre. Une fois morts et séchés, certaines populations côtières les utilisaient pour en faire des lumignons", raconte l'ancien chercheur, intarissable sur les petites histoires, comme sur les grandes.

    Un poisson toxique, rarement observé sur notre littoral atlantique

    Alors, est-ce vraiment un poisson qui n'a rien à faire par chez nous ? "Non. Très rarement observé sur nos côtes atlantiques, il n'y est pas non plus étranger", assure Jean-Paul Lagardère. "C'est un poisson pélagique (de pleine mer), capable de briser des coquillages avec ses dents, qui vit surtout en Méditerranée, mais dont le territoire englobe aussi l'océan Atlantique. Il vit au large de l'Afrique et de la Mauritanie et remonte jusque dans le Golfe de Gascogne et même en Bretagne. Il pénètre très rarement les estuaires", précise-t-il. "Son petit nom est tétraodon-lièvre océanique, et son nom latin lagocephalus-lagocephalus". Reste à savoir comment il a atterri là, s'interroge le scientifique : "Il a sans doute été ramassé et blessé par un filet pélagique dont il se serait dégagé, avant de s'échouer, affaibli, sur le sable".  Avant de conclure que l'animal est toxique.  On sait qu'il ne faut pas juger d'après les apparences, mais vu la photo, on n'en doute pas. Un rapide tour sur internet nous apprend en effet que son proche cousin, le lagocephalus scélératus est un poisson dangereux et très toxique, qui envahit actuellement les mers de Tunisie.

    Ah ! Au fait : les poissons parlent...

    enquête,science,océanographie,océan atlantique,poisson,médoc,gironde,le porge,découverte,plageLe mystère du poisson bizarroïde du Porge enfin élucidé (merci internet, Facebook, les écolos et le CNRS), puisqu'on a sous la main un "vrai" scientifique, spécialiste de la mer et tout et tout, on en profite pour lui poser une question subsidiaire. Dites, Monsieur Lagardère, c'est vrai que les poissons parlent ? "Mais oui Madame. Certains, comme le poisson-clown que vous connaissez sans doute et qui parle en claquant des dents, sont même très bavards ! Ils ont un système de production sonore et émettent des sons à différentes occasions (danger, reproduction...). Les sons, codés, sont reconnus par les espèces voisines... Ils savent aussi "écouter" et interpréter les vibrations sonores." Le pétillement de l’anguille, le grognement du grondin et le grondement du maigre (encore pêché «à l’oreille» dans l’estuaire de la Gironde) sont, paraît-il, de notoriété publique...

    En voilà une histoire... Le mythe du "monde du silence" qui a bercé nos enfances en prend un sacré coup et s'effondre. Définitivement.

    Cathy Lafon

    ► Vous découvrez un animal marin échoué sur la plage : que faire et qui contacter ?

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