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Développement durable - Page 667

  • Réchauffement climatique, énergies vertes, gaz de schiste: le nouveau cap de l'Europe pour 2013 déçoit et inquiète

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    Plus de 1,2 million d’emplois pourraient être créés en Europe grâce aux énergies vertes, selon un rapport de travail de la Commission européenne. Photo archives AFP

    L'Europe vient de dévoiler sa politique en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'énergie et de lutte contre le réchauffement climatique pour les seize années qui viennent. Très offensive jusque là, la Commission européenne tirait les Etats membres et le monde vers davantage d'ambition.

    Les objectifs chiffrés du "paquet énergie-climat pour 2030" qu'elle a présenté mercredi 22 janvier, marquent le pas et déçoivent les écologistes. Les mesures,  les réactions et le calendrier à venir: décryptage.

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schiste40% de réduction des gaz à effet de serre

    Pour 2030, la Commission européenne propose un objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre (GES), responsables de la pollution de l'air et du réchauffement climatique. Le chiffre est plus ambitieux que celui du précédent "paquet" énergie-climat, conclu en 2009, qui  prévoyait que l'Union européenne réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990. Mais il ne l'est pas assez aux yeux des écologistes. Cela aurait pourtant pu être pire. Selon Corinne Lepage, eurodéputée, une version précédente indiquait que la Directive sur la qualité des carburants, qui fixe un objectif de 6% de réduction de GES au secteur pétrolier, ne devait pas être reconduite après 2020. Or, c'est précisément dans le cadre de cette directive que la Commission européenne doit présenter des mesures sur les émissions liées aux sables bitumineux, qui ont fait l'objet d'un lobbying intense de la part notamment du Canada.

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schiste27% pour les énergies renouvelables

    Malgré le lobbying intense de l'industrie des énergies fossiles et du nucléaire contre un objectif pour les énergies renouvelables, là aussi, on a évité le pire. Mais avec un objectif de 27 % de renouvelables dans le mix énergétique en 2030, la Commission se contente d'un chiffre minimal, qui poursuit la trajectoire actuelle,  sans demander d'efforts supplémentaires et sans vraiment préparer la transition énergétique. En 2010, la part des énergies renouvelables dans l'UE était de 12,7%, contre 8,5% en 2005. Et surtout, rien sur l'efficacité énergétique et moins de contraintes que précédemment pour les Etats, qui ne seront pas individuellement comptables des progrès réalisés.

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schiste Gaz de schiste : la voie est libre ?

    Enfin et surtout, grosse déception des défenseurs de l'environnement : la Commission européenne se borne à proposer seulement des "recommandations" sur les gaz de schiste, alors qu'une adaptation de la législation européenne aurait été nécessaire pour couvrir les risques liés à la fracturation hydraulique. La Commission "préconise des principes minimaux applicables au gaz de schiste", et parle seulement de "garantir la mise en place de mesures appropriées en matière de protection de l'environnement et du climat en ce qui concerne la technique de fracturation hydraulique à grand volume (fracking)". Utilisée notamment dans l'exploitation du gaz de schiste, cette technique est très contestée par les écologistes, car elle s'avère extrêmement polluante pour l'environnement et induit des risques sanitaires pour les populations.  Sa recommandation "devrait aider les  États membres désireux de recourir à cette technique à gérer les risques environnementaux et sanitaires et à accroître la transparence à l'égard des citoyens."  Elle introduit également des règles du jeu équitables pour le secteur et offre un cadre plus clair aux investisseurs.

    Autrement dit, même si elle l'assortit d'un certain nombre d'obligations et de précautions,  la Commission vient de donner un feu vert à l'extraction des gaz de schiste.

    Les réactions des écologistes ne sont pas tendres

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schisteNicolas Hulot, envoyé spécial du président français François Hollande pour la protection de la planète, estime que l'UE devrait réduire ses émissions d'au moins 50% en 2030. La France a pourtant bien du mal a respecter le précédent objectif européen de 20%. Greenpeace et le Réseau Action pour le Climat réclament une réduction d'au moins 55% par rapport aux niveaux de 1990 si l'UE veut tenir son engagement de les réduire de 85 à 90% pour 2050.

    Pour Corinne Lepage, députée européenne, le manque d'ambition de la Commission reste décevant et préoccupant. Sévère, elle tacle José Manuel Barroso, le président de la Commission européennet. Selon elle, "Le président Barroso a failli à son devoir de fixer un cap clair et ambitieux vers la transition énergétique. C'est grave pour l'Europe et pour la compétitivité future de notre industrie."  L'absence de toute mesure législative sur les gaz de schiste est, quant à elle, proprement "scandaleuse et injustifiable d'un point de vue juridique". 

    Les Amis de la Terre jugent que la Commission européenne a abdiqué de toute volonté de "proposer des normes contraignantes sur l'exploration et l'exploitation des gaz et huiles de schiste". L'ONG dénonce un "manque absolu de courage" face aux lobbys et relève que la Commission  ne publie finalement que de "simples recommandations aux États-membres, totalement insuffisantes pour protéger les populations et l'environnement des risques posés par l'extraction de ces hydrocarbures". 

    europe,commission européenne,réduction ges,émissions de gaz à effet de serre,gaz de schisteBarroso, l'homme de la "catastrophe climatique"

    C'est encore l'ONG Avaaz qui  a les mots les plus durs à l'encontre de Barroso : "On se souviendra de lui comme de celui qui s'est couché devant les pollueurs et a proposé un schéma qui pourrait conduire à la catastrophe climatique." Mais pour Alex Wilks, directeur de campagne de Avaaz,  la messe est loin d'être dite, car le président de la Commission européenne n'a pas le dernier mot politique. "Maintenant, assure-t-il, c'est à la Chancelière Merkel, au Président Hollande et au Premier Ministre Cameron de proposer un accord qui vise une division par deux des émissions de carbone et sécurise l'avenir de notre planète".

    Et maintenant ?

    Si l'on regarde le calendrier à venir, pour sauver ce qui peut être sauvé du climat, Aaaz a raison de souligner que tout espoir n'est pas encore définitivement perdu. Certes, la Commission européenne a publié ses textes sur l’énergie et le climat à l’horizon 2030 et ils sont décevant, mais la route est encore longue. Le Livre blanc sur le futur cadre de la politique énergétique et climatique et les communications sur le coût de l’énergie vont être d’abord débattus, lors d’une prochaine réunion des ministres de l’énergie les 3 et 4 mars prochain.  Les chefs d’État et de gouvernement s’exprimeront lors d’un sommet les 21 et 22 mars. Puis, à l'automne, en septembre 2014, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon réunira  les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier pour un sommet intermédiaire sur le climat à New York. L’objectif onusien étant de pousser les gouvernements, au plus haut niveau, à préparer leurs engagements climatiques “bien en amont” de la 21e conférence sur le climat, qui se tiendra à Paris, fin 2015.

    En attendant le Giec

    Entre temps, en avril prochain, les experts du Groupe international d'experts sur le climat (Giec), auront publié un nouveau rapport alarmant sur le changement climatique, qui fera le point sur les différents scénarios de mesures d'atténuation du réchauffement et rappellera l'extrême urgence qu'il y a désormais à agir avant 2030. Seront-ils entendus ?

    L'emploi en jeu

    Un argument économique majeur plaide pourtant en faveur de la réalisation des objectifs climatiques de l'UE. Une réduction de 20% des GES en 2020 et de 40% en 2030 génère la création d'au minimum 750.000 emplois par an dans le secteur de l'énergie. Et dans le cas d'un scénario où les énergies renouvelables représenteraient 30% du mix énergétique en 2030, on parle d'un million d'emplois par an.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Objectifs pour 2030 en matière de climat et d’énergie en faveur d'une économie de l'UE compétitive, sûre et à faibles émissions de carbone, commission européenne, 22 janvier 2014  : cliquer ICI
    • Environnement: la Commission européenne préconise des principes minimaux applicables au gaz de schiste, 22 janvier 2014 : cliquer ICI

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  • Lutte contre le changement climatique : la Cour des comptes tacle la France

    duflot rénovation thermique.jpg

    Les hypothèses du plan de construction de logements neufs ou de rénovation thermique sur lequel le gouverement base pour partie sa lutte contre le réchauffement climatique, sont jugées "irréalistes" par la Cour des comptes. Cécile Duflot, ministre du Logement et François Hollande en visite sur un chantier, photo archives AFP

    La Cour des comptes sort son carton rouge. La politique française en matière de lutte contre le changement climatique manque de "cohérence ", est "insuffisamment évaluée", et a négligé les secteurs les plus polluants que sont le transport et l’agriculture, estime l'institution dans un rapport sévère mais lucide, publié jeudi 16 janvier.

    migaud.jpgLa stratégie française critiquée

    C'est la saison. La Cour des comptes remet ses évaluations annuelles. Chacun en prend pour son grade et personne n'échappe à son regard scrutateur. Surtout pas le gouvernement. Un énorme rapport de 600 pages de la Cour passe ainsi au crible la mise en oeuvre tricolore du paquet énergie-climat de l’Union européenne. Autrement dit, les objectifs fixés par l'Europe en matière de lutte contre le changement climatique, qui passent notamment par une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2020. Et ça fait mal.

    Des mesures "foisonnantes" mais peu efficaces, car désordonnées

    Didier Migaud (photo AFP ci-dessus) le reconnaît :  "les mesures prises au niveau national sont foisonnantes". Mais, dans la bouche du premier président de la Cour, cela ne sonne pas vraiment comme un compliment, car pour être nombreuses, il ne les trouve pas pour autant coordonnées, évaluées, réalistes et appropriées. Lors de sa présentation du rapport de la Cour devant la Commission d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale, Didier Migaud a ainsi précisé que la Cour recommandait de" renforcer le pilotage de cette politique" en rappelant qu'elle est "interministérielle par nature"...  En clair, dans sa lutte contre le réchauffement climatique, l'élève France part dans tous les sens et, en outre, ce ne sont pas forcément les bons. 

    eolienne nucleaire.jpgDes objectifs difficilement atteignables pour les énergies renouvelables

    La France s’est par ailleurs donné pour objectif de porter à 23% la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie finale, souligne le rapport. Des objectifs pour 2020  "atteignables mais difficilement ", juge la Cour. Aux vues de la politique plutôt brouillonne et peu claire de la France, jusqu'à présent, dans le secteur des renouvelables et du nucléaire, on ne lui donnera pas tort. Comment espérer développer les renouvelables en continuant à favoriser l'énergie nucléaire, tout en disant vouloir en diminuer la part de cette dernière dans le mix énergétique de l'Hexagone ?

    Des hypothèses parfois "irréalistes"

    De plus, "les projections retenues reposent sur des hypothèses (…) parfois irréalistes en matière de construction de logements neufs ou de rénovation thermique", précise Didier Migaud, à qui décidément rien n'échappe. La gouvernement entend rénover 500.000 logements par an d’ici 2017. Pour l'heure, malgré les réels efforts consentis, on est loin du compte : en 2013, ce sont 31.000 logements qui ont été rénovés par la ministre du Logement, Cécile Duflot... Toujours sur le logement, la Cour des comptes estime encore que "l’efficience des mesures apparaît très variable" et critique notamment le crédit d’impôt développement durable ou l’éco-prêt à taux zéro.

    pollution air voiture.jpgLes transports et l'agriculture, les secteurs les plus polluants, ont été négligés

    La Cour des comptes reproche encore au gouvernement d’avoir négligé les secteurs du transport, qui représente 27,9% des émissions de GES, et de l’agriculture (21,2%). "Les mesures qui concernent le secteur des transports sont onéreuses et faiblement efficientes ", a expliqué M. Migaud. Dans le secteur agricole, "les mesures sont très peu nombreuses et ne font pas l’objet d’évaluation". Elles sont concentrées sur les émissions de CO2 des exploitations, laissant de côté le protoxyde d’azote, lié à la fertilisation des sols, et le méthane, généré par les élevages, soit 92% des émissions du secteur.

    Doubler ses investissements pour réaliser la transition énergétique

    Enfin, cerise sur le gâteau, la Cour estime que la France devra augmenter d’un tiers, voire doubler, chaque année jusqu’en 2050 ses investissements pour réaliser la transition énergétique, qui s’élèvent actuellement à 37 milliards d’euros (fonds publics et privés). A quelques heures de la publication par la Commission Européenne de ses propositions aux pays membres en matière de réduction d’émission des gaz à effet de serre, de développement des énergies renouvelables et d’efficience énergétique, le rappel à l'ordre de la Cour est clair et net. Energies renouvelables, énergie nucléaire : la France va devoir faire des choix. Et plus elle attendra, plus l'addition sera salée.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le rapport de la Cour des comptes sur la mise en oeuvre par la France du Paquet énergie-climat: cliquer ICI

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    • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique: cliquer ICI 
    • Les articles de Ma Planète sur la transition énergétique: cliquer ICI
    • Les articles de Ma Planète sur les énergies renouvelables: cliquer ICI
  • OGM et pesticides : sale temps pour le miel et les abeilles

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    Apiculteurs au travail dans une école d'apiculture en Dordogne. Photo archives Sud Ouest

    Mauvaises nouvelles en série pour les abeilles. Au moment où les apiculteurs accusent une chute de production de miel en 2013 et doivent batailler pour obtenir le durcissement des restrictions des pesticides afin de stopper la mortalité des abeilles, le parlement européen a rejeté, le 15 janvier, une résolution rendant obligatoire l’étiquetage du pollen OGM contenu dans le miel.

    miel fabrication.jpg"A quoi bon labelliser le miel OGM ?", se demande l'Europe

    Alors qu'ils viennent de s'opposer à l’autorisation d’un nouveau maïs génétiquement modifié dans l'Union européenne, et qu'ils se proposent d'interdire l'utilisation de certains pesticides nuisibles aux abeilles, les eurodéputés sont allés à l’encontre de la Cour de justice européenne pour autoriser désormais les apiculteurs à ne pas labelliser leur produit OGM. La raison de ce paradoxe serait qu'ils considèrent le pollen comme "constituant naturel du miel et non comme ingrédient". En effet, justifie la rapporteuse du texte, Julie Girling, "seul le contenu génétiquement modifié dépassant 0,9% du produit doit être mentionné sur l’étiquette. Etant donné que le pollen n’est présent qu’à hauteur de 0,5% environ dans le miel, il ne dépassera jamais le seuil qui nécessiterait son étiquetage". Un argument que le Tartuffe de Molière n'aurait pas renié.

    rayon miel.jpgFavoriser les importations de miel

    Plus de 40% du miel consommé en Europe est importé. Il provient principalement des pays d’Amérique latine, Mexique et Argentine, où prospèrent les cultures OGM. En allant à l’encontre de la Cour de justice européenne, les eurodéputés ont satisfait les producteurs de ces pays exportateurs pour qui cette mesure aurait menacé l’approvisionnement en miel de l’Union Européenne.

    La décision européenne ne satisfait ni les associations de protection de l’environnement ni le groupe européen des Verts qui déplore un arbitrage qui "protège les OGM" aux dépens des consommateurs, ni les apiculteurs français. Et encore moins les abeilles.

    miel.jpgMais où est donc passé tout le miel ?

    En 2013, 16.000 tonnes de miel ont été récoltées en France, des chiffres bien inférieurs à ceux de 2012, où la filière apicole ne produisait déjà plus que 45% de la consommation nationale de miel, estimée à 40.000 tonnes, contre 64% en 2004, selon FranceAgrimer. La diminution du miel va de pair avec celle des petites ouvrières qui le fabriquent :  de 2004 à 2013, le nombre de ruches a diminué de 20%. En cause : les attaques de frelons asiatiques et surtout les pesticides, responsables de la surmortalité des colonies d'abeilles.

    le foll.jpgLe bras de fer sur les pesticides

    Lors du dernier Comité Stratégique pour l'Apiculture du 17 décembre 2013, cinq organisations apicoles (Confédération Paysanne, Fédération Française des Apiculteurs Professionnels, Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales, Union Nationale de l'Apiculture Française et Syndicat National de l'Apiculture ) ont claqué la porte. Irrités par "l'incohérence des propositions du plan de développement durable de l'apiculture proposé" par Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture, les apiculteurs réclament dans un communiqué de presse du 20 janvier, qu'avant toute initiative visant à développer la filière apicole, l'Etat prenne la décision politique d'interdire l'utilisation des néonicotinoïdes. Ils dénoncent aussi  le récent avis favorable de la France à l'utilisation européenne du thiaméthoxame, un pesticide utilisé notamment dans la vigne, jugé hautement toxique par les producteurs de miel. 

    Les abeilles... et les hommes

    En clair : pour les apiculteurs, le gouvernement doit s'engager clairement à réduire les  pesticides pour stopper la mortalité continue des abeilles. Et donc, tout mettre en œuvre pour réduire l'utilisation et la toxicité des phytosanitaires, qui, argumentent-ils, "impactent en permanence les abeilles, les insectes, les oiseaux, l'air, l'eau, les poissons... et l'homme, bien entendu".

    Cathy Lafon

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