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Climat - Page 249

  • "Il était une forêt" : voyage au coeur de la forêt tropicale

    "Il était une fois... une forêt".  Pour faire de ce conte un film-documentaire, Luc Jacquet s'est associé au botaniste et universitaire montpelliérain Francis Hallé. Résultat: "Il était une forêt" qui sort dans les salles aujourd'hui, nous invite à une plongée exceptionnelle dans la vie de la forêt amazonienne, à la découverte d'un monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme - du plus petit au plus grand - joue un rôle essentiel.

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    Les arbres sont prodigieusement vivants

    Depuis des années, Luc Jacquet (photo ci-contre) filme la nature, pour émouvoir et émerveiller les spectateurs à travers des histoires uniques et passionnantes, comme celle de "La Marche de l'Empereur ", oscar du meilleur film documentaire en 2006, ou encore du "Renard et l'Enfant". Ce nouveau film événement qu'il a voulu consacrer à la forêt, est né de sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé, membre du Radeau des cimes, pour qui les plantes ne "végètent" pas : elles sont même plus évoluées que nous. Dans ses différents livres, le spécialiste de la canopée, aime à le raconter : les arbres sont prodigieusement vivants. Ils communiquent entre eux en émettant des parfums, et certains savent rendre leurs feuilles toxiques pour repousser les herbivores, comme l'acacia, qui change la composition chimique de ses feuilles en quelques secondes, pour se protéger des gazelles... Certains arbres "convoquent" la pluie, grâce à des molécules volatiles qui favorisent la condensation de l'eau. D'autres se clonent et se déplacent. Enfin, les arbres peuvent être immortels, car les plantes ne sont pas programmées génétiquement pour mourir, contrairement à l'homme et aux animaux. Leur fin est toujours due à des éléments externes : une inondation, un coup de froid, un bûcheron, un incendie. Mais si tout va bien, il n'y a aucune raison pour qu'ils disparaissent : le plus vieil arbre identifié à ce jour, le houx royal de Tasmanie, a 43. 000 ans...

    francis hallé.jpgLes forêts tropicales, berceau de l'humanité

    Quoi de plus vivant alors que les forêts tropicales, qui constituent 6% des terres émergées et abritent 75% de la biodiversité mondiale ?  Berceau de l'humanité et poumon vert de la planète, elles sont aussi, pour Francis Hallé (photo ci-contre), les meilleurs alliés des hommes dans la lutte contre le réchauffement climatique. D'où l'importance de les connaître et de les comprendre, afin de freiner la déforestation et d'arrêter le massacre des dernières forêts primaires: malgré les efforts entrepris pour sa conservation, l’Amazonie perd en effet en moyenne 27.000 km2 de surface boisée chaque année, à cause de la poursuite de l’abattage continuel des arbres, de l’exploitation minière et de la reconversion des terres.

    4,5 millions d'euros pour une histoire qui dure 700 ans

    Véritable plaidoyer pour la défense de notre environnement,  "Il était une forêt" nous donne justement à voir, pour la première fois, la naissance, la vie et la mort d'une forêt tropicale. Images incroyables d'arbres géants, filmés de la racine à la cime par la caméra, modélisations par ordinateur... Luc Jacquet n'a pas lésiné sur les budgets, le documentaire a coûté la bagatelle de 4,5 millions d’euros. Pour notre plus grand émerveillement: de la première pousse à l’épanouissement des arbres géants de la canopée, en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler sous nos yeux et nous replonger là d'où nous venons. Même si nous l'avons oublié... 

    Cathy Lafon

    A LIRE 

    PLUS D'INFO

    • Le Radeau des cimes est le nom d'expéditions scientifiques menées par Dany Cleyet-Marrel (pilote), Francis Hallé (botaniste), Gilles Ebersolt (architecte), Patrick Blanc et Olivier Pascal (collaborateurs scientifiques) notamment, sur la biodiversité de la forêt. Elles se sont déroulées à partir de 1986 pour explorer la canopée des forêts tropicales. Site internet: www.radeau-des-cimes.org

    • La canopée est l'étage supérieur de la forêt, directement influencée par le rayonnement solaire. Elle est parfois considérée comme un habitat ou un écosystème en tant que tel, notamment en forêt tropicale où elle est particulièrement riche de biodiversité et de productivité biologique. Des arbres dits "arbres émergents" peuvent dominer de leur hauteur la canopée.

  • Changement climatique : les Philippines au 9ème rang des 67 pays du monde les plus exposés

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    En 2025, 1/3 du PIB mondial sera issu de pays exposés au changement climatique. Ici, les dégâts causés aux Philippines  par le passage du typhon Haiyan, le 8 novembre 2013. Photo AFP

    L'"Index de vulnérabilité au changement climatique" établi par le cabinet britannique Maplecroft spécialisé dans l'analyse de risque, identifie les 67 pays  les plus exposés aux événements extrêmes liés au réchauffement climatique, comme les tempêtes, les inondations ou les sécheresses. 

    Les Philippines qui viennent d'être frappées par Haiyan, le typhon le plus puissant jamais enregistré, avec des vents de plus de 360 km heures, figurent au 9ème rang de ce classement.

    Baromètre mode d'emploi

    Pour évaluer la vulnérabilité des pays et des villes aux impacts du changement climatique à un horizon de 30 ans, le baromètre de Maplecroft établit depuis huit ans un rapport annuel qui combine  trois grands critères: les risques en eux-mêmes (événements extrêmes, mais aussi montée du niveau de la mer et modifications des températures) avec la sensibilité des populations à ces risques (en termes de santé, éducation, agriculture, infrastructures) et de la capacité d'adaptation des pays. 

    Des puissances économiques majeures impactées

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    Hélas pour le Bangladesh, Maplecroft le désigne, sans surprise,comme le pays le plus exposé. Suivent dans l'ordre la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, Haïti, le Soudan du Sud, le Nigeria, la République démocratique du Congo, le Cambodge, les Philippines et l'Ethiopie. Des pays pauvres, situés dans les zones du globe les plus impactées par les conséquences du réchauffement climatique : le sous-continent indien, l'Afrique, l'Asie. Mais selon ce cabinet, la richesse économique mondiale est aussi concernée. Les pays classés à risque "extrême" ou "haut"représenteront près du tiers (31%) du PIB mondial en 2025, contre environ 21% actuellement. Leur liste compte en effet aussi des puissances économiques majeures comme l'Inde (20e place) et la Chine (61e place).

    En clair : un tiers de la production économique mondiale, soit plus de 40.000 milliards de dollars, proviendra dans dix ans de pays considérés comme durement impactés par le changement climatique.

    64% de la population mondiale 

    L'étude précise qu'actuellement, plus de 4,5 milliards de personnes (environ 64% de la population mondiale) vivent dans ces pays les plus exposés. Ils pourraient être plus de 5 milliards en 2025. Les Etats-Unis et la quasi-totalité des pays européens sont en revanche considérés comme peu à risque, notamment en raison des moyens financiers dont ils disposent pour s'adapter aux impacts attendus du réchauffement.

    La plupart des grandes villes sont vulnérables

    Dans un classement distinct s'intéressant à la vulnérabilité de 50 mégalopoles de la planète, le cabinet en  identifie cinq, Dacca, Bombay, Manille, Calcutta et Bangkok, comme des villes sujettes à un "risque extrême" alors que seulement deux, Londres et Paris, figurent dans la catégorie "faible risque"

    Le changement climatique menace l'avenir de la production économique mondiale

    "Beaucoup de marchés en croissance se situent dans des pays très vulnérables au changement climatique", telle est la conclusion du cabinet. En 2025, la Chine et l'Inde, situés parmi les 67 pays les plus exposés, pourraient ainsi représenter à eux deux près du quart (23%) de la production économique mondiale.   L'étude récente du réassureur Munich Re, menée en coopération avec l'université de Wurzbourg (Allemagne), sur les conséquences économiques des catastrophes naturelles vient renforcer celle de Maplecroft : selon le premier réassureur mondial, dans un pays émergent, une catastrophe naturelle  coûte en moyenne 2,9% de PIB, contre 1,3% dans un pays en développement, quant au  nombre de catastrophes naturelles, il a presque triplé dans le monde depuis 1980.

    Double alarme

    Après le premier volet du 5ème rapport du Giec publié le 24 septembre dernier, l'atlas des risques 2013 Maplecroft tire à son tour la sonnette d'alarme: limiter le réchauffement climatique tout en se préparant à s'y adapter, est un enjeu de taille pour les conditions de vie des habitants de la planète, doublé d'un impératif économique.

    pays,réchauffement,changement climatique,ville,classement,vulnérabilité,pibL'avenir de l'humanité

    Avec ses milliers de victimes et de disparus causés par le monstrueux typhon Haiyan, et des populations qui ont tout perdu dans la catastrophe, les Philippines en sont un effroyable exemple. Le 11 novembre, lors de l'ouverture de la 19ème conférence sur le climat à Varsovie, ses représentants ont appelé la communauté internationale à prendre des engagements clairs pour contenir le réchauffement climatique de la planète. Selon la responsable des Nations-Unis sur le climat, Christiana Figueres : "il y va de l'avenir de l'humanité".

    Cathy Lafon 

    ►PLUS D'INFO

    • L'atlas des risques 2013 Maplecroft : cliquer ICI
    • Le site de la 19ème Conférence de Varsovie sur le Changement Climatique : cliquer ICI

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI 

  • Cinéma. "Snowpiercer, le Transperceneige" : un film culte écolo à voir d'urgence

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    "Snowpiercer", un film de Bong Joon-ho, avec Chris Evans, et Kang-ho Song Photo DR

    réchauffement climatique,film,critique,futuriste,science-fiction,catastrophe écologique"Parcourant la blanche immensité d'un hiver éternel et glacé d'un bout à l'autre de la planète, roule un train qui jamais ne s'arrête: c'est le Transperceneige, aux millle et un wagons"...

    "Le Transperceneige", c'est d'abord une bande dessinée française, dont le premier album publié en1984 par Casterman, est aussitôt devenu culte. Ecrite par Jacques Lob et dessinée par Jean-Marc Rochette, puis Benjamin Legrand pour le scénario pour les albums 2 et 3, elle raconte une histoire assez classique, celle de la révolte des misérables contre les très riches, le tout dans une société du futur post-cataclysmique. Les rares rescapés de la bombe qui a rayé l'humanité de la planète Terre, se retrouvent enfermés dans un train condamné à rouler sans fin autour du monde, dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie.

    réchauffement climatique,film,critique,futuriste,science-fiction,catastrophe écologiqueAttention, film culte en vue

    "Le Transperceneige, Snowpiercer", est désormais un film, sorti en octobre dernier, destiné à devenir tout aussi culte que la BD qui l'a inspiré. Réalisé par un surdoué du cinéma, le  sud-coréen Bong Joon-ho, auteur de"Barking Dog" (2000) et de trois autres très bons films, "Memories of Murder" (2003), "The Host" (2006) et "Mother" (2009), il bénéficie d'un casting international de prestige, dont Ed Harris, Tilda Swinton (exceptionnelle), Chris «Captain America» Evans, John Hurt, Kang-ho Song...  Doté en outre de gros moyens en effets spéciaux, avec un budget de 39,2 millions de dollars, "Snowpiercer" aurait pu être un nième film catastrophe décrivant la fin du monde en surfant sur la vague écolo, genre "Le jour d'après", ou "2012" (très estimables au demeurant). 

    Train d'enfer

    Aurait pu. Car pour notre plus grand bonheur, c'est raté : "Snowpiercer" ne se contente pas d'être une excellente BD bien adaptée au cinéma, pas plus qu'un simple film catastrophe très réussi. C'est une oeuvre cinématographique magistrale et complexe, dont les métaphores contemporaines mettent en mouvement, à un train d'enfer, une magnifique allégorie futuriste de la violence sociale et écologique. Seule la "baseline" de la BD demeure : on y gagne un film unique en son genre, sombre et drôle, violent et tendre, cynique mais pas désespéré, abstrait mais bourré de situations crédibles, tout à la fois sobre et démesuré, divertissant et... écolo. 

    réchauffement climatique,film,critique,futuriste,science-fiction,catastrophe écologiqueUne catastrophe climatique majeure comme point de départ

    Première bonne surprise, pas de 3D pour ce film tourné dans le huis clos futuriste d'un train qui devient le décor d'une fable sur l'avenir qui pourrait guetter l'humanité, au cas où la crise écologique et le changement climatique iraient à leur terme. En 2014, suite au bidouillage hasardeux d'experts scientifiques, mobilisés de part le vaste monde pour juguler par des moyens artificiels et techniques le réchauffement climatique qui menace de rendre invivable la Terre, cette dernière se retrouve subitement plongée dans une ère glaciaire sans précédent : le gaz injecté dans l'atmosphère par les savants fous pour refroidir le climat, le  CW7, ça n'était pas vraiment la bonne idée du siècle. Toute ressemblance avec des événements ayant réellement existé, reste, pour l'heure, totalement fortuite.

    Le train : un monde fini, aux écosystèmes fragiles

    Une génération plus tard et dix-sept ans après, en 2031, on retrouve les rares survivants de la catastrophe, un échantillon de l'humanité enfermé à vie dans un train, un monde fini, aux ressources énergétiques limitées. Conçu pour transpercer  la neige et les glaciers, le "super train" symbolise le rude biotope d'un univers post-catastrophe climatique, où la fragilité des écosystèmes doit être scrupuleusement préservée pour la survie de ceux qui sont à son bord.  Comme dans les sociétés humaines, dans le train, chacun a sa place. L'ordre d'une sorte de fascisme "vert" y règne, rigoureux, inhumain, violent et manipulateur : pour le bien-être des habitants privilégiés des premières classes, on maintient pour leur plus grand malheur les classes populaires dans un ghetto ignoble, en queue de train, et on veille à la régulation de l'espèce humaine, moyennant des exécutions en masse, dès qu'elle devient surnuméraire pour l'écosystème du train.

    réchauffement climatique,film,critique,futuriste,science-fiction,catastrophe écologique« Contrôler la Machine, c’est contrôler le Monde ! ». Ou pas...

    Comme dans la bande dessinée, il y a un héros. Ou plutôt un anti-héros, Curtis, au passé trouble, devenu malgré lui le guide de la révolution fomentée par ses semblables, les "queutards", condamnés à un semblant de vie. Il parvient à vaincre Mason, interprétée par l'actrice écossaise Tilda Swinton, géniale en Joseph Goebbles au féminin chargée de la "propagande" de la dictature qui gouverne le train, pour remonter tous les wagons jusqu'à conquérir la Machine, qui fait rouler le train dans un tour du monde perpétuel. L'affrontement final avec l'inventeur de "Sainte Loco", Wilford (étonnant Ed Harris), un "dictateur" fou, plus élégant que Hitler mais tout aussi machiavélique et criminel, montre que, comme dans la vraie vie, tout n'est pas si simple, rien n'est entièrement noir ou blanc. Quant à l'idéal des révolutionnaires, aussi juste soit-il, il se révèle parfois manipulé par ceux-là même qu'ils combattent au péril de leur vie... Effrayant de réalisme.

    L'ours polaire

    Puisqu'on est dans un train, l'issue est inévitable. C'est un méga-déraillement qui met fin à l'histoire du film, un de ceux qui font qu'on réfléchit à deux fois avant de composter son billet, mais pas à celle de l'humanité. Rien que pour la malice du clin d'oeil final, on claquerait bien la bise à Bong Joon-ho: c'est en effet un magnifique ours blanc, en très grande forme, qui accueille les deux derniers survivants du train, une jeune fille asiatique et un jeune enfant afro-américain, perdus dans un univers toujours enneigé et glacé, mais redevenu vivable. Une fin que les 30 militants de Greenpeace emprisonnés en Russie apprécieront à leur juste valeur... dès qu'ils pourront voir le film.

    Moralité : l'homme survit et survivra toujours. Oui, mais comment et au prix de quelles souffrances... Ne pourrait-en éviter certaines, en se décidant à agir dès à présent efficacement contre le réchauffement climatique ? A ceux qui maintiennent que l'écologie n'est qu'un luxe pour les bobos , "Snowpiercer" oppose l'évidence :  ce sont toujours les plus pauvres qui paient les crises au prix le plus fort, même et surtout écologiques. Magistral, vous dis-je. 

    Cathy Lafon

    A VOIR

    •  "Snowpiecer", réalisé par Bong Joon Ho, sorti dans les salles le 30 octobre 2013 , avec Chris Evans, Song Kang-Ho, Ed Harris, Tida Swinton... Un drame science-fiction, Sud-coréen (2h05min).

    A LIRE

    •  A la faveur de la sortie du film de Bong Joon-ho,  "Le Transperceneige - L’Intégrale", de   Benjamin Legrand, Lob, Jean-Marc Rochette a été rééditée en août 2013, chez Casterman, 35,00 €. Cette intégrale rassemble les trois tomes originaux du "Transperceneige" à savoir : "Le Transperceneige" (1984, réédition sous le titre "L'Echappée" en 1999), "L'Arpenteur" (1999), "La Traversée" (2000). Un excellent cadeau pour les fêtes de fin d'année...