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De la fumée s'élève de feux de forêt à Altamira, dans l'Etat de Para en Amazonie brésilienne, le 27 août 2019. Photo AFP
Au Brésil, la déforestation continue. La déforestation en Amazonie brésilienne a même plus que doublé en janvier 2020, par rapport au même mois de l’an dernier (+108%), avec plus de 280 km2 déboisés. Un triste record, si l'on en croit les données officielles préliminaires rendues publiques le 9 février 2019.
Il s’agit de la plus grande surface déboisée pour un mois de janvier depuis la mise en service en 2015 du système DETER, basé sur des alertes de déforestation identifiées par satellite, de l’Institut national de recherches spatiales (INPE). À titre de comparaison, elle s’élevait à 136 km2 en janvier 2019, 183 km2 en 2018 et 58 km2 en 2017.
A l'échelle planétaire, la forêt disparaît moins vite. Canopée de la forêt amazonienne au lever du jour, au Brésil. Photo Peter van der Sleen, Rainfor
Au chapitre des bonnes nouvelles, l'écologie n'est pas la plus gâtée... A un peu plus de deux mois de la COP21, le sommet international sur le climat, on se réjouit donc d'apprendre que le rythme de la déforestation, enjeu majeur pour le climat, a fortement ralenti au niveau mondial. Et ce, même si la planète a perdu 129 millions d’hectares de forêts en 25 ans, soit l’équivalent de la superficie de l’Afrique du Sud. "Très encourageante" pour l’ONU, cette évolution a été révélée ce lundi par un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)qui souligne que la disparition nette des forêts a diminué de 50% entre 1990 et 2015.
"Il était une fois... une forêt". Pour faire de ce conte un film-documentaire, Luc Jacquet s'est associé au botaniste et universitaire montpelliérain Francis Hallé. Résultat: "Il était une forêt" qui sort dans les salles aujourd'hui, nous invite à une plongée exceptionnelle dans la vie de la forêt amazonienne, à la découverte d'un monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme - du plus petit au plus grand - joue un rôle essentiel.
Les arbres sont prodigieusement vivants
Depuis des années,Luc Jacquet (photo ci-contre) filme la nature, pour émouvoir et émerveiller les spectateurs à travers des histoires uniques et passionnantes, comme celle de "La Marche de l'Empereur ", oscar du meilleur film documentaire en 2006, ou encore du "Renard et l'Enfant". Ce nouveau film événement qu'il a voulu consacrer à la forêt, est né de sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé,membre du Radeau des cimes, pour qui les plantes ne "végètent" pas : elles sont même plus évoluées que nous. Dans ses différents livres, le spécialiste de la canopée, aime à le raconter : les arbres sont prodigieusement vivants. Ils communiquent entre eux en émettant des parfums, et certains savent rendre leurs feuilles toxiques pour repousser les herbivores, comme l'acacia, qui change la composition chimique de ses feuilles en quelques secondes, pour se protéger des gazelles... Certains arbres "convoquent" la pluie, grâce à des molécules volatiles qui favorisent la condensation de l'eau. D'autres se clonent et se déplacent. Enfin, les arbres peuvent être immortels, car les plantes ne sont pas programmées génétiquement pour mourir, contrairement à l'homme et aux animaux. Leur fin est toujours due à des éléments externes : une inondation, un coup de froid, un bûcheron, un incendie. Mais si tout va bien, il n'y a aucune raison pour qu'ils disparaissent : le plus vieil arbre identifié à ce jour, le houx royal de Tasmanie, a 43. 000 ans...
Les forêts tropicales, berceau de l'humanité
Quoi de plus vivant alors que les forêts tropicales, qui constituent 6% des terres émergées et abritent 75% de la biodiversité mondiale ? Berceau de l'humanité et poumon vert de la planète, elles sont aussi, pour Francis Hallé (photo ci-contre), les meilleurs alliés des hommes dans la lutte contre le réchauffement climatique. D'où l'importance de les connaître et de les comprendre, afin de freiner la déforestation et d'arrêter le massacre des dernières forêts primaires: malgré les efforts entrepris pour sa conservation, l’Amazonie perd en effet en moyenne 27.000 km2 de surface boisée chaque année, à cause de la poursuite de l’abattage continuel des arbres, de l’exploitation minière et de la reconversion des terres.
4,5 millions d'euros pour une histoire qui dure 700 ans
Véritable plaidoyer pour la défense de notre environnement, "Il était une forêt" nous donne justement à voir, pour la première fois, la naissance, la vie et la mort d'une forêt tropicale. Images incroyables d'arbres géants, filmés de la racine à la cime par la caméra, modélisations par ordinateur... Luc Jacquet n'a pas lésiné sur les budgets, le documentaire a coûté la bagatelle de 4,5 millions d’euros. Pour notre plus grand émerveillement: de la première pousse à l’épanouissement des arbres géants de la canopée, en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler sous nos yeux et nous replonger là d'où nous venons. Même si nous l'avons oublié...
"Aux origines des plantes", éditions Fayard. Tome I : Des plantes anciennes à la botanique du XXIe siècle, sous la direction de Francis Hallé, 675 p., 52 euros. Tome II : Des plantes et des hommes, sous la direction de Francis Hallé et de Pierre Lieutaghi, 665 p., 52 euros.
Le Radeau des cimes est le nom d'expéditions scientifiques menées par Dany Cleyet-Marrel (pilote), Francis Hallé (botaniste), Gilles Ebersolt (architecte), Patrick Blanc et Olivier Pascal (collaborateurs scientifiques) notamment, sur la biodiversité de la forêt. Elles se sont déroulées à partir de 1986 pour explorer la canopée des forêts tropicales. Site internet: www.radeau-des-cimes.org
La canopée est l'étage supérieur de la forêt, directement influencée par le rayonnement solaire. Elle est parfois considérée comme un habitat ou un écosystème en tant que tel, notamment en forêt tropicale où elle est particulièrement riche de biodiversité et de productivité biologique. Des arbres dits "arbres émergents" peuvent dominer de leur hauteur la canopée.