Le terminal russe « Varandey » est le terminal de pétrole le plus au nord du monde. Photo ARTE
A l'heure du réchauffement climatique, l'Arctique, ce sanctuaire naturel depuis toujours protégé par un climat extrême, attise désormais les convoitises territoriales du secteur de l'énergie et des États. En diffusant ce soir "Arctique, la conquête glaciale", un documentaire choc de Tania Rakhmanova, Arte révèle les dessous effrayants d'une course au profit qui menace de risques environnementaux majeurs le pôle Nord, l'une des dernières régions encore épargnées de la planète.
Enormes risques écologiques en vue
La fonte accélérée des glaces et la raréfaction des ressources énergétiques ouvrent dans l'Arctique des horizons nouveaux pour les grandes compagnies pétrolières. Ce qui accroît d'autant les énormes risques écologiques qui pèsent sur la région : l'impact d'une marée noire serait, par exemple, incomparablement plus grave dans ce climat extrême que dans tout autre coin du globe. Même si le climat se réchauffe, le pôle Nord, ce n'est pas encore la Floride...
Plate-forme pétrolière à la dérive et nucléaire sur permafrost en train de fondre
Poutine, le dirigeant russe, a dégainé le premier en déclarant, en 2007, son intérêt pour un potentiel pétrolifère estimé à 90 milliards de barils exploitables dans un avenir proche. À sa suite, les autres pays riverains - États-Unis, Groenland, Norvège, etc. - ont réclamé leur part du gâteau glacé, quitte à se disputer le tracé des frontières. D'autres, comme la Chine et la Corée du Sud, espèrent bien prendre part à la course. Quant aux grandes compagnies d'hydrocarbures, elles initient leurs projets de forage en l'absence de toute loi internationale… Mais déjà, plusieurs signes alarment les défenseurs de la nature, à l'instar de Greenpeace : une première plate-forme s'est mise à dériver, tandis que la direction d'une centrale nucléaire russe, construite sur du permafrost en train de fondre, a observé un black-out informatif total.
Scénarios catastrophes
Comment pourrait-on imaginer un risque zéro dans des régions aux conditions climatiques aussi extrêmes ? Si le documentaire de Tania Rakhmanova envisage un certain nombre de scénarios catastrophes, c'est qu'il rend compte avec précision de tous les paramètres qui augurent d'un avenir menaçant pour l'Arctique. Enjeux industriels colossaux, personnel politique dépassé ou attiré par la promesse des retombées financières, sécurité écologique non garantie par les compagnies pétrolières : l'éventail des risques est large. "Arctique, la conquête glaciale" dresse la cartographie contrastée d'une région qui, première victime écologique du changement climatique, est aussi promise à devenir le réceptacle de toutes les dérégulations contemporaine : trop de superpuissances, qu'elles soient industrielles ou politiques, sont encore prêtes à jouer avec le feu pour s'offrir de nouveaux débouchés.
Tourné en Alaska, en Russie, en Norvège ou au Groenland, servi par de nombreux témoignages et variant ses angles d'approche, le film tire le signal d'alarme : la leçon des grands cataclysmes industriels passés n'a sans doute pas été retenue.. Pour être désespérant, le constat, hélas, n'étonnera personne.
Cathy Lafon
►A VOIR
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ARCTIQUE, LA CONQUÊTE GLACIALE, documentaire de Tania Rakhmanova, mardi 6 janvier 20h50 (84 min). Rediffusion vendredi 9 janvier à 8h55 et lundi 26 janvier à 8h55.
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