Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Les oiseaux meurent par milliers sur nos plages: le point avec la LPO Aquitaine

    macareux (2).jpg

    Cadavre de Macareux moine échoué sur la plage du Porge (Gironde) le dimanche 9 février 2014. Photo Ma Planète

    Ces trois dernières semaines, plus de 5.000 oiseaux morts ont déjà été recensés sur les plages du littoral atlantique, des Pyrénées-Atlantiques à la Bretagne. Tel est le triste comptage que fait, au 11 février 2014, Nicolas Gendre, ornithologue auprès de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) de Charente-Maritime. L'association se base naturellement sur les données qu'elle a pu recueillir et ses estimations restent provisoires.

    Macareux moines Moinet.jpgEn Aquitaine, l'hécatombe s'aggrave

    Le 11 février, Benoit Moinet a relevé 117 cadavres de Macareux moines (Fratercula arctica), et 94 de Guillemots de Troïl, sur la plage sud de Capbreton, dans les Landes, comme en atteste son témoignage inscrit sur le site d'observation de la LPO Aquitaine. Pour lui, c'est une "horreur totale sur une si courte distance de 2 km, des cadavres partout... 1 tous les 10 mètres à l'aller". Et au retour, de nouveaux cadavres frais. Il note aussi que certains oiseaux sont mazoutés: "Enfin, quelques individus présentent des traces nettes d'hydrocarbures, certains de fuel (le Luno ?) d'autres de galettes de mazout collées au plumage...". Benoît Moinet a également posté des photos de cadavres de Macareux (ci-dessus) et de Guillemots.

    Les échouages massifs d'oiseaux marins sur nos côtes, ça émeut et ça interroge. Ma Planète a reçu de nombreuses questions sur le sujet et fait le point avec deux représentants de la LPO Aquitaine, Olivier Le Gall (responsable de la LPO Aquitaine) et Laurent Couzi (directeur de l'association).

    Ma Planète. Où en est-on des échouages d'oiseaux ?

    Olivier le Gall (LPO). Le phénomène a commencé depuis environ deux semaines, mais a connu une montée en puissance ces derniers jours, notamment le week-end dernier. Cela devrait malheureusement se poursuivre, vu les conditions météorologiques annoncées, avec de nouvelles dépressions. Nous assistons à un phénomène rare, voire rarissime, que je n'avais personnellement jamais observé.

    Ma Planète. Quelles sont les populations d'oiseaux marins concernées par le phénomène ?

    guil1.jpgOlvier Le Gall.  Les espèces d'oiseaux présentes dans le Golfe de Gascogne en hiver qui sont touchées par cette vague d'échouage, appartiennent à la famille des alcidés. On note,  par ordre d'abondance: le Guillemot de Troïl (photo Alain Noël, ci-contre), le Pingouin torda, le Macareux moine et le Mergule nain. Actuellement, c'est le Macareux moine qui est surtout victime de l'hécatombe.

    Ma Planète. Pouvez-vous répondre à la question d'une internaute, Karen Fontaine : "Ne peut-on songer à plusieurs problèmes liés pour ces échouages d'oiseaux ? Les mauvaises conditions climatiques et peut-être une raréfaction de certains poissons ? Un appauvrissement de la faune marine ?"

    surpeche 3.jpgLaurent Couzi (LPO). La situation actuelle est essentiellement liée aux conditions météorologiques exceptionnelles, des tempêtes à la fois violentes en mer et dans le temps. Les oiseaux subissent des coups de vents à répétition depuis plusieurs semaines et n'ont pas le temps de se remettre. Mais il est vrai, et cela a été démontré, que la surpêche est un vrai problème pour ces oiseaux, qui peinent de plus en plus à trouver leur nourriture.

    Ma Planète. Pouvez-vous estimer la part des oiseaux mazoutés en Aquitaine, et ces oiseaux sont-ils victimes de dégazages sauvages effectués par des bateaux  ?

    Laurent Couzi. Pour l'instant en Aquitaine il ne semble pas que le phénomène soit très marqué. En revanche, actuellement, nos collègues bretons ont pas mal de cas. Les tempêtes sont souvent propices au dégazages sauvages : la surveillance est plus compliquée, et les résidus sont rapidement dilués...

    Ma Planète. Le phénomène actuel aura-t-il un impact sur  la biodiversité et les populations d’oiseaux concernés ?

    Laurent Couzi. On peut penser que ces échouages massifs auront des effets, notamment sur les populations de Macareux moine. Ce sont actuellement des adultes en âge de se reproduire, qui, pour la plupart, sont victimes des intempéries. Et cela ne va pas s'arrêter, vu les conditions météorologiques à venir. Aussi, ont peut penser que la prochaine saison de reproduction sera médiocre, en tout cas pour certaines colonies, celles dont les oiseaux auront passés l'hiver au large des côtes d'Aquitaine.

    dodo grand pingouin.JPGOlivier Le Gall. La situation n'est absolument pas comparable, et le Macareux moine n'est pas en passe de s'éteindre, mais il est bon de se rappeler que les espèces animales peuvent disparaître. A l'instar du Grand Pingouin, ou Dodo de l'Arctique, membre aussi de la famille des Alcidés : c'est un cas d'école en écologie de la conservation. Le Dodo de l'arctique, incapable de voler, a été exterminé par des chasseurs armés de gourdins. Il était pourtant abondant jusqu'au XIXème siècle. En 1844, sur un îlot islandais, le dernier couple de ces oiseaux qui était alors en train de couver un œuf, a été tué et son oeuf écrasé par des chasseurs...

    Ma Planète. Si votre comptage se base sur le nombre d’oiseaux apporté par des bénévoles, il doit être très inférieur à la réalité. Ne pourrait-il y avoir un vaste appel à comptage lancé auprès du public, en lien avec les mairies des plages du littoral qui en seraient les relais locaux ?

    tepête,intempéries,oiseaux,macareux moines,échouages,aquitaine,atlantique,littoral,lpoLaurent Couzi. Un appel pourrait être fait, mais actuellement, il faut reconnaître que c'est un peu la crise. Nous la gérons au mieux. De nombreux oiseaux nous parviennent déjà : plus de soixante actuellement (NDLR: le 10 février) vivants sont et pris en charge au Centre de Soins d'Audenge (Gironde). Sur le fond, lancer un appel, ce serait bien, mais l'envoi massif du public sur le rivage peut poser d'autres problèmes écologiques...

    Ma Planète. Comment mieux sensibiliser le grand public ? Chaque grande plage de la Gironde présente un panneau qui informe sur la  nécessité de protéger la dune est sa végétation. Ne pourrait-on faire de même pour expliquer la démarche à suivre en cas de découverte d'animaux marins, en indiquant qui contacter ? 

    Laurent Couzi. Pourquoi pas ? Mais voici ce que nous faisons déjà : nous proposons au public un site web qui leur permet de saisir des observations de cette nature : www.faune-aquitaine.org. Ils peuvent également y verser leurs photos. Bientôt, une application smartphone sera disponible. De plus, sur le site internet de la LPO : lpoaquitaine.org, une page dédiée  au centre de soins des animaux donne toutes les informations nécessaire à la prise en charge d'un oiseau en détresse : http://lpoaquitaine.org/index.php/centre-de-soin/les-gestes-qui-sauvent.

    Et nous proposons également un numéro d'appel pour le centre de soins d'Audenge :  05 56 26 20 52.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    PLUS D'INFO

    • Le site de la LPO Aquitaine : cliquer ICI
    • Les cartographies des échouages réalisées par la LPO en 2013 et 2014 montrent bien l'ampleur exceptionnelle des dégâts :

    -Depuis le 1er janvier 2014,  cliquer sur : http://www.faune-aquitaine.org/index.php?m_id=30238 -Pour la période janvier-février 2013, pour comparaison,  cliquer sur :  http://www.faune-aquitaine.org/index.php?m_id=30240

    QUE FAIRE EN CAS DE DECOUVERTE D'OISEAUX VIVANTS OU MORTS SUR LES PLAGES ?

    • Voici les conseils de la LPO.  Les bons gestes à avoir. Ne jamais prendre de risques inconsidérés afin d'atteindre l'animal, même s'il est vivant. Avant tout, ne pas se mettre en danger et  lorsque les conditions météorologiques ne sont pas bonnes, respecter les consignes de sécurité transmises par les préfectures. Si l'on peut ramasser l'oiseau, il faut se munir de gants et de sacs plastiques, et le transférer au centre de sauvegarde le plus proche où il sera identifié, comptabilisé et enregistré. Ne pas essayer de le nourrir ou de l'hydrater : cela peut lui faire plus de mal que de bien.
    • Qui contacter ? Si un oiseau, victime de pollution marine (ou suite à une tempête), est découvert vivant ou mort il faut contacter d'urgence le Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage le plus proche. Pour avoir son adresse : cliquer ICI
  • OGM : l'Union européenne les autorise mais la France n'en veut pas

    ogm,sénat,propositon de loi,france,union européeenne,maïs mon 810,maïs tc1507

    Manifestation anti-OGM à Bordeaux. Photo archives "Sud Ouest" / Eric Despujols

    L'Union européenne a annoncé hier, mardi 11 février, qu'elle devrait autoriser à la culture sur le territoire de ses Etats membres, un nouvel OGM, le maïs TC1507 du groupe américain Pioneer. La réponse politique de la France, actuellement opposée à toute culture d'OGM chez elle, n'a pas trainé.

    ogm,sénat,propositon de loi,france,union européeenne,maïs mon 810,maïs tc1507Dans une procédure accélérée, la commission des affaires économiques du Sénat a adopté, ce mercredi 12 février, la proposition de loi relative à l'interdiction de la mise en culture du maïs génétiquement modifié, déposée par Alain Fauconnier (sénateur socialiste de l'Aveyron) qui en est également le rapporteur.

    ogm,sénat,propositon de loi,france,union européeenne,maïs mon 810,maïs tc1507Pas de MON 810 ni de TC1507 dans les champs français

    Cette proposition de loi aura pour effet d’éviter la mise en culture en France de deux variétés de maïs génétiquement modifié. La première, le maïs MON 810 fait l’objet d’un moratoire depuis 2008 et l’autre, le maïs TC1507 du groupe américain Pioneer,  devrait être autorisée prochainement par la Commission européenne, les États membres n’ayant pu réunir la majorité qualifiée qui était requise pour s’y opposer.

    ogm,sénat,propositon de loi,france,union européeenne,maïs mon 810,maïs tc1507Principe de précaution et préservation des cultures issues de semences naturelles

    La commission des affaires économiques a considéré les incertitudes qui concernent l’impact des maïs génétiquement modifiés en termes de biodiversité et de développement de résistance aux pesticides, mais aussi les difficultés de coexistence entre les différents types de culture et les conséquences sur le modèle agricole qui résulteraient de l’utilisation généralisée de ces semences. Elle a jugé nécessaire la poursuite des discussions au niveau national et européen afin de mettre au point de nouvelles méthodes d’évaluation des organismes génétiquement modifiés.  Dans le match OGM/agriculture bio, pour l'heure, la France a fait le choix du bio.

    La proposition de loi sera soumise au vote du Sénat en séance publique le lundi 17 février. Selon le calendrier initial du Parlement, elle devait être soumise au vote le 10 avril prochain. Le gouvernement a donc jugé qu'il y avait urgence.

    PLUS D'INFO

    • Le texte de la proposition de loi relative à l'interdiction de la mise en culture du maïs génétiquement modifié : cliquer ICI 

    LIRE AUSSI

  • OGM : drôle de feu vert pour la culture du maïs TC1507 en Europe

     ogm TC1507.jpg

    Majoritaires, les pays en faveur de l'interdiction du maïs OGM TC1507 en Europe n'ont pas eu gain de cause. Photo archives AFP

    Un nouvel OGM, le maïs TC1507 du groupe américain Pioneer, devrait être autorisé à la culture dans l'UE. En dépit de l'opposition majoritaire de dix-neuf pays dont la France, les Etats membres ne sont pas parvenus, mardi 11 février, à réunir une majorité qualifiée pour la bloquer. Décryptage.

    ogm,europe,vote,union européenne,maïs tc507Micmac européen

    Majorité contre l'autorisation de culture du TC1507 oui, mais "pas qualifiée". Et donc, "pas de décision", a annoncé la présidence grecque de l'Union européenne, à l'issue d'un débat public entre les ministres des Affaires européennes à Bruxelles. Par voie de conséquence, la culture doit être autorisée. En effet, cela paraîtra incompréhensible, voire anti-démocratique, aux yeux du citoyen lambda, mais "la règle veut que si le Conseil (des Etats) ne prend pas de décision, la Commission européenne doit approuver la culture dans les prochaines 24 heures", a expliqué le service juridique du Conseil. Autrement dit, selon les règles de l'institution européenne, si on ne vote pas contre, alors on est pour.

    Dix-neuf Etats ont voté contre, cinq ont voté pour et quatre se sont abstenus

    Si une large majorité des Etats, dix-neuf, dont la France, se sont opposés à l'approbation du maïs transgénique Pioneer 1507, le produit fabriqué conjointement par les groupes américains DuPont et Dow Chemical qui résiste aux insectes ne peut être interdit. Pourquoi ? En Europe, la règle du vote n'est pas "un Etat, une voix". Chaque pays lorsqu'il vote, compte pour un certain nombre de voix. Les dix-neuf pays contre ne totalisent que 210 voix, alors que la majorité qualifiée pour bloquer était de 260 voix. Cinq pays ont voté pour: l'Espagne, le Royaume-Uni, la Suède, la Finlande et l'Estonie. Mais surtout, les abstentions au dernier moment de l'Allemagne (29 voix), de la Belgique (12 voix), du Portugal (12 voix) et de la République Tchèque (12 voix) ont cruellement fait défaut à l'opinion majoritaire.

    stephane-le-foll_942120_460x306 (1).jpg"L'Europe n'a pas besoin de ce maïs transgénique, et elle n'en veut pas"

    La déception de la France est grande. L'Hexagone a particulièrement bataillé pour obtenir l'interdiction de cet OGM et son ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a mouillé sa chemise pour rallier l'Allemagne à son camp. Mais, suite à une intervention personnelle de sa chancelière Angela Merkel, cette dernière s'est finalement abstenue, comme elle l'avait annoncé. L'avocate Corinne Lepage, eurodéputée et rapporteure du Parlement sur la proposition d'interdictions nationales d'OGM, a réagi vertement en appellant la Commission à retirer sa proposition d'autorisation du maïs transgénique  TC1507. "Les deux tiers du Parlement, des Etats-membres et des citoyens européens ne veulent pas de cette autorisation", argumente-t-elle dans un communiqué de presse où elle martèle: "L'Europe n'a pas besoin de ce maïs transgénique et elle n'en veut pas".

    ogm monsanto.jpgPas de TC1507 pour la France ?

    La France, qui ne veut des OGM et du TC1507 sur son territoire, devra-t-elle passer sous les fourches Caudines de l'Europe? A priori non. Les Etats de l'Union européenne ont en effet la possibilité d'interdire politiquement sur leur territoire un OGM, même s'il est autorisé par l'Union européenne. Ainsi, le Parlement français doit adopter le 10 avril prochain une proposition de loi interdisant la culture du maïs transgénique en France, dont le fameux maïs TC1507. Déposée le 4 février dernier par le sénateur socialiste de l'Aveyron Alain Fauconnier, avec le soutien du gouvernement, la proposition de loi aura aussi pour effet de sécuriser juridiquement l'interdiction du maïs MON 810. Le Conseil d'Etat a en effet annulé l'été dernier un arrêté d'interdiction de cet OGM produit par l'américain Monsanto, qui datait de 2011 et dont le renouvellement d'autorisation est justement en cours d'examen par l'Union européenne. La France, comme les Etats membres opposés à l'autorisation de ce maïs transgénique, n'est toutefois pas à l'abri de contentieux ultérieurs concernant les OGM.

    Une chose est sûre : à l'approche des élections européennes qui auront lieu en France le 25 mai prochain, on peut craindre que le caractère peu démocratique de cette décision ne contribue à renforcer le sentiment anti-européen des citoyens appelés aux urnes. Qui n'en ont pas vraiment besoin.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Quatre OGM ont obtenu jusqu'à ce jour une autorisation de culture dans l'Union européenne, mais un seul est encore cultivé dans quelques Etats, le maïs MON810 du groupe américain Monsanto, qui a demandé le renouvellement de cette autorisation. Les autres, deux maïs (BT176 et T25) et la pomme de terre Amflora, ont été abandonnés
    • Le texte du projet de loi d'Alain Fauconnier sur l'interdiction du maïs transgénique en France: cliquer ICI

    LIRE AUSSI