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Le livre vert du dimanche. "Les perturbateurs endocriniens en accusation : cancer de la prostate et reproduction masculine"

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Chimiste toxicologue, André Cicolella préside le "Réseau environnement santé", à l'origine due l'interdiction du bisphénol A dans les biberons et du perchloroéthylène pour le nettoyage à sec. Photo archives Sud Ouest/Stéphane Lartigue

On est d'accord. Si on a un petit moral et que l'on cherche à se débrancher des soucis du quotidien, le dernier livre d'André Cicolella, scientifique réputé, n'est pas à proprement parler la lecture idéale pour les vacances. "Les perturbateurs endocriniens en accusation : cancer de la prostate et reproduction masculine", reste toutefois un ouvrage indispensable pour mieux comprendre pourquoi, après le cancer du sein, l'incidence du cancer de la prostate a grimpé dans le monde de façon spectaculaire au cours des vingt dernières années. Et aussi pourquoi les troubles de la reproduction masculine (cancer des testicules, malformations génitales, baisse de la qualité du sperme) sont également de plus en plus répandus.

Les données scientifiques sont unanimes : la première cause de cette épidémie, c'est notre environnement, avec notamment, la contamination chimique de type perturbateurs endocriniens, à l'âge adulte mais surtout in utero, que l'on trouve par exemple dans les pesticides, les phtalates, le bisphénol A, certains PCB.... largement répandus partout dans l'environnement. La pollution atmosphérique, l'obésité et le surpoids, une activité physique insuffisantes, le tabac et une alimentation malsaine sont également responsables de la diminution de la qualité du sperme.

Les raisons d'une véritable épidémie

critique,livre,maladie,cancer,prostate,reproduction masculine,andre cicollela,chiffresEn 2013, rappelle l'auteur, dans le monde, 3,2 millions d'hommes ont été touchés par le cancer de la prostate et 800 000 en sont morts. A titre de comparaison, la même année, on a enregistré 2,1 millions de nouveaux cas de sida et 1,1 millions de décès. Pourtant, pointe André Cicolella, si l'on emploie le terme d'épidémie pour le sida, ce n'est pas le cas pour cette maladie. On impute en effet généralement cette progression à la conséquence normale du vieillissement de la population et des progrès du dépistage. 

Or, ces explications sont tout à fait insuffisantes. La meilleure preuve en est, explique-t-il, que les populations touchées par le cancer de la prostate, de plus en plus nombreuses, sont aussi de plus en plus jeunes. Par ailleurs la répartition e de la maladie sur la planète est tout-à-fait inégale. La Norvège, connaît 110 fois plus de cas de  cancer de la prostate qu'au Bouthan et on meurt de cette maladie 125 fois plus aux Antilles française qu'au  Bouthan.

Une disparité qui ne doit rien au hasard : au Bouthan, petit royaume de poche de moins d’un million d’habitants niché entre la Chine et l’Inde et pays leader de l'écologie, tout est fait tout pour préserver la diversité de la nature, la qualité de l’air et un environnement sain. A l'école, où l'on enseigne l'écologie dès le plus jeune âge, les enfants mangent les fruits et les légumes bios qu’ils ont eux-mêmes appris à cultiver. Les arbres y sont plantés par milliers, 72% du territoire est désormais couvert de forêts, 100% de l’électricité est propre (grâce à l’hydroélectricité) et 80% de l’agriculture est déjà biologique, avec un objectif de 100% d’ici 3 ans...

 

Eradiquer les principaux perturbateurs endocriniens

« Il est temps que l’Institut National du Cancer se préoccupe sérieusement des causes environnementales du cancer ». André Cicolella.

La bonne nouvelle, pour le toxicologue, qui prône une révolution de la santé, qui doit soigner mais aussi prévenir en s'attaquant aux causes, c'est qu'il n'y a pas de fatalité et qu'il est possible de faire reculer l'explosion de la maladie. A condition de bien identifier les causes et de mener les politiques publiques adéquates. Promouvoir une bonne alimentation et une bonne hygiène de vie, diminuer le stress au travail... et supprimer du quotidien les molécules chimiques dangereuses pour la santé. "Plus que jamais, il est nécessaire d’éliminer de notre environnement les perturbateurs endocriniens", insiste-t-il, en soulignant le rôle leader qu'a joué la France dans ce domaine. La deuxième phase de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens devrait être, selon lui, lui l’occasion de fixer un cap ambitieux : l’éradication des principaux perturbateurs endocriniens comme le bisphénol ou les phtalates.

Il est urgent d'informer les citoyens, conclut André Cicolella, pour les pousser à agir sur leur environnement et à réclamer une véritable politique de santé tournée vers la lutte et la prévention environnementale contre toutes les maladies chroniques : des maladies qui auraient dû rester rares. Et devraient le redevenir.

Cathy Lafon

►A LIRE

  • "Les perturbateurs endocriniens en accusation : cancer de la prostate et reproduction masculine". André  Cicolella, éd. Les Petits Matins, 10 euros.

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