Le livre vert du dimanche. "100 jours sans supermarché : le premier guide des circuits courts"
Une personne achète des légumes, en 2009, sur le marché de Revel. Photo archives AFP
'Vivre sans supermarché ? Impossible !" Erreur. Non seulement c'est possible, mais encore l'idée fait tous les jours un peu plus son chemin dans nos têtes. Pourtant, comme l'écrit Cyril Dion (1) dans la préface du livre de Mathilde Golla, "100 jours sans supermarché", publié aux éditions Flammarion, le concept "aurait paru totalement absurde, voire carrément rétrograde", il y a quarante ans de cela.
Après avoir vécu pendant un mois sans mettre les pieds en grande surface pour les besoins d'un reportage, cette journaliste au service économie du "Figaro", a décidé de tenter de prolonger l'expérience en changeant radicalement son mode de consommation. Avec succès. De cet essai transformé, comme on dit au rugby, elle a tiré un guide pratique enthousiasmant qui donne envie de plonger à son tour dans l'aventure du "zéro supermarché".
Pour Mathilde Golla, tout commence par une rencontre fortuite mais décisive avec un agriculteur, voisin de sa mère, dans le nord du Cotentin. Agé d'à peine 60 ans, cet éleveur normand lui confie qu'il a décidé de tout arrêter : vaches, tracteurs,terres, installations, il vend tout. La raison ? "Le métier n'est plus rentable". Et il n'y a pas que lui : ce "colosse de près d'1 m 94" égrène la longue liste de ces agriculteurs, paysans de pères en fils, qui, dans sa commune de Quettehou, se demandent aujourd'hui comment survivre et pourraient bien avoir jeté l'éponge d'ici une dizaine d'année... La conversation provoque chez la jeune femme une première vraie prise de conscience de l'ampleur de la crise agricole qui éreinte et met à genoux un monde paysan, victime de la guerre des prix et du système la grande distribution. Et si "la solution était d'encourager les petits producteurs, soucieux de la qualité et de boycotter les marchés", en privilégiant les circuits courts et les produits bio ou labellisés, comme de plus en plus de Français, semble-t-il, sont disposés à le faire ?
Le défi
Pour joindre le geste à la réflexion, notre consommatrice qui s'interroge décide alors de se lancer un défi : elle va tenter se passer des supermarchés pour s'approvisionner pendant un mois exclusivement en produits achetés en circuits courts. Et comme elle est journaliste, elle en fait un reportage. Concluante, l'expérience bouleverse ses habitudes. Elle décide alors de la prolonger et découvre un nouveau monde, celui des produits fermiers, des saveurs oubliées et des circuits salvateurs pour les agriculteurs. Elle apprend à se nourrir différemment pour être en meilleure santé, tout en respectant les paysans et la planète. Et surtout, elle comprend qu'on peut dépenser moins, en consommant mieux. Car le bio et les circuits courts, contrairement à l'idée répandue, ne sont pas obligatoirement plus chers que les produits conventionnels achetés en grande surface. Ce faisant, en enquêtant sur les réseaux de ventes directes du producteur au consommateur en plein essor sur tout le territoire, elle découvre qu'il existe des solutions alternatives partout en France, et déniche quantité de bonnes adresses... Enfin, "cerise sur le panier", s'exclame-t-elle, elle ne s'est jamais senti en aussi bonne forme !
Un guide de bonnes adresses
De ces quatorze semaines sans supermarché, Mathilde Golla dresse un récit alerte, bourré d'astuces, de belles rencontres humaines et d'initiatives citoyennes et gourmandes qui marchent aux quatre coins de l'Hexagone et nous donne envie de consommer autrement, pour aider les producteurs tout en prenant soin de soi, des autres et du monde qui nous entoure. Pour conclure ces "100 jours" d'une aventure moderne, judicieusement rythmés par quatorze "constats de la semaine", l'auteure partage ses bons plans, avec un guide des bonnes adresses des circuits courts, marchés en ligne, Amap, épiceries coopératives, cueillettes et autres potagers urbains qu'elle a testées. Le tout assorti de la dizaine de bonnes recettes indispensables pour apprendre préparer soi-même son dentifrice, sa crème hydratante, son produit vaisselle, sa lessive... La base. Car la vie sans supermarché, c'est aussi savoir se passer des cosmétiques et des produits d'entretiens vendus en grande surface ! Et c'est loin d'être le plus facile.
(1) Cyril Dion, cofondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, a réalisé avec Mélanie Laurent le documentaire "Demain".
►A LIRE
- "100 jours sans supermarché. Le premier guide des circuits courts", de Mathilde Golla, Editions Flammarion, 248 pages, 18 euros.
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma Planète sur l'agriculture bio : cliquer ICI
- Les articles de Ma Planète sur l'alimentation : cliquer ICI