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Journée mondiale des animaux: quoi de neuf depuis la mort du lion Cecil ?

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Le lion Cecil, abattu au Zimbabwe par un chasseur américain, le 1er juillet 2015, lors d'une chasse présumée illégale. Photo AfP

Sur la planète, la biodiversité n'est pas en bonne santé. De nombreuses espèces sont menacées d'extinction, voire disparaissent carrément. En cause, le réchauffement climatique, mais aussi la surexploitation par l'homme des "ressources" animales. C'est le cas pour certaines familles de poissons, mais aussi pour les grands animaux mythiques d'Afrique ou d'Asie (lions, rhinocéros, hippopotames, léopards, éléphants...), dont on aurait naïvement tendance à croire qu'ils sont aujourd'hui tous protégés. Raté. En 2015, les safaris ne se font pas seulement avec des appareils photos : on organise toujours de véritables chasses dans la savane, destinées à satisfaire les appétits de riches collectionneurs de trophées.

Ainsi, le mercredi 1er juillet dernier, un dentiste américain, Walter Palmer, abattait le lion Cecil, emblématique félin du parc national de Hwange, spécimen protégé et attraction vedette de la grande réserve animalière au Zimbabwe, avec son inhabituelle crinière noire. Révélée le 28 juillet, au vu des circonstances suspectes d'une traque qui a tout du braconnage, l'affaire allait déclencher une énorme vague d'indignation mondiale dans les médias et sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter. 

Deux mois après, que reste-t-il du scandale de la mort du lion Cecil ? Alors que l'on célèbre ce dimanche la Journée mondiale des animaux, Ma Planète revient sur ce "crime écologique" hors norme.

"Chasse illégale"

Lion killer.JPGLe lion Cecil, tué lors d'un safari par Walter Palmer, 55 ans, était l'attraction du parc national Hwange, au Zimbabwe. Le plus célèbre lion du pays faisait aussi l'objet d'une étude scientifique de l'université anglaise d'Oxford depuis 2008. Agé de 13 ans, le félin avait été repéré de nuit puis attiré avec une charogne hors du parc national, où il était protégé. Blessé par flèche, il n'aurait été achevé au fusil que 40 heures plus tard, puis dépecé et décapité. Pour de nombreux professionnels de safaris de chasse, la traque de Cecil est très probablement illégale.  Outre qu'elles nécessitent la détention d'un permis, ces chasses doivent se dérouler de jour, dans des réserves privées et en présence d'un garde de parc national.

Très coûteuse chasse à l'arc

Selon les spécialistes, chasser le lion "pour de vrai" n'est pas donné à tout le monde... Il en coûte entre 60.000 et 120.000 dollars, avec un surcoût pour l'utilisation d'un arc. L'arme la plus prestigieuse en la matière est justement l'arme de prédilection du dentiste qui a abattu Cecil, collectionneur de trophées animaliers prestigieux. Son tableau de chasse compterait 43 trophées d'exception (léopard, lion, rhinocéros, ours polaire, puma, bison, éléphant, cerf, etc.), selon le site de l'organisation Safari club international. 

Quelle justice des hommes pour Cecil ?

"Nous demandons aux autorités compétentes son extradition vers le Zimbabwe pour qu'il puisse être jugé pour les infractions qu'il a commises", Oppah Muchinguri, le 31 juillet 2015

Theo Bronkhorst, le chasseur professionnel zimbabwéen qui avait organisé le safari fatal, devait comparaître en justice, devant le tribunal de Hwange,  le 28 septembre. Son procès a été repoussé au 15 octobre. Le Zimbabwe veut aussi juger le docteur Walter Palmer, l'auteur présumé du "crime écologique". C'est apparemment plus compliqué. "Pour qu'il puisse être jugé pour les infractions qu'il a commises", la ministre de l'Environnement du pays, Oppah Muchinguri, a demandé, le 31 juillet, l'extradition du chasseur américain qui s'était déjà évaporé vers son pays d'origine lorsque le scandale a éclaté. 

Et depuis...

lion,safari,espèce  protégée,afrique,zimbabwe,trophéeDepuis la mort du plus célèbre des rois des animaux africains, les compagnies aériennes américaines Delta et American Airline, puis la compagnie canadienne Air Canada, ont annoncé qu'elles interdisait désormais le transport des trophées de chasse à bord de leurs avions. Le Zimbabwe a interdit la chasse de grand gibier dans le parc national de Hangwe, là où vivait Cecil. Sauf si le chasseur obtient une dérogation écrite des parcs nationaux et est accompagné du personnel de la réserve. Les peluches lion à l'emblème de Cecil se multiplient autour de la planète pour lui rendre hommage. La marque américaine de jouets Ty Inc a même lancé en septembre une petite peluche lion, "Beanie Baby", vendue à 5,5 euros. 100% des profits de la vente seront reversés à la Wildlife Conservation Research Unit de l'Université d'Oxford, qui suivait Cecil depuis 2008. C'est mignon. Pas de quoi, toutefois, empêcher véritablement les chasseurs de grand gibier et les organisateurs de safari de dormir sur leurs deux oreilles en mettant vraiment à l'abri les lions, éléphants et autres grands "gibiers" d'Afrique...

"Il faut que je retrouve mon équipe et mes patients"

Quant au dentiste, le 6 septembre, dans une interview au quotidien de Minneapolis,  le "Star Tribune", il  annonçait qu'il allait retourner au travail, dans son cabinet, mettant ainsi fin à des semaines de silence,  après la virulente polémique internationale qui a suivi la mort du lion Cecil. L'Américain a maintenu que la chasse lors de laquelle il a tué le félin n'avait rien d'illégal et qu'il ignorait qu'il tuait un "lion emblématique". Walter Palmer a aussi affirmé que "cette histoire avait été difficile pour sa femme et sa fille, qui ont été menacées sur les réseaux sociaux" et a réfuté ce qu'il a qualifié de "fausses informations" circulant dans les médias. Il a notamment assuré ne pas avoir payé 50.000 dollars (44.850 euros) pour cette chasse à l'arc. Sans toutefois indiquer s'il avait payé plus ou moins que cette somme...

Le riche chasseur de trophées a refusé de dire s'il accepterait de retourner ou non au Zimbabwe si la justice le lui demandait. 

Cathy Lafon

#maplanète

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EN CHIFFRES

  • Plus de 780 000 euros de dons récoltés. L'unité de recherche et de préservation de la faune et de l'université d'Oxford (WildCRU) qui avait placé en 2008 un collier GPS autour du cou de Cecil, afin de recueillir des informations sur le mode de vie des lions et sur leur longévité, a lancé un appel aux dons le 29 juillet. Elle a reçu plus de 785 000 euros en une semaine. Les donations reçues serviront à former des personnels zimbabwéens, à financer des patrouilles contre la chasse illégale et de nouveaux colliers GPS pour suivre les lions.
  • En 2013, 49 carcasses de lions issues de chasses ont été exportées du Zimbabwe comme trophées.   Chaque année, 200 lions sont abattus. Sur la liste des espèces menacées, le fauve est considéré comme "vulnérable". En 20 ans, sa population en Afrique a chuté de plus de 40%. Il n'en reste que 32.000 à l'état sauvage. En Afrique du Sud, des lions sont élevés en captivité spécialement pour la chasse. 400 spécimens sont ainsi tués par an, une pratique tout aussi odieuse aux yeux des associations environnementales.

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