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théâtre

  • "L'Impossible Procès" du nucléaire s'ouvre au théâtre, à Bordeaux et à Pau

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    Les autorités nucléaires françaises, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)  entre autres, l'ont rappelé lors des différents rapports qui ont suivi la catastrophe de Fukushima : en dépit de la sécurité maximale qui entoure le secteur du nucléaire en France, on ne peut, hélas, exclure l'éventualité d'un accident dans l'une de nos centrales.

    Quelles en seraient les conséquences sanitaires, économiques et environnementales, et comment mettre en cause les responsables en amont d’une catastrophe atomique ? Telles sont les questions soulevées par la pièce de théâtre « L’Impossible Procès »,  invitée dans la région par Europe Ecologie-les Verts à Bordeaux et à Pau, les 17 et 19 septembre prochains.

    "L'impossible Procès" du nucléaire s'est ouvert pour de vrai au Japon...

    La pièce de la compagnie Brut de Béton pose les bonnes questions, si l'on en croit l'actualité récente de Fukushima : le 9 septembre, à Tokyo, la justice a rejeté  les plaintes d'habitants de la zone contaminée par la radioactivité, contre les dirigeants de la centrale dévastée en 2011 et le premier ministre japonais d'alors.

    centrale-du-blayais-photo-d-archives_586358 (1).jpgL’accident fictif du Blayais

    Le synopsis de la pièce est simple et efficace. Les spectateurs sont projetés dans le futur. Dans la nuit du 3 novembre 2015, un Boeing 747 de la compagnie Royal Air Maroc immatriculé EI-­CSY, en provenance de Casablanca, vol AT 764, arrivée prévue à Paris Orly à 4h15, s'est écrasé sur la centrale nucléaire du Blayais, située sur la commune de Braud et Saint-­Louis, dans le département de la Gironde. A son bord : deux pilotes, quatre hôtesses, 140 passagers dont deux bébés. Il n’y a eu aucun survivant. La radioactivité dégagée par la centrale nucléaire dévastée a causé dans la population environnante de nombreux décès et pollué durablement tout un territoire agricole et viticole, ainsi que les eaux de la Garonne et le proche océan.


    L'impossible procès - Ministère de la Santé... par IndependentWHO

    Le procès

    Trois ans plus tard, en 2018, s'ouvre à Bordeaux, puis à Pau, le procès de l'Industrie électronucléaire française. Sur scène, uniquement et fort heureusement : si l'histoire utilise des faits réels (la catastrophe de Tchernobyl, notamment),  l'accident d'aviation du Blayais, est bien sûr, à ce jour, une pure fiction.  Le Président (Patrick Gay-Bellile) du Tribunal mène les débats du procès au cours duquel est jugée "au nom du Peuple français, l’Industrie électronucléaire française, représentée ici par Monsieur le Très Haut Commissaire à l’Energie Nucléaire Civile, Monsieur De Pressac François, Directeur Président du Très Haut Commissariat à l’Energie Nucléaire Civile, pour risque causé à autrui, non assistance à personne en danger, et homicide involontaire.". Il y a la procureure (Véronique Pilia), l’avocat (Jean-Louis Debard) et le prévenu (Bruno Boussagol). Une narratrice (Noémie Ladouce) commente le procès entre chaque acte, et apporte les informations complémentaires nécessaires à la compréhension de l’histoire. 

    Un scénario nourri par des éléments réels

    Dans la pièce, la radioactivité dégagée par la catastrophe a causé dans la population environnante "300.000 décès, selon un rapport de la Croix Rouge Internationale". Le juge cherche en particulier à savoir pourquoi "des institutions aussi sérieuses que l’AIEA ou à fortiori l’OMS, continuent de parler de 613 victimes." Ce qui n'est pas sans rappeler les controverses autour des bilans de la catastrophe de Tchernobyl.  Après l'ouverture du procès, s'ensuivent 1h35 d’échanges argumentés durant lesquels on ne s'ennuie pas. Une dizaine de spécialistes se sont investis pour apporter des éléments scientifiques, romanesques et juridiques permettant d’étayer les « minutes » du procès écrites par Jean‐Louis Debard, qui joue le rôle de l'avocat.  Après l'entr’acte, la séance reprend mais cette fois-ci avec des "vraies gens", des victimes du nucléaire, des témoins, des « experts » vivants dans la ville où se joue "L'Impossible Procès".  C’est l’occasion de présenter « à la barre » des problématiques locales et/ou de véritables procès en instructions. Les contributions recueillies seront publiées après la tournée.

    Débattre de l'avenir énergétique de la France

    Créée le 3 novembre 2012 à la "Cour des 3 Coquins" à Clermont-­Ferrand (Puy-de-Dôme), la pièce de théâtre a été jouée une trentaine de fois. "L'Impossible Procès" de Brut de Béton a participé à plusieurs  festivals cet été, dont le prestigieux festival de théâtre d'Avignon. Théâtre citoyen d'une compagnie qui veut "participer au lien social", le Procès s'inscrit dans le « débat national sur la transition énergétique » et contribuant à faire participer le public à la réflexion sur l'avenir énergétique de la France en général, et du nucléaire en particulier.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • C'est où, c'est quand ?

    Deux représentations dans la région : A Bordeaux, le  mardi 17 septembre à 20h30 au Théâtre du Pont Tournant, 13 rue Charlevoix de Villers. A Pau, le jeudi 19 septembre à 20h30 au Théâtre Saint Louis, Rue Saint Louis. Entrée de soutien : 10 €

    • "L'Impossible Procès"  est un spectacle réalisé par Bruno Boussagol, écrit par Jean-Louis Debard. Avec : Noémie Ladouce, Véronique Pilia, Patrick Gay-Bellile, Jean-Louis Debard et Bruno Boussagol. 
    • Après une tournée en avril et mai 2013 en France et en Suisse, "L’Impossible Procès" a déjà été joué aux lieux et dates suivantes : Paroles enragées de l’été : Clermont Ferrand le 14 juin, Festival Le Manifest" : Grande Synthe le 13 juillet (à coté de Dunkerque),  Festival d’Avignon : au Grand théâtre de Montfavet du 15 au 21 juillet, Festival de Bure : sous chapiteau le 31 août.
  • Rire du nucléaire en 2012 : avec Nicolas Lambert, c'est possible !

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    Nicolas Lambert. Photo Radio France

    Pierre Desproges ne cessait de le rappeler fort justement : "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde".

    Nicolas Lambert réédite l'exploit, et réussit à nous faire rire en racontant l'histoire véridique du développement du programme nucléaire en France, avec "Avenir radieux, une fission française". Un sujet plutôt aride et compliqué. Après Fukushima et l'invasion surprise récente des sites nucléaires français par Greenpeace, c'est encore moins facile.

    Théâtre documentaire. Pendant deux heures, Nicolas Lambert joue tous les rôles : chercheur du CNRS, représentant d'EDF ou de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), industriel, manifestant lors du débat public autour du projet d'EPR à Penly, travailleur "invisible du nucléaire", sous-payé par un sous-traitant. Le fond du propos est sans faille scientifique ou technique, l'humoriste a consacré deux ans de recherches et de travail pour élaborer la trame du spectacle. 

    L'intrigue. Un journaliste allemand interviewe le très mystérieux Pierre Guillaumat, ancien des services secrets devenu directeur du Commissariat à l'énergie atomique, puis ministre des Armées. Le comédien citoyen incarne tous les acteurs de l'imbroglio politico-nucléaire français : débat confisqué sur la sécurité et les risques de ce choix énergétique, lien entre le nucléaire civil et l'atome militaire...

    On voit défiler sur la scène une kyrielle d'hommes politiques qui ont marqué l'histoire de la Vème République, et construit l'Etat nucléaire : Guy Mollet,  Pierre Messmer, Pierre Mauroy, Premier ministre socialiste, le député RPR Michel d'Ornano, et plusieurs Présidents de la République, de Valéry Giscard d'Estaing, qui veut "accélérer" le développement du nucléaire, à François Mitterrand, dont les promesses de campagne concernant le nucléaire sont rapidement démenties par Mauroy, dès le lendemain de l'élection du 10 mai 1981. Enfin, le président actuel, Nicolas Sarkozy, un rôle où Nicolas Lambert est particulièrement à son aise, revient plusieurs fois. "Le nucléaire ne doit pas être un enjeu politicien, c'est une énergie propre", affirme ainsi, sans rire, le président. Ou encore : "Flamanville est l'appartement témoin du nucléaire de troisième génération". Déclarations de l'intéressé, reprises à la virgule près par l'acteur.

    Nicolas Lambert donne la liste de ces centrales qu'on veut emblématiques de "l'indépendance" énergétique  de la France - toutes "sous licence Westinghouse". Il évoque aussi les financements étrangers comme celui de l'Iran, les attentats qui ont suivi des promesses non tenues, et affirme que l'Iran d'Ahmadinejad détient encore 10% d'Eurodif, enrichisseur d'uranium. Il rappelle aussi que l'inspection du travail n'a pas accès aux centrales et que finalement le nucléaire ne représente au niveau mondial que 2,31% de la consommation d'énergie. Pas de quoi, dit-il, si on s'en prive, aggraver beaucoup le réchauffement climatique.

    Ce spectacle, indispensable en ce début de campagne électorale pour l'élection présidentielle de 2012, où le débat sur l'énergie et la question nucléaire devrait occuper une place prépondérante, fait partie d'une trilogie "bleu blanc rouge",  consacrée à "l'a-démocratie française" ("spécialité du terroir", selon Nicolas Lambert). Le premier volet, "Elf la pompe Afrique", touchait,  en 2004, à la politique coloniale de la France. Le troisième, qui devrait être présenté en 2014, règlera son compte à l'armement.

    Où voir "Avenir radieux, une fission française ?" Après Paris, où la pièce était jouée jusqu'au 18 décembre, au théâtre du Grand Parquet (XVIIIème), Nicolas Lambert est parti en tournée. On pourra se régaler de ce one-man show "atomique" à Bordeaux, grâce à Greenpeace Bordeaux  qui l'invite à la Rock School Barbey, le 19 janvier prochain, dans le cadre de trois journées d'action "Libérons l'énergie".

    Retenez la date. Entrée libre.

    Pour se mettre en appétit, on peut déjà écouter sur France Info l'excellent entretien  de Nicolas Lambert sur la création de la pièce, du 8 décembre dernier  : cliquer ICI.

    Cathy Lafon