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Rire du nucléaire en 2012 : avec Nicolas Lambert, c'est possible !

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Nicolas Lambert. Photo Radio France

Pierre Desproges ne cessait de le rappeler fort justement : "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde".

Nicolas Lambert réédite l'exploit, et réussit à nous faire rire en racontant l'histoire véridique du développement du programme nucléaire en France, avec "Avenir radieux, une fission française". Un sujet plutôt aride et compliqué. Après Fukushima et l'invasion surprise récente des sites nucléaires français par Greenpeace, c'est encore moins facile.

Théâtre documentaire. Pendant deux heures, Nicolas Lambert joue tous les rôles : chercheur du CNRS, représentant d'EDF ou de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), industriel, manifestant lors du débat public autour du projet d'EPR à Penly, travailleur "invisible du nucléaire", sous-payé par un sous-traitant. Le fond du propos est sans faille scientifique ou technique, l'humoriste a consacré deux ans de recherches et de travail pour élaborer la trame du spectacle. 

L'intrigue. Un journaliste allemand interviewe le très mystérieux Pierre Guillaumat, ancien des services secrets devenu directeur du Commissariat à l'énergie atomique, puis ministre des Armées. Le comédien citoyen incarne tous les acteurs de l'imbroglio politico-nucléaire français : débat confisqué sur la sécurité et les risques de ce choix énergétique, lien entre le nucléaire civil et l'atome militaire...

On voit défiler sur la scène une kyrielle d'hommes politiques qui ont marqué l'histoire de la Vème République, et construit l'Etat nucléaire : Guy Mollet,  Pierre Messmer, Pierre Mauroy, Premier ministre socialiste, le député RPR Michel d'Ornano, et plusieurs Présidents de la République, de Valéry Giscard d'Estaing, qui veut "accélérer" le développement du nucléaire, à François Mitterrand, dont les promesses de campagne concernant le nucléaire sont rapidement démenties par Mauroy, dès le lendemain de l'élection du 10 mai 1981. Enfin, le président actuel, Nicolas Sarkozy, un rôle où Nicolas Lambert est particulièrement à son aise, revient plusieurs fois. "Le nucléaire ne doit pas être un enjeu politicien, c'est une énergie propre", affirme ainsi, sans rire, le président. Ou encore : "Flamanville est l'appartement témoin du nucléaire de troisième génération". Déclarations de l'intéressé, reprises à la virgule près par l'acteur.

Nicolas Lambert donne la liste de ces centrales qu'on veut emblématiques de "l'indépendance" énergétique  de la France - toutes "sous licence Westinghouse". Il évoque aussi les financements étrangers comme celui de l'Iran, les attentats qui ont suivi des promesses non tenues, et affirme que l'Iran d'Ahmadinejad détient encore 10% d'Eurodif, enrichisseur d'uranium. Il rappelle aussi que l'inspection du travail n'a pas accès aux centrales et que finalement le nucléaire ne représente au niveau mondial que 2,31% de la consommation d'énergie. Pas de quoi, dit-il, si on s'en prive, aggraver beaucoup le réchauffement climatique.

Ce spectacle, indispensable en ce début de campagne électorale pour l'élection présidentielle de 2012, où le débat sur l'énergie et la question nucléaire devrait occuper une place prépondérante, fait partie d'une trilogie "bleu blanc rouge",  consacrée à "l'a-démocratie française" ("spécialité du terroir", selon Nicolas Lambert). Le premier volet, "Elf la pompe Afrique", touchait,  en 2004, à la politique coloniale de la France. Le troisième, qui devrait être présenté en 2014, règlera son compte à l'armement.

Où voir "Avenir radieux, une fission française ?" Après Paris, où la pièce était jouée jusqu'au 18 décembre, au théâtre du Grand Parquet (XVIIIème), Nicolas Lambert est parti en tournée. On pourra se régaler de ce one-man show "atomique" à Bordeaux, grâce à Greenpeace Bordeaux  qui l'invite à la Rock School Barbey, le 19 janvier prochain, dans le cadre de trois journées d'action "Libérons l'énergie".

Retenez la date. Entrée libre.

Pour se mettre en appétit, on peut déjà écouter sur France Info l'excellent entretien  de Nicolas Lambert sur la création de la pièce, du 8 décembre dernier  : cliquer ICI.

Cathy Lafon


 

 

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