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  • Pesticides et perturbateurs endocriniens : Générations Futures tire la sonnette d'alarme

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    Une enquête de Générations Futures publiée le 10 mars 2015. a mis en évidence la présence de perturbateurs endocriniens, principalement des pesticides, dans les cheveux de femmes en Ile-de-France - Photo archives AFP 

    Selon les résultats publiés le 10 mars d'EXPPERT 4 (EXPosition aux PERTurbateurs endocriniens), une nouvelle enquête inédite conduite par l'ONG Générations Futures, on relève la présence de 21 perturbateurs endocriniens (PE) en moyenne chez des femmes en âge de procréer.

    Des substances qui peuvent s'avérer néfastes

    pesticides,perturbateurs endocrinens,pcbA dix jours de l'ouverture de la 10ème édition de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, Générations Futures publie le quatrième volet de son enquête sur les perturbateurs endocriniens et pesticides. Ces substances étrangères à l’organisme que l'on trouve couramment dans les aliments, les contenants alimentaires, les produits en plastique, les meubles, les jouets, des matériaux de construction et les cosmétiques et qui peuvent avoir des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur ses descendants. 

    La méthode

    L'étude a été conduite sur les échantillons de cheveux de femmes vivant en milieu urbain en Ile-de-France, et en âge d'avoir des enfants. Le fœtus et le jeune enfant sont en effet les plus menacés par ces substances. 29 femmes volontaires, ont participé à cette enquête. Les prélèvements ont été réalisés entre mars et octobre 2014. L’un des échantillons de cheveux n’ayant pas été retenu pour l’analyse du fait d’un prélèvement trop faible, ce sont 28 échantillons qui ont été analysés. Les analyses ont été réalisées début 2015, par un laboratoire luxembourgeois spécialisé dans l'évaluation de l'exposition des populations aux polluants et les effets de cette exposition. 64 substances suspectées d’être des PE ont été recherchées dont 54 pesticides ou métabolites de pesticides, et 4 PCB.

    Des résultats très inquiétants

    Une vingtaiveillerettte.jpgne de résidus de perturbateurs endocriniens, en moyenne, essentiellement des pesticides, ont été trouvés dans les cheveux de ces 28 femme indiquait jeudi l'association Générations Futures. En moyenne, 21,35 perturbateurs ont été retrouvés par femme, dont 19,42 pesticides, précise l'étude. Le nombre de résidus par échantillon de cheveux va de 12 au minimum à 32 au maximum. Au total, sept substances (5 insecticides, un fongicide, un herbicide) ont été retrouvées dans tous les échantillons. Plus grave, parmi ces substances, plusieurs sont interdites en France, comme le Gamma HCH (lindane), l'hexachlorobenzene (HCB) ou la trifluraline.

    La réalité de l'exposition à des cocktails de perturbateurs endocriniens

    L'enquête ne prétend pas être représentative de l'exposition moyenne des femmes d'Ile-de-France. Elle visait cependant à montrer "la réalité de l'exposition de la population à des cocktails de perturbateurs endocriniens" susceptibles de perturber le bon fonctionnement hormonal, a déclaré François Veillerette (photo ci-dessus), porte-parole de Générations Futures, lors de la présentation des résultats de l'enquête. "Ce qu'on retrouve dans les cheveux, c'est des substances passées dans le sang dans les trois derniers mois", a-t-il souligné.

    Les foetus particulièrement menacés

    pesticides,perturbateurs endocrinens,pcbGénérations Futures veut "tirer la sonnette d'alarme" et interpeller les politiques "au niveau national et européen". Les PE pourraient favoriser cancers, diabète, obésité, maladies de la reproduction et retards de développement cérébral. Les foetus sont plus particulièrement menacés, en raison du transfert des PE de la mère à l'enfant, selon des études ayant montré qu'ils pouvaient augmenter le risque de malformations du système reproducteur.

    Pression des lobbies
     
    L'association qui appelle le gouvernement à faire de l'élimination des PE de notre environnement "un axe majeur de sa politique de santé environnementale", déplore que, sous la pression des lobbies, la Commission européenne n'ait toujours pas défini ses critères d'identification des PE, un retard qui lui vaut d'être visée devant la justice européenne par un recours en carence intenté par la Suède. "La pression des lobbies (de l'industrie chimique, NDLR) a arrêté complètement le processus qui devait définir des critères, avant d'exclure des perturbateurs endocriniens pouvant être nocifs pour l'homme", affirme François Veillerette.

    L'exposition humaine aux perturbateurs endocriniens coûterait au moins 157 milliards d'euros par an dans l'Union européenne, selon une autre étude parue début mars.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Viticulture : les pesticides devant le tribunal à Bordeaux

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    Marie-Lys Bibeyran tient le portrait de son frère Denis, décédé en 2009. Photo archives Céline Dupeux "Sud Ouest"

    Le 12 octobre 2009, Denis Bibeyran est décédé à 47 ans d'un cancer rare des voies biliaires – un cholangiocarcinome - après avoir travaillé 32 ans durant dans les vignes de Listrac-Médoc (Gironde). Au banc des coupables, les pesticides avec lesquels il pulvérisait les vignes. L'audience pour la "reconnaissance post-mortem en maladie professionnelle" du salarié viticole, impliquant des pesticides, se tient demain, le jeudi 5 mars à 9h00, devant la Chambre Sociale de la Cour d'Appel de Bordeaux. C'est une première du genre en Gironde.

    Le combat d'une soeur

    pesticides,maladie professionnelle,viticulture,bibeyran,marie-lys,denis,listrac-médocDepuis la mort de son frère, Marie-Lys Bibeyran, 36 ans, se bat en son nom pour que la maladie qui a causé son décès soit reconnue maladie professionnelle par la Mutualité Sociale Agricole de la Gironde (MSA). "Denis était à la fois salarié dans un château sur Listrac et exploitait deux hectares pour son compte", expliquait, en 2011, Marie-Lys à "Sud Ouest". "Sur le domaine du château, il était chauffeur de tracteur et effectuait tous les traitements phytosanitaires depuis vingt-cinq ans. Dans ses vignes, il faisait toutes les tâches et employait les mêmes produits qu'au château. Il avait une très bonne hygiène de vie et aucune raison de déclencher un cancer. Il se croyait tout à fait préservé en vivant à la campagne." Pourtant, en période de traitement des vignes, témoignait un collègue, Denis subissait d'étranges saignements de nez à répétition… Pour Marie-Lys Bibeyran, elle-même saisonnière dans les vignes, ce sont les pesticides qui seraient à l’origine du cancer de son frère. C’est pourquoi, en mai 2011, elle s'est lancée dans la bataille pour obtenir la reconnaissance de ce cancer comme maladie professionnelle.

    Une victoire juridique en 2014

    pesticides,maladie professionnelle,viticulture,bibeyran,marie-lys,denis,listrac-médocConcernant les pesticides, l'omerta reste encore de mise dans les rangs de vigne, mais les choses bougent toutefois. En avril 2014, après sept ans de combat judiciaire, Sylvie S., salariée en Dordogne dans un domaine viticole et intoxiquée par une pulvérisation de pesticides, a obtenu la reconnaissance de la "faute inexcusable de son employeur". Une victoire juridique qui fait avancer la jurisprudence et constitue un encouragement pour tous les autres salariés victimes de pesticides qui ont engagé ou voudraient engager de telles procédures.

    Le 5 mars, "une audience qui doit faire du bruit"

    Le dossier de Denis Bibeyran, défendu par Maître François Lafforgue, est passé devant le Comité Régional de Reconnaissance de Maladie Professionnelle (CRRMP), qui a prononcé par deux fois un rejet. Par une décision en première instance du 7 janvier 2014, le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociales (TASS) a confirmé ces décisions. Pour Marie-Lys, désormais militante anti-pesticides et membre des associations Générations Futures et Phyto Victimes, l'audience en appel de ce jeudi dépasse le seul cas de Denis et concerne tous les salariés agricoles intoxiqués avec des pesticides, qu'ils soient malades ou décédés. C'est aussi, selon elle, "le seul moyen de les sortir de ce silence de plomb dans lequel la profession, les lobbies agricoles et des pesticides veulent les confiner". Aussi invite-t-elle sur Facebook et sur son site d'information sur les pesticides à venir demain au tribunal, en mémoire de son frère et en soutien à tous les salariés agricoles exposés aux pesticides, pour que dit-elle, "cette audience fasse du bruit en opposition au silence assourdissant dans lequel sont plongées les victimes et leurs familles".

    Cathy Lafon

    C'EST OU,  C'EST QUAND ? L'audience a lieu le jeudi 5 mars, 9h, devant la Chambre Sociale Section B de la Cour d'Appel de Bordeaux, salle M, à l’ancien tribunal, Place de la République.

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    • Marie-Lys Bibeyran a participé à l'enquête APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux. Menée par l'association Générations futures, sur "l'exposition aux pesticides chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes du Bordelais ", à  Listrac-Médoc en Gironde, et rendue publique le 19 février 2013, elle établit  de façon manifeste la présence accrue de résidus d'herbicides, d'insecticides et de fongicides chez les quinze salariés qui se sont prêtés à l'étude, en comparaison du groupe témoin de dix personnes n'exerçant pas ce métier.
    • Une autre étude, du laboratoire bordelais Excell rendue publique le 14 février 2013, et relayée par La Vigne, constatait la présence de résidus de pesticides dans 90% des vins.

    REPERES

    • La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62.700 tonnes de substances actives vendues en 2011.  780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides.
  • Agriculture : la Confédération paysanne dresse la carte des 7 fermes-usines de la région Sud-Ouest

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    Des serres de tomates hors sol. Photo archives Sud Ouest

    A la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture de Paris, la Confédération paysanne publie aujourd’hui une carte de France des fermes-usines. La Ferme de 1000 vaches très médiatisée n'est pas toute seule: il existe aujourd'hui une trentaine de projets d'agrobusiness similaires, dont sept dans la région.

    Destructrice d'emplois

    logo_non_indus.jpgPour le syndicat, ces « projets phares » du modèle conventionnel et productiviste, vont à l'encontre du développement d'une agriculture responsable et durable, respectueuse de l'environnement et de la santé des consommateurs comme des agriculteurs. « C’est une agriculture destructrice d’emplois, incompatible avec la préservation de notre environnement et prédatrice d’une agriculture à taille humaine », explique le syndicat paysan qui dénonce un phénomène en pleine expansion, largement aidé par la réforme de la Politique commune européenne (PAC) qui diminue également considérablement ses aides à la filière bio et libéralise le secteur laitier.

    Paradoxes

    pesticides epandage.jpgCe développement qui a les faveurs de la FNSEA, le syndicat majoritaire en France des agriculteurs productivistes, profite aux gros industriels du secteur agriculture au détriment du modèle à dimension humaine défendu par la Confédération. Chacun son point de vue, observera-t-on. Force est pourtant de constater que, alors que le gouvernement, qui vient de renouveler son plan anti-pesticides Ecophyto, prétend booster l'agro-écologie, on nage en plein paradoxe. D'autant que la France est toujours en infraction avec l'Europe pour la pollution de l'eau par les nitrates, produits justement par l'élevage intensif... comme vient de le pointer sévèrement la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel. Une dérive qui coûte cher au citoyen contribuable et à la collectivité.

    Elevage et culture : voici les sept fermes-usines listées par la Confédération paysanne qui concernent la région. Quatre d'entre elles sont en activité et trois en projet. La Confédération paysanne révèle qu'elles sont réalisées par de grands groupes de l'agroalimentaire et parfois du BTP, ou encore  la grande coopérative agricole Vivadour, et adossées à des centrales de production d'énergie renouvelable, biomasse et biogaz (bois et recyclage des déchets). Autre paradoxe du système, l'Agence de l'environnement et de la maitrise de l'énergie finance ainsi le mode de chauffage d'au moins l'une d'entre elles, dans les Landes.

    1. Pays Basque :  élevage conduit en hors sol de 3000 brebis laitières et 300 chèvres à Espelette (64). Acteur: EARL Kukulu. En activité.

    2. Landes : 10 ha de serres de tomates hors sol à Parentis (40), pour une production de 5.000 tonnes de tomates par an. Chaleur produite par une chaudière à bois de 2,5 MW (8500 tonnes de bois par an). Acteur : Les paysans de Rougeline. Financement : pour les serres de tomates, investissement de 8 millions d’euros.  40% de la chaudière à bois financée par l’Ademe. En activité.

    3. Gers : élevage de 725.000 poulets par an à Saint-Élix-Theux (32), dont 115.000 poulets en permanence.  Acteur : issu d’un appel à projet de la coopérative Vivadour. L'exploitant est sous contrat avec la coopérative. Selon La Confédération paysanne, Vivadour a annoncé aux candidats qu’une fois les emprunts remboursés, l’exploitant n’aura plus qu’à travailler deux heures par jour pour un revenu de 1700€ net par jour. Financement : Investissement de 900.000€. Opposants : Bien vivre dans le Gers, collectif regroupant 17 associations dont la Confédération paysanne. En activité depuis fin 2013.

    poulets.jpg4. Gers : élevage de 725.000 poulets par an à Lannepax (32), 115.000 poulets en permanence. Acteur : issu d’un appel à projet de la coopérative Vivadour.  Exploitante sous contrat avec la coopérative. Annulation de l’autorisation d’exploiter par le Tribunal administratif fin 2014. Début 2015, le préfet du Gers maintient l’activité du poulailler pour 2 mois. Financement : 900.000€ prêtés par Vivadour.  En activité depuis fin 2013.

    5. Gironde : projet d’extension d’un élevage de porcs de 7.000 à 11.000 places de porcs à Saint Symphorien (33). Les surfaces d’épandage nécessaires seraient d’environ 1.000 ha. Acteur: SAS Le Lay. Avancement : enquête publique défavorable en mars 2014. En attente de décision préfectorale.

    6. Gironde : projet de 8ha de serres de tomates pour une production annuelle de 4000 tonnes, à Lapouyade (33). Chaleur fournie par une unité de biogaz issu d’un site d'enfouissement de déchets ultimes Veolia.  Acteur : Union des paysans de Rougeline. Avancement : permis de construire accordé fin 2014. Les travaux devraient être finalisés à l'été 2015. Premiers plants attendues en novembre pour une première récolte en février... Financement : 10 millions d'euros pour les serres à tomates, 5 millions d’euros pour le système de biogaz.

    7. Charente-Maritime : projet de 25 ha de serres de tomates hors sol chauffées avec la chaleur émise par un méga incinérateur à Echillais (17). 50 tonnes de tomates produites par jour, 9.000 tonnes par an. Acteur : le SIL (Syndicat intercommunautaire du littoral) qui représente 5 communautés de communes. L'incinérateur sera construit par Vinci (une entreprise de BTP) pour le compte du SIL  et la société hollandaise A&G Van den Bosch, adossée au groupe Greenery, multinationale néerlandaise de commerce de fruits et légumes frais (CA 1,5 milliards d'euros). Avancement : 810 observations défavorables dans l'enquête publiques contre 6 favorables. Le commissaire enquêteur a rendu un avis positif. Feu vert pour la construction de l'incinérateur en septembre 2014.

    Cathy Lafon

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