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  • Moins de véhicules polluants en ville : faut-il zapper les Zapa ?

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    Bordeaux 6 Avril 2011, le Quai Louis XVIII encombré de voitures. Photo archives SO /Thierry David

    Inquiétude légitime pour les Bordelais propriétaires d'une automobile (même écolos, car tous les écolos sont loin d'être "bobos"...) qui suivent le ballon et l'action du développement durable en France : ces fameuses bornes électriques que Bordeaux veut installer (voir notre billet du 12 juin) ne serviraient-elles pas aussi à faire passer l'amère pilule d'une future Zapa ... ?

    "V'là encore autre chose. Une Zapa... Mais c'est quoi ça ?"

    Interdire les véhicules les plus polluants

    Vous avez zappé les Zapa ? Grave erreur. Les Zapa ne sont pas les dernières groupies de Zapatero, l'ancien Premier ministre espagnol... Initié par l'Europe, le concept des  Zones d'actions prioritaires pour l'air a pour objectif réduire de 30 % les particules polluantes dans l'air d'ici 2015, ce qui se traduit par l'interdiction sur leur territoire, de la circulation des véhicules les plus polluants : en milieu urbain, les émissions des véhicules peuvent représenter plus de la moitié des émissions totales des polluants dans l’air, aux impacts sur la santé ravageurs. L'Oms a ainsi confirmé hier, le 12 juin, que les gaz d'échappement des moteurs Diesel sont désormais classés parmi les les cancérogènes certains pour les humains. Et la France dépasse dans de nombreuses zones urbaines les normes de pollution aux particules fines admises par l'Europe, qui  a engagé des poursuites contre elle devant la Cour de justice. Avec une amende 40 millions d'euros à la clé pour le pays, s'il ne prend pas des mesures drastiques.

    Il se trouve que Bordeaux fait partie des huit grandes villes qui, susceptibles de faire l'objet d'amende pour le non-respect des normes de pollution, se sont engagées à tester les Zapa, mesure phare du Grenelle de l'environnement portée par l'ancienne ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Or, si les Zapa ont été créées en juillet dernier et rendues possibles par le décret du 12 mars, aucune n'est encore en place. Et si on les a repoussées après les élections de 2012, c'est bien qu'elles inquiètent et divisent, même chez les écolos. Mais le retard apporté à mettre en musique les Zapa n'est pas purement électoraliste... Tentons d'y voir plus clair.

    Les Zapa : socialement clivantes, injustes et peu efficaces écologiquement ?
     
    Sur le papier, le principe est simple : bannir des villes les véhicules les plus polluants pour faire baisser la pollution de l'air. La nomenclature proposée par l'ancienne ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, établit quatre catégories de véhicules des plus polluants (A) au moins nocifs (D) pour les deux-roues, les voitures particulières, les utilitaires et les poids lourds et bus. Les villes décident du périmètre, des horaires ou des périodes d'interdiction. Le Conseil national de l'air (CNA) a même déjà émis un avis préconisant une amende de 68 euros pour les voitures particulières et 133 euros pour les poids lourds polluants circulant sans autorisation dans les futures Zapa...

    Les Zapa patinent dans le Diesel

    pollution de l'air,zapa,automobile,poids lourd,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules fines Au terme du projet de réglementation connu aujourd'hui, seuls les émetteurs de particules fines seraient visés, avec les plus vieux véhicules, dont les Diesel. Ce qui exclut les gros 4x4 à essence, pourtant gros émetteurs de CO2.

    Par ailleurs, selon une enquête exclusive de l'"Automobile Magazine" du mois de juin qui dénonce les incohérences de l'action de l'Etat en matière de lutte contre la pollution autombile, parmi les "millions de voitures qui risquent d’être bientôt interdites de circulation" dans les Zapa, "beaucoup de ces modèles bénéficiaient encore d’un bonus "écologique" il y a dix-huit mois !". Il s'agit justement de certains Diesel moins chers et fortement bonussés il y a encore deux ans car peu émetteurs de CO2, qui sont aujourd'hui considérés comme trop sales, car majoritairement dépourvus de filtre à particules : ils s’avèrent en effet émettre le plus de particules et de NOx, les oxydes d'azote...  On est bien d'accord avec l'"Automobile Magazine", qui avait lancé une alerte sur ce point dès 2008 : "Il était donc parfaitement anormal, alors qu’ils sont dangereux pour l'environnement et notre santé, de leur accorder les plus gros bonus".

    D'où la crainte actuelle des élus : la mesure est-elle bien ficelée ? Loin de résoudre efficacement les problèmes de pollution, les Zapa ne vont-elles pas seulement ajouter un clivage de plus entre les gens qui ont de l'argent et les moyens d'acheter une voiture récente et propre, voire électrique, et ceux qui ne les ont pas ? D'autant que, si l'on ajoute la perspective de l'amende, bonjour la double peine pour les habitants aux revenus les plus modestes... qui vont se retrouver définitivement exclus des centre-villes.  A l'intérieur d'une même ville et d'un même quartier, pour lutter contre la pollution de l'air sans détériorer la mixitité sociale, il faudrait donc trouver mieux que la version actuelle de la Zapa. 

    Nice renonce à sa Zapa

    Du coup, Nice est la première ville à avoir annoncé, mercredi 7 juin, qu'elle renonçait à être ville test. "Le dispositif Zapa, très compliqué et peu efficace, est incompris d'une grande partie de gens qui aujourd'hui le prennent comme une mesure discriminatoire à leur égard", a expliqué Christian Estrosi, le député-maire UMP d'une des villes pourtant les plus riches de France. Un abandon de nature peut-être bien aussi politique, suite au changement de majorité gouvernementale...

    De leur côté, Bordeaux et les six autres agglomérations volontaires, Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand et Aix-en-Provence, estiment ne pas être prêtes et demandent des délais, ou bien réclament une modification des textes.

    Prendre aussi en compte les émissions à effet de serre

    pollution de l'air,zapa,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules finesAinsi, à Grenoble, on temporise. A Paris, Denis Baupin, l’adjoint Vert en charge de l’environnement pourtant favorable à l'origine aux Zapa, s'avoue déçu par leurs critères actuels. Il estime que le projet est "socialement injuste" et qu’il faut également prendre en compte non seulement le dioxyde d’azote et les particules mais aussi les émissions à effet de serre et la lutte contre le réchauffement climatique. "Sans prise en compte des émissions de CO², avait précisé l’élu parisien au Journal du Dimanche dès octobre 2011, seuls les véhicules Diesel les plus anciens et les moins coûteux pourraient être concernés par la Zapa, tandis qu’échapperaient à toute restriction les véhicules les plus puissants et les moins adaptés à la ville, type 4x4. Ainsi ne seraient touchées que les catégories sociales les plus vulnérables". Le dossier Zapa déposé par la Ville de Paris, prévoit donc de prendre en compte non seulement les émissions de polluants (NO2 et particules fines) mais aussi celles de gaz à effet de serre (CO2) : ce qui nécessite que les véhicules les plus consommateurs d'énergie fossile soient intégrés dans le dispositif Zapa. 

    pollution de l'air,zapa,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules finesLa Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) où le débat politique sur la Zapa a été houleux, a demandé une étude préalable sur la nature des polluants et les émissions de CO2, afin de faire aussi le point sur les polluants émis par les chauffage. La Cub planche aussi avec la mairie de Bordeaux sur un nouveau plan de circulation pour la place Gambetta (ci-contre), ou le capteur d'air Airaq enregistre les pics de pollution en particules fines de la ville centre.

    Et ailleurs, en Europe ?

    zapa,zone d'action prioritaire pour l'air,lez,europe,circulation automobile,vehicule,diesel,particules finesOn voit bien que la Zapa est un dossier socialement complexe. Mais peut-être pas impossible, puisque 180 villes en Europe ont déjà mis en place des "low emission zones" (LEZs), l'équivalent des Zapa. La Suède a été précurseur avec dès 1996 une première expérimentation. L’Italie a suivi en 2005, l’Allemagne et le Royaume-Uni en 2008. Ainsi, en Allemagne,  40 villes ont déjà mises en place des règlementations, avec des vignettes environnement (éco-pastilles) obligatoires pour les zones écologiques, même pour les étrangers. La dernière LEZ en date vient d’être déployée au Portugal sur Lisbonne. Si l'objectif de toutes les LEZs est le même : réduire la pollution de l’air, les déclinaisons peuvent être différentes, en fonction des spécificités du territoire. Ainsi, comme le précise l'agence de développement et de maîtrise de l'énergie (l'Ademe), les études de faisabilité peuvent montrer qu’il vaut mieux limiter la circulation des poids lourds que celle des voitures pour améliorer la qualité de l’air. A son démarrage en 2008, la LEZ de Londres ne concernait que les poids lourd, les bus et les autocars. Depuis janvier 2012, ce dispositif londonien est étendu aux grandes camionnettes et minis bus.

    Alors, faut-il zapper les Zapa ?

    Si Zapa il doit y avoir, comme l'a bien expliqué à l'Express le 13  mars dernier Joëlle Colosio, chef du service qualité de l'air à l'Ademe qui mène le projet, les villes qui examinent  la question "doivent bien également prendre en compte les conséquences socio-économiques d'une telle mesure." Autrement dit, aider les foyers modestes à renouveler leur véhicule ou encore étudier la possibilité de mettre en place des transports publics moins chers (ou gratuits) pour ceux qui ne peuvent plus entrer en ville.

    Réduire la pollution automobile en ville : un objectif devenu incontournable

    La date butoir de mise en place des Zapa en France est fixée au mois de juillet 2012. Ces zones écologiques ne doivent pas avoir pour seul objectif de relancer l'industrie de l'automobile par le renouvellement de l'achat de véhicule électriques ou conventionnels, mais neufs... S'il s'avère au final que le coût économique et social de leur mouture actuelle est trop élevé pour un impact environnemental trop faible, il conviendra de dire non aux Zapa, mais en préparant parallèlement une déclinaison cohérente et acceptable socialement de leur concept. Car, ne nous leurrons pas, zapper purement et simplement les Zapa, c'est reculer pour mieux sauter : réduire fortement l'usage de l'automobile en ville reste un impératif sanitaire urgent et incontournable. Il nous faut appuyer sérieusement sur le champignon de toutes les mesures et évolutions destinées à lutter la pollution galopante dans nos villes. Notre qualité de vie, notre santé et notre porte-monnaie, avec le coût des carburants, sont en jeu. Mais aussi la santé et le porte-monnaie de la France, avec 42.000 décès par an dus aux particules fines et une amende de 40 millions d'euros à l'Europe en perspective.

    La balle Zapa revient donc dans le camp du nouveau gouvernement français et dans le jardin de Nicole Bricq, ministre de l'Ecologie.  Mais chacun d'entre nous reste pour autant responsable de la qualité de l'air que nous respirons et de son avenir... 

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    TOUT SUR LA ZAPA

    • Qu'est-ce qu'une zapa ? Pour la définition du Grenelle de l'environnement, cliquer ICI
    • En savoir plus sur les Zapa avec l'Ademe : cliquer ICI
    • S'informer avec l'Ademe sur les retours d'expérience des pays européens sur les LEZs : cliquer ICI
    • Quelles sont en France les villes concernées ?  Paris, Bordeaux, Grenoble, Aix-en-Provence, Lyon, Nice, Clermond-Ferrand et Saint-Denis ont accepté de participer à l’expérience qui devait débuter en 2012. La circulation dans leur Zapa serait donc extrêmement réglementée durant au moins les 3 ans de l'expérience : les véhicules seraient classés en quatre catégories selon leurs émissions de CO² et les villes pourraient interdire la circulation aux plus polluants à certaines heures ou dans certains quartiers.
    • Quelles sont les amendes encourues ?  68 € pour les voitures particulières et 133 € pour les poids lourds, sont les montants des amendes proposées pour les véhicules trop polluants qui circuleront sans autorisation dans les futures zones réglementées.
    • Quels sont les véhicules "interdits" en Zapa-centre ville :  Cliquer ICI 

     

  • Mobilité. Rouler à l'hydrogène, ça gaze !

    Moteur à eau et générateur HHO

    Pour économiser l'énergie et diminuer les gaz à effet de serre, l'idée de base reste qu'il faut réduire nos déplacements en voiture. Mais on aurait quand même du mal à se passer totalement de nos chères bagnoles. Développement des transports en commun, y compris fluviaux ou maritime, vélo, covoiturage, autopartage, véhicules électriques, voitures plus légères et plus propres consommant moins d'essence... la diversité de la palette des moyens permettant de réduire l'usage de l'automobile et de réduire consommation de carburant et pollution est aujourd'hui bien connue. Mais il reste encore des niches à explorer.

    Rouler à l'hydrogène

    C'est l'histoire incroyable du "moteur à eau", non émetteur de CO2. Relativement délaissé jusqu'à présent en France, l'hydrogène intéresse de nombreux constructeurs automobiles aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Communément appelés « moteurs à hydrogène » ou « moteurs à eau », les piles à combustible pourraient bien faire rouler les voitures électriques de demain. Car l'hydrogène est un gaz qui a de l'avenir... Mais s'il est l'élément le plus simple et le plus abondant de l'univers, il est aussi très peu présent sur Terre à l'état simple. Il doit donc être transformé, conditionné, transporté et stocké. Chacune de ces étapes consomme de l' énergie, largement produite par combustion d'énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole. Le développement de centrales hydroélectriques, photovoltaïques ou d'éoliennes est donc essentiel pour que des véhicules électriques propres à grande échelle aient une chance de voir le jour. L'hydrogène intéresse aussi bien sûr la filière nucléaire et selon le CEA, l'éclosion du marché de la voiture électrique à batterie prépare le terrain à l'avènement des technologies de l'hydrogène et des piles à combustible. Le CEA possède 16 brevets sur cette technologie et espère pouvoir développer une application pré-industrielle en 2015.

    HHO : le bon plan pour rouler plus propre et moins cher

    En attendant le jour "H", des solutions existent pour convertir les voitures classiques en véhicules roulant à l'hydrogène. Un système encore peu connu permet en effet d'équiper son véhicule polluant d'un système afin de le convertir en un engin presque propre, tout en diminuant aussi sa consommation de carburant. Suggéré par un fan de Ma Planète, ce procédé est celui du kit générateur d'hydrogène, HHO (hydrogène-hydrogène-oxygène) qui revient à faire fonctionner le moteur avec de l'eau, par électrolyse.

    Une belle arnaque ? Non. Didier Letac, qui habite à Saint-Paul-les Dax (Landes), a équipé voici un an sa R25 Turbo d'un tel kit à hydrogène est formel : "Mon véhicule a considérablement réduit ses émissions de gaz à effet de serre et qu'il roule désormais avec 5,5 litres aux 100".

    Un kit générateur d'hydrogène... Mais qu'est-ce que ça peut bien être ? Renseignement pris sur internet,  les forums  forums de discussions et les sites professionnels en tout genre abondent : la toile ne parle que de ça... Selon les sites commerciaux, comme  HHO France Energy Plus,  ou Kit HHO on peut effectivement économiser du carburant avec des générateurs d'hydrogènes. Il suffit d'utiliser son carburant habituel avec l'hydrogène produit dans sa voiture par un processus appelé électrolyse.

    Comment parvenir à produire cet hydrogène ?

    C’est en réalité très simple : on n'a pas à toucher au moteur lui-même. Les sites commerciaux proposent à la vente une technologie, le kit d'hydrogène, que l'on peut installer dans sa voiture sans l'aide d'un mécanicien ou d'un garagiste. A condition toutefois de savoir un peu ce qu'il y a sous le capot de sa voiture, ce qui n'est absolument pas mon cas... Placé sous le capot, le générateur HHO fonctionne à l’allumage du véhicule et permet de créer de l’hydrogène à partir de l’eau en suivant le processus de l’électrolyse. L’électrolyse permet de diviser une cellule d’eau en atome oxygène et hydrogène. L’hydrogène sera ensuite acheminé dans le moteur et permettra une meilleure combustion de votre carburant fossile ce qui réduit la consommation de carburant.

    Un système parfaitement légal

    L'installation d'un générateur d'hydrogène est réversible, et ne touche pas physiquement au moteur ni au réservoir du carburant. Ce dispositif n'a donc pas besoin d'un agrément particulier de la part de la DRIRE, ni d'un processus d'homologation, ou de l'accord d'un régime d'assurance. Il n'existe pas de texte de loi qui interdise l'utilisation des générateurs hydrogène pour l' automobile en France. Il n'y a pas besoin d'homologation particulière, car les kits sont considérés comme des économiseurs de carburant (arrêté du 26/02/1976 modifié le 26/12/1997), qui ne changent pas les caractéristiques du véhicule.

    Quels sont les avantages de la technologie hydrogène ?

    Selon les promoteurs de cette technologie, n'y a que des avantages à utiliser les kits à hydrogène. En bons écolos, nous en retiendrons trois principaux.  On réduit de façon sinificative la consommation du carburant, en ville comme sur la route.  On réduit aussi ses émissions de CO2, la combustion étant réalisée de manière plus efficace. On réduit enfin les bruits du moteur, grâce à l´effet de l'hydrogène dans le cycle de combustion. Seule la durée de vie du moteur est allongée... Ecolo et durable, donc.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    COMBIEN CA COUTE ?

    • Les prix des kits proposés par HHO vont de 139,90 € à 240,50 €. Il en existe aussi pour camions. Plus cher : 139,90 € et 224,90 €. Chez Kit HHO, ils vont de 199 € à 399 € (pro).


  • Autopartage. A Bordeaux, ça roule avec Autocool...

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    Nicolas Guenro, directeur d'AutoCool (Bordeaux). PHOTO SO/Thierry David

    Les débuts d'année favorisent les bonnes résolutions. Rien n'interdit qu'elles soient écolos. Alors, en 2012, c'est décidé : j'arrête de fumer, je dis bonjour à mon voisin, je trie correctement mes déchets et je prends moins souvent ma voiture. Voire je m'en débarrasse définitivement, pour adopter l'autopartage, avec un double objectif : cajoler mon portefeuille, car ma facture de carburant ne cesse de grimper, et faire du bien à la planète, en économisant ses ressources naturelles et en polluant moins. Bien vu. D'autant que rouler moins devient tendance en France.

    Le contexte du désamour de l'automobile

    • Record historique du prix de l'essence. Les prix de l'essence à la pompe ont atteint des sommets historiques début février. Le prix moyen du litre de super sans plomb 95 a grimpé à 1,5640 €, le super sans plomb  98 s'est élevé à 1,6022 € (chiffres Direction générale de l'énergie et du climat).
    • La prise de conscience écologique. D'après un sondage CSA publié en novembre 2010, plus de la moitié des français seraient prêts avant 2030 à échanger leur véhicule contre des solutions partagées plus écologiques (transports en commun, autopartage, covoiturage...).

    L'autopartage, mode et écolo à la fois : séduisante perspective ! Mais cette image idyllique est-elle compatible avec la réalité, ou bien n'est-elle qu'un joli produit de comm' tendance "verte" pour bobo urbain ? Les citadins peuvent-ils vraiment vivre confortablement et en toute liberté sans posséder de voiture, aujourd'hui, en 2012 ?

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    Questions cruciales. Pour y répondre : direction AutoCool, le système de voitures en libre service bordelais.  Adrien, tout jeune conducteur, témoigne de son expérience d'abonné, sous l'oeil intéressé du patron d'AutoCool, Nicolas Guenro.

    Pour Adrien, 19 ans, titulaire du permis de conduire depuis avril 2011 et abonné depuis la même date à AutoCool, pas l'ombre d'un doute : "Pour un jeune mec comme moi, étudiant, avec un petit revenu mensuel, qui habite en centre ville de Bordeaux, AutoCool c'est parfait !".  Soit, mais encore ?

    • "Deux fois moins cher qu'une place de garage"

    Financièrement, c'est top. Surtout depuis qu'AutoCool est intégré au réseau TBC de transports en commun de l'agglomération bordelaise (2011) : les abonnés TBC bénéficient désormais de la gratuité de l'inscription à AutoCool. Adrien, en première année prépa scientifique au lycée Gustave Eiffel (Bordeaux), calcule tout, vite et bien. "Avec mes 100 € de revenus mensuels, je n'ai vraiment pas les moyens d'acheter et d'entretenir une voiture. Or j'en ai besoin, en moyenne une à deux fois par mois. Essentiellement pour aller faire la fête plus loin que Bordeaux, rendre visite à des potes, ou à ma famille. AutoCool me revient en totalité (abonnement annuel et tarif horaire de la location compris) moins cher que la seule location annuelle d'une place de garage à Bordeaux, si j'avais une voiture. En un an, je dépense au grand maximum 500 € avec AutoCool ; rien qu'une place de garage à l'année me coûterait environ 1000 €..."  Vraiment pas cher donc. Surtout que, selon l'ADEME, une voiture, en ville,  ça encombre, ça sert assez peu... et ça coûte très cher : environ 4 500 € an, pour une petite urbaine.  L'argument du garage fait mouche, dans une ville où il est devenu pratiquement impossible de se garer, où les places de parking deviennent progressivement partout payantes, et où l'impératif du garage s'impose.

    • "Le fonctionnement est simplissime"

    Adrien fait sa réservation sur le site internet d'AutoCool (on peut aussi la faire par téléphone) et  choisit le jour, la plage horaire et le véhicule garé dans la station au plus près de chez  lui. "J'en ai trois à proximité de la maison, c'est pratique", souligne-t-il. Arrivé à la voiture : "Tu passes ta carte-badge sur le pare brise, au niveau d'un lecteur, ça déverrouille les portes. Tu t'installes, tu ouvres la boîte à gants dans laquelle se trouve un ordinateur de bord, où tu saisis ton code PIN. Tu notes l'état de la voiture, (propreté, dégâts)  puis tu prends la clé attachée à l'ordi de bord." Trois minutes, montre en main. La contrainte : on doit remettre la voiture là où on la prend. On indique alors la fin de la réservation à l'ordinateur de bord. Si on veut la garder plus longtemps ? "Pas de panique : la prolongation se fait depuis l'ordinateur de bord". Et l'essence ? "Une carte de crédit est à disposition dans la voiture, qui permet d'acheter le carburant." Qu'est-ce qu'on paie, alors, à chaque emprunt ? "Le prix au km parcouru, plus le prix à l'heure. C'est simple, AutoCool prélève directement sur ton compte ce que tu dépenses par réservation.", conclut Adrien.

    • Comment sont les voitures ?

    "Belles, en excellent état et très propres." La préférée d'Adrien, celle qu'il réserve toujours, c'est la Peugeot 206 : "Parce qu'elle tient bien la route, et qu'elle accélère fort." Promis, ça reste entre nous. "Mais aucune n'est électrique, c'est pourtant écolo ? Bizarre". On posera la question au directeur d'AutoCool, Nicolas Guenro.

    • Et l'écologie dans tout ça ?

    Ca le saoûle un peu, mais l'écologie, Adrien est tombé dedans quand il était tout petit, avec deux parents écolos tendance pédago. Donc, faut pas le titiller avec ça :  "Ben oui, évidemment, l'environnement, la pollution, la fin du pétrole, tout ça. Vite fait, quoi". Adrien est déjà un fervent adepte du réseau TBC et ne possède même plus de vélo. Après s'être fait piquer trois fois le  sien, il ne roule plus qu'en VCub, le système de vélo en libre service bordelais :" Gavé bien !". Client idéal pour AutoCool, le recours à l'autopartage n'est cependant pas au départ une initiative personnelle de sa part. Et il se la rêve encore, sa première voiture : les mythes ont la vie dure ! Mais, écologie oblige, pas question pour les parents de la lui offrir. Alors, après plusieurs mois de débats familiaux intenses : "Quand mon père m'a proposé un abonnement à AutoCool en cadeau pour mes 18 ans, j'ai dit ok."  Pas forcément convaincu au départ que ça coûterait moins cher dans le budget familial que l'achat d'une deuxième voiture, Adrien l'est aujourd'hui. A tel point qu'il essaie désormais de convaincre ses copains étudiants de l'intérêt financier de ce choix.

    • Un seul bémol : "Pour la plage, c'est trop cher."

    Quand on est Bordelais, les virées et les week ends à l'océan ou à Arcachon, c'est  dans les gènes. Adrien considère que pour aller à la plage l'été, avec ses potes, AutoCool coûte trop cher. Il emprunte alors la voiture de ces parents, ou prend le Bus-Plage (initiative du Conseil général de la Gironde).

    guenro2.jpgLes réponses de Nicolas Guenro, patron d'AutoCool, la petite boîte de l'autopartage qui monte, qui monte...

    S'il a bu du petit lait à l'écoute du témoignage d'Adrien, Nicolas Guenro, 37 ans, le dynamique et très écolo directeur d'AutoCool, tient bien son cap vert.

    Une baisse des tarifs pour la plage ? Même pas dans vos rêves.

     

    • "Changer de comportement avec Autocool"

    D'abord, l'entreprise AutoCool veille à sa rentabilité, même si elle perçoit des subventions publiques dans le cadre de la mobilité urbaine.  Ensuite, il y a déjà des formules "Escapades" qui sont proposées : des réservations de week-end pas chères pour les déplacements de plus de 400 km, en partenariat avec Renault Rent. Et puis, l'idée directrice d'AutoCool, pour réduire le volume de la circulation automobile partout où c'est possible, c'est avant tout montrer le coût réel de la voiture individuelle, environnemental et financier. Même si l'offre de l'autopartage se veut sociale, réduire la part de la voiture passe d'abord par un changement des comportements : "Aller à la plage, oui bien sûr. Mais, pour le transport automobile, il faut avoir le réflexe d'abandonner le déplacement individuel, qui coûte cher à l'environnement. En Peugeot 206 ou 207, l'aller-retour Bordeaux Arcachon, carburant compris, c'est 75,90 € avec AutoCool. Si on n'y va pas tous les jours, c'est toujours moins cher que d'avoir une voiture à sa charge, à l'année, surtout si on est plusieurs dans la voiture. Partager le prix de la réservation d'une voiture AutoCool avec les copains qu'on transporte, c'est ausi une solution économique !." Les longs voyages ? "Il y le système de location de voitures, plus approprié que l'autopartage et le train." Autopartage, donc. On transmettra à Adrien.

    • Et à part ça, comment va AutoCool ?

    Très bien merci, si l'on en juge par les récentes évolutions, le nombre d'abonnés en progression et les projets en cours. L'intégration en 2011 d'Autocool au réseau de transports en commun bordelais, grâce à Keolis et à la Cub, est la vraie bonne idée plébiscitée par tous les usagers, dont Adrien : en 2011, AutoCool a enregistré 50 à 60 % de nouveaux adhérents et compte aujourd'hui 11 000 conducteurs potentiels abonnés.

    • 10 véhicules électriques en 2013 : "Générer moins de pollution, oui mais pas à n'importe quel coût".

    Si on relaie la question d'Adrien, qui s'interroge sur l'absence de véhicules électriques chez AutoCool, on comprend vite que Nicolas Guenro n'est pas un fan inconditionnel de ce type de voitures.  En bon écolo, il ne voudrait surtout pas que le volume actuel des véhicules en circulation aujourd'hui roule demain à l'électricité, et continue d'augmenter. Même si c'est plus propre pour l'air qu'on respire. Gare à la tentation du greenwashing électrique ! Par ailleurs, l'accès aux bornes de ravitaillement électrique est encore loin d'être idéal. Enfin, "Le modèle économique du parc électrique n'est pas encore tenable et pour AutoCool, il est trop cher", justifie-t-il. En revanche, une expérimentation va être tentée dès 2013, en partenariat avec l'ADEME, qui permettra à Autocool d'agrandir son parc automobile avec dix MIA électriques, fabriquées par Heuliez. Voilà qui fera plaisir à Adrien.

    Le bel avenir de l'autopartage et d'AutoCoool

    Quel chemin parcouru par l'autopartage à Bordeaux, depuis 2001, année de naissance de l'association AutoComm, devenue en 2007 AutoCool, société coopérative d'intérêt collectif  !

    Plus généralement en France et en Europe, un bon bout de route a également été fait ces dix dernières années dans le changement des comportements vis-à-vis de l'automobile. Selon une étude du Crédoc, publiée en août 2011, les jeunes générations n'ont plus du tout le même rapport à la voiture que leurs aînées. Seuls 59 % des 18-24 ans disposent d'une voiture, contre 65 % en 1990 et 74 % en 1980.  Pour des raisons économiques, mais pas seulement. Deux jeunes sur trois affirment ainsi qu'ils utiliseraient davantage leur voiture si elle polluait moins, selon une enquête de 2011 du Cetelem, organisme de crédit.

    Avoir une voiture serait devenu ringard pour les jeunes ? Pas de conclusion hâtive. Adrien, qui ne voit que des avantages à l'autopartage, a-t-il renoncé  pour autant  à l'idée d'avoir une voiture un jour ? "Trop pas !"  La voiture reste pour lui un symbole de passage à l'âge adulte, de liberté individuelle et d'indépendance, le prolongement de l'image de soi. Il incarne pourtant bien la génération "mobile", moins portée sur la "possession matérielle" que les générations précédentes. Avec son iphone et son ordi portable, la plupart de ses possessions sont numériques et virtuelles. Acheter un disque ou un DVD est pour lui un acte d'un autre monde. Il ne possède plus de vélo et utilise à fond tous les sytèmes de transport en commun mis en place sur l'agglo bordelaise. Mais la voiture... : "Un jour, c'est sûr, j'aurai une belle bagnole, genre une allemande, pourquoi pas une BMW...". Pour Nicolas Guenro, ce qui compte surtout c'est qu'Adrien, soucieux de l'avenir de la planète et jeune citoyen de la génération montante, aura expérimenté avec profit un système d'autopartage qui marche. Et saura y rester ou y revenir, si l'intérêt environnemental rejoint son intérêt personnel  : "Le changement comportemental est en marche. La fin du pétrole et l'explosion du coût des carburants feront le reste...".

    Quoiqu'il en soit, conjuguer qualité de vie et économies, c'est tout-à-fait possible à Bordeaux, grâce à AutoCool. Une de mes bonnes résolutions de début d'année a des chances de tenir la route en 2012...

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Le site internet d'Autocool : Cliquer ICI

    ► Le réseau TBC de l'agglo bordelaise : Cliquer ICI

    ►Les chiffres repères de la voiture :

    • 38 millions  : c'est le nobre de voitures en France en 2011
    • 12 000 km par an : c'est le nombre de kilomètres parcouru en moyenne par un Français en 2011. Il diminue de 100 km par an depuis  2001.
    • + 4,3 % % : c'est l'augmentation du nombre de voyageurs dans les réseaux de transport urbain pour les neuf premiers mois de 2011.

    Les chiffres AutoCoool :

    • 20 € : le coût moyen d'un emprunt de véhicule pour Adrien (de 10 à 35 €).

    • 1 voiture partagée = 8 voitures en moins sur la chaussée : le gain d’espace en ville.

    • 10 adhérents = 12 tonnes de CO² en moins par an : la  lutte contre l’effet de serre. Les émissions annuelles de CO2 ont augmenté de 38 % au niveau moindial ntre 1990 et 2009.

    • 11 000 conducteurs abonnés. Aujourd'hui, Nicolas Guenro comptabilise 700 contrats d'abonnement, pour 11 000 conducteurs potentiels. Parmi les abonnés, 20 % sont des entreprises, avec plusieurs conducteurs possibles. Outre ceux qui n'ont pas (ou plus) les moyens d'acheter et d'entretenir une voiture, l'autopartage séduit nombre de citadins "écolo-motivés", de 35 à 55 ans, qui décident de ne pas acheter ou racheter de voiture. Dont des familles nombreuses.

    • 37 voitures en 2011, plus de 50 fin 2012.  Autocool dispose aujourd'hui de 37 véhicules et devraient en mettre plus de 50 à disposition de ses abonnées. Dans Bordeaux intra muros, mais aussi dans les 5 grandes communes de l'agglo desservies par le tram.24 stations (17 sur Bordeaux, 2 à Bègles, 2 à Talence, 1 à Mérignac, 1 à Cenon et 1 à Pessac), début 2012. AutoCool travaille à en installer d'autres, dont une nouvelle à Bordeaux-Bastide, Allée de Serr.