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Vie quotidienne - Page 213

  • Mobilité. La Communauté urbaine de Bordeaux, maillot jaune du "vélo urbain"

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    Clément Rossignol, vice-président de la Cub en charge des déplacemens doux. Photo archives Sud Ouest

    Développer le vélo dans l'agglomération bordelaise, Clément Rossignol, maire-adjoint à Bègles et  vice-président de la CUB en charge des déplacements doux, en rêve jour et nuit. L'élu, nouveau papa, ne sillonne d'ailleurs la ville qu'à vélo, avec sa carriole pour enfant. Cette obsession pour les deux roues ne le fait cependant pas dérailler, bien au contraire. Après avoir mis en place, en 2010, le V'Cub, système de location de vélo en libre service, il veut passer aujourd'hui à la vitesse supérieure : l'élu écologiste présentait vendredi 28 septembre, en Conseil de Cub, un plan vélo destiné à développer la pratique de la petite reine dans l’agglomération bordelaise.

    Le point sur les dispositions du nouveau "plan vélo" bordelais, avec son "papa", Clément  Rossignol.

    Des maisons du vélo en périphérie
     
    deux roues,transport alternatif à la voiture,communauté urbaine de bordeaux,plan vélo,vélo électrique,aideL'idée directrice est de développer conjointement la location de vélo et l'usage du V'CUB, en fonction du lieu de résidence des usagers par rapport aux centres-villes. « Nous allons proposer la création de maisons du vélo en périphérie, à l’instar de celle qui existe déjà à Bordeaux » (photo ci-contre) précise Clément Rossignol. « Autant dans les zones denses il faudra développer le réseau V’CUB, autant dans les zones pavillonnaires nous estimons qu’il est plus judicieux de proposer aux habitants un système de maisons où l’on pourra louer des vélos ».
     
    deux roues,transport alternatif à la voiture,communauté urbaine de bordeaux,plan vélo,vélo électrique,aidePlus de V'CUB

    La CUB va également demander à Kéolis un déploiement supplémentaire de V’CUB, notamment aux abords des grandes entreprises, dans le cadre du renouvellement de la délégation de service public qui arrivera à son terme en 2014. « Nous réfléchissons même à un agrandissement de certaines stations, notamment celles de l’hyper-centre, avant 2014 » ajoute l'élu écologiste. Même si la question de la dégradation des vélos « n’est pas vraiment un souci à Bordeaux », la CUB souhaite tout de même proposer davantage de parkings sécurisés, comme celui installé à la gare Saint-Jean.

    Bienvenue au vélo électrique !

    La communauté urbaine va enfin développer le vélo électrique, qui permet d’effectuer des trajets plus longs. Elle en proposera à la location, et va mettre en place une prime à l’achat qui pourra aller jusqu’à un quart du prix du vélo, «en fonction des quotients familiaux.»

    30% de déplacements à vélo en 2020

    deux roues,transport alternatif à la voiture,communauté urbaine de bordeaux,plan vélo,vélo électrique,aideAprès Strasbourg, Bordeaux est la ville française où la pratique du vélo s’est le plus développée ces dernières années. « En centre-ville, la part du vélo dans les déplacements quotidiens est montée à 12 %, contre 9 % en 2009, et sur la Cub elle est de l’ordre de 5 %, selon nos dernières études » révèle Clément Rossignol. Après le succès des vélos en location, initié par la Ville de Bordeaux en 2001( photo ci-contre), celui des V’Cub, mis en place dans l'agglomération bordelaise en 2010, a contribué à cette hausse. Concernant le vélo en libre service de la Cub, « le taux de rotation des vélos dépasse les sept par jour, soit le double de ce que l’on constate dans les autres agglomérations. Cet été nous sommes montés jusqu’à 10 000 utilisations par jour » se réjouit l’élu, qui explique ainsi cet engouement : «Le V'Cub fait partie intégrante de l’offre de transport collectif de la Cub. » L’objectif dorénavant est d’atteindre les 30 % de déplacements à vélo dans le centre de Bordeaux en 2020, et 15 % sur l’agglomération. Avec, à terme, moins de pollution de l'air, une meilleure santé pour les habitants et une circulation plus apaisée. Chiche.

    Chouette. Et tout ça, c'est pour quand ?

    velo-electrique-michelin_827767.jpgC'est dommage : pourtant bien ficelé, le plan vélo de Clément Rossignol n'a pas été voté par ses pairs, vendredi dernier. Qu'on se rassure (au moins pour le vélo), non pas parce qu'il aurait été rejeté sur le fond, mais parce qu'un clash entre élus a précipité la fin de la séance, et n'a pas laissé le temps au vote... Seule la délibération concernant l'aide à l'achat de vélos soumise au quotient familial a échappé au trou noir du clap prématuré de fin, et a été adoptée : "L'aide financière pour un vélo pliant ira jusqu'à 250 €, celle pour un vélo électrique, jusqu'à 300 €", précise Clément Rossignol. "Et pour un vélo pliant ET électrique, comme celui que met en vente le 1er octobre Michelin, au prix de 1.390 € ?" s'enquiert Ma Planète auprès de l'élu ? "Bien tenté, mais je doute que les aides se cumulent. Mais je ne connais pas ce nouveau vélo.... Vous pouvez m'en dire un peu plus  ? ". En voilà un qui ne suit pas l'info de l'écologie sur Ma Planète...

    deux roues,transport alternatif à la voiture,communauté urbaine de bordeaux,plan vélo,vélo électrique,aideLe plan vélo dans son intégralité, ce n'est donc que partie remise : la Cub  le retrouvera au menu de sa prochaine séance, en octobre. Si nos élus sont sages, Bordeaux pourra vite redonner un grand coup de pédale afin de s'envoler pour une échappée belle. En attendant l'arrivée du nouveau vélo bordelais, le  "Pibal", designé pour la ville par Philippe Starck en février dernier (photo ci-contre), qui l'aidera définitivement à rester en tête du peloton...

    Cathy Lafon

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  • Quand le changement climatique freine l'économie mondiale

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    Inondations au Niger, septembre 2012 Photo AFP

    Le changement climatique ralentit actuellement de 1,6% la production économique mondiale et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années. Telle est la conclusion d'un rapport présenté mercredi 26 septembre aux Etats-Unis à la veille de l'ouverture de la session de l'ONU, par le DARA and Climate Vulnerable Forum, un partenariat de vingt pays établi en 2009.
     
    "Un mal sans précédent pour la société humaine"
     
    Les retombées du changement climatique en cours ne sont pas vraiment roses et ne font pas voir la vie en vert. Le rapport du DARA and Climate Vulnerable Forum relève ainsi l'existence "d'un mal sans précédent pour la société humaine et le développement économique actuel qui va de plus en plus freiner la croissance, d'après une mise à jour décisive et une révision des estimations antérieures des pertes liées au changement climatique".

    Le "Rapport Stern" sur l'économie du changement climatique, est-il aujourd'hui dépassé ?

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    Extrait du "Rapport Stern", DR

    rapport,changement climatique,étudeLe rapport de Nicholas Stern (photo ci-contre), vice-président senior de la Banque mondiale, est la première étude sur le réchauffement climatique financée par un gouvernement, menée par un économiste et non par un climatologue. Publié en 2006, le "Rapport Stern" avait été reçu comme une véritable bombe médiatique, un pavé de 700 pages, jeté dans la mare des climato-sceptiques. Il montrait le coût réel pour l'économie mondiale des conséquences du changement climatique (catastrophes naturelles, réfugiés climatiques, désordres sanitaires, famines....)  et concluait qu'un pour cent du PIB investi maintenant ne ralentirait nullement notre activité, mais suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et que ne pas faire cet investissement, serait risquer une récession jusqu'à vingt pour cent du PIB mondial. Et qu'il était urgent de faire cet investissement... En 2008, puis en 2009, Nicholas Stern reconnaissait avoir "gravement sous-estimé" l'ampleur des risques climatiques. Six ans après ce premier rapport, il semblerait que la communauté internationale en soit au même point, quant à l'inaction. Les émissions de gaz à effet de serre, elles, ne se sont jamais aussi bien portées, de même que la hausse des températures et les désordres climatiques liés, qui inquiètent aujourd'hui au plus haut point les scientifiques. Mais aussi les économistes et les responsables politiques des pays les plus vulnérables.

    Le coût de la pollution de l'air : cinq millions de mort par an

    rapport,changement climatique,étudeL'étude du DARA and Climate Vulnerable Forum met aussi en avant des estimations selon lesquelles les économies fortement émettrices de carbone sont responsables de cinq millions de morts par an, essentiellement dues à la pollution de l'air. L'échec des actions contre le changement climatique coûte déjà à l'économie mondiale 1,6% de son PIB, soit 1.200 milliards de dollars par an de prospérité, révèle l'étude, qui prévoit, avec l'élévation des températures et l'augmentation de la pollution liée au carbone le doublement des coûts mondiaux, jusqu'à 3,2% du PIB de la planète d'ici 2030".

    Les plus pauvres en première ligne

    rapport,changement climatique,étudePour Jeremy Hobbs (photo ci-contre) directeur exécutif d'Oxfam International (confédération internationale de 17 organisations qui travaillent en réseau dans 92 pays pour éliminer la pauvreté), ce rapport rappelle une fois de plus que ce sont les plus faibles et les plus pauvres qui subiront  les conséquences les plus cruelles du changement climatique, avec la faim, la pauvreté, les déplacements dûs aux catastrophes naturelles : le coût pour les Etats des déplacés et  réfugiés climatiques représente des sommes colossales. L'actualité de cette semaine de septembre en est la preuve : en Inde, 1,5 millions de personnes ont dû être déplacées suite à des inondations monstres, et au même moment, en Afrique, au Niger, un demi-million d'habitants sont aussi sinistrées pour cause d'inondations, les pires depuis 80 ans. Le pays a déjà subi en ce début d'année au Sahel, une sécheresse qui plonge encore 5,5 millions d'habitants dans une grave crise alimentaire...  "Les coûts économiques et sociaux de l'inaction politique sur le changement climatique sont renversants", conclut Jeremy Hobbs, en estimant que ces chiffres "éclipsent les coûts modestes" pour s'attaquer au changement climatique

    La Chine, première perdante au grand jeu du changement climatique

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    Nuage de pollution sur la Chine, Wuhan. Photo AFP

    La présidente du Forum, le Premier ministre du Bangladesh Sheikh Hasina, a assuré que ces changements allaient être dévastateurs pour son pays. "Un degré Celsius en plus signifie 10% de perte de productivité dans l'agriculture", a-t-elle prévenu. "Pour nous, cela signifie perdre près de quatre millions de tonnes de céréales, ce qui équivaut à 2,5 milliards de dollars (...) Si l'on ajoute les autres dégâts en termes de prospérité, nous faisons face à une perte totale de 3 à 4% de notre PIB", a-t-elle renchéri. Mais si les pays les plus pauvres devraient prendre de plein fouet ces retombées en termes de perte de PIB, les grandes économies ne seront pas épargnées. "Dans moins de 20 ans, la Chine va subir la plus grande part de toutes les pertes, au-delà de 1.200 milliards de dollars", soulignent les auteurs du rapport.

    La messe du changement climatique est-elle dite ?

    Mais non. Pas encore. Pour les auteurs du rapport du DARA,  il est encore possible de s'attaquer réellement aux causes du changement climatique et cela permettrait d'entraîner au contraire "des profits économiques majeurs pour la planète, qu'il s'agisse des grandes économies comme des nations pauvres".

    "L'effet de serre va-t-il nous mettre sur la paille ?"

    stern guesnerie28.jpgDe son côté, Nicholas Stern, loin d'avoir baissé les bras, récidive. Il vient de publier un petit livre limpide : "Deux économistes face au changement climatique" (éditions du Pommier), avec un autre éminent économiste, Robert Guesnerie.  Français, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales depuis 1978 et professeur au Collège de France depuis 2000, ce dernier est notamment l'auteur de "L’effet de serre va-t-il nous mettre sur la paille ?". Les deux grands économistes répondent à ces questions toutes simples concernant le changement climatique : "Combien cela nous coûte et coûtera si nous ne faisons rien ?" "Combien cela nous coûterait-il d’agir différemment ?"

    Pour une nouvelle révolution industrielle, basée sur une croissance sobre en carbone

    Au fil de leur conversation, ils démontrent que le bon sens comme le calcul économique suggèrent d’agir contre le réchauffement climatique, massivement, dès aujourd’hui. Ils passent ensuite en revue et confrontent leurs points de vue sur tous les solutions, sujets délicats de la politique économique climatique (taxe carbone, ajustement aux frontières...) et sur les conditions de succès de la négociation internationale. Ils soulignent enfin que les politiques climatiques, outre leur effet direct sur les émissions, permettraient de corriger l’insuffisante capacité du marché à produire des innovations majeures, aujourd’hui de toute façon nécessaires. Elles stimuleront une nouvelle révolution industrielle, suscitant créativité et ouvrant la porte à une nouvelle croissance sobre en carbone. Un argument de poids en faveur de l’action climatique.

    Un choix stratégique planétaire gagnant-gagnant, en quelque sorte : lutter contre le réchauffement climatique, on a tous à y gagner...

    Cathy Lafon

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    • Le "Rapport Stern" : cliquer ICI
    • "2 économistes face aux enjeux climatiques". Roger Guesnerie et Nicholas Stern, Editions du Pommier, 128 pages, 12 €.
  • Réchauffement climatique : la preuve dans l'Arctique, par Coriolis 14

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    Le détroit de Béring Photo DR

    Oui, la banquise fond. Après trois mois de mer, le voilier bordelais Coriolis 14 a franchi le détroit de Béring dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 septembre, à 17H04, heure locale. On peut aujourd'hui faire le tour du monde en simple voilier par les poles.

    réchauffement climatique,expédition,banquise,arctiquePartie de La Rochelle le 21 juin dernier, pour alerter l'opinion sur le réchauffement climatique en faisant le tour du monde à la voile par les deux poles, l'expédition bordelaise de Daniel Boulogne (photo ci-contre), parrainée par Titouan Lamazou, avait pour projet de franchir le détroit de Bering  par l'ouverture d'une nouvelle voie maritime libérée par la fonte estivale de la banquise arctique. Tout en permettant à  chacun de vivre en direct l'expédition Bordeaux-Béring-Bordeaux, sur internet et les réseaux sociaux. Hélas pour le climat : mission accomplie.

    Crème glacée

    Le réchauffement climatique fait, paraît-il, encore débat dans certains cénacles climato-écolo-sceptiques particulièrement actifs sur le web. Et pourtant, c'est une réalité vécue depuis longtemps dans l'Arctique, qui réjouit d'ailleurs ouvertement les exploitants des ressources dénergies fossiles, pas vraiment des écolos échevelés : le réchauffement s'accélère. Et mieux, la région polaire se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne de la planète. Mais cette année, c'est carrément comme si on avait laissé la porte du congélateur ouverte : la glace fond comme de la crème glacée laissée à l'air libre. L'Arctique d'aujourd'hui est méconnaissable. Il n'y a presque plus de glace pluriannuelle, celle qui survit d'une année à l'autre. Avant, il y avait une immense étendue de glace pluriannuelle qui recouvrait tout le pôle, presque d'un seul morceau. Aujourd'hui, il ne reste que des fragments de 1 ou 2 kilomètres empilés le long de la côte du Groenland et de l'archipel arctique canadien.

    Le climatiseur de la planète en panne

    Cette perte de glace dure et épaisse est encore plus significative que le recul de la superficie glacée. Si on regarde seulement l'étendue, c'est une baisse de 50%, mais si on regarde le volume de la banquise, on arrive à 82% de baisse. Or, l'Arctique agit comme le climatiseur de la planète.  L'eau libre absorbe 90% de la chaleur du soleil, mais la glace au contraire reflète 90% de cette chaleur. Enlever la glace, c'est retirer le réfrigérant du climatiseur. On entre donc dans un monde nouveau, où les systèmes climatiques qui déterminent la météo ne se comporteront plus de la même manière. Les zones tempérées notamment, vont connaître plus d'extrêmes. Et ce, plusieurs décennies avant ce qu'avaient prédit les modèles climatiques.

    réchauffement climatique,expédition,banquise,arctiqueDans quatre ans, y aura-t-il encore une banquise arctique en été ?

    Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) prévoyait ça pour 2050 à 2100. Ces prévisions sont désormais dépassées. La banquise devrait disparaître en été, d'ici à 2020, peut-être 2015. Dans trois ou quatre ans. Telle était la mise en garde de l'un des plus grands spécialistes du sujet, Peter Wadhams, dans le "Guardian" du  lundi 17 septembre, alors que la superficie des glaces de mer de l'hémisphère Nord était sur le point d'atteindre son plus bas historique. La semaine dernière, la diminution du couvert de glace a en effet pulvérisé son record précédent, établi en 2007. Alors que l'automne s'amorce, il ne reste plus que 3,4 millions de kilomètres carrés de glace sur l'océan Arctique. C'est la moitié moins que la moyenne des années 1979-2000, selon les experts scientifiques du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le laboratoire américain de surveillance de la banquise, rattaché à la NASA et à l'Université du Colorado à Boulder,  qui collecte les données satellites depuis 1979. (Ci-dessus, carte de l'état de la superficie de la banquise au 16 septembre 2012, comparée à la moyenne entre 1979 et 2000. Source NSIDC).

    "Une catastrophe mondiale climatique"  en 2015 ou 2016 ?

    Toujours selon Peter Wadhams, en raison du réchauffement du climat, la fonte de la glace au cours de l'été dépasse désormais sa reconstitution l'hiver.  "Au début, ce recul de la glace de mer se faisait à un rythme suggérant que la banquise tiendrait encore cinquante ans ou plus. Mais depuis quelques années, le recul s'est accéléré. On se dirige vers un effondrement, qui devrait survenir en 2015 ou 2016, et qui verra l'Arctique libre de glace durant les mois d'août et de septembre. C'est une catastrophe mondiale", avertit le scientifique de Cambridge. Il n'est pas le seul à tenir ces prévisions pessimistes. "Si la tendance actuelle se poursuit, nous pensons que l'océan Arctique pourrait être presque libre de glace, à la fin de l'été, dès l'année 2016, plus ou moins trois ans" estime aussi l'océanographe Wieslaw Maslowski, professeur à la Naval Postgraduate School de Monterey (Californie). Mêmes analyses dans la communauté scientifique française, pour le climatoloque Jean Jouzel, vice-président du Giec, ou pour Hervé Le Treut, spécialiste de la modélisation du climat qui déclarait à l'AFP, fin août : "Les régions polaires servent de vigie, de signal d'alerte, c'est là qu'on peut voir en premier les signaux de phénomènes qui risquent de se développer sur l'ensemble de la planète".  Pour lui, ce qui se passe est cohérent  avec ce qu'on attendait, mais "ça va plus vite, c'est une tendance inquiétante."

    Limiter la hausse des températures, une urgence absolue pour espérer stabiliser le climat

    Pether Wadhams appelle enfin à des mesures urgentes pour limiter l'augmentation des températures. Pour le scientifique, on ne peut plus se permettre de repousser les décisions pour lutter contre le changement climatique. Réduire les émissions de CO2, ce n'est pas dans quelques décennies qu'il faut le faire, mais aujourd'hui. D'autant que la fonte des glaces arctiques pose aussi la douloureuse question de la libération des gaz de méthane des pergélisols, qui à son tour, renforce les gaz à effet de serre... Il faut aussi "examiner d'autres façons de ralentir le réchauffement, en développant notamment diverses méthodes de géo-ingéniérie", a-t-il expliqué au Guardian.

    Coriolis, la preuve par les faits

    20 septembre 2012, Mourmansk. Vidéo postée par l'expédition Coriolis 14

    "Bon, et alors ? Tout ça, c'est encore le fait de scientifiques alarmistes et catastrophistes, tapis bien au chaud derriere leurs ordis... ".  Et bien non. L'équipage bordelais de Coriolis 14 vient de le vérifier pour nous : en 2012, entre le solstice d'été et l'équinoxe d'automne, au pole Nord, il est bien désormais possible de suivre le passage du Nord-Ouest en passant un détroit de Béring libre de glaces, sur une simple coque en plastique, non équipée pour les mers polaires. Coriolis vient-il ou non d'accomplir une première mondiale, comme le revendique Daniel Boulogne ? En tout cas, son expédition à la voile est sûrement une des premières du genre à montrer définitivement que le réchauffement climatique est  une réalité. Tout au nord, pour la banquise, c'est la débâcle. Dommage pour nos amis les ours, certes, mais pour l'espèce humaine ? 

    Des cèpes à Noël ?

    Et chez nous, dans la région ? 34° à Bordeaux un 23 septembre ! Après un mois de juillet pluvieux et frais, un mois d'août aux pointes ultra-caniculaires se poursuite par une période de sécheresse automnale particulièremement sévère, tout juste interrompue ces jours-ci par des pluies quasi tropicales amenées par des vents violents venus du Sud... Et les traditionnels cèpes de septembre, ils sont où ? Bonne question. Les agriculteurs et les éleveurs le vivent, les viticulteurs le vivent, nous le vivons tous : notre climat change. Il va falloir s'adapter : l'élévation moyenne des températures que pourrait connaître la France d'ici à la fin du siècle pourrait être de 3,5°C. Et aussi, essayer de limiter les dégâts, en écoutant les alertes pressantes lancées par la communauté scientifique.

    Quant à Coriolis 14, après une courte escale de deux jours à Nome en Alaska, pour un repos bien mérité, le bateau repart, toutes voiles dehors, vers l'océan Pacifique, afin de rejoindre Bordeaux dans quelques mois... par le pole Sud. Bon vent !

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO SUR CORIOLIS et suivre l'expédition en direct : www.expeditioncoriolis.org

    REPERES

    La banquise arctique est née il y a environ 40 millions d'années. Selon les plus récentes recherches,  basées sur l'analyse de sédiments et d'autres témoins géologique, elle n'a jamais été aussi réduite depuis au moins 1.450 ans et probablement même depuis environ 6.000 ans. 

    LIRE AUSSI

    • Arctic expert predicts final collapse of sea ice within four years, Le Guardian : cliquer ICI
    • La banquise arctique pourrait complètement disparaître d'ici à quatre ans, Le Monde.fr : cliquer ICI
    • Le "Climatoblog" de Hervé le Treut : cliquer ICI
    • Le pergélisol a commencé à fondre : cliquer ICI