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Urbanisme - Page 30

  • Semaine de la mobilité. Bordeaux : le règne de la voiture en partage

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    Le réseau d'autopartage Citiz, installé à Bordeaux, est l'un des trois moyens à disposition des bordelais pour leur permettre de rouler plus vert. DR

    A l'occasion de la Semaine européenne de la mobilité qui s'achève ce lundi, Ma Planète fait le point sur les bonnes pratiques bordelaises en matière de déplacement automobile.

    voiture,autopartage,partage,covoiturate,location,libre service,embouteillage,circulation automobile,semaine de la mobilité,alternatif à la voitureA Bordeaux, on co-roule !

    Est-ce le résultat des bouchons à répétition (d'accord, on est dans la capitale du vin, mais le phénomène est insupportable quand il s'agit d'embouteillages), est-ce la conséquence du prix élevé de l'essence ou le fruit d'une véritable prise de conscience écologique liée au réchauffement climatique, à la raréfaction des ressources énergétiques fossiles et aux pics de pollution ? Le fait est que, grâce aux politiques publiques menées localement depuis plusieurs années, tant au niveau de la Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) que de la ville centre, l'agglomération bordelaise bénéficie aujourd'hui d'une palette complète de solutions permettant aux usagers de laisser tomber la voiture individuelle pour co-rouler.

    La palette

    Outre le covoiturage bien connu et fortement encouragé par les collectivités locales dont le Conseil général de la Gironde, et certaines administrations et grandes entreprises, les Bordelais ont aujourd'hui trois moyens malins de rouler plus vert et plus économique : l'autopartage, avec Citiz, la location de voitures entre particuliers avec Koolicar et Drivy, et les voitures en libre service, avec les BlueCub électriques du groupe Bolloré, déclinaison locale des Autolib parisiennes.

    1. Citiz

    voiture,autopartage,partage,covoiturate,location,libre service,embouteillage,circulation automobile,semaine de la mobilité,alternatif à la voitureC'est le nouveau nom d'Autocool, la coopérative d'autopartage pionnière à Bordeaux. Le concept reste le même, mais la coopérative portée par Nicolas Guenro depuis presque l'origine du projet, fait désormais partie du réseau national d'autopartage Citiz. Il y a un an, Autocool et ses petites soeurs réparties dans les grandes villes de l'Hexagone, ont décidé de réunir leurs forces pour développer plus efficacement en faveur de la réduction de l'usage de la voiture en ville et offrir à leurs adhérents un service à l'échelle du territoire national : Citiz.

    Comment ça marche ? Un abonnement mensuel permet à l'usager d'avoir accès à une flotte de véhicules répartie dans la Cub, dont certaines sont hybrides. On réserve via internet la voiture dont on a besoin ponctuellement pour faire des courses, un aller-retour à la plage ou passer un week-end en famille ou chez des amis. L'objectif est simple : éviter d'investir dans l'achat d'une voiture personnelle, économiser sur des frais de parking et d'essence, tout en désencombrant l'espace public et en participant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n'y a pas plus vertueux ! Le système fonctionne en boucle : on prend la voiture à un endroit où on la ramène après usage. A Bordeaux, Citiz revendique 1.600 conducteurs pour 1.000 abonnés (contrats). Le réseau national présent sur 80 communes, compte 15.000 abonnés.

    2. Koolicar et Drivy

    koolicar logo.jpgCe sont les champions de la location de voitures entre particuliers. On entre là dans le vert royaume de la consommation collaborative.

    Comment ça marche ? Comme Drivy, Koolicar, sert d'intermédiaire via un site internet entre des propriétaires qui mettent à disposition leurs véhicules et des locataires en quête d'un tel service. Le système, payant, fonctionne sur abonnement et permet aux propriétaires de rentabiliser leur voiture lorsqu'ils ne s'en servent pas et aux locataires de ne pas investir dans l'achat d'un véhicule. Avec pour résultat final, moins de voitures sur la chaussée et moins de pollution. Mais, à l'inverse de Citiz, Koolicar ne contribue pas à la réduction du nombre de voitures particulières aussi efficacement, puisque le système ne peut fonctionner que s'il existe au départ un parc automobile privé. Koolicar utilise un équipement testé à Bègles (Gironde) en 2013, la "koolbox", un boitier qui sécurise l'utilisation en libre service des véhicules, sans échange de clé. Et ça marche tellement bien que la MAIF, "l'assureur militant" partenaire de Koolicar, vient d'injecter 2,6 millions d’euros. Avec cet investissement, l'assureur français conforte son ambition de s’impliquer fortement dans les nouveaux services de mobilités alternatives et Koolicar pourrait devenir le premier opérateur d’autopartage entre particuliers au monde, en utilisant le parc automobile français existant. Le réseau devrait équiper d'ici deux ans 6.000 véhicules répartis dans toute la France.

    • Koolicar : 15 voitures réparties sur Bordeaux et Bègles, à la disposition d'une centaine d'abonnés. Koolicar fixe les tarifs de location. Tarifs  : 2€ par heure HT et 20 centimes par km. Site internet : https://www.koolicar.com/
    • Drivy : chanceux, les Bordelais peuvent aussi utiliser un autre système de location de voitures entre particuliers, Drivy. Opérateur historique sur ce marché, Drivy, accessible sur internet partout en France  a vu le jour à Marseille en 2010. Drivy, qui fait équipe avec l'assureur Allianz, propose 20.000 voitures et utilitaires de particuliers à louer dans toute la France dont 535 à Bordeaux. Le site de Drivy : https://www.drivy.com/

    3. BlueCub

    BLUECUB ESSAIS.jpgC'est le joli nom des voitures électriques en libre service du groupe de Vincent Bolloré qui ont débarqué dans la Cub cette année.

    Comment ça marche? Le principe est celui du Vélib' parisien ou du  VCub (vélo en libre service) bordelais. Les petites voitures électriques sont disponibles sur des aires de stationnement équipées de bornes de recharge, situées à des endroits stratégiques : près de lieux publics, d'arrêt de bus, de stations VCub et Citiz. Les abonnés empruntent les BlueCub pour de courts trajets, notamment dans le cadre du travail ou pour des sorties culturelles ou sportives, et peuvent les laisser à destination, sur un autre emplacement. Le principe, linéaire,  est donc différent de celui de l'autopartage développé par Citiz, en boucle. Les deux systèmes se veulent complémentaires et ne correspondent pas aux même besoins. En six mois, plus de 10.000 locations auraient déjà été effectuées. Même si les BlueCub n'ont pas droit au label "écologique", elles participent aussi à la diminution de l'usage de la voiture particulière en ville.

    • BlueCub: 90 véhicules sur 40 stations (80 en 2015) dans 5 communes. Tarifs dégressifs en trois formules à la minute  : de 6 à 9 € la demi-heure. Site internet: https://www.bluecub.eu/fr/

    De la marge...

    Avec tout ça, ajouté au fait qu'une voiture coûte 4.000 € par an si l'on s'en sert tout seul pour aller travailler à 20 km de chez soi (il s'agit d'une moyenne calculée par la Cub), on ne devrait plus voir de malheureux automobilistes tout seuls au volant aux heures de pointe !  Hélas, un jour où vous aurez le moral, faites le test : arrêtez-vous à un feu rouge et comptez le nombre de voitures individuelles qui ne transportent qu'une personne... Si l'on considère aussi le nombre de bouchons qui ne diminue pas vraiment, on peut se dire qu'il y a encore une sacrée marge pour le développement du partage de la voiture, dans l'agglomération bordelaise comme ailleurs.

    Sans compter que, pour tout un tas de trajets, on peut également se déplacer à vélo ou à pied (c'est tellement bon pour la santé) ou encore en tram, en bus, en train et en navette fluviale... 

    Cathy Lafon

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    • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
    • Les articles de Ma Planète sur les émissions de gaz à effet de serre : cliquer ICI
  • Bordeaux : bientôt, des triporteurs à enfants pour les nounous?

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    L'équipe de l'Agence de garde d'enfants à domicile à Bordeaux. De gauche à droite: Laetitia Ferreira, chargée de recrutement, Maelle de Charette, coordinatrice petite enfance. Léa Jeune, chargée de clientèle, Virginie Boureaud, gérante. Photo Kangourou Kids

    Des vélos triporteurs à enfants pour leurs nounous, afin de réduire les émissions de CO2 en ville ? En voilà une bonne idée ! A Bordeaux, c'est Virginie Boureaud, 35 ans, originaire de Nantes mais bordelaise d'adoption depuis 14 ans, qui l'a eue. Novateur et écolo, le projet doit encore être concrétisé et pour ce faire, il faut réunir des financements.

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    L'équipe des kangourous Kids de Bordeaux dans leurs locaux, cours de Verdun. Photo Kangourous Kids

    Une réponse écologique à une demande des parents

    C'est en préparant l'ouverture d'une agence de garde d’enfants à domicile, une structure privée membre du Réseau Kangourou Kids, 42 cours de Verdun à Bordeaux, que Virginie Boureaud a imaginé en mai dernier de développer, pour les nounous et les enfants, les trajets en vélo et notamment en triporteur. "Ayant été responsable d’une agence similaire pendant deux ans, j’ai pu constater qu'il y avait une demande des parents pour avoir une nounou véhiculée dans les transports domicile-école et école-domicile sur de courtes distances et aux abords de lieux dangereux pour les enfants", explique-t-elle.  Elle a donc cherché des solutions pour y répondre. "Peu de nounous ont les moyens d’avoir un véhicule en centre ville, observe-t-elle. De toutes façons, se garer est impossible et en terme de développement durable, avec une qualité de l’air à Bordeaux pas toujours au beau fixe, la voiture n'est vraiment pas la bonne réponse".

    Zéro émission de gaz à effet de serre

    D'où l'idée du vélo : zéro émission de gaz à effet de serre garantie. "Utilisatrice de ce mode de transport à titre personnel pour amener mes enfants à l’école, équiper les nounous de mon agence de triporteurs pour transporter les enfants qu'elles gardent me semblait une évidence". Selon elle, ce serait une première en France qui pourrait aussi intéresser d'autres agences de garde d'enfants, comme Kangourou Kids à Toulouse.

    En quête de soutiens

    Virginie Boureaud se lance alors dans une recherche de soutiens tous azimuts auprès des collectivités locales. Elle contacte la ville de Bordeaux, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et le Conseil Général de la Gironde pour leur présenter l'idée et obtenir éventuellement une aide, qui permettrait de financer environ 25% du prix d'achat du triporteur. Elle se rapproche également de l’association Vélo Cité et du réseau Mille-pattes qui accueillent favorablement l'initiative, complémentaire de leurs missions: développer le vélo comme mode de transport doux non polluant et l'accompagnement des enfants à l'école à pied (Pedibus) ou à vélo (Vélobus). Cet été, elle a fini par obtenir un rendez-vous avec Brigitte Collet, adjointe au Maire de Bordeaux au service de la petite enfance, qui, selon elle, a également jugé le projet des triporteurs pour enfants très intéressant.

    jules.jpgUn projet de micro-crèche verte

    A Bordeaux, un certain nombre d'entreprises de services utilisent déjà pour leurs prestations le vélo, comme le réseau des  "Jules" (photo ci-contre), ces hommes presque à tout faire, qui interviennent en centre-ville en biporteur. Les Kangourous Kids pourront-ils les rejoindre ? A suivre...

    En attendant, Virginie Boureaud ne manque pas d'idées vertes: elle travaille actuellement sur un projet de micro-crèche au Bouscat, avec notamment des couches lavables et une cuisine faite sur place à partir de produits de saison et locaux. Pour un développement durable des bébés...

    Cathy Lafon

    CONTACTS

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    • Les articles de Ma Planète sur les déplacements doux : cliquer ICI
  • Ces bonnes nouvelles de 2014. A Bordeaux, des chercheurs aident à anticiper l'érosion du littoral

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    Les scientifiques bordelais de GEO-Transfert en mission sur la plage basque de Mundaka (Espagne). Photo GEO-Transfert

    C'est l'été... "Ma Planète part" en vacances, bien vertes et bien méritées vous en conviendrez ! Mais l'écolo-blog de "Sud Ouest" ne vous abandonne pas pour autant et vous a préparé une série spéciale "Retour sur les bonnes nouvelles vertes de 2014" pour vous accompagner quotidiennement (ou presque) jusqu'à la rentrée de septembre.

    Halte à la sinistrose ! L'actualité  écolo ne se résume pas qu'à des catastrophes... Pour vous en convaincre et vous aider à reprendre le boulot en septembre le moral gonflé à bloc,  "Ma Planète" vous propose de revisiter ces infos ultra positives qui ont fait le bonheur des écolos cette année. Aujourd'hui : ces chercheurs bordelais qui surveillent l'érosion de notre littoral.

    Erosion du littoral. Depuis Bordeaux, des chercheurs veillent au grain... de sable

    10 janvier 2014. Grâce aux images fournies par les satellites, GEO-Transfert, une structure scientifique bordelaise, produit depuis 2002 des cartes des rivages et des fonds marins, pour une meilleure gestion du littoral atlantique.

    Mais où est donc passé tout le sable ?

    Réchauffement climatique, hausse du niveau des mers... Les scientifiques s'agitent beaucoup sur un sujet qui inquiète décideurs politiques et économiques du littoral atlantique, notamment dans la région, en Aquitaine et en Charente-Maritime : le recul du trait de côte. Avec à la clé, une économie locale et des zones d'habitat menacées par l'effondrement de terres littorales ou les inondations. Et une question lancinante : comment gérer les zones côtières ?

    La solution GEO-Transfert

    Pas de panique. A Bordeaux, GEO-Transfert, une Cellule de Transfert de Technologie de l'ADERA, créée en 2002 par Eric Maneux, docteur en géochimie, tient le littoral à l'oeil, images satellites à l'appui, afin d'aider les collectivités locales à mieux comprendre le phénomène naturel pour l'anticiper et s'y préparer. Financée par la Région Aquitaine, elle participe à la valorisation des recherches menées par  le laboratoire OASU-UMR EPOC 5805 de l'Université Bordeaux 1, qui se consacre avec ses réseaux de surveillance, à la recherche et au développement d'études environnementales. En clair, GEO-Transfert, c'est la petite cellule qui bosse sur le terrain pour la tête chercheuse EPOC, en proposant des services et une expertise scientifique et technique dans les domaines de la gestion des zones côtières. Vaste sujet. Comment ne pas s'y noyer ?

    Virginie.pngLe point avec Virginie Lafon, 42 ans, titulaire d'un doctorat en océanographie et responsable au sein de GEO-Transfert des méthodes de surveillance du littoral basées sur l’exploitation d’images satellites.

    Géochimie, hydrodynamique, télédétection

    Pour parvenir à ses fins, indique la scientifique bordelaise, GEO-Transfert, dispose de trois armes fatales, issues de la large palette des sciences liées à l'océanographie et de leurs applications : la géochimie, l'hydrodynamique (ou morphodynamique), et la télédétection. Soit. Mais encore ?

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafonClair comme de l'eau de roche

    Quand Virginie Lafon explique, tout devient limpide. "La géochimie, étudie "la répartition et le comportement des éléments chimiques dans la nature. Par exemple, les flux de sédiments et les métaux lourds transportés par les eaux alluviales jusqu'à l'océan depuis les bassins versants." Quant à l'hydrodynamique, "elle s'intéresse aux courants et à la dynamique côtière. Autrement dit, l'impact des vagues  sur la morphologie des plages." Là, on est en plein dans le sujet qui préoccupe les élus du littoral atlantique, comme en Vendée, ravagée par la tempête Xynthia (ci-dessus), à Biscarrosse, dans les Landes, ou encore à Lacanau et Soulac, en Gironde, où les plages sont victimes de l'érosion.

    Championne de la télédétection

    Et la télédétection ? Vous n'êtes pas dans un épisode de votre série préférée "The Mentalist" et il ne s'agit pas d'une science occulte, mais, selon la définition de Virginie Lafon, de "l'observation de l'environnement des écosystèmes du trait de côte où de la turbidité (qualité) de l'eau, via l'exploitation d'images satellites, qui permettent de dresser des indicateurs écologiques, géochimique ou sédimentaires de la côte". Ouf, c'est dit. Le nerf de la guerre de l'observation du littoral, en quelque sorte, sans lequel rien ne s'étudie, rien ne s'observe et rien ne se décide. Et pour l'Aquitaine, ça tombe bien: en télédétection satellitaire appliquée à la science de la mesure des profondeurs de l'océan, la bathymétrie,  GEO-transfert est championne toutes catégories.

    geo transfert mimizan-1200.jpgUn projet nommé "Balist"

    Pour transformer ses approches très scientifiques en véritable service opérationnel, GEO-Transfert a conçu en 2012 un projet de bathymétrie par satellite, afin de cartographier les petits fonds du littoral, entre 0 et 30 m, à 2 ou 3 km de la côte. Son nom : Balist. Financé à 50% par la Région Aquitaine, où la chargée de mission Marlène Kiersnowski le suit de près, et à 50% par la petite cellule bordelaise sur fonds propres, il concerne un ensemble de régions françaises, Aquitaine, Vendée et Languedoc-Roussillon en Méditerranée, mais aussi portugaises et espagnoles. Son objectif : établir des cartes saisonnières régulières (printemps, été, automne, hiver) pour pouvoir en produire rapidement en cas d'urgence météorologique et de catastrophe naturelle.

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafon"Donner les clés aux décideurs"

    Quels enjeux pour les décideurs, quelles stratégies adopter face à l'érosion du trait de côte ? Les cartes fournies par Balist leur permettent d'évaluer les stocks sableux à disposition, en prévision des tempêtes hivernales, afin de faciliter la gestion du littoral et de ses plages et de protéger le milieu dunaire. Et surtout, précise Virginie Lafon, de "donner les clés pour anticiper sur le recul du trait de côte, qui est inéluctable". Comme à Soulac, victime d'une érosion majeure, où l'immeuble Le  Signal (ci-dessus) est directement menacé d'effondrement et où se pose la question du camping situé au bord de l'eau : faut-il le déplacer et/ ou le protéger ? "GEO-Transfert apporte son expertise pour y répondre mais ne préconise pas", précise Virginie Lafon. "Nous faisons des études pour montrer les aléas, les enjeux, les risques. En Aquitaine, les collectivités locales sont en cours d'analyse de solutions: parfois repli, parfois repli moyen terme avec défense court terme ... C'est toujours très, très compliqué", conclut la scientifique.

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafonLe prix européen "Astrium Radar Challenge"

    Quant à Balist , son intérêt a été reconnu au plus haut niveau : en 2012, l'application a remporté le titre de vainqueur de l'"Astrium Radar Challenge", dans le cadre du deuxième concours d'idées du programme satellitaire européen (l'European Space Agency), les GMES Masters (Global Monitoring for Environment and Security Masters). Le prix obtenu ne fait pas vraiment fantasmer le citoyen lambda, mais il met carrément en transe les chercheurs. Virginie Lafon et ses collègues ont rapporté de Munich (Allemagne) un chèque de 25.000 €,à dépenser uniquement en achat d'images en provenance du satellite TerraSAR-X, fournies par Astrium.  Pas vraiment des bons d'achat à la Redoute, mais la possibilité pour les chercheurs bordelais de travailler mieux et davantage. Avec ces images et celles subventionnées par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) - les images SPOT et Pléiades- de multiples cartes ont été produites et comparées. Elles sont consultables en ligne sur le portail régional PIGMA (Plateforme d'information mutualisée en Aquitaine).

    Un fort potentiel commercial dans un secteur en manque de donnée

    Pourquoi une telle reconnaissance ? "En distinguant Balist parmi douze projets européens concurrents, analyse Virginie Lafon, l'Europe a voulu récompenser le potentiel commercial à venir dans un secteur qui manque furieusement de données, ainsi qu'une structure bien implantée localement". En Aquitaine, GEO-Transfert a désormais de nombreux partenariats et clients locaux, comme l’Observatoire de la Côte Aquitaine, le Département de la Gironde, le Siba d'Arcachon, la mairie de Biscarrosse, Camping Contrôle. La structure bordelaise  commence également à s’implanter en Méditerranée, "où l’érosion et la submersion sont aussi très préoccupantes", souligne Virginie Lafon.

    geo-transfert,recherche,télédection,satellite,bordeaux,virginie lafonAu secours, Hercules a rétréci la plage !

    Depuis sa création, Balist ne chôme pas. Dernier épisode en date: le déferlement des vagues monstrueuses qui viennent de frapper tout le littoral début janvier, résultat du "vortex polaire" hors norme Hercules qui congèle le Canada et les Etats-Unis de l'autre côté de l'Atlantique. Dans la région, en Charente-Maritime où les travaux de réparation vont s'élever à 4 millions d'euros, le trait de côte a reculé jusqu’à 10 mètres dans certains endroits de l’Ile d’Oléron. En Gironde, les plages de Lacanau (ci-dessus), de Soulac-sur-Mer et de Montalivet ont été littéralement passées à tabac. A Soulac, la plus touchée, la côte a reculé de près de 7 mètres sur la plage sud. A Lacanau, les ouvrages anti-érosion ont été laminés par les vagues. Au Pays-Basque, à Biarritz, où le maire Didier Borotra estime les dégâts de la houle à 500 000 euros, une déferlante a atteint un parking souterrain situé à 200 mètres du rivage. Du jamais vu et beaucoup de pain sur la planche pour GEO-Transfert qui s'apprête à analyser les dégâts d'Hercules sur le trait de côte grâce aux images satellitaires d'Astrium.

    Le business du réchauffement climatique

    On s'en doute, le réchauffement climatique ne réjouit pas GEO-Transfert. Mais il faut reconnaître qu'il lui procure du boulot à l'infini, car il aggrave le phénomène d’érosion naturelle qui menace le littoral en accélérant l’élévation du niveau de la mer, au rythme actuel de 3,2 mm par an. Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) publié à l’automne 2013, estime que le niveau des océans pourrait s’élever de près d’un mètre d’ici à la fin du siècle… Le rapport piloté par le scientifique Hervé Le Treut, "Prévoir pour agir, la région Aquitaine anticipe le changement climatique" (2013) l'a confirmé : le littoral aquitain est directement menacé.

    Du sable à la pelle

    Dans ce contexte d'érosion galopante, GEO-Transfert a du sable à surveiller à la pelle. Aussi la cellule bordelaise a-t-elle accueilli avec intérêt l'arrivée en Aquitaine, en octobre dernier, du centre de Surveillance de l’Environnement EarthLab de Telespazio, à l'Aérocampus de Latresne (Gironde). Ses satellites et ses drones vont permettre aux chercheurs qui travaillent sur la forêt, mais aussi sur l'érosion de la côte aquitaine, d'avoir des données plus précises que jamais. Grâce à la présence de l'EarthLab, Virginie Lafon espère "une belle opportunité de démonstration de services vers les collectivités" pour la gestion du littoral.

    Cathy Lafon

    Crédit photos : Sud Ouest (Xynthia, Soulac, Lacanau) et GEO-Transfert.

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    • Les articles de Ma Planète sur les bonnes nouvelles et les initiatives vertes: cliquer ICI 

    PLUS D'INFO

    • Le site de GEO-Transfert : cliquer ICI. La structure emploie 7 personnes, dont 4 ingénieurs, 2 assistants-ingénieurs et 1 technicien et a réalisé un chiffre d'affaire de 350 000 € en 2012.
    • Le site du concours "Astrium Radar Challenge", remporté par Balist : cliquer ICI

    CONTACTS

    •  Virginie Lafon. Titulaire d'une thèse en Océanographie (1999, Bordeaux), spécialiste du traitement et analyse d’images visibles et radars en domaine littoral,  elle est,  depuis 2006, chargée de mission télédétection à Géo-Transfert. Contact : tél 05-40-00-83-28. E-mail  v.lafon@epoc.u-bordeaux1.fr GEO-Transfert : UMR 5805 EPOC, Université Bordeaux 1, Av. des facultés, 33405 Talence, France.
    • Marlène Kiersnowski. A la Région Aquitaine, pour GEO-Transfert,  c'est "Madame Cocooning". Chargée de mission Europe et International, elle promeut très activement les activités de GEO-Transfert. Contact : +33 (0)5 56 56 38 34. E-mail :  marlene.kiersnowski@aquitaine.fr - Conseil régional d'Aquitaine : 14, rue François de Sourdis, 33077 Bordeaux Cedex.