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Santé - Page 109

  • Pollution aux nitrates : vers une condamnation de la France par l'Europe

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    Défenseur de l'environnement portant un masque de tête de cochon pour protester contre l'envahissement de la plage d'Hillion par les algues vertes, dues à l'utilisation des nitrates. Bretagne, baie de Saint-Brieuc, août 2011. PHOTO AFP

    La lutte contre la pollution des eaux par les nitrates reste l'un des gros points faibles de la France en matière d'environnement, avec la lutte contre la pollution de l'air.  Concernant les nitrates, l'insuffisance de l'action française en la matière risque désormais de coûter cher au pays.

    Un projet de décret à contre-temps des exigences européennes

    Un projet de décret "relatif aux programmes d'actions à mettre en œuvre en vue de la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d'origine agricole" a été mis en consultation depuis le 29 mars dernier : il ne s'agit ni plus ni moins que de prolonger jusqu'au 1er janvier 2014 les plans d'actions départementaux dans les zones vulnérables qui sont en vigueur. Or, ils auraient dû  être remplacés le 1er juillet 2013, dès cette année donc, par un nouveau plan national et programmes d'actions régionaux....

    Un arrêté pour préciser le programme national

    Selon la Lettre Cadre du site des Cadres territoriaux du 11 avril, le Ministère indique cependant que l'arrêté précisant le programme national va bientôt sortir. Il indiquera les conditions d'épandage (sols en pente, détrempés, inondés, gelés, enneigés...), les interdictions (moins de 5 m des cours d'eau) et les obligations (couverture pendant les intercultures longues). Il sera opposable aux agriculteurs, mais les programmes régionaux ne devraient être connus que fin 2013, au mieux.

    pollution eau,nitrate,agriculture intensive,europe,commission européenne,condamnationQui est responsable de la pollution de l'eau par les nitrates ?

    Toute l'agriculture française n'est pas responsable de la pollution des eaux. La coupable c'est surtout l'agriculture intensive des grandes cultures et de l'élevage hors sols de porcs et de volailles,  situés à plus des trois-quarts en zone vulnérables Les grandes cultures se trouvent à 80 % en zone vulnérable, les élevages de porcs et de volailles à 73 %. Si la pollution continue d'augmenter, selon une enquête de "l'UFC Que Choisir" du mois d'avril, il y a cependant des points positifs. Quelques zones d'élevage qui étaient classées en zone vulnérable en sont sorties en 2012. Dans la région, c'est le cas d'Adour-Garonne, où le nombre d'élevages concernés à diminué de 15 % et où le pourcentage de communes en zone vulnérable est désormais de 34 %. Ces sorties de zone vulnérable sont néanmoins très rares et ne concernent que 617 communes sur l'ensemble du territoire français, souligne "Que Choisir".

    pollution eau,nitrate,agriculture intensive,europe,commission européenne,condamnationUne facture de 60 millions d'euros

    L'échec de la France dans la lutte contre la pollution de l'eau par les nitrates pourrait coûter cher. La France qui est au cœur d'une procédure contentieuse avec l'Europe pour laquelle le jugement devrait intervenir au plus tard en août 2013. Depuis 2012, la Commission européenne accuse la France de "ne pas avoir pris les mesures efficaces pour lutter contre la pollution des eaux par les nitrates".  La condamnation par la Cour du Luxembourg est donc quasi certaine. Une amende de 28 millions d'euros et une astreinte de 117.882 euros par jour c'était la sanction réclamée contre la France en 2007, pour application insuffisante de la directive nitrates. On y avait échappé de justesse, mais cette fois-ci, les pénalités pourraient s'élever à 60 millions d'euros et plus de 150.000 euros par jour ! La facture étant à régler par l'Etat, c'est-à-dire par le contribuable, qui dans sa très grande majorité, n'est pas le pollueur... Et qui paie en outre déjà pour l'assainissement de l'eau potable : la double peine, en quelque sorte.

    pollution eau,nitrate,agriculture intensive,europe,commission européenne,condamnationCondamnation pour les algues vertes sur les plages

    À cela s'ajoutent les factures dues aux jugements prononcés par les tribunaux français. Ainsi, la Cour Administrative d'Appel de Nantes vient de condamner l'État à verser 12.430 euros à la commune de Tréduder (Côtes d'Armor) pour le ramassage et le traitement des algues vertes sur ses plages : les juges ont conclu à la carence de l'État. Quant auTribunal administratif de Rennes, il vient d'enjoindre à quatre préfets bretons de compléter les quatrièmes programmes d'actions départementaux pour lutter contre les algues vertes.

    PLUS D'INFO

    REPERES EN CHIFFRES

    • En 2010, la surface agricole utile en France couvre 27 millions d'hectares, dont 15 millions classés en zone vulnérable, soit 56 %. Les grandes cultures sont à 80 % en zone vulnérable, les élevages de porcs et de volailles à 73 %, les bovins lait à 54 %.

    LEXIQUE

    • Nitrates  : les nitrates (NO3) sont des composés d’azote. L' azote est un élément chimique, un des composants principaux du vivant avec le carbone, l’oxygène et l’hydrogène.Pour absorber l’azote nécessaire à leur développement, les plantes ont besoin de nitrates, qui proviennent de deux sources : l’humus (matière organique du sol) et lesengrais azotés : engrais minéraux ou engrais organiques (produits notamment par les élevages : lisier et fumier).Seule une partie de l’azote est absorbée par les plantes, et le reste se diffuse dans la nature (eau, sol, air). L’eau chargée en nitrates ruisselle depuis les champs, rejoint les rivières puis la mer où elle constitue une cause majeure de pollution. Prendre en compte la quantité de nitrates déjà apportée par le sol doit permettre d’estimer la quantité d’engrais nécessaire aux plantes et de limiter au maximum cette pollution.
    • Zone vulnérable aux nitrates. Les zones vulnérables aux nitrates découlent de l’application de la directive « nitrates » qui concerne la prévention et la réduction des nitrates d’origine agricole. Cette directive de 1991 oblige chaque État membre à délimiter des « zones vulnérables » où les eaux sont polluées ou susceptibles de l’être par les nitrates d’origine agricole. Elles sont définies sur la base des résultats de campagnes de surveillance de la teneur en nitrates des eaux douces superficielles et souterraines. Des programmes d’actions réglementaires doivent être appliqués dans les zones vulnérables aux nitrates et un code de bonnes pratiques est mis en oeuvre hors zones vulnérables.
  • Fukushima : mesures truquées de la radioactivité au Japon ?

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    Un jardin d'enfants le 3 août 2011 à Fukushima, à 60 km de la centrale nucléaire Photo archives AFP

    Au Japon, il n'y a pas que les fuites d'eau radioactives des piscines de la centrale de  Fukushima qui alimentent les polémiques. Le 8 mars dernier, le journal japonais "Friday", hebdomadaire d'information généraliste édité par Kodansha, publiait une enquête du journaliste Kirishima Shun, qui fait état d’un scandale qui agite la société japonaise et peu médiatisé jusqu'à présent : celui des mesures officielles de la radioactivité au Japon, qui seraient trafiquées.

    "Fushima, les mesures officielles de la radiation étaient divisées par deux"

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    L'enquête de "Friday"  (titre ci-contre), révèle que les bornes gouvernementales destinées à informer en continu la population de la radioactivité ambiante sont fausses. 

    "Le pays a toujours soutenu qu’à l’écart de la centrale, les taux de radiation de la région sont bas et leur influence sur le corps humain est faible. Ce qui lui permet de maintenir cette affirmation, c’est, entre autre, la présence des  « monitoring posts », appareils de mesure de radiation à écran installés par le ministère de la recherche juste après l’accident dans chaque zone de la région, affirme le journaliste. Les chiffres annoncés sur ces postes sont une sorte de certificat de vérité pour le pays."

    "Des mesures mensongères"

    compteur fukuhsima-e1365174307387.jpgPourtant, assure la revue, si l'on en croit un groupe de chercheurs et de médecins qui a effectué ses propres mesures à proximité de 117 postes sur les 570 placés dans la préfecture de Fukushima, "ces mesures se révèlent mensongères".  Le "Colloque sur le Problème de l’Irradiation Interne des Citadins et Scientifiques", a ainsi indiqué une faiblesse anormale des données numériques officielles. Un membre du colloque,  Yagasaki Katsuma, professeur émérite à l’Université des Ryukyu, explique dans "Friday" : "Entre août et octobre de l’année dernière, quand on tendait un de ces compteurs portables de haute précision utilisés par l’administration, entre autres, vers un poste, les mesures affichées par le compteur étaient très hautes, près du double de celles affichées publiquement. Une différence de 51% quand les alentours avaient été décontaminés, et de 56% quand ils ne l’avaient pas été. Avec une telle différence, impossible de prétendre qu’on était dans le domaine de la simple erreur. "

    Des radiations du double de celles indiquées par les postes officiels

    L'hebdomadaire"Friday" a effectué de son côté des mesures sur 23 emplacements et a constaté que les radiations étaient pour la plupart le double de celles indiquées par les postes, avec une différence de 56% en moyenne. Le journaliste a photographié les relevés (photos ci-dessus).

    Une succession d'anomalies thyroïdiennes

    Pour "Friday", cela expliquerait la succession d'anomalies thyroïdiennes à Fukushima et particulièrement chez  les enfants :  "sur 38.114 examens de la thyroïde chez les enfants dans la préfecture de Fukushima en 2011, 3 cancers déclarés, 7 cancers possibles", indiquait une autre revue, Gendai, le 4 avril dernier. Yoshida Kunihiro, président de l’association à but non lucratif Anshin-Anzen Project [Projet Confiance et Sécurité], qui s’occupe de collecter des informations sur les dégâts provoqués par l’accident de la centrale Daiichi, participait le 2 février dernier à une inspection thyroïdienne à Fukushima-ville. Interviewé par "Friday", il pointe du doigt ces anomalies infantiles : "Sur 80 personnes examinées, un adulte est en observation pour un possible cancer de la thyroïde, et des kystes ont été décelés chez 60% des autres personnes, enfants et adultes. Plus particulièrement chez les enfants qui font du sport dehors, et des garçons qui pratiquent le base-ball quotidiennement en avaient même plusieurs". 

    blog fukushima photo.jpegPour le Blog de Fukushima, qui a publié le 10 avril l'enquête de "Friday", ce problème de désinformation serait récurrent au Japon depuis la catastrophe de 2011 et semblerait être devenu la norme. Le blog avait déjà rapporté cette pratique sur le site nucléaire même de Fukushima Daiichi où les balises auraitent été entourées de murs pour faire baisser les taux.

    Y a-t-il eu manipulation des mesures, ou pas, à dessein, ou pas ? Quoiqu'il en soit, les chercheurs et médecins japonais tirent l'alarme concernant les cancers de la thyroïde, qui s'étendent au-delà de la préfecture de Fukushima. Selon le journal Gendai, les problèmes de thyroïde répertoriés dans différentes régions du Japon, en hausse importante depuis 2011, attesteraient qu’une grande partie du pays aurait été contaminée.

    Cathy Lafon

    LIRE L'ARTICLE DE "FRIDAY" EN ENTIER : cliquer ICI

    LE BLOG DE FUKUSHIMA : cliquer ICI

     

  • Antennes relais : les ondes électromagnétiques ont une incidence sur la santé

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    Les ondes électromagnétiques émises par les antennes-relais de téléphonie mobile qui fleurissent sur les toits des immeubles, pourraient bien avoir des effets sur le mécanisme de régulation de la température corporelle et provoquer le fractionnement d'une phase du sommeil. Telle est la conclusion d'une étude scientifique française réalisée sur de jeunes rats, conduite par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) et l'université de Picardie Jules-Verne (UPJV), publiée par la revue Environnement Science and Pollution Research, a été rendue publique le 3 avril dernier.

    ondes électromagnétiques,antennes relais,prévention,précaution,loi,sommeil,appétit,biologique,perturbateur,étudeLes radiofréquences pertuberaient à long terme les fonctions de l'équilibre énergétique, le sommeil, la régulation thermique et la prise alimentaire

    "Réveils fréquents, difficultés pour se rendormir, insomnie... font partie des symptômes que décrivent les personnes électro-sensibles, lorsqu'elles vivent à proximité d'une antenne-relais" rappellent l'Ineris et l'UPJV. L'étude conduite sur de jeunes rats, qui a cherché à  recréer des niveaux d'exposition aux champs électromagnétiques comme ceux rencontrés à proximité d'antennes-relais de téléphonie mobile, "confirme" l'effet des radiofréquences sur "le fractionnement du sommeil paradoxal", qui est la phase du sommeil où se produisent les rêves dont on se souvient. De tels effets des ondes électromagnétiques sur la santé sont dénoncés depuis longtemps par des associations comme le collectif Stop Antennes né à Bordeaux (photo ci-dessus), ou Robin des Toits, qui réclament la prise en compte de l'hyper électrosensibilité comme maladie, une meilleure protection de la santé des habitants et une législation renforcée pour l'installation des antennes en milieu urbain.

    Pas de modification de qualité du sommeil

    Mais "au vu des résultats de l'étude, ce fractionnement n'occasionne pas de troubles du sommeil", selon les chercheurs. Ils n'ont noté aucune modification des paramètres de qualité du sommeil en terme de réduction du temps de sommeil, du nombre des réveils ou encore de la difficulté à se rendormir. "L''impact d'un fractionnement du sommeil paradoxal est "encore mal connu" mais il pourrait être "à l'origine de difficultés de mémorisation et de troubles de l'humeur", ajoutent-ils cependant.

    Thermorégulation et appétit perturbés

    De manière plus inattendue, les champs électromagnétiques agissent sur les mécanismes de la thermorégulation, avec comme effet indirect le déclenchement chez les animaux testés d'un "processus d'économie d'énergie comme s'ils avaient des besoins énergétiques accrus" et une sensibilité au froid accrue. "Si les champs électromagnétiques semblent induire une sensation de froid chez l'animal, il n'est pas encore possible de dire si cet effet est transposable à l'homme", indiquent prudemment les chercheurs.  "On observe également une prise alimentaire plus importante de la part des animaux exposés: les mécanismes d'économies d'énergie pourraient conduire à une augmentation de la masse corporelle, mais cela nécessite d'être confirmé" selon l'Ineris et l'UPJV.

    Les électro-sensibles et les associations exigent une loi

    ondes électromagnétiques,antennes relais,prévention,précaution,loi,sommeil,appétit,biologique,perturbateur,étudePour sa part, l'association de défense des "électro hypersensibles" PRIARTèM a critiqué jeudi les limites de l'étude et "exigé qu'une loi vienne enfin imposer une réelle protection de la population" contre les champs électromagnétiques. Pour Stéphane Sanchez de la Coordination nationale des collectifs Stop Antennes, "cette étude permet de confirmer l'effet des champs électromagnétiques sur la fractionnement du sommeil, ce dont se plaignent les personnes EHS qui vivent à proximité des antennes", approuve-t-il. "Néanmoins, elle ne prend pas en compte suffisamment de critères : c'est  l'arbre qui cache la forêt du scandale sanitaire". Et d'enfoncer le clou : "Il  faut qu'une loi impose aux opérateurs une protection réelle des citoyens".

    En janvier dernier, la proposition de loi déposée  en ce sens par la députée écologiste Laurence Abeille sur les ondes électromagnétiques, n'a même pas fait l'objet d'un débat : les députés socialistes ont carrément voté une motion de renvoi en commission des affaires économiques. L'objectif de la loi était de prendre des mesures afin de protéger des populations à risque des champs électromagnétiques (comme les enfants) et de permettre aux personnes électrohypersensibles de disposer d'espaces de vie sur le territoire en "zones blanches" (hors ondes électromagnétiques articifielles), tout en reconnaissant le syndrome dont elles sont victimes.

    En attendant le prochain avis de l'Anses

    L'OMS a classé en 2011 ces dernières comme potentiellement cancérigènes. Tout récemment, aux Etats-Unis, l'Académie américaine de pédiatrie (AAP) qui regroupe quelque 60.000 praticiens, a accordé son soutien à une proposition de loi déposée en août 2012 par Dennis Kucinich  membre du Congrès américain, intitulée "Le téléphone portable, le droit de savoir".  En France, en 2009,  l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), recommandait de réduire l'exposition aux radiofréquences. L'Anses doit actualiser cet avis d'ici l'été. A suivre.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    • Les ondes électromagnétiques, c'est quoi ? Cliquer ICI
    • L'étude publiée par la revue Environmental Science and Pollution Research : cliquer ICI
    • Le site des électrosensibles en France : cliquer ICI
    • PRIARTéM (Association pour une Réglementation des Implantations d'Antennes Relais) : cliquer ICI
    • Le site de la Coordination nationale des collectifs "Stop Antennes" : cliquer ICI 
    • Le site de la CRIIREM : cliquer ICI
    • Le site de Robin des Toits : cliquer ICI
    • Le rapport 2011 de l'OMS : cliquer ICI
    • L'avis de l'Anses de 2009 : cliquer ICI
    • Le site de l'AAP (Agence américaine de pédiatrie) : cliquer ICI