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Pollution - Page 267

  • Nitrates: après la Bretagne, les algues vertes continuent d'envahir la France

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    A Grandcamp-Maisy, en Normandie, les touristes s'arrêtent pour photographier les algues vertes qui ont envahi la plage, le 9 juillet 2014 - Archives AFP

    L'été revient et avec lui, comme chaque année, les indésirables marées vertes. Après la Bretagne, lourdement touchée par la prolifération des algues vertes depuis une quarantaine d'années, au tour des plages de la Basse-Normandie, sur les îles de Noirmoutier, Ré et Oléron d'être envahies par la pollution végétale toxique due aux nitrates.

    1.000 tonnes

    "On est début juillet et déjà, on a ramassé presque 1.000 tonnes", soit l’équivalent des quantités relevées en une année il y a dix ans, se désole Serge Bigot maire de Grandcamp-Maisy, une des deux communes les plus touchées dans le Calvados. Selon l’élu, qui fait remonter l’apparition du phénomène à 2004, et son accélération à 2008, Grandcamp se retrouve certaines années avec un mètre d’épaisseur d’algues vertes par endroits et les odeurs d’œufs pourris qui vont avec. Alors il faut ramasser.

    La mort du cheval

    Avec 3.700 m3 environ l’an dernier, la commune normande est encore loin des 9.000 m3 de 2013 à Saint-Michel-en-grève (après 18.000 en 2012). Ce village breton est habituellement l’un des plus touchés de sa région. Un cheval y a succombé en 2009 après s’être enfoncé jusqu’à l’encolure dans un amas d’algues vertes en décomposition. La cour administrative d’appel de Nantes doit dire le 25 juillet prochain si l’hydrogène sulfuré toxique dégagé par les algues en putréfaction est bien responsable de la mort de l’animal.

    La Normandie sous surveillance renforcée

    La Normandie n’en est pas encore là mais le Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) confirme y avoir observé, en avion, des "dépôts importants" et précoces dès le mois de mai, alors qu’il n’y avait encore rien ailleurs en France. Sont surtout touchés l’ouest du Calvados (Grandcamp et autour) et des communes côtières de l’agglomération de Caen. Au-delà, "depuis quelques années, les algues vertes sont de plus en plus nombreuses en Basse-Normandie, ainsi que sur les îles de Noirmoutier, Ré et Oléron", alors qu’elles auraient plutôt tendance à régresser en Bretagne, où elles commencèrent à proliférer il y a 40 ans, estime Sylvain Ballu du Ceva. Le Centre d’études, basé en Bretagne, mais qui suit le phénomène au niveau national, vient même de placer la Normandie sous surveillance renforcée (avec cinq survols au lieu de trois par an).

    marées vertes,algues vertes,azote,nitrates,agriculture intensiveDe nouvelles plages contaminées par deux types d'algues

    Le constat de prolifération à "de nouvelles plages "a également été souligné, en janvier, par le commissariat au développement durable rattaché au ministère de l’Ecologie. En 2012, les macroalgues, principalement des ulves, qui produisent des marées vertes, ont recouvert 815 hectares de plages en Bretagne (photo ci-contre), 280 en Normandie, et 240 en Loire-atlantique jusqu’à Oléron. Faute d'équipement et de budget, beaucoup de communes ne peuvent effectuer de ramassage, à l'exception de Grandcamp en Normandie, et de la Bretagne. Selon le ministère de l'Ecologie un autre type d'algues prolifère sur les côtes françaises: les algues microscopiques, localisées des Flandres au bassin d’Arcachon et dans les lagunes de Méditerranée. Ce phytoplancton provoque des eaux colorées, avec un éventuel risque de toxicité. Ces diffférents développements peuvent avoir des impacts sur la santé en raison de la libération de toxines par les microalgues, ainsi que sur la biodiversité et l’économie. "La majorité des zones littorales est cependant dans un bon état concernant les développements d’algues", souligne le commissariat au développement durable.

    Responsable: l'azote des nitrates

    L’agence de l’eau Seine Normandie vient pour sa part de finaliser un document qui prévoit de demander aux agriculteurs et collectivités, une baisse de 30% des apports en azote dans l’eau de mer d’ici à la fin 2018 sur le bassin de l’Orne. Cette orientation, une première dans la région, pourrait aboutir à un arrêté préfectoral fin 2015. Car "la cause de ce phénomène breton qui commence à apparaître en Normandie c’est l’azote, issu essentiellement de l’élevage intensif, qui y augmente actuellement. Selon André Berne, le directeur de l’Agence de l’eau, "Le bassin de l’Orne est à 30 milligrammes de nitrate (composés d’azote) par litre. Il faut qu’on baisse à 20″. En Bretagne, où des objectifs sont fixés depuis 2011, la situation s'améliore :  "il y a beaucoup de rivières où on a 10 mg de moins qu’il y a quelques années", assure Sylvain Ballu du Ceva.

    La France est sous la menace d’une sanction de la cour de justice européenne en raison de la pollution, encore trop élevée, de ses eaux par les nitrates.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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  • Limitation des épandages de pesticides: un projet de loi qui ne satisfait pas tous les écolos

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    L'école de Villeneuve (Gironde) où 23 enfants ont été intoxiqués en mai dernier suite à un épandage dans les vignes qui la jouxtent, a relancé la question de la sécurité pour les riverains des pulvérisations de phytosanitaires. Photo archives "Sud Ouest"

    La restriction de l’épandage des pesticides à proximité des écoles ou d’autres lieux sensibles, introduite ce mardi dans le projet de loi sur l’avenir de l’agriculture débattu à l'Assemblée nationale en seconde lecture, constitue une petite avancée pour la protection des personnes qui agace l'UMP et la FNSEA, et ne convainc pas tous les écolos.

    pesticides,vigne,phytosanitaireDes haies de protection et des horaires

    A la suite d’un amendement gouvernemental voté en commission, le projet de loi sur l'avenir de l'agriculture subordonne l’épandage près des lieux sensibles "à la mise en place de mesures de protection adaptées telles que des haies, des dispositifs anti-dérive ou des dates et horaires de traitement permettant d’éviter la présence de personnes vulnérables lors du traitement". En clair : les épandages sont donc interdits à proximité des écoles et d’autres lieux sensibles en l’absence de dispositifs de protection comme des haies et leurs horaires sont limités en dehors de la présence de personnes vulnérables. Outre les écoles, les lieux  sensibles concernés sont les crèches, aires de jeux pour enfants, hôpitaux et cliniques, maisons de retraite ou de santé.

    pesticides,vigne,phytosanitaireUn "raisonnement simpliste" pour l'UMP

    Lorsque de telles mesures ne peuvent pas être mises en place, le texte prévoit que "l’autorité administrative détermine une distance minimale adaptée en-deçà de laquelle il est interdit d’utiliser ces produits à proximité de ces lieux". Défendant une motion de rejet du projet de loi, dénoncé par son parti comme un "raisonnement simpliste", le député Antoine Herth s’en est pris au "procès de la chimie des plantes qui est ouvert, et uniquement à charge". "Qui dans cet hémicycle osera prétendre que les pesticides apportent aussi un bénéfice à l’humanité ? Personne sauf à se faire traiter d’assassin en puissance!", a-t-il dénoncé, relayant ainsi le discours de la FNSEA, syndicat majoritaire des exploitants agricoles.

    pesticides,vigne,phytosanitaireLe lien entre les pesticides et la santé humaine

    "Nous nous inscrivons dans le Grenelle de l’environnement que vous avez adopté. Il faut rester cohérent", a répondu le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, désireux "d’être clair sur l’objectif de protection des personnes" tout "en permettant aux agriculteurs de protéger leur culture". "Il ne se passe pas un mois sans qu’une étude ne montre le lien entre les pesticides et la santé humaine", a souligné de son côté le rapporteur du texte, le socialiste Germinal Peiro. Pour le gouvernement, ce projet de loi vise à donner une orientation plus écologique à l’agriculture française, notamment par la création de Groupements d’intérêt économique et environnemental, les GIEE, collectifs d’agriculteurs s’engageant dans l’agro-écologie.

    pesticides,vigne,phytosanitaireL'insatisfaction de Générations futures

    La députée de Dordogne EELV, Brigitte Allain, voit dans l'amendement "une proposition équilibrée qui permet à tous, agriculteurs et riverains, de vivre dans la sérénité. Dans la majorité des cas, la cohabitation se passe bien". L'association France nature environnement a demandé aux députés de soutenir l’amendement gouvernemental, qu'elle juge "de bon sens". Tel n'est pas l'avis de l'ONG Génération futures, qui lutte en faveur de la réduction de l’usage des pesticides et dont la  pétition contre l’épandage à proximité immédiate des habitations a recueilli 120.000 signatures en une semaine. "L’amendement voté en commission mercredi à l’Assemblée ne nous satisfait pas du tout", a  réagi François Veillerette (photo ci-dessus), porte-parole de l’ONG. "Si l’on considère qu’il faut interdire les épandages à proximité des écoles et des crèches, il faut aussi le faire pour les habitations où les enfants rentrent le soir, sinon cela n’a pas de sens" a-t-il a affirmé.  Pour lui, "la protection via des haies n’est pas du tout suffisante".

    Cathy Lafon  avec l'AFP

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  • Le "7ème continent" de plastique existe bel et bien. Et il est en expansion

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    Patrick Deixonne, initiateur d’une expédition scientifique française vers le « continent de plastique » dans l’Atlantique Nord , photographié le 13 avril 2012 à Cayenne Archives AFP

    Après trois semaines d'expédition dans l'Atlantique Nord, les scientifiques français de l'expédition "7ème continent", de retour d'un voyage d'étude dans l'Atlantique Nord, ont présenté en juin dernier un premier bilan sur la pollution invisible des océans.

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    "Le 7ème continent"

    Des millions de tonnes de déchets venus des côtes et des fleuves flottent dans les cinq principaux gyres répartis dans tous les océans (carte ci-contre), la force centripète aspirant lentement les détritus vers le centre. Ces zones ressemblent davantage à une "soupe" qu’à une surface tangible, mais vu l'importance de leur taille, et afin de marquer les esprits du public en le sensibilisant à la question de la pollution des océans, on leur a donné le nom évocateur de "7ème continent". 

    L'expédition de Patrick Deixonne

    Patrick Deixonne, 49 ans,a lancé le projet de l'expédition "7ème continent" après avoir découvert l'ampleur de la pollution des océans par les ordures rejetés par les hommes, lors d'une course en solitaire en aviron en 2009. En 2013, dans le Pacifique, une première expédition avait mis à jour l'existence de ce fameux "7e continent". Cette année, le 5 mai 2014, les explorateurs des mers sont repartis pour une nouvelle expédition de trois semaines, toujours à l'assaut du  fameux "continent de plastique", mais cette fois-ci dans l’Atlantique Nord,  à bord d'un catamaran de 18 mètres, parti de la Martinique. Avec des objectifs scientifiques bien plus élaborés qu'en 2013: cette année, l'expédition bénéficiait du concours du centre français d’analyses et de prévisions océaniques Mercator Océan.

    Deux fois la France

    "On est tombé sur des zones à fortes concentrations de microparticules de plastique", a expliqué à l’AFP Patrick Deixonne, au retour de l’expédition. De tout petits morceaux désagrégés de plastique en quantité tellement importante "qu’on pouvait les ramasser à la main" et une superficie de pollution pouvant représenter "deux fois la France".

    pollution,océan,mer,plastique,7ème continentDeux sortes de déchets

    "Il y a deux sortes de déchets", a-t-il expliqué. D'abord les macro-déchets (bouteilles, bidons, etc…) qui flottent sur l’eau à l’approche du gyre, un gigantesque tourbillon formé d’un ensemble de courants marins. "Ce sont des déchets éparpillés, mais si on prenait le temps de les ramasser, on remplirait le bateau en une journée". Les matières plastiques y sont photodégradées en pièces et particules de plus en plus petites, et les molécules individuelles ne sont que très lentement métabolisées par les êtres vivants. Des éléments de cette "soupe" ont atterri sur nos plages cet hiver, suite aux tempêtes hors norme qui sont secoué sans discontinuer l'océan Atlantique du mois de décembre au mois de mars, comme sur la plage du Porge, en Gironde (photo ci-dessus). Ils atterrissent notamment dans l'estomac des animaux sans qu'ils s'en rendent compte et polluent durablement l'écosystème marin. C'est "la partie immergée de l’iceberg" de la pollution des océans par les plastiques, ces microparticules, dont la taille peut aller de celle d’un ongle à celle de nano-particules seulement visibles au microscope. Pour les mettre en évidence et les analyser, on les capture à l’aide d’un filet spécial pour en mesurer la concentration dans l’eau.

    Analyses en laboratoire

    Alexandra Ter Halle, chargée de recherche au CNRS, qui faisait partie de l’équipe de neuf personnes à bord du catamaran, a collecté des échantillons de plastique et d’eau de mer, ainsi que des algues, afin de les analyser. Chimiste, la scientifique va s’intéresser notamment à la capacité qu’ont les plastiques d’accumuler des composés comme des polluants organiques persistants ou des métaux lourds. L’objectif de ses analyses sera de déterminer "dans quelle mesure ils ont transporté et relargué ces polluants dans l’environnement marin". De leur côté, des biologistes analyseront les organismes microscopiques qui se développent aussi sur ces plastiques et "qui ne sont pas du tout naturels au milieu marin". L’analyse génétique de ces communautés microbiennes permettra d’évaluer leur impact sur le milieu marin. Des analyses pointues qui vont prendre du temps.

    Une zone particulièrement polluée

    "On a rencontré une zone particulièrement polluée, avec des concentrations importantes de ces particules de plastique, ça c’est le premier témoignage que je peux faire", a souligné la chimiste. Les scientifiques vont également s’efforcer, grâce à la collaboration des agences spatiales française (CNES) et européenne (ESA), d’évaluer précisément la superficie de cette pollution."On parle de deux fois la France, mais ce sont des chiffres informels. On espère aussi répondre à cette question", a indiqué Patrick Deixonne.

    L'équipe du "7ème continent" prévoit de repartir l'an prochain, en 2015, à la rencontre du gyre de l’Atlantique Sud. Alexandra Ter Halle compte bien être du voyage.

    Cathy Lafon

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