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Politique - Page 201

  • Fiscalité verte : les députés votent la contribution climat énergie

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    L'Assemblée nationale a voté, le 21 octobre, l'instauration d'une taxe carbone dans le  budget de 2014. Photo AFP

    Les députés ont voté lundi l'instauration d'une contribution climat énergie (CCE) dans le budget 2014, une taxe carbone revisitée qui va monter en puissance d'ici 2016 pour financer une diminution du coût du travail et la baisse de la TVA sur la rénovation énergétique du logement social.

    baupin.jpg"Une avancée"

    Il s'agit d'augmenter progressivement les taxes intérieures sur la consommation des produits énergétiques polluants, les TIC, en fonction de leurs émissions de CO2. Dans un contexte politique où, en matière d'écologie, s'accumulent tergiversations, avancées et reculs, les écolos ne boudent pas leur plaisir. "Pour la première fois, nous allons avoir une composante carbone dans notre fiscalité. C'est une avancée", s'est félicité l'écologiste Denis Baupin dont le parti avait fait du verdissement de la fiscalité une condition pour le vote du budget 2014. L'opposition est beaucoup moins enthousiaste. Le député UMP Jean-François Lamour dénonce "une montée en puissance rapide, juste après les municipales pour combler les déficits" de l'Etat et pointe la double peine qui risque peser sur l'usager des transports : la hausse du carburant à la pompe et la hausse de la TVA, qui pourrait entraîner une nouvelle augmentation des billets de train, rebondissant sur la demande de Guillaume Pépy, le président de la SNCF, d'exempter les transports collectifs de la hausse de la TVA dans les transports publics prévue au 1er janvier.

    4 milliards d'euros en 2016

    Cette composante carbone intégrée aux TIC sera fixée à 7 euros la tonne, puis atteindra 14,5 euros en 2015 et 22 en 2016. En tout, la mesure doit rapporter à l'Etat 340 millions d'euros l'an prochain, avant une montée en puissance à 2,5 milliards en 2015 et 4 milliards en 2016. La TIC sur les carburants et sur le fioul domestique sera cependant globalement maintenue au même niveau l'an prochain, et elle n'augmentera que sur le fioul lourd, le gaz naturel et le charbon.

    Un surcoût indolore pour le consommateur

    Selon le rapporteur au budget Christian Eckert (PS), la CCE devrait représenter en 2015 une augmentation d'environ 2,9 centimes par litre pour le gazole. Cela correspondra à un surcoût pour le consommateur sur l'année de 28 euros pour un célibataire se chauffant au gaz, ou de 1,4 euro s'il se chauffe au fioul domestique.

    "Substituer le coût de l'énergie fossile au coût du travail"

    Sur les quatre milliards attendus en 2016, trois milliards contribueront au financement du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) tandis qu'un milliard financera l'application du taux réduit de TVA à la rénovation énergétique et au logement social.

    Si certains députés auraient préféré que l'affectation du produit aille davantage aux ménages, l'écologiste Eric Alauzet s'est félicité "qu'on substitue au coût du travail le coût de l'énergie fossile" comme le font déjà les pays nordiques.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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    • Le texte de loi sur la contribution climat énergie : cliquer ICI
  • Greenpeace lance à Bordeaux l'opération "30 minutes pour les 30 de l'Arctic"

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    Le 19 octobre, manifestation à Moscou avec Greenpeace pour demander la libération des "30 de l’Arctique", toujours emprisonnés en Russie. Photo AFP

    Trente militants de l'association écologiste internationale Greenpeace sont retenus en détention provisoire en Russie, à Mourmansk, depuis le 19 septembre dernier. Mardi 22 octobre, pour obtenir leur libération et alerter l'opinion publique, l'ONG lance à Bordeaux une nouvelle action : une mobilisation hebdomadaire, baptisée "30 minutes pour les 30 de l'Arctic". 

    "Sauvons l'Arctique"

    Depuis le mois d'avril, l'ONG mène campagne contre l'exploitation de pétrole dans l'Arctique : "Save the Arctic" (en Français, "Sauvons l'Arctique"). L'océan arctique et son littoral constituent un éco-système particulièrement fragile, très convoité par de puissants groupes industriels pour leurs possibles gisements pétroliers, rendus plus facilement exploitables par le réchauffement climatique. Selon les écologistes, les conditions météorologiques difficiles de la région y rendent les forages particulièrement vulnérables et les secours seraient très difficiles à mettre en œuvre en cas d'accident. Une marée noire, jamais simple à maîtriser, prendrait un tour rapidement catastrophique pour l'environnement dans l'Arctique.

    greenpeace,prison,arctique,lutte,forage,réchauffement climatiqueArrêtés le 18 septembre

    Le 18 septembre dernier, l'équipage de Greenpeace embarqué sur l'"Arctic Sunrise", envoie deux grimpeurs sur la plateforme pétrolière du géant russe Gazprom, pour tenter de retarder les forages pétroliers russes en Mer de Barents, dans l'Arctique. Ils sont arrêtés (photo ci-contre), ainsi que l'équipage du bateau, par des gardes côtes russes qui les ramènent sous bonne escorte à Mourmansk, où ils sont placés depuis en détention provisoire dans l'attente d'un jugement. Selon Vladimir Poutine, le dirigeant russe, ils ont "enfreint le droit de la mer". Voilà pour le "crime" des "30 de l'Artic".


    Le comité d'enquête russe diffuse des images de... par lemondefr

    pisanu.jpgQuinze ans de réclusion, les droits de l'homme bafoués

    Accusés d'actes de piraterie en bande organisée, les "30" encourent une peine de quinze ans de réclusion maximale, au terme d'un procès prévu le 24 novembre. Parmi eux, un Français : Francesco Pisanu (photo ci-contre). Qualifiés en Occident d'"atteintes aux droits de l'homme", leur arrestation et leur emprisonnement créent la polémique depuis un mois et tourne au bras de fer diplomatique. Onze lauréats de prix Nobel ont lancé un appel à Vladimir Poutine afin que les charges pesant sur les militants soient abandonnées. Vendredi dernier, le 19 octobre, une manifestation en faveur de Greenpeace a eu lieu dans la capitale russe. L'Allemagne, par la voix de sa chancelière, Angela Merkel, a fait part de son "inquiétude" au chef du Kremlin. Les Pays-Bas, pays d'immatriculation du "Sunrise", le brise-glace de Greenpeace, qui ont engagé une procédure juridique contre la Russie au titre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, font l'objet de tracasseries diplomatiques de la part de Moscou. La compagnie italienne d'énergie, Eni, qui a noué une alliance stratégique avec Gazprom, a demandé à son partenaire d'examiner le cas du militant italien, Cristian d'Allesandro. En vain.

    Une affaire stratégique pour la Russie et Poutine

    A ce jour, toutes les demandes de libération sous caution des militants formulées par les avocats de l'ONG présents sur place à Mourmansk depuis le début de la crise, ont été rejetées. Aucune détente n'est en vue, dans une affaire éminemment politique et stratégique pour la Russie, qui refuse que l'on mette le nez dans ses projets d'exploitation pétrolière en Arctique. Cerise sur le gâteau, le comité d'enquête russe a récemment affirmé avoir découvert de la drogue à bord du "Sunrise". Manipulation policière ou pas, cela pourrait en tout cas valoir aux activistes un nouveau chef d'inculpation...

    "Vigie hebdo"

    A partir de cette semaine, le groupe bordelais de l'ONG se mobilisera tous les mardi, de 18 h30 à 19 h 30, place du Parvis des Droits de l'Homme, rue des Frères Bonies, jusqu'à la libération de leurs camarades emprisonnés. Premier rendez-vous,le mardi 22 octobre, pour une protestation silencieuse où seront brandis les portraits des "30 de Mourmansk" et des affiches de soutien. L'opération bordelaise "Vigie hebdo" qui appellera à signer une pétition adressée à l'ambassade de Russie en France, a déjà le soutien d'Amnesty International, de  la Ligue des Droits de l'Homme 33, des Amis de la Terre 33 et de la Maison de nature et de l'environnement.

    Selon Patrick Maupin, porte-parole de Greenpeace à Bordeaux, si rien ne bouge d'ici là, l'ONG envisage d'organiser une journée nationale de soutien le 23 novembre prochain, la veille du procès.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Greenpeace Bordeaux: cliquer ICI
    • La pétition sur internet de Greenpeace, pour obtenir la libération de l'équipage de l'"Arctic Sunrise"  : cliquer ICI
    • "Save the arctic" : cliquer ICI
  • L'Etat va prolonger le nucléaire français de dix ans : décryptage d'une décision paradoxale

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    La durée de vie des réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais, en  Gironde, sera  prolongée de dix ans,  selon le JDD du 13 octobre. Photo archives Sud Ouest / Laurent Theillet

    Entre 2020 et 2013, plus de 80% des 58 réacteurs nucléaires français atteindront leur durée limite d'exploitation de quarante ans. La décision de prolonger de dix ans leur durée de vie, est prise et devrait être annoncée bientôt, selon une information publiée le 13 octobre par le Journal du Dimanche.

    Une décision surprenante, compte tenu de l'ambition affichée par le gouvernement de réduire la part du nucléaire dans le système électrique tricolore de 75% à 50% à l’horizon 2025. Et, en outre, en contradiction avec l'opinion publique : selon un sondage BVA réalisé les 19 et 20 septembre dernier, 53% des Français sont prêts pour une sortie progressive du nucléaire. Surtout s'il devient de plus en plus cher, comme tous les indicateurs le laissent prévoir. Décryptage.

    fessenheim afp.jpgUne affaire entendue et "actée"

    Au total, 48 des 58 réacteurs nucléaires en activité sur le sol français ont été mis en service entre 1978 et 1989, ce qui induit en théorie une fin de vie pour certains dès 2018, comme pour Fessenheim (Haut-Rhin), la doyenne des centrales entrée en activité en 1978. François Hollande s'est engagé à la fermer dès 2016, pour un démantèlement possible en 2018. Mais aussi, dans la région Sud Ouest, le Blayais (1981 à 1983) et Golfech (1982). Selon le JDD, l’Etat veut allonger la durée d’exploitation des 58 réacteurs composant les 19 centrales du pays de quarante à cinquante ans : la décision "pourrait être officialisée" à l’occasion d’un conseil de politique nucléaire prévu le 15 novembre prochain. Selon les diverses sources citées par le JDD, c'est une affaire entendue et "actée". Le gouvernement ne cherche que "le bon timing politique" pour l'annoncer et elle sera "prise avant la fin de l’année".  Enfin, si "rien n’est officiel" pour l’instant, "c’est inéluctable", confirme une troisième source au journal. Une quatrième, à Bercy, explique "qu’on aura du mal à s’en passer [de la décision de prolonger les centrales nucléaire, NDLR] d’autant que son impact financier profitera aux consommateur".

    ayrault pas souriant.jpgUn bol d'air pour EDF ou une bonne affaire financière pour l'Etat ? 

    EDF s’est refusé à tout commentaire en rappelant seulement que rien n'est décidé et que ce sera au conseil d'administration où siège l'Etat, de trancher. L'allongement d’exploitation pourrait permettre à EDF d’améliorer ses profits et donc d’augmenter les dividendes déjà importants versés par l’électricien à l’Etat, qui est son actionnaire à 84%. EDF, très endettée, pourrait en effet dégager environ 800 millions d'euros de marges supplémentaires par an. L'entreprise publique amortirait en effet le coût du parc nucléaire sur cinquante ans, au lieu de quarante et gagnerait dix ans de plus pour étaler ses charges.  Quant à l'Etat, il serait bénéficiaire de retombées financières pendant dix années supplémentaires : le chiffre de 2 milliards d'euros par an est avancé. Pour tenter de rallier les écologistes à ce choix, Jean-Marc Ayrault a annoncé en septembre, que le nucléaire participerait au financement de la transition énergétique, pour 1 milliard d'euros par an.

    philippe martin souriant.jpgAlors, c'est qui le boss du nucléaire? Le ministre de l'Ecologie ou  EDF?

    En matière de nucléaire, qui décide vraiment ? Selon le ministère de l’Ecologie, "il n’y a qu’une seule personne qui pilote ce dossier au gouvernement, et c’est le ministre de l’Ecologie Philippe Martin". Fin septembre, dans la foulée de la Conférence environnementale qui avait entretenu un certain flou sur le sort du nucléaire dans la transition énergétique, le ministère avait évoqué "une demande d’EDF" concernant un amortissement sur 50 ans des centrales nucléaires: "L’amortissement sur 50 ans en moyenne des centrales nucléaires est une demande d’EDF. L’Etat ne s’est pas prononcé sur ce sujet. Aujourd’hui, seules l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et EDF décident de la prolongation des centrales", avait alors souligné le ministère. A peine un mois plus tard, on apprend que tout est déjà dans les rails... Voilà qui manque de clarté. Et de transparence.

    chevet.jpgQue va dire l'ASN?

    Le véritable boss, normalement, ce n'est ni l'Etat, ni EDF, mais l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a le dernier mot sur la sécurité. Si EDF peaufine bien un plan visant à prolonger de 40 jusqu’à 50 ou 60 ans la durée de vie de ses centrales et à améliorer leur sûreté après la catastrophe de Fukushima au Japon, le patron de la haute autorité de sûreté nucléaire, Pierre-Franck Chevet,  ne s’est pas encore prononcée sur une telle extension. En 2009, elle avait validé le principe d’une exploitation jusqu’à 40 ans des réacteurs, sous réserve toutefois que chacun réponde à ses exigences de sûreté et du résultat des visites décennales. L’ASN peut autoriser ou non au terme de ces contrôles approfondis un réacteur à fonctionner dix ans de plus et, éventuellement, imposer des travaux de rajeunissement plus ou moins lourds.

    nucleaire edf.jpgLes coûts exorbitants du nucléaire

    S'il est présenté comme une source de revenu pour l'Etat en cas de prolongement de l'activité des réacteurs, le nucléaire représente pourtant avant tout des coûts exorbitants, mis en pleine lumière par la catastrophe de Fukushima survenue en 2011 au Japon. Le coût du futur réacteur nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche) est estimé à 8,5 milliards d'euros et le prix du mégawattheure de l'électricité qu'il produira atteindrait 90 €, selon la Cour des comptes. 188 milliards d'euros ont déjà été investis pour construire le parc nucléaire actuel et les installations de base qui  y sont associées. Un accident majeur dans une centrale nucléaire française, dont personne ne peut, hélas, exclure l'éventualité, coûterait selon l'IRSN, 430 milliards d'euros. Quant au prolongement de la durée de vie des 58 réacteurs français, s'il est prévu qu'il rapporte, il va aussi nécessiter de la part d'EDF 55 milliards d'euros d'investissement, d'ici à 2025. Enfin, le coût du nucléaire, c'est aussi 1,3 million de m3 de déchets radioactifs à stocker... Il n'y a pas besoin d'avoir fait Polytechnique pour s'interroger sur le caractère rentable de la prolongation de la vie des réacteurs.

    edf facture.jpg53 % des Français prêts à sortir du nucléaire

    Pas vraiment d'accord, les écologistes sont déjà montés au créneau. Le sénateur EELV Ronan Dantec a dénoncé récemment tout "deal" qui verrait le gouvernement allonger la durée de vie des centrales au prétexte de dégager des ressources supplémentaires pour la transition énergétique. Quant au député écologiste Denis Baupin, il a réagi dès dimanche en indiquant au JDD: "on n’acceptera pas d’allonger la vie des centrales à 50 ans ". Mais il y a plus important : les Français sont en phase avec les écologistes. S'ils sont majoritairement favorables à la production d’énergie par des centrales nucléaires, selon un sondage exclusif de BVA, publié par le Parisien le 27 septembre dernier, 53% d'entre eux sont aussi favorables à une sortie progressive du nucléaire. Et le timing initial de François Hollande sur ce point leur convient.  Si l'atome a longtemps été le garant, pour la majorité des personnes interrogées, d'une électricité bon marché, nos concitoyens ont conscience du poids qu'il fait peser de plus en plus sur leur facture énergétique. La sécurité et l'environnement sont aussi des sujets de préoccupation importants pour eux.

    transition énergétique,centrales nucléaires,cout,électricité,réacteur,sécurité,asn,edf,irsnDommage

    La part de l'atome dans la production d'électricité française est toujours de 75 %. Le sondage BVA aurait dû rassurer François Hollande, élu notamment sur sa promesse de réduire l'importance de l'énergie atomique. Et son gouvernement, aurait pu, une fois n'est pas coutume, porter un projet qui aurait obtenu l'adhésion de la population : sortir progressivement du nucléaire en amorçant concrètement la transition énergétique.  Si les centrales nucléaires françaises repartent pour dix ans ou vingt ans de plus, ce rendez-vous sera raté. Dommage.

    Cathy Lafon

    ►PLUS D'INFO

    • "Les Français et le nucléaire",  sondage BVA-Parisien du 27 septembre 2013,  : cliquer ICI

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