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Nature - Page 368

  • "SOS Littoral" : le cri d’alarme de "Sud Ouest"

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    La plage de Mimizan (Landes) submergée de déchets, après le passage de la tempête Christine. Le 5 mars 2014, photo Sud Ouest / Fabien Cottereau

     "Sud Ouest" lance aujourd'hui l'opération : "SOS Littoral".  Après les tempêtes à répétition qui ont frappé cet hiver le littoral atlantique avec une violence inouïe, faisant reculer par endroit le trait de côte de 20 mètres, après les milliers d'oiseaux marins échoués et les  tonnes de déchets rejetés sur les plages océanes dans des quantités hallucinantes, "Sud Ouest" accompagne et soutient les Initiatives Océanes de la fondation Surfrider. Du 19 au 23 mars, comme chaque printemps, l'ONG organise de grandes collectes de déchets. Il y en a près de 800 cette année, sur tout le littoral. Parrainées par Bixente Lizarazu, elles ont pour thème : "Jeter par terre, c'est jeter en mer".

    Au delà de cet engagement en faveur de la lutte contre la pollution des océans, "Sud Ouest" veut ouvrir une grande réflexion sur l'avenir de la côte océane, un patrimoine naturel d'une beauté et d'une richesse exceptionnelles, qui nous appartient à tous.

    yves harte.jpgYves Harté, directeur de l'information, explique à Ma Planète, le blog écolo de "Sud Ouest",  le sens et les modalités de cet engagement écolo et citoyen.

    "SOS Littoral",  le cri d’alarme de "Sud Ouest"

    Quand les vagues se sont retirées, quand la mer a retrouvé son calme, il a fallu se rendre à l’évidence. L’Océan avait dévoré la côte.

    Apparemment, rien de nouveau depuis des siècles. Rien qui n’aurait changé des grands cycles naturels, de ces longs et terribles mouvements qui opposent eau et sable, terre et mer. À peine, trop orgueilleusement, avait-on cru vaincre ces arènes mouvantes, comme les appelait Montaigne, ces grandes dunes de sable qui ensevelissaient des villages et des dunes, et que Brémontier avait fixées à force de plans d’oyats et de pins maritimes pour freiner leur avancée.

    erosion montalivet.jpgMais c’était compter sans la montée des eaux et ce que l’homme, un jour, a laissé surgir du fond de son inconséquence. Les villes bâties sur du sable. Et un océan surchauffé.

    " Sud Ouest ", dès le premier jour, s’est retrouvé en première ligne. Logique. Notre journal est le journal des quatre départements du front de mer. Nos reporters et nos agences ont suivi, jour après jour, cette incroyable érosion. Ces montées des eaux. Ces monceaux de terre avalés. Ces jetées brisées comme de minces briques. Et ces bâtiments hors d’eau sur lesquels les vagues sont venues buter.
    Aujourd’hui, de l’île de Ré à Anglet, la mer reprend des sols qu’elle avait abandonnés, lèche des falaises de sable et d’alios.

    erosion capbreton.jpgOn pourrait se contenter de ce constat. Nous ne le souhaitons pas. Dès aujourd’hui, nous lançons une grande opération, "SOS Littoral". Tout d’abord en accompagnant la Surfrider Fondation, qui fut la première à dénoncer le dépotoir que nous avions confié à la mer et que cette dernière nous renvoie tous les hivers. Nous accompagnerons les bonnes volontés rassemblées pour ces grandes collectes des déchets qui jonchent les plages de la région.

    Mais cela ne suffira pas. Jusqu’à l’été et au-delà, nous lancerons une grande réflexion, ouverte dans nos colonnes, sur les sujets dont il est essentiel de s’emparer.

    "Sans tabou"

    Faut-il aménager d’autres villes côtières ? Peut-on vivre intelligemment avec un océan qui change plus vite que nous ne saurions nous adapter ? Ne faut-il pas imaginer une autre vie en bord de mer ? Nous poserons les questions sans tabou. Elles seront ouvertes aux contributeurs de tous les horizons et déboucheront, dès juin, sur des débats que nous organiserons dans les départements qui ont, de plein fouet, subi la fureur de l’océan.

    " SOS Littoral ". C’est le cri d’alarme dont " Sud Ouest " veut désormais être le porte-voix.

    Yves Harté

    ►ENVOYEZ VOS CONTRIBUTIONS AU DEBAT "SOS Littoral" en laissant un commentaire au bas de l'article, ou en cliquant ICI .  Participez à l'opération sur twitter avec le mot dièse : #SOSlittoral

    Illustrations : les stations balnéaires de Montalivet (Gironde) et de Capbreton (Landes) après la tempête Christine. Photos "Sud Ouest."

    SUR INTERNET

    • Le site des Initiatives Océanes de  Surfrider : cliquer ICI

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  • La France interdit la culture du maïs transgénique MON 810

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    Avec l'interdiction, le 15 mars 2014, de la culture du maïs transgénique MON 810 en France, les opposants à la culture des OGM viennent de marquer un point. Photo archives AFP

    L'interdiction des OGM sur le territoire français continue son petit bonhomme de chemin. Samedi 15 mars, la France a interdit par arrêté la culture des maïs OGM et donc celle du MON 810 de Monsanto.

    le foll.jpgEn attendant la loi, le "principe de précaution" s'applique

    Si la France avait interdit le MON 810 dès 2008, puis de nouveau en 2012, le Conseil d'Etat, saisi par les pro OGM, a annulé le moratoire en août dernier, pour non conformité au droit européen, rouvrant la voie à son utilisation. L'Hexagone entend néanmoins privilégier le "principe de précaution" dans l'attente que la loi interdisant plus largement toute culture de maïs transgénique soit débattue à l'Assemblée le 10 avril prochain, à la reprise des débats parlementaires après les élections municipales. "La commercialisation, l'utilisation et la culture des variétés de semences de maïs issues de la lignée de maïs génétiquement modifié MON 810 (...) sont interdites sur le territoire national jusqu'à l'adoption (...) d'une décision définitive" et des mesures communautaires, stipule ainsi l'arrêté du 14 mars 2014 publié au Journal officiel du 15 mars. Cette décision avait été annoncée le mois dernier par Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture qui souhaitait sécuriser le débat entre pro et anti-OGM avant les premiers semis.

    ogm j'en veux pas.jpg"Risques graves pour l'environnement"

    L'arrêté, s'appuyant sur l'"urgence" de la situation, estime que "le principe de précaution justifie l'adoption de mesures restrictives". Le texte indique également qu'"au vu de données scientifiques fiables et de résultats très récents de la recherche internationale, la mise en culture de variétés de semences de maïs MON 810 sans mesures de gestion adéquates présenterait des risques graves pour l'environnement ainsi qu'un danger de propagation d'organismes nuisibles devenus résistants".

    manif montardon anti ogm.jpgLes pro-OGM "respecteront" le droit

    L'OGM visé, le MON 810, résiste à la pyrale, un insecte qui ravage les cultures, principalement en Midi-Pyrénées ou en Aquitaine. Aussi, le ton est-il monté dès vendredi dans les Pyrénées-Atlantiques, avec l'occupation par une quarantaine de "faucheurs volontaires" du siège social de l'association générale des producteurs de maïs (AGPM) (photo ci-dessus) favorable au maïs OGM. La météo clémente des dernières semaines a permis aux champs de sécher et les premiers semis de maïs ont débuté depuis quelques jours. Le directeur général de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM), Luc Esprit, a toutefois indiqué que les producteurs "respecteront le droit" et ne planteront pas d'OGM si cela est interdit même s'il jugeait que "les différentes solutions, si elles sont intéressantes pour les producteurs, doivent exister".

    bové.jpgJosé Bové se réjouit de la décision française mais s'inquiète de législation européenne

    Comme de juste, le leader  historique des anti-OGM, José Bové, a salué la publication de cet arrêté, estimant que "c'était la seule façon de pouvoir interdire les OGM dans les champs en 2014". "On voit bien que certains lobbies vont essayer de faire pression et d'attaquer cette décision mais ça ne changera rien pour cette année", s'est-il réjouit. Reste, pour l'eurodéputé écologiste, la question de la pérennisation du cadre juridique au-delà de 2014. "On voit bien aujourd'hui que la législation européenne n'est pas satisfaisante", regrette-t-il. Selon José Bové, "la commission cherche à amoindrir l'évaluation (des OGM) et renvoyer la responsabilité vers les Etats, ce qui aurait des conséquences dangereuses au niveau du doit international car chaque pays pourrait se faire attaquer par l'OMC (Organisation mondiale du commerce)".

    L'Europe examine le cas du MON 810

    Le renouvellement d'autorisation du MON 810 est actuellement en cours d'examen par l'Union européenne, avec, en parallèle, des discussions pour revoir le processus d'évaluation des OGM. Le compromis en discussion permet à chaque Etat d'interdire la culture d'un OGM sur tout ou partie de son territoire pour des raisons autres que la santé et l'environnement, comme l'ordre public, l'aménagement du territoire ou la lutte contre la dissémination.

    Un sujet qui ne manquera pas de mettre de l'animation dans la campagne électorale à venir des Européennes.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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    • Les articles de Ma Planète sur les OGM : cliquer ICI
  • Oiseaux mazoutés. Dégazages ou épaves : quels sont les responsables de la pollution aux hydrocarbures ?

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    Un Macareux moine échoué sur une plage de l'île de Ré Photo Sud Ouest / Xavier Léoty

    15% des oiseaux échoués sur le littoral atlantique depuis fin janvier sont mazoutés. Bien décidée à ce que la source de la pollution marine soit identifiée, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a décidé de porter plainte contre X auprès du tribunal de Brest le 13 mars.   De son côté, l'ONG environnementale Robin des Bois dénonce les épaves marines non surveillées, aux cargaisons de pétrole susceptibles de fuir et de causer des pollutions aux hydrocarbures. Le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions) a été missionné pour faire des analyses et une enquête judiciaire est actuellement en cours.

    mazout.jpgHécatombe historique

    Cet hiver, plus de 38.000 oiseaux, principalement des alcidés (le Macareux moine, le Guillemot de troïl et le Pingouin torda) se sont échoués sur les plages européennes, dont environ 30.000 en France et 7.500 en Espagne et en Grande-Bretagne. Les tempêtes à répétition sont responsables de cette hécatombe historique, mais pas que.  Pour la LPO, les intempéries ont bon dos. L'association l'a constaté, la pollution par les hydrocarbures a également tué un grand nombre d'oiseaux. 

    Le CEDRE enquête

    Depuis plus de trois semaines, le littoral atlantique est touché par d’importantes arrivées de boulettes de pétrole, de la Charente-Maritime à la Bretagne. Pour le CEDRE qui l'analyse, ce pétrole porte la même signature chimique, où qu'il soit récupéré. Autre indice, le fioul semble avoir séjourné peu de temps en mer et pour l'organisme, les analyses montrent que les échantillons étudiés ne correspondent à aucune des marées noires bien connues qui ont affecté la zone au cours des dernières années : "Erika" (1999), "Prestige" (2002, au large de l'Espagne) et "TK Bremen". 

    Les épaves en cause ?

    Selon l'association écologiste Robin des Bois, qui évoque aussi dans un communiqué de presse des arrivages diffus d’hydrocarbures plus au sud, jusqu'aux Pyrénées-Atlantiques, ces résidus ne proviendraient pas uniquement de dégazages, mais pourraient être rejetées par une ou plusieurs épaves abandonnées et insuffisamment surveillées, comme celles de l’"Erika", avec ses 19.800 tonnes de pétrole, ou de l’"Union Neptune" (2011). L'ONG estime que l'on peut ainsi suspecter plusieurs dizaines d’épaves, car plus elles vieillissent, plus elles sont fragiles et susceptibles de fuir en libérant dans l’environnement les vieux fiouls de propulsion jusqu’alors confinés et oubliés.  Et quand les tempêtes les chahutent, comme cet hiver, on peut craindre le pire. Il en existe plus de 4.000 au large des côtes françaises : pétroliers, navires de guerre, bateaux de pêches, chimiquiers, avions, sous-marins... Un potentiel de pollution considérable.

    le foucault.jpgLe "Foucault", près de l'île de Ré

    A titre d’exemple, l'ONG rappelle que l’épave du paquebot "Foucault" (photo ci-contre), bombardé en juin 1940, sur la plage de "Sablanceaux", sur  l'île de Ré (Charente-Maritime), a commencé à fuir en l’an 2000. La frégate "Laplace", navire météo d’assistance à l’aviation et la marine marchande, naufragé en 1950 près du Cap Fréhel,  a commencé à fuir 50 ans après ; l’épave du "Peter Sif", naufragé en 1979 en face d’Ouessant, a commencé à fuir en 1998.

    Des épaves potentiellement polluantes et dangereuses

    C'est l'occasion pour l'ONG de tirer la sonnette d'alarme sur le dossier explosif des épaves potentiellement polluantes et dangereuses, dont l'étude de la dépollution et de la sécurisation constituaient l'un des engagements non tenus du Grenelle de la Mer (2009). Robin des Bois pointe un autre engagement du Grenelle qui a bien été pris, mais n'est pas respecté : l’Etat français s’engageait à ratifier la Convention de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) sur l'enlèvement des épaves. Cette convention qui préconise le renflouement et l'enlèvement des épaves dangereuses pour la sécurité maritime ou l’environnement n'a été ratifiée à ce jour que par neuf pays : l’Allemagne, la Bulgarie, le Royaume-Uni, l’Iran, l’Inde, la Malaisie, le Maroc, le Nigéria et Palau (Océanie). Pour qu'elle entre en vigueur, dix signatures sont nécessaires. D'où l'importance crucial de la signature de la France. 

    armes chimiques fond des mers.jpgDes bombes à retardement

    Les analyses du CEDRE devraient permettre d'en savoir plus. Ce qu'il y a de sûr, c'est que les épaves de bateaux et de sous-marins, avec les carburants et les déchets toxiques et dangereux qu'elles contiennent parfois, constituent de vraies bombes polluantes à retardement. Tout comme ces armes chimiques, jetées en pleine mer après la fin de la deuxième guerre mondiale, scandale révélé récemment  par le documentaire d'Arte, "Armes chimiques sous la mer". Ou encore ces fûts de déchets nucléaires, immergés dans l'océan jusqu'au début des années 1990 : près des côtes d'Europe reposent ainsi plus de 100.000 tonnes de déchets radioactifs oubliés.

    Deuxième certitude : quelle que soit leur origine, les résidus de pétrole qui s'abattent depuis plusieurs semaines sur le littoral Atlantique contribuent à la mortalité des oiseaux de mer et à la dégradation de l’environnement marin.

    Troisième et dernière certitude : la mer est bel est bien toujours une poubelle.

    Cathy Lafon

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