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Nature - Page 346

  • Pourquoi les plantes invasives sont-elles dangereuses pour la planète ? Réponse ce mardi sur Arte

    ambrosie.jpg

    Originaire d'Amérique du Nord, l'ambroisie colonise la France et l'Europe, entraînant asthme et réactions allergiques. Photo DR

    Arte ouvre un nouveau dossier noir et s'attaque à la racine à la question des plantes invasives dans un documentaire diffusé mardi 22 juillet, à 10h20. La flore européenne est menacée par des espèces exotiques invasives, qui prolifèrent de façon exponentielle et accaparent les habitats traditionnels des plantes endémiques. Quelles sont ces plantes et comment maîtriser leur expansion massive dans nos régions ?

    berce.jpgJolies mais nocives pour l'homme

    Si la berce du Caucase (photo ci-contre), le séneçon du Cap ou l’ambroisie sont bien agréables à regarder, ces
    plantes exotiques, introduites en Europe centrale au cours des siècles derniers, sont pourtant nuisibles. Envahissantes, elles représentent une menace pour l’équilibre des milieux naturels locaux, en accaparant l’espace vital des plantes indigènes. Elles sont également nocives pour l’homme. Le pollen de l’ambroisie déclenche en effet des allergies extrêmement handicapantes. Selon les prévisions des chercheurs, cette plante occasionnera à elle seule des dépenses de santé de plusieurs millions d’euros.
    Des champs allemands jusqu’à la côte atlantique française en passant par le plus ancien jardin botanique de France, à Montpellier, des spécialistes de toute l’Europe analysent les conséquences de la prolifération des plantes invasives.

    Qu'est-ce qu'une plante invasive?

    Nombre de ces plantes sont originaires de pays lointains et n’ont quasiment pas de parasites naturels en Europe. Et elles sont souvent toxiques. Ces espèces menacent de précieux biotopes en France et en Allemagne. Bien qu'il existe plusieurs définitions des espèces envahissantes, elles sont toujours basées sur quatre critères principaux : l’origine de l’espèce, la capacité de l’espèce à se reproduire en milieu naturel, la dispersion géographique de l’espèce et son impact environnemental. Les conséquences et les impacts des espèces invasives diffèrent selon l’espèce en question et les milieux envahis. Leur position dans les réseaux trophiques et leur capacité de colonisation interviennent sur la nature, l’intensité et l’ampleur des impacts. On distingue généralement les effets écologiques (principalement altération du biotope et atteinte à la biodiversité), économiques et sanitaires.

    Des listes noires

    Leur nombre ne cesse de croitre, Plusieurs organismes publient et mettent régulièrement à jour des listes de ces espèces. Parmi lesquels le Conservatoire Botanique National Méditerranéen (de Porquerolles) qui a établi la liste noire des  Espèces végétales exotiques envahissantes en France méditerranéenne continentale.  La liste identifie les espèces capables de proliférer rapidement et jugées potentiellement dangereuses pour la santé animale, végétale ou celle de l’environnement. Afin de justifier et argumenter les listes d'espèces exotiques envahissantes, les scientifiques ont mis en œuvre un système de hiérarchisation des espèces reposant sur l'analyse du risque encouru par l'environnement lors d'introduction d'espèces exotiques. L'analyse de risque utilisée ici est l'analyse développée par Weber & Gut (Weber, 2004) qui considère 3 niveaux de risques (faible, intermédiaire et fort) pour l'environnement si l'espèce se naturalise. Elle est basée sur une série de 12 questions portant essentiellement sur la biologie et la biogéographie de l'espèce. Les espèces de la liste noire sont celles dont le score est supérieur à 28. Cette liste, en constante évolution, fait l’objet d’actualisations régulières.

    Le coût des dommages  causés par les plantes invasives est énorme

    Douze milliards d’euros : c’est, selon la Commission européenne, le coût annuel des dommages causés aux États membres par les espèces exotiques envahissantes. Selon Bruxelles, 12.000 espèces allochtones ont été recensées en Europe. 15% sont «envahissantes», au sens de la Convention sur la diversité biologique : «Espèce introduite par l’homme hors de son aire de répartition naturelle, volontairement ou accidentellement, dont la propagation menace la biodiversité et peut avoir des impacts négatifs sur l’économie et-ou la santé.»

    L'Europe veut lutter contre les espèces exotiques invasives...

    L’Europe va se doter d’ici à 2016 d’un cadre juridique pour lutter contre ce phénomène. Importation, commerce, utilisation ou libération dans la nature des végétaux, animaux et micro-organismes recensés seront interdits. Les Etats devront analyser les canaux d’entrée de ces envahisseurs et établir des sanctions pour les contrevenants. Ils devront aussi prendre des mesures de gestion pour les espèces trop largement répandues pour pouvoir être éradiquées. La «liste noire» européenne a été  avalisée par le Parlement européen début avril.

    ... et la France aussi

    Une nouvelle proposition de loi pour lutter contre les plantes invasives devrait être présentée à l'automne à l'Assemblée nationale afin d'améliorer l'efficacité de la réglementation française actuelle. C'est ce qu'a annoncé à la presse Alain Moyne-Breyssand, député de l'Isère et président du comité parlementaire de suivi du risque ambroisie et autres plantes invasives, le 3 juin dernier.

    Cathy Lafon

    ►A VOIR

  • 7ème Continent : "Il y a de la vie dans les déchets plastique!"

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    Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS à l'Université Paul Sabatier, étudie la pollution transportée par les microplastiques sur l'expédition 7ème Contintent. Dans son laboratoire, elle  fait des analyses par spectrométrie de masse afin de doser ces polluants. Photo 7ème Continent.

    De retour de l'expédition 7ème Continent conduite par Patrick Deixonne en mai dernier, Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS, poursuit les études sur les morceaux de plastique échantillonnés dans le gyre de l'océan Atlantique Nord.

    plasfifere.jpg"La plastisfère"

    Les débris de plastique offrent un habitat artificiel à des organismes mircroscopiques et peuvent les transporter et les disperser sur de très grandes distances, comme l'ont révélé des travaux américains en 2013.  Les auteurs ont appelé cet ensemble de microbes "la plastisfère". C'est un nom assez poétique... En réalité les scientifiques ne savent pas encore quel pourrait être l'impact de ces microbes sur l'écosystème marin. L'un des objectifs scientifiques de l'expédition 7ème Continent est justement d'en savoir plus sur le sujet.

    Premières images en microscopie électronique des fragments de plastique du 7ème continent

    C'est au laboratoire des Interactions Moléculaires et Réactivité Chimique et Photochimique (IMRCP) de l'Université Paul Sabatier de Toulouse qu'Alexandra Ter Halle du CNRS et son équipe s'attèlent à analyser les échantillons de plastique qu'ils ont rapportés du cœur du gyre de l'Atlantique Nord avec l'expédition 7ème Continent.  Les chercheurs ont réalisés des images de microscopie électronique à balayage au Centre toulousain de Microscopie Electronique Appliquée à la Biologie (CMEAB) à la Faculté de médecine Rangueil. Et leurs premières découvertes confortent celles de leur collègues américains: "Comme le montrent ces photos colorisées, les débris de plastique sont très colonisés! On retrouve par exemple des bactéries, des ciliés (organismes eucaryotes unicellulaires possédant des cils vibratiles) ainsi que des diatomées (micro-algues unicellulaires)..." explique Alexandra Ter Halle.

    plastifère 3.jpgLe travail des scientifiques est loin d'être terminé. Les investigations doivent se poursuivre avec des scientifiques spécialistes de ces communautés microbiennes dans l'équipe "Microbiologie de l'environnement et bioinformatique" du Laboratoire Microorganismes Génome et Environnement (LMGE) de Clermont-Ferrand. Ces derniers procéderont à la caractérisation génétique de ces microorganismes afin de mieux les connaître pour pouvoir mesurer leurs impacts sur la biodiversité.

    Cathy Lafon
     
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  • Biodiversité : en France, la guerre du loup n'a pas de fin...

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    La France en veut à ses loups. Photo archives AFP

    Dans le cadre du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l’Assemblée nationale a autorisé le jeudi 10 juillet les éleveurs à abattre des loups dans certaines zones du territoire et à certaines conditions. La Convention de Berne de 1979, signée par la France, classe en effet les loups en espèce strictement protégée. Une protection renforcée par la directive Habitat faune-flore de 1992. Mais en cet été 2014, l'Hexagone veut à nouveau en découdre avec ses loups, au grand dam des écologistes.

    L'arsenal législatif contre le "canis lupus" renforcé

    Les mesures destinées à faciliter les abattages des loups votées par les députés, découlent d’un amendement au projet de loi sur l’avenir de l'agriculture, introduit au Sénat, retouché ensuite en commission à l’Assemblée via un amendement du gouvernement. L’amendement du Sénat prévoyait notamment qu’en cas d’attaque, l’éleveur soit autorisé à tuer des loups pour une durée de six mois sur le territoire de sa commune. Le gouvernement a fait adopter en commission à l’Assemblée un amendement pour être en conformité avec le droit européen notamment en autorisant l’abattage des loups dans des zones de protection renforcée, délimitées par les préfets, pour une durée maximale d’un an lorsque des dommages importants sont constatés pour les activités pastorales.

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageRenégocier la convention de Berne ?

    Le seul changement apporté dans l’hémicycle, via le vote d’un amendement UMP ayant le feu vert du gouvernement et du rapporteur, précise que cela concernera l’élevage et non le seul pastoralisme, qui a cours principalement dans les zones de montagne. Un plafond d’abattage sera fixé pour chaque zone de protection renforcée dans le respect d’un plafond national. "On renforce comme jamais l’arsenal législatif qui va permettre aux éleveurs de se protéger beaucoup mieux" et c’est "d’un commun accord avec la ministre de l’Ecologie et en cohérence avec le plan loup", a commenté le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll  qui a ajouté : "Au-delà, il faudrait renégocier la convention de Berne mais aujourd’hui il n’y a pas de majorité pour le faire".

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageSégolène Royal, ministre des éleveurs...

    Sur la même ligne que Stéphane Le Foll, le 20 juin, Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, a lancé une consultation électronique ouverte au public jusqu'au 11 juillet, sur un projet d'arrêté autorisant les chasseurs à organiser des tirs de prélèvement du loup, à l'occasion de chasses ordinaires dans 57 communes des départements des Alpes Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence, de Savoie et du Var. En dépit de l'avis du  Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) qui avait rendu un avis négatif à propos du premier texte plus restrictif et sans attendre les résultats de la consultation, le samedi 28 juin, elle a déjà signé deux arrêtés pour renforcer le plan national loup 2013-2017. Le premier reprend le plafond de 24 loups maximum pouvant être abattus en France dans les douze prochains mois, à titre dérogatoire. Mais ce plafond pourra être porté à 36 quand 20 loups auront été éliminés. Le second porte de 14 à 20 les départements dans lesquels des tirs de prélèvement peuvent être autorisés par les préfets en cas d’attaques avérées sur les troupeaux. Est concerné un grand quart sud-est de la France, allant jusqu’à la Meuse et la Haute-Marne. 

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageLes écolos vent debout

    On s'en doute, tout cela n'est pas du goût des associations écologistes qui défendent les espèces animales sauvages protégées, dont le loup. "Ségolène Royal chasse une espèce protégée dans un espace protégé. On est rentré dans une hystérie collective. C'est à celui qui en promettra le plus aux éleveurs", s'indigne Pierre Athanaze (photo ci-contre)le président de l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui a déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille ainsi qu'une plainte devant la Commission européenne. Jean-David Abel, responsable du dossier Loup à France nature environnement (FNE) interpelle l'Etat, qui "doit s' engager clairement, et énoncer pour toutes les parties prenantes, les conditions pour une présence pérenne de l'espèce." Le représentant de la FNE dénonce également la faiblesse du gouvernement, sous pression du lobby des éleveurs dont "l'objectif réel, argumente-t-il, est la régression ou l'éradication de l'espèce... Leurs revendications sont incompatibles avec les engagements internationaux de notre pays."

    Les battues pas suffisamment encadrées

    Naturellement revenus en France au début des années 1990 par l’Italie et durablement installés dans les Alpes, les loups sont encore peu nombreux dans l'Hexagone qui n'en compte que 300, pour 1.500 en Italie et 2.500 en Espagne où leur présence ne semble pourtant pas poser problème. Les loups français s'aventurent logiquement sur de nouveaux territoires: partie orientale des Pyrénées, Massif central, Vosges, Haute-Marne et plus récemment l’Aube et, en dépit de leur petit nombre, ils auraient tué plus de 6.000 animaux d’élevage en 2013, selon le ministère de l’Ecologie. L'an dernier, après un été particulièrement meurtrier, l'Etat avait d'ailleurs autorisé les tirs de prélèvement lors des battues. Mais tous ont été  annulés les uns après les autres par les tribunaux administratifs, saisis par les associations écologistes. Motif : les battues n'étaient pas suffisamment encadrées...

    Les éleveurs mécontents

    Ainsi, lors de ces 12 derniers mois, seuls huit loups ont été abattus malgré le plafond passé de 11 à 24 dans le nouveau plan loup, en raison de la complexité des procédures mais aussi de la difficulté de trouver l’animal sur le terrain. Dans ces conditions, on est en droit de se demander l'intérêt qu'il y a à augmenter encore le nombre de loups que l'on peut abattre... L'association Eleveurs et montagnes pas plus satisfaite que les écolos, dénonce ainsi les arrêtés gouvernementaux "démagogiques" selon elle et réclame un "vaste plan de régulation de l'espèce" en souhaitant "une révision de son statut de conservation". De son côté, excédée, l'ASPAS en est venue à demander, le 15 juillet "le retrait des troupeaux dans les Parcs nationaux, si la cohabitation avec les éleveurs est impossible !"

    Pas de doute : au pays des 400 fromages et des 300 loups, la guerre du "canis lupus" est relancée !

    Cathy Lafon

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