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Nature - Page 343

  • Littoral atlantique : pourquoi y a-t-il encore du sable cet été sur nos plages ?

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    La plage du Porge (Gironde), juillet 2014. Photo Ma Planète

    Cet hiver, l'érosion a fait des ravages sur le littoral atlantique et sur certaines plages de la région, des quantités phénoménales de sable avaient carrément disparu, emportées par une succession hors norme de tempêtes d'une rare violence.

    falaise alios soulac.jpgEn mars dernier, en Gironde, à certains endroit, on ne voyait plus que l'alios affleurer (photo ci-contre, vers Soulac), ailleurs, il n'y avait plus de dunes, mais des falaises abruptes dominant une bande sableuse qui disparaissait à marée haute, comme au Porge. Ailleurs encore, plus de plage du tout, comme à la plage centrale de Lacanau.

    Pourtant, on peut installer à nouveau sa serviette sur la plage cet été. Pourquoi et comment les plages se ré-ensablent-elles ? Ou pas ? Le point avec l'océanographe bordelaise  Virginie Lafon du bureau d'études aquitain Géo-Transfert, une cellule de Transfert de Technologie de l'Adera.

    Un littoral atlantique menacé par l'érosion

    La scientifique campe le décor:  "Pour bien comprendre la question des plages du littoral atlantique, il faut d'abord savoir que le littoral aquitain est fortement sujet à l'érosion et à la submersion marine, et que le changement climatique accentue ces phénomènes". C'est d'ailleurs ce que souligne le rapport "Prévoir pour agir : la région Aquitaine anticipe le changement climatique", piloté par le scientifique Hervé Le Treut et publié en octobre 2013. Pour finir les présentations d'usage : la côte aquitaine fait 270 km de long de l'embouchure de la Gironde à celle de la Bidassoa. De la Pointe de Grave (Gironde) à la Pointe Saint-Martin (Pyrénées- Atlantiques),  plages et dunes sableuses s'étendent sur 230 km. Au sud, les falaises rocheuses de la Côte basque alternent avec des plages sableuses de poche sur 40 km. "Le risque de submersion concerne aussi bien les zones sableuses que rocheuses, mais de manière différente", indique Virginie Lafon.

    Pourquoi le sable s'en va ?

    La perte de sable est un phénomène naturel qui protège en réalité la plage. "Tous les hivers, les plages perdent du sable qui se stocke sous l'eau à quelques centaines de mètres. Ce stock sous-marin permet d'atténuer la houle et protège donc naturellement la plage", explique Virginie Lafon. "L'été à la faveur de houles moins fortes, le sable remonte pour reconstituer la plage. C'est cet équilibre qui permet aux plages de rester stables, grosso modo". Comme quoi, la nature est bien faite. Mais ça, on le savait déjà.

    lacanau reconstruit.jpgLa fragilité des plages bétonnées

    Donc, tout ce sable évacué manu militari par l'océan en furie cet hiver, doit pouvoir remonter ? "Oui, mais peut être pas d'un coup", explique l'océanographe. "D'abord parce que, par endroit, le trait de côte du littoral aquitain a reculé de 10 mètres ou plus, à la suite des tempêtes et houles de l'hiver dernier. Et pas partout. Vous voyez immédiatement le problème d'une plage bétonnée : elle ne peut fournir du sable en stockage sous-marin ce qui auto-alimente sa fragilité... et aussi celle de l'ouvrage bétonné. Et pour autant, chaque hiver, le sable s'en va : il est puisé sur la plage dont le niveau baisse inexorablement." D'ailleurs, dans ce cas de figure, fait remarquer la scientifique, "souvent,  il n'y a même  plus de plage : tout l'estran disparaissant à marée haute". On pense bien sûr à Lacanau, où il a fallu faire de gros travaux pour redonner un front de mer à la cité balnéaire, après les tempêtes hivernales (photo ci-dessus).

    soulac.jpgUne plage naturelle résiste mieux

    La tentation est ensuite de construire des ouvrages pour protéger les plages bétonnées. Mais, selon la spécialiste, au final, latéralement, ils ont toujours des effets néfastes, alors que les plages naturelles, comme celles du Porge, du Grand Crohot, ou du Lion, au sud de Lacanau (Gironde) résistent mieux, car elles s'auto-protègent et finalement la dune peut aussi donner du sable pour les reconstituer. "Bien sûr, ça recule aussi, mais plus doucement. Enfin, sauf pour les zones qui de toute façon reculent trop vite, comme à Soulac, en Gironde (ci-dessus), qui n'est pas bétonnée, mais où le profil naturel est bien souvent en falaise du fait de l'érosion naturelle très intense", complète Virginie Lafon. 

    Cathy Lafon

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    PLUS D'INFO

    Comment lutter contre l'érosion du littoral ?  Parfois, il faut savoir aussi se défendre contre la nature... Contre les assauts des vagues, le ministère de l'Ecologie et du développement durable distingue deux types de techniques. Les techniques dites souples, avec une approche plus environnementale, et les techniques dites dures qui ont la caractéristique de figer le trait de côte. Souvent combinées les unes avec les autres, elles peuvent aussi présenter des inconvénients.

    • Les techniques "souples"

    Conçues pour travailler avec la nature,  elles intègrent la dynamique naturelle du littoral et la mobilité du trait de côte. Parmi elles, le ré-ensablement des plages, largement utilisé, implique l’extraction de sable au large des côtes, et produit à son tour des impacts sur les écosystèmes locaux. Ces techniques  n’offrent généralement pas de solution permanente aux pertes de sédiments. Il est donc nécessaire de connaître les zones à recharger et le profil d’équilibre de chaque plage pour permettre un rechargement optimal. La plantation de végétaux, la pose de rideaux brise-vent, le recouvrement par des branchages végétaux, vise à  fixer les dunes et les protéger du vent. Pour les côtes rocheuses à falaises, instables en raison de la combinaison de nombreux facteurs (érosion marine en pied de falaise, glissements de terrains, écroulement, effondrement), plusieurs techniques sont souvent combinées. Elles consistent à protéger le pied de la falaise, à éliminer les ruissellements et les infiltrations, et à la protéger contre l’érosion de surface. Les récifs artificiels, les atténuateurs de courant à base d’éléments filiformes disposés en épis, ainsi que les pieux hydrauliques sont aussi utilisés pour permettre la dispersion de la houle et limiter l’érosion.

    •  Les techniques "dures"

    Il s'agit là de construire et de mettre en place des ouvrages solides, afin de maintenir le trait de côte ou de modifier l’évolution de sa configuration.  Ce sont soit des ouvrages longitudinaux, qui visent à fixer le trait de côte, constitués le plus souvent de pierres maçonnées et d’enrochements. Soit des ouvrages transversaux, qui favorisent la retenue des sédiments, tels que les épis, les structures en géotextiles, ou les brise-lames. Ces ouvrages, comme pour les techniques dites souples, sont souvent combinés pour optimiser les résultats et ont aussi des impacts sur la configuration des zones du littoral voisines.

  • Mon été en mode écolo. Cinq livres indispensables dans ma valise verte

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    Augustin Berque, auteur de "La mésologie pour quoi et pourquoi ?", au Japon à Shinhama,  près de Sendai, en janvier 1974.  Ce paysage a depuis disparu, rasé par le tsunami du 11 mars 2011. Photo A. Berque

    Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais plus l'année avance et plus les bouquins un peu sérieux que je veux lire s'accumulent : carrément pas le temps ou envie de livres qui détendent et ne parlent surtout pas d'écologie, polars, romans... Et la pile des incontournables écolos qu'il faut avoir lus au risque de passer pour une quiche, monte sur ma table de chevet en tour de Pise. Heureusement, il y a les grandes vacances, l'occasion rêvée pour rattraper sereinement tout ce retard et revenir un peu moins bête à la rentrée de septembre. Alors, dans ma valise, voici ce que j'emporte sur la plage, à la campagne et à la montagne cet été.

    vin bio,viticulture,critique,transition écologique,énergétique,philosophie,jeunesse,vacances1. "La mésologie  : pourquoi et pour quoi faire ?" Un joli petit livre, tout fin, rose, vert et noir, du géographe orientaliste et philosophe Augustin Berque, directeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, où il enseigne la mésologie. Oui, mais qu'est-ce et surtout, quel rapport avec l'écologie? Pour faire court : tout. La science des milieux, dont "mésologie" est le nom, introduit un double principe : dans sa relation à l'environnement, l'homme n'est pas un objet mais un sujet qui interprète son environnement pour en faire son milieu de vie propre. L'"environnement" est l'objet de l'écologie,"le milieu", celui de la mésologie. Vous me suivez ? La conclusion s'impose : il y a urgence à reconnecter l'existence humaine à l'environnement, si l'homme ne veut pas en arriver à supprimer sa propre existence comme il a commencé à le faire, en ravageant méthodiquement l'environnement sur lequel il fonde son propre milieu de vie. Et ça, c'est l'objet de la mésologie... et du livre de Berque. Compliqué mais passionnant : idéal pour secouer ses neurones et les revivifier.  Editions Presses Universitaires de Paris Ouest, 10 €.

    vin bio,viticulture,critique,transition écologique,énergétique,philosophie,jeunesse,vacances2."Le paradoxe du vin bio : labels et tendances d'un marché international". Diplômée en droit et de l'Institut supérieur de gestion, Béatrice Cointreau, l'auteure,  est membre de l'Académie du vin de France et a été formée à l'Université d'oenologie de Bordeaux. Elle a également dirigée une maison de Cognac et une de Champagne durant 25 ans. Vous l'avez compris, question marché du vin, elle en connaît un rayon, y compris sur celui du bio dont elle affirme qu'il s'agit, plus qu'une mode,  d'une véritable évolution des modes de vie devenue aujourd'hui incontournable. Partageant sa vie entre la France et les Etats-Unis, Béatrice Cointreau note la montée en puissance outre-Atlantique d'une forte demande des vins bios, avec des labels apposés qui prêtent à confusion. Quelle différence entre un vin certifié "bio" et un vin "issus de raisins bio" ? Les arcanes du marché international du vin bio n'auront plus aucun secret pour vous, une fois que vous aurez lu cet ouvrage très documenté qui s'adresse aux professionnels du vin et aux étudiants de la filière vitivinicole comme aux amateurs de vin bio avertis que vous êtes. Editions Féret, 25,50 €.

    vin bio,viticulture,critique,transition écologique,énergétique,philosophie,jeunesse,vacances3."Miser (vraiment) sur la transition écologique". Co-écrit par Alain Grandjean et Hélène Le Teno, préfacé par Nicolas Hulot, c'est le livre que doit impérativement potasser durant ses vacances la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, si elle veut vraiment réussir à conduire la France vers la croissance verte, avec ce fameux projet de loi de programmation vers la transition énergétique qui doit être débattu à l'automne au Parlement. Sans oublier de méditer sur le "(vraiment)". Et vous aussi par la même occasion, pour faire bonne figure lorsque l'on abordera la question lors des futurs dîners en ville entre copains écolos (ou pas). Que dire de plus, sinon que les deux auteurs sont deux "cadors" de la partie : Alain Grandjean préside le Comité des experts du débat national sur la transition énergétique et Hélène Le Teno est manageur au sein du cabinet de conseil Carbone 4. Après voir lu ce bouquin dynamique et didactique, vous serez incollables sur tout le processus de la transition énergétique et écologique. Editions de l'Atelier, 17 €.

    vin bio,viticulture,critique,transition écologique,énergétique,philosophie,jeunesse,vacances4. "Comment j'ai sauvé la planète." L'écologie appliquée à la vie quotidienne ne doit pas être une punition, tel est le credo de Sophie Caillat, l'auteure de ce livre plutôt marrant et qui décoiffe bien. Alors, si vous défendez de nobles idéaux, que votre vie ressemble plutôt à "Sex in the City" et que vous savez qu'il faut économiser les ressources en eau de la planète mais que votre vie ne ressemblerait plus à rien sans votre bain (presque) quotidien : cet ouvrage est fait pour vous. Humoristique, il vous aidera à évaluer le rapport plaisir-efficacité-économies pour vous éviter les pièges du marketing vert : c'est pas parce qu'on parle d'écologie qu'on doit s'ennuyer... Journaliste à Rue89, Sophie Caillat est en charge des rubriques Planète et Santé, où elle anime une communauté de contributeurs sur l'environnement. Editions du Moment, 17,95 €.

    vin bio,viticulture,critique,transition écologique,énergétique,philosophie,jeunesse,vacances5. "L'imagier des disparus". A chacun son livre : c'est le livre pop-up ludique pour les jeunes lecteurs, vos enfants, ou ceux de votre soeur, beau-frère ou ami(e). L'auteure, Laurie Agusti a fréquenté les Beaux Arts et les Arts décoratifs. Son premier livre, illustré de dessins originaux et très colorés, veut sensibiliser les enfants aux disparitions d'espèces animales telles que le dodo. Vous avez, ces tristes animaux empaillés qu'on découvre à la galerie des disparus, dans les Muséums d'histoire naturelle... Grâce à un système de volets très malin, l'ouvrage raconte qui sont ces animaux disparus et comment leur espèce s'est éteinte. En réalité, cet imagier s'adresse aussi aux adultes: il permet de prendre la mesure de la fragilité et de la précarité des espèces du monde animal et de favoriser leur sauvegarde, en évitant de reproduire les mêmes erreurs que par le passé. Le tout avec beaucoup d'humour, ce qui ne gâche rien... Editions Le Baron Perché, 17,80 €.

    Bonnes lectures... et belles vacances !

    Cathy Lafon

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  • Que penser de la voie Royal pour "la transition énergétique et la croissance verte" ? Décryptage

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    La ministre de l'environnement Ségolène Royal a lancé le coup d'envoi de la loi sur la transition énergétique à la française, le mercredi 30 juillet, en Conseil des ministres. Ici, le 16 juillet 2014. Archives AFP

    "Diversification et efficacité" sont les maîtres mots employés par Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, pour caractériser le projet de loi "de programmation de la transition énergétique pour la croissance verte" qu'elle a présenté le 30 juillet, en Conseil des ministres. Au-delà de l'auto-satisfecit, s'agit-il d'un bon texte, ou pas ? Décryptage.

    "Décarboner la  France"

    Présentée comme l'un des textes phares de son quinquennat par François Hollande, la  loi sur la transition énergétique était très attendue, après un grand débat national et des travaux préparatoires qui ont duré un an et demi. Elle déboule enfin dans le paysage français, juste avant les traditionnelles grandes vacances politiques du mois d'août. Composée de 64 articles, elle veut montrer la volonté du gouvernement de "décarboner" la France et de verdir la croissance économique du pays. 

    6 GRANDES AMBITIONS

    Au final, la France doit parvenir à alléger une facture énergétique de 68,7 milliards d'euros par an, qui plombe sa balance commerciale, tout en sécurisant son approvisionnement et en assurant un prix de l'énergie compétitif. La baisse du recours aux énergies fossiles doit aussi permettre de lutter contre la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre du pays.

    6 GRANDS OBJECTIFS

    Logiques, six grands objectifs cadrent la loi, à moyen et long terme : réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 40 % à horizon 2030 par rapport à 1990, et les diviser par quatre d'ici à 2050; diminuer la consommation énergétique finale de 50 % d'ici à 2050; abaisser la consommation d'énergies fossiles de 30 % pour 2030. Mais aussi porter la part des énergies renouvelables à 23 % pour 2020, puis 32 % pour 2030 et ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % d'ici à 2025. Enfin, dernier objectif : "Créer 100.000 emplois durables et non délocalisables en trois ans."

    4 GRANDS MOYENS

    Pour permettre à la France d'atteindre ces ambitions dans le respect de leurs objectifs, Ségolène Royal vise quatre grands axes de travail.

    1. Priorité au bâtiment 

    loi,projet,transition énergétique,croissance verte,décryptageC'est le principal "pilier " sur lequel veut s'appuyer Ségolène Royal et un énorme enjeu. Avec 20 millions de bâtiments mal isolés, et 4 millions de ménages qui peinent à régler leur facture énergétique, le secteur du bâtiment représente près de la moitié de la consommation d'énergie du pays. La ministre de l'Ecologie se donne pour but la rénovation thermique de 500.000 logements par an d'ici à 2017 (objectif fixé dès 2012 mais encore loin d'être atteint). Avec, à la clé, la création de 75 000 emplois.

    2. Des transports moins polluants

    On connait la chanson par coeur: le secteur des transports est le premier émetteur de gaz à effet de serre (27 % du total). Cap sur l'électrique et les véhicules à faibles émissions de CO2, qui devront composer à l'avenir 50 % des flottes de l'Etat et des établissements publics. Pour les particuliers, 7 millions de bornes de recharge pour voitures électriques ou hybrides seront installées d'ici à 2030.

    3. Energies renouvelables 

    loi,projet,transition énergétique,croissance verte,décryptageAutre refrain connu : la part des énergies renouvelables doit plus que doubler à échéance de 2030. Elles fourniront alors 40 % de l'électricité, 38 % de la chaleur et 15 % des carburants. Aux côtés de l'éolien, du photovoltaïque et des énergies marines, 1.500 projets de méthaniseurs seront lancés. L'hydrogène devrait être aussi un élément-clé de la transition énergétique, comme l'espèrent les professionnels du secteur. Via une Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) sur cinq ans, l'Etat entend reprendre la main en matière de production énergétique en fixant la part de chaque source (renouvelable, nucléaire et fossile) dans un schéma que devra respecter EDF. Ce qui introduit la question du nucléaire...

    4. Le nucléaire plafonné, oui mais...

    loi,projet,transition énergétique,croissance verte,décryptageLe nucléaire, qui peut encore l'ignorer, c'est le vrai sujet qui fâche tout le monde, des ONG écolos à EDF, en passant par Areva et les Verts et sur lequel la capacité de l'Etat à faire évoluer la donne énergétique dans le pays est attendue au tournant. Différemment, on s'en doute bien, par les uns et les autres. Après des tractations très serrées avec les écologistes qui souhaitaient voir l'Etat en position de fermer des centrales, le gouvernement a finalement retenu l'option de la négociation avec l'opérateur EDF pour ramener à 50% la part du nucléaire dans la consommation d'électricité, contre 75% aujourd'hui.  La capacité du parc électronucléaire ne pourra pas excéder son niveau actuel (63,2 gigawatts) : pour mettre en service un nouveau réacteur, EDF devra donc fermer une tranche de même puissance. Même s'il n'y a rien sur la fermeture de Fessenheim (photo ci-dessus) et sur la limitation à 40 ans de la durée de vie des centrales, les Verts se disent satisfaits.

    LES REACTIONS

    Alors, contents les écolos ? Oui, pour les politiques d'EELV, dont on se demande bien alors pourquoi ils ont quitté le gouvernement... Pas complètement, pour les associatifs. "Il manque des éléments sur les transports, l'agriculture, l'urbanisme, on attend beaucoup des amendements souligne le juriste spécialisé dans le droit de l'environnement Arnaud Gossement, au nom de la Fabrique écologique, une fondation pluraliste qui réunit élus, ONG et entreprises. Regrets partagés par la Fondation Nicolas Hulot. Il n'y a rien non plus dans le texte sur la question de l'exploitation des gaz de schiste, autre grand sujet de polémique énergétique. Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, est plutôt carrément satisfait des mesures en faveur de son secteur industriel, prometteuses pour l'emploi.  

    Et les industriels ? Ces messieurs, dont notamment le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet se sont dit mercredi globalement satisfaits, mais "prudents". Dont acte.

    Et les sous ? Les ambitions et les objectifs, c'est bien joli, mais comment financer tout ça? L'argent, en matière d'énergie comme pour tout, c'est le nerf de la guerre... Pas de souci, Ségolène Royal a prévu le coût. 10 milliards d'euros seraient mobilisés et devraient avoir un effet de levier. 5 milliards de la Caisse des dépôts pour des prêts à 2% aux collectivités, 1,5 milliard pour le fonds pour les énergies renouvelables, 1,5 milliard d'allègements fiscaux, 1 milliard pour la rénovation énergétique des collèges, le reste sous forme de différents prêts (taux zéro pour les particuliers, prêts pour les PME-TPE, etc.). On peut naturellement compter sur Hervé Mariton, de l'UMP, pour avertir que Royal "ne trouvera pas ce financement" en la taxant de "menteuse et de magicienne".

    ET MAINTENANT ?

    S'il n'est pas parfait et comporte des zones de flou, notamment au regard des enjeux écologiques,  le texte est enfin là, avec la promesse présidentielle de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité  à 50 % en 2025. Mais pour le gouvernement, le plus dur reste à faire. La bataille parlementaire qui sera lancée en octobre à l'Assemblée s'annonce rude, tant les intérêts divergent...

    Cathy Lafon

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