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  • Biodiversité : en France, la guerre du loup n'a pas de fin...

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    La France en veut à ses loups. Photo archives AFP

    Dans le cadre du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l’Assemblée nationale a autorisé le jeudi 10 juillet les éleveurs à abattre des loups dans certaines zones du territoire et à certaines conditions. La Convention de Berne de 1979, signée par la France, classe en effet les loups en espèce strictement protégée. Une protection renforcée par la directive Habitat faune-flore de 1992. Mais en cet été 2014, l'Hexagone veut à nouveau en découdre avec ses loups, au grand dam des écologistes.

    L'arsenal législatif contre le "canis lupus" renforcé

    Les mesures destinées à faciliter les abattages des loups votées par les députés, découlent d’un amendement au projet de loi sur l’avenir de l'agriculture, introduit au Sénat, retouché ensuite en commission à l’Assemblée via un amendement du gouvernement. L’amendement du Sénat prévoyait notamment qu’en cas d’attaque, l’éleveur soit autorisé à tuer des loups pour une durée de six mois sur le territoire de sa commune. Le gouvernement a fait adopter en commission à l’Assemblée un amendement pour être en conformité avec le droit européen notamment en autorisant l’abattage des loups dans des zones de protection renforcée, délimitées par les préfets, pour une durée maximale d’un an lorsque des dommages importants sont constatés pour les activités pastorales.

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageRenégocier la convention de Berne ?

    Le seul changement apporté dans l’hémicycle, via le vote d’un amendement UMP ayant le feu vert du gouvernement et du rapporteur, précise que cela concernera l’élevage et non le seul pastoralisme, qui a cours principalement dans les zones de montagne. Un plafond d’abattage sera fixé pour chaque zone de protection renforcée dans le respect d’un plafond national. "On renforce comme jamais l’arsenal législatif qui va permettre aux éleveurs de se protéger beaucoup mieux" et c’est "d’un commun accord avec la ministre de l’Ecologie et en cohérence avec le plan loup", a commenté le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll  qui a ajouté : "Au-delà, il faudrait renégocier la convention de Berne mais aujourd’hui il n’y a pas de majorité pour le faire".

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageSégolène Royal, ministre des éleveurs...

    Sur la même ligne que Stéphane Le Foll, le 20 juin, Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, a lancé une consultation électronique ouverte au public jusqu'au 11 juillet, sur un projet d'arrêté autorisant les chasseurs à organiser des tirs de prélèvement du loup, à l'occasion de chasses ordinaires dans 57 communes des départements des Alpes Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence, de Savoie et du Var. En dépit de l'avis du  Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) qui avait rendu un avis négatif à propos du premier texte plus restrictif et sans attendre les résultats de la consultation, le samedi 28 juin, elle a déjà signé deux arrêtés pour renforcer le plan national loup 2013-2017. Le premier reprend le plafond de 24 loups maximum pouvant être abattus en France dans les douze prochains mois, à titre dérogatoire. Mais ce plafond pourra être porté à 36 quand 20 loups auront été éliminés. Le second porte de 14 à 20 les départements dans lesquels des tirs de prélèvement peuvent être autorisés par les préfets en cas d’attaques avérées sur les troupeaux. Est concerné un grand quart sud-est de la France, allant jusqu’à la Meuse et la Haute-Marne. 

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageLes écolos vent debout

    On s'en doute, tout cela n'est pas du goût des associations écologistes qui défendent les espèces animales sauvages protégées, dont le loup. "Ségolène Royal chasse une espèce protégée dans un espace protégé. On est rentré dans une hystérie collective. C'est à celui qui en promettra le plus aux éleveurs", s'indigne Pierre Athanaze (photo ci-contre)le président de l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui a déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille ainsi qu'une plainte devant la Commission européenne. Jean-David Abel, responsable du dossier Loup à France nature environnement (FNE) interpelle l'Etat, qui "doit s' engager clairement, et énoncer pour toutes les parties prenantes, les conditions pour une présence pérenne de l'espèce." Le représentant de la FNE dénonce également la faiblesse du gouvernement, sous pression du lobby des éleveurs dont "l'objectif réel, argumente-t-il, est la régression ou l'éradication de l'espèce... Leurs revendications sont incompatibles avec les engagements internationaux de notre pays."

    Les battues pas suffisamment encadrées

    Naturellement revenus en France au début des années 1990 par l’Italie et durablement installés dans les Alpes, les loups sont encore peu nombreux dans l'Hexagone qui n'en compte que 300, pour 1.500 en Italie et 2.500 en Espagne où leur présence ne semble pourtant pas poser problème. Les loups français s'aventurent logiquement sur de nouveaux territoires: partie orientale des Pyrénées, Massif central, Vosges, Haute-Marne et plus récemment l’Aube et, en dépit de leur petit nombre, ils auraient tué plus de 6.000 animaux d’élevage en 2013, selon le ministère de l’Ecologie. L'an dernier, après un été particulièrement meurtrier, l'Etat avait d'ailleurs autorisé les tirs de prélèvement lors des battues. Mais tous ont été  annulés les uns après les autres par les tribunaux administratifs, saisis par les associations écologistes. Motif : les battues n'étaient pas suffisamment encadrées...

    Les éleveurs mécontents

    Ainsi, lors de ces 12 derniers mois, seuls huit loups ont été abattus malgré le plafond passé de 11 à 24 dans le nouveau plan loup, en raison de la complexité des procédures mais aussi de la difficulté de trouver l’animal sur le terrain. Dans ces conditions, on est en droit de se demander l'intérêt qu'il y a à augmenter encore le nombre de loups que l'on peut abattre... L'association Eleveurs et montagnes pas plus satisfaite que les écolos, dénonce ainsi les arrêtés gouvernementaux "démagogiques" selon elle et réclame un "vaste plan de régulation de l'espèce" en souhaitant "une révision de son statut de conservation". De son côté, excédée, l'ASPAS en est venue à demander, le 15 juillet "le retrait des troupeaux dans les Parcs nationaux, si la cohabitation avec les éleveurs est impossible !"

    Pas de doute : au pays des 400 fromages et des 300 loups, la guerre du "canis lupus" est relancée !

    Cathy Lafon

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     Le loup de Troncens (Gers) photographié par Jean-François Langlois en novembre 2012 DR

    Un certain nombre d'associations écologistes et les éleveurs de moutons se sont entendus le 22 mars pour établir à 24, soit le double du chiffre actuel, le nombre maximum de loups pouvant être tués par an pour protéger les troupeaux. Les défenseurs des animaux sauvages contestent le bien-fondé de ces mesures et entendent porter l'affaire au niveau européen.

    plan loup,abattage,conflit,élevage ovin,europe,commission européenne,biodiversitéSept loups tués entre 2008 et 2012

    Réuni à Lyon, le "Groupe national loup" (GNL) qui réunit les acteurs concernés par le dossier loup et que le gouvernement a chargé d'élaborer les détails du plan 2012-2017 annoncé en février dernier, a abouti à "un accord unanime accepté par tous", selon son président, le député des Alpes de haute Provence, Christophe Castaner,(photo ci-contre). Parmi les points adoptés, le GNL propose que le nombre maximum de loups pouvant être abattus par les éleveurs soit porté à 24. En 2012/2013, ce chiffre était de 11. En 2011/2012, il était de six. Sept loups ont été tués entre 2008 et 2012.

    Pourquoi 24 loups, et pas 20 ou 25 ?

    Le chiffre de 24 a été déterminé pour garantir la progression de l'espèce, mais en garantissant une progression faible "parce qu'actuellement, les loups progressent de 19% par an, ce qui est assez spectaculaire", a indiqué le président du GNL. Ce chiffre sera réévalué chaque année, voire tous les six mois, sur la base d'un "suivi biologique plus réactif" de l'espèce pour mieux évaluer son évolution localement.

    Objectif du plan loup : défendre l'espèce protégée, en donnant les moyens aux éleveurs de se défendre

    L'objectif du plan loup est de "trouver l'équilibre entre l'affirmation que le loup restera une espèce protégée en France et donner de vrais moyens aux éleveurs de pouvoir se défendre, parce qu'on est passé de 0 à 5.000 bêtes tuées en quelques années, et surtout il y une désespérance sociale d'une très très grande violence chez les éleveurs", a affirmé Christophe Castaner.

    plan loup,abattage,conflit,élevage ovin,europe,commission européenne,biodiversité"Le loup est encore une espèce protégée"

    Le hic, c'est que l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) fait voler en éclat "l'unanimité" sur l'abattage des loups. L'ASPAS n'est pas du tout d'accord avec ces mesures anti-loups, qu'elle qualifie de "massacre stupide et inutile". L'organisation qui a déjà agi au niveau européen pour la protection de l’ortolan veut préparer "une riposte cinglante" et rappelle que le "loup est encore une espèce protégée…"

    "Une absurdité au niveau biologique"

    Pour Pierre Athanaze, son président (photo ci-dessus) l'abattage de 24 loups, absurde au niveau biologique, ne constitue pas une solution durable au conflit entre éleveurs et grands prédateurs. Il craint que cette mesure "démagogique", ne soit destinée qu'à calmer les éleveurs les plus hostiles au loup. Or, selon lui, ces derniers "ne se satisferont pas longtemps de cette mesure, car leur but est l’éradication totale de tout prédateur".

    Protéger efficacement les troupeaux

    Il est vrai que les scientifiques et les défenseurs de la nature rappellent depuis des années que le loup ne représente qu’une infime proportion dans les causes de la mortalité des troupeaux et qu'abattre un loup désorganise les meutes et les pousse à conquérir de nouveaux territoires. L'APSAS préconise plutôt que l'on protège les troupeaux de façon efficace avant d’envisager toute mesure de tir d’un loup, comme cela se pratique dans tous les pays où les grands prédateurs cohabitent avec le pastoralisme.

    Crier au loup par SMS

    plan loup,abattage,conflit,élevage ovin,europe,commission européenne,biodiversitéEn 2012,  dans les Vosges, 48 attaques ont fait au moins 165 victimes dans les troupeaux en montagne et en plaine. Les éleveurs de ce département devraient être les premiers à équiper leur troupeaux, dès 2013, du prototype d'un collier révolutionnaire, mis au point par un chercheur suisse ami des loups, Jean-Marc Landry (photo ci-contre), biologiste et éthologue. Si la brebis subit un stress intense, l'appareil libère un répulsif destiné à éloigner le loup et envoie dans la foulée un message d'alerte sous forme de SMS au berger. Il s'agit pour l'instant d'une expérimentation, qui, si elle donne des résultats concluants, pourrait être étendue en France : une solution alternative à l'abattage.

    La France a du mal avec sa biodiversité

    Le loup français est d'origine italienne. Revenu naturellement au début des années 90 dans les Alpes après son éradication dans les années 30, il est en croissance constante dans l'Hexagone avec une "aire de répartition" qui augmente de 25% par an. On en en compte au moins un dans la région, dans le Gers, où l'un d'eux a été photographié par un particulier fin novembre dans un champ de maïs, aux confins des Hautes-Pyrénées. Mais les loups tricolores ne sont encore que 250 aujourd'hui, alors que l’Espagne en abrite plus de 2.500 et l’Italie 1.500. L'ours n'a donc aucune raison de se sentir seul et mal-aimé au pays de Jean de La Fontaine...

    La Commission européenne en recours

    Les recommandations du GNL seront soumises à une consultation publique. Les ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie, Stephane Le Foll et Delphine Batho, devraient prendre un arrêté de mise en oeuvre au plus tard fin mai. De son côté, comme pour la "gestion calamiteuse de l’ortolan, du grand hamster ou du grand tétras", l’ASPAS avertit qu'elle porte le dossier à la Commission Européenne "pour obliger la France à enfin protéger sa nature". " Oui, nous sommes des extrémistes : nous demandons le respect des lois…", conlut Pierre Athanaze.

    A suivre...

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFOS

    • Le site gouvernemental français consacré au loup : cliquer ICI
    • Le site du ministère de l'Ecologie sur la protection des grands carnivores : cliquer ICI
    • Le site de l'ASPAS :  Cliquer ICI
    • Le point de vue des associations environnemenales qui défendent les animaux sauvages sur le "Groupe national loup" : cliquer ICI

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