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Nature - Page 340

  • Apiculture: 2014, année noire, selon le Réseau Biodiversité pour les Abeilles

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    Dans les champs, faute de biodiversité florale, les butineuses n'ont plus assez à manger. C'est l'une des explications de la baisse de la production de miel constatée cette année par les apiculteurs. Photo archives Sud Ouest

    2014 s'annonce comme une année noire pour l'apiculture française. Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles tire la sonnette d'alarme  et appelle les pouvoirs publics à réagir sans délai, afin d'éviter le naufrage de la filière en 2015.

    Alors que la saison apicole touche à sa fin, le bilan de l'année est catastrophique. Partout, on déplore l'absence de production de miel, alors même que le taux de mortalité des colonies d'abeilles domestiques en sortie d'hiver était considéré en Europe comme normal, car inférieur à 10%, selon la dernière étude COLOSS (Prevention of Honey Bees Colony Losses).

    Une production quatre fois moins importante qu'il y a 20 ans

    Certes, seules 650.00abeille petite.jpg0 ruches sont répertoriées en France et les estimations laissent penser que plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'autres échappent à ce recensement.... Ce qui rend le suivi de la filière quasi-impossible, selon le Réseau, qui souligne qu'il est donc "bien difficile de connaître précisément la production de miel en France cette année". Mais les estimations les plus crédibles laissent toutefois penser qu'elle se situe aux alentours de 10.000 tonnes voire moins, soit près de 4 fois moins qu'il y a 20 ans.

    La biodiversité florale en cause

    lecompte.jpg"Comment expliquer un tel fiasco alors que la France s'affiche vertueuse en matière de réduction des produits phytosanitaires, qu'elle s'est doté d'un institut technique apicole et qu'elle développe depuis un an le PDDA (Plan de Développement Durable de l'Apiculture) ?" s'interroge Philippe Lecompte, apiculteur bio professionnel et Président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles (photo ci-contre). "Suite aux décisions de la Commission Européenne et du Ministère de l'Agriculture, de nombreux produits phytosanitaires ont été supprimés. L'action des pouvoirs publics s'est concentrée sur le facteur « pesticides » en oubliant le reste, à commencer par la ressource florale et le volet sanitaire. Force est de constater que c'était une erreur. Il devient urgent de corriger le tir sous peine de mettre en péril l'existence même d'une filière apicole en France" avance Philippe Lecompte. Pour le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, les pouvoirs publics doivent prendre toute la mesure de la gravité de la situation et y répondre de manière rapide et efficace en s'appuyant sur les modèles qui fonctionnent à l'étranger, comme la Roumanie qui a vu sa production doubler en 10 ans. 

    L'urgence de la ressource alimentaire

    Sans fleurs, pas de pollen indispensable à la défense immunitaire des abeilles. Sans fleurs, pas de nectar. Et sans nectar, pas de miel... Pour le Réseau, c'est la floraison chétive des espèces sauvages due à la sécheresse du printemps qui serait à l'origine de la baisse de production du miel, après avoir provoqué une diminution drastique de la ressource avec une explosion des pathologie chez les abeilles. Pionnier dans la mise en œuvre et le développement des jachères apicoles afin d'offrir aux petites ouvrières butineuses de quoi manger en abondance, le Réseau Biodiversité pour les Abeilles s'inquiète vivement de l'absence de résultats des politiques publiques dans ce domaine. "Les ministères de l'agriculture et de l'écologie sont toujours d'accord lorsque nous leur demandons de développer cette biodiversité fonctionnelle indispensable pour maintenir un cheptel apicole en bonne santé et assurer une production de miel de qualité et en quantité. Mais la traduction en actes est malheureusement quasi inexistante" s'alarme Philippe Lecompte.

    La jachère apicole menacée ?

    jachere-fleurie-perenne-fleurs-antan (1).jpgAutre menace qui plane : la mise en œuvre de la nouvelle Politique Agricole Commune, avec la suppression au 1er janvier 2015 du bonus lié à la jachère apicole. Les expérimentations du Réseau Biodiversité pour les Abeilles ont pourtant démontré l'efficacité de cet aménagement, explique le Réseau qui rappelle que "la présence de jachères apicoles sur seulement 0,5% de la zone de butinage des abeilles assure en moyenne les deux tiers de leur alimentation". "Le développement de ces gardes mangers pour abeilles doit être aujourd'hui la priorité de Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture et de Ségolène Royal, Ministre de l'Ecologie", avertit Philippe Lecompte.

     

    L'urgence sanitaire : mettre des moyens à la hauteur des enjeux

    Enfin, le virus de la paralysie chronique des abeilles (CBPV : Chronic Bee Paralysis Virus) a fait cette année d'importants dégâts dans les principaux bassins de production en raison du manque de ressource disponible dans l'environnement. Surnommée "la maladie noire" par les apiculteurs et les scientifiques, cette pathologie virale affaiblit considérablement les ruches et ne laisse que peu d'espoir de récolte de miel sur les colonies affectées. Très contagieux, ce virus peut décimer des colonies entières et mettre ainsi en péril l'équilibre économique de nombreuses exploitations apicoles. Le Nosema ceranae est un autre facteur clé expliquant le mauvais état de santé général du cheptel. Dépourvus de moyens de traitement vétérinaire efficaces, les apiculteurs sont aujourd'hui démunis face à ces pathologies qui déciment les colonies. 

    Le premier agent pollinisateur, c'est l'abeille !

    "Il faut aujourd'hui apporter des réponses techniques aux véritables problèmes que sont l'appauvrissement de la ressource et les difficultés sanitaires. Des moyens techniques et financiers adéquats doivent être mobilisés. Le Plan de Développement doit être revu et corrigé pour prendre en compte ces réalités" conclut Philippe Lecompte, en rappelant qu'en tant que, premier agent pollinisateur, l'abeille domestique est indispensable pour assurer ce précieux service de la pollinisation des productions agricoles comme des fleurs sauvages.

    Cathy Lafon

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  • Gaz à effet de serre : on asphyxie la planète

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    Après 2012, l'atmosphère a connu en 2013 de nouveaux pics de pollution par les gaz à effet de serre. En mars dernier, la Chine qui est le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre au monde, a pris des mesures drastiques pour y remédier.  Photo AFP

    Nouvelle alerte pour le climat : les gaz a effet de serre ont atteint des concentrations records en 2013 et leur présence dans l'atmosphère a augmenté à une vitesse inégalée depuis la mise en oeuvre des premières mesures fiables, a annoncé l'ONU, le 10 septembre dernier.

    Le climat est en train de changer

    michel jarraud.jpgLa publication de l'étude publiée par l'Organisation météorologique mondiale (OMM), intervenait à quelques jours du sommet sur le climat que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a prévu de réunir à partir de ce mardi 23 septembre à New York. Objectif : donner un élan politique aux négociations internationales, en vue d'un accord global pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, destiné à t être scellé à Paris fin 2015 pour une entrée en vigueur en 2020, suffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement de la planète.  "Nous savons avec certitude que le climat est en train de changer et que les conditions météorologiques deviennent plus extrêmes à cause des activités humaines telles que l'exploitation des combustibles fossiles", écrit Michel Jarraud, secrétaire général de l'OMM (photo ci-dessus), dans un communiqué accompagnant ce bulletin.

    CO2 nuages.jpgL'homme, premier responsable

    D'après l'OMM, "les concentrations du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et du protoxyde d'azote (N20) ont atteint de nouveaux pics en 2013". En outre, les observations révèlent que le taux d'accroissement du CO2 atmosphérique d'origine humaine entre 2012 et 2013 représente la plus forte augmentation annuelle depuis 1984. Des données préliminaires laissent supposer que cela pourrait être dû à la réduction des quantités de CO2 absorbées par la biosphère terrestre alors que les émissions de ce gaz continuent de croître. 

    Vers l'amplification du changement climatique

    co2.jpgLe dioxyde de carbone est le principal responsable du réchauffement climatique. Sa concentration dans l'atmosphère a augmenté en 2013 de 2,9 ppm (parties par million) en un an. Aussi, pour William Collins, professeur de météorologie à l'université de Reading, ces résultats devraient se traduire par "une amplification du changement climatique à l'avenir". Une chose est sûre: le forçage radiatif (la capacité de la Terre à conserver l'énergie du Soleil ou à la renvoyer dans l'espace), qui a pour effet de réchauffer le climat, s'est accru de 34% entre 1990 et 2013 à cause des gaz à effet de serre persistants (comme le CO2, le CH4 et le N20). Celles de méthane, deuxième plus important gaz à effet de serre et de protoxyde d'azote, autres facteurs importants de réchauffement, sont respectivement inchangées depuis cinq et dix ans.  Environ 40% des rejets de CH4 dans l'atmosphère sont d'origine naturelle (zones humides, termites, etc.) et 60% d'origine humaine (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges, combustion de biomasse...).

    L'acidification des océans

    ocean acidification.jpgPremière victime des émissions de gaz à effet de serre, l'océan qui absorbe aujourd'hui environ le quart des émissions totales de CO2, soit environ 4 kg de CO2 par jour et par personne, et la biosphère un autre quart, limitant ainsi l'accroissement du CO2 atmosphérique. Mais l'absorption du CO2 par les océans entraîne une acidification de l'eau de mer et une détérioration de l'écosytème marin. Ainsi "le rythme actuel d'acidification des océans semble sans précédent depuis au moins 300 millions d'années." "Le dioxyde de carbone demeure pendant des centaines d'années dans l'atmosphère et encore plus longtemps dans l'océan", avertit Michel Jarraud.

    Des solutions existent

    réchauffement climatique,onu,rapport,omm,co2,gaz à effet de serre,océan,acidificationL'objectif est de limiter à 2°C le réchauffement de la planète par rapport à l'ère pré-industrielle. Or les émissions actuelles mettent la Terre sur une trajectoire de 4 à 5°C de plus à la fin du siècle par rapport à l'ère pré-industrielle.  Selon Michel Jarraud, la communauté internationale a pourtant les moyens de limiter le réchauffement à 2°C, objectif que l'Onu s'est fixé en 2010, ce qui "laisserait une chance à notre planète et (...) un avenir à nos enfants et petits-enfants". Des solutions existent en effet.  200 villes européennes interdisent les véhicules les plus polluants dans certaines zones, où les particules fines ont baissé dans certains endroits jusqu'à 40%. Les énergies fossiles principales responsables des gaz à effet de serre, peuvent être remplacées par des énergies renouvelables, hydraulique, éolienne, solaire... qui devraient ainsi permettre à l'UE de produire 20% de son énergie d'ici à 2020.  "L'ignorance ne peut plus justifier l'inaction", conclut le secrétaire général de l'OMM.

    "Le temps commence à manquer"

    Peut-on encore éviter un réchauffement climatique de 4 à 5 °C de plus à la fin du siècle, avec l'augmentation du niveau de la mer et son cortège de tempêtes et d'inondations ? Seule une décroissance radicale des émissions de gaz à effet de serre permettra d'inverser la tendance actuelle. Pour l'heure, les habitants de la planète Terre n'en prennent pas le chemin... "Nous avons été un peu surpris par ces résultats qui, s'ils sont confirmés, sont très préoccupants", relève Michel Jarraud qui souligne: "Les émissions de CO2 passées, présentes et futures auront des conséquences cumulées aussi bien sur le réchauffement climatique que sur l'acidification des océans. Les lois de la physiques ne sont pas négociables. Le temps commence à manquer".

     Cathy Lafon

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    La Chine est le plus gros pollueur de la planète, avec plus de 6.000 millions de tonnes de CO2 rejetées dans l'air, avec les Etats-Unis qui rejettent à eux seuls près de 20% du CO2 présent dans l'air. Ces deux pays ont enclenché des mesures pour y remédier.

  • Ces bonnes nouvelles de 2014. Aujourd'hui: l'escargot, l'arme fatale écolo contre le mildiou de la vigne

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    Feuille de vigne marquée par le mildiou. Photo archives Sud Ouest/Emilie Drouinaud

    C'est l'été... "Ma Planète part" en vacances, bien vertes et bien méritées, vous en conviendrez ! Mais l'écolo-blog de "Sud Ouest" ne vous abandonne pas pour autant et vous a préparé une série spéciale "Retour sur les bonnes nouvelles vertes de 2014" pour vous accompagner quotidiennement (ou presque) jusqu'à la rentrée de septembre.

    Halte à la sinistrose ! L'actualité  écolo ne se résume pas qu'à des catastrophes... Pour vous en convaincre et vous aider à reprendre le boulot en septembre le moral gonflé à bloc,  "Ma Planète" vous propose de revisiter ces infos ultra positives qui ont fait le bonheur des écolos cette année. Aujourd'hui  : les oeufs de l'escargot Biomphalaria glabrata, qui vit dans les eaux douces des tropiques, alternative aux pesticides.

    Viticulture : l'escargot, l'arme fatale écolo contre le mildiou

    3 mars 3014. Les alternatives aux pesticides existent. Un remède miracle et écologique contre le mildiou vient d'être découvert par des scientifiques du CNRS : une protéine présente dans les oeufs de l'escargot Biomphalaria glabrata, qui vit dans les eaux douces des tropiques.

    Le mildiou, fléau de l'agriculture

    vigne pluie.jpgPlaie du viticulteur, de l'agriculteur et du jardinier, le mildiou est une maladie répandue dans le monde entier,  causée par des micro-organismes de la famille des oomycètes, qui ravage notamment la vigne. Le mildiou de la vigne, originaire d'Amérique du Nord, fut signalé pour la première fois dans le Bordelais en 1879. Il se développe sur tous les organes herbacés de la vigne et affectionne particulièrement ceux qui sont en voie de croissance et riches en eau. Pour le contrer, les viticulteurs conventionnels utilisent des pesticides,  produits chimiques polluants et toxiques pour la santé humaine. Les bio peuvent recourir à la bouillie bordelaise, mélange de cuivre et de soufre, qui fait partie des produits autorisés en agriculture biologique mais dans certaines limites. Plus naturelle, la bouillie bordelaise n'est pas "propre" à 100%.

    maladie,parasite,pesticides,recherche,alternative,chimie,phytosanitaire,mildiou,cnrsUne protéine présente dans les oeufs

    Cet escargot particulier qu'est le Biomphalaria glabrata (photo INRA ci-contre) est étudié par les chercheurs, car il est un vecteur d'une maladie parasitaire des zones tropicales (la bilharziose). Une protéine secrétée par le mollusque, qui constitue 60% des protéines du gel protecteur de ses oeufs et qui a des propriétés antibactériennes bien connue des scientifiques. D'où l'idée formulée par une équipe de scientifiques del’Institut Sophia Agrobiotech : et si on la testait in vitro sur des oomycètes responsables du mildiou qui ravage notamment la vigne ? C'était bien vu : ils n'y résistent pas.

    Solution écologique

    La protéine d’escargot pourrait donc représenter une alternative écologique aux pesticides. D’autant plus qu'elle est biodégradable, ce qui constitue un avantage environnemental supplémentaire.  L'enjeu économique de la découverte est, on s'en doute, énorme. Aussi, l'Inra a déposé un brevet  qui couvre l’utilisation de protéines de la même famille que celle produite par les escargots d’eau douce pour lutter contre les maladies à oomycètes.

    Pas question toutefois de trouver pour l'instant le produit miracle tout prêt à utiliser pour soigner la vigne. Il faut encore trouver la formulation qui permettra de tester l'efficacité de la protéine dans des conditions réelles. A suivre.

    Cathy Lafon

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