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Industrie - Page 198

  • Le Japon à l'ère post-nucléaire

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    Demain, les 54 réacteurs nucléaires du Japon seront tous à l'arrêt. Dans la soirée du 5 mai, l'électricien Hokkaido Power va en effet stopper pour maintenance la tranche n° 3 de la centrale de Tomari, au nord de l'archipel : pour la première fois depuis 1965, l'Empire du soleil levant passera sa première nuit sans énergie nucléaire.

    Le nucléaire, plus d'un quart de l'énergie électrique japonaise

    Au Japon, avant la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011, la part de l'électricité d'origine nucléaire représentait 27,4 % de l'énergie électrique. Samedi 5 mai, avec l'arrêt du réacteur de Tomari, qui avait été le premier réacteur japonais à être relancé en août 2011 après Fukushima, les 54 réacteurs auront tous été stoppés les uns après les autres pour inspection, travaux de maintenance ou accidents. Les populations locales étant opposées à tout redémarrage, les autorités qui ne veulent pas passer en force n'autorisent plus les exploitants producteurs d'électricité à relancer l'exploitation des sites nucléaires. Et le Japon a dû apprendre en un temps record à vivre, travailler et produire sans nucléaire, en compensant l'absence d'un quart de son électricité.

    Sans nucléaire, le Japon continue à vivre

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    Le Japon recourt aux lampes à LED, qui permettent de réduire la consommation d'électricité de 50 % par rapport aux lumières habituelles. Ici, des lampes installées sur le toit d'une gare à Tokyo YOSHIKAZU TSUNO/AFP

    La vie sans nucléaire du Japon s'organise, sans un retour au Moyen-Age, avec notamment une remise en exploitation des centrales thermiques, qui produisent plus des deux tiers de l'électricité du pays, mais aussi avec une reprise importante des importations d'energies fossiles, qui ont augmenté pour le pétrole et du gaz naturel liquéfié de 11,6 %, d'avril 2011 à mars 2012. Les consommateurs, habitants et entreprises, ont aussi réduit fortement leur consommation d'électricité. Ainsi, l'été dernier, saison chaude où la demande est à son maximum au Japon avec une climatisation omniprésente, le pays a réussi à baisser sa consommation de 10 %. Dans les immeubles, l'intensité des lumières avait été baissé et la température des climatiseurs relevée. Les ascenseurs fonctionnaient en alternance, des escalators étaient arrêtés, et les industriels avaient décalé les horaires de travail, afin de ne pas peser sur les heures de pointe du réseau électrique, aux heures de grande chaleur.  

    Le bras de fer du gouvernement avec l'opinion japonaise

    Les économies d'énergie sont toujours à l'ordre du jour, mais l'été dernier, le nucléaire produisait alors encore 11 % de l'électricité japonaise. Craignant des pénuries d'électricité pour l'été 2012, le gouvernement japonais voudrait relancer deux réacteurs fin juillet, dans l'ouest de l'archipel. Derrière les risques de pénurie d'électricité, sur lesquels le gouvernement communique largement pour tenter de gagner l'opinion publique au redémarrage du nucléaire, il y a aussi le refus des autorités d'entériner ce qui passe aujourd'hui dans le pays pour une victoire des anti-nucléaires et de la part des industriels, la dure réalité de l'impact des hausses du coût de l'énergie.

    Le recours aux énergies renouvelables

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    Eolien, photovoltaïque, géothermie... le Japon se tourne vers les énergies renouvelables. Photo DR

    Dès le lendemain du 11 mars 2011, le Japon a relancé ses énergies renouvelables. Mais la conversion du nucléaire au renouvelable ne se fait pas sur un claquement de doigt. Le Japon a cependant entrepris de valoriser rapidement son potentiel dans ce domaine. Avec un sous-sol volcanique très actif,  le Japon est naturellement une gigantesque source géothermique, avec un potentiel équivalent à une vingtaine de tranches nucléaires (23.000 mégawatts de puissance électrique). Or la géothermie ne représentait que 0,2 % de l'électricité du pays et à peine 2,5 % du potentiel géothermique estimé. Pourtant, cette énergie est propre en CO2 et moins chère que le solaire et l'éolien, aussi le gouvernement veut-il la développer. 142 millions d'euros ont ainsi été débloqués par le ministère de l'industrie pour subventionner la prospection de sources dans le pays. Enfin, d'ambitieux projets d'éoliennes flottantes et de centrales photovoltaïques mis en chantier dans un temps record, devraient être rapidement opérationnels.

    En Europe, l'Autriche a dit "non" au nucléaire et "oui" aux énergies renouvelables

    Vivre sans nucléaire, c'est possible. Le Japon l'expérimente dans la douleur et un pays européen se passe déjà aujourd'hui du nucléaire pour son électricité. L'Autriche a dit non au nucléaire par référendum en 1978.  La puissance manquante avec l'arrêt du programme électronucléaire a été compensée en Autriche par l'ouverture de deux centrales thermiques et par l'exploitation de sa richesse en énergie hydraulique. 70 % de l'électricité autrichienne provient de sources renouvelables, un chiffre appelé à augmenter puisque le pays s'oblige à élargir ses parcs éoliens et photovoltaïque à hauteur de 1 % de l'énergie produite par an. Enfin, le pays a décidé de devenir un pays totalement sans nucléaire, avec un engagement volontaire des fournisseurs d'électricité de ne plus se procurer d'électricité nucléaire importée pour leurs clients, un étiquetage de l'électricité nucléaire d'ici au 1er janvier 2013 et une meilleure efficacité énergétique, notamment dans les bâtiments de son territoire.

    Rester dans l'ère post-nucléaire. Ou pas

    Au Japon, traumatisé par la double catastrophe majeure, naturelle et nucléaire, de Fukushima, la sortie du nucléaire est d'une grande brutalité et la transition énergétique loin d'être achevée. Pour passer définitivement à l'ère post-nucléaire, le Japon devra faire évoluer des solutions temporaires en solutions alternatives pérennes en réorientant ses choix de développement technologiiques. Compte tenu des crises économiques, sociales, écologiques et énergétiques à l'oeuvre aujourd'hui dans le monde qui doit préparer l'après-pétrole et parvenir à maîtriser le réchauffement climatique en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre, le Japon est aujourd'hui observé à la loupe. Notamment par les pro et anti-nucléaires. Le Japon se serait bien passé de jouer dans l'urgence ce rôle de laboratoire vivant de la transition énergétique. En témoigne le refus actuel de ses habitants de relancer les réacteurs nucléaires de leur pays, dont le message est "plus jamais ça". Le pays fera-t-il pour autant le choix de renoncer définitivement au nucléaire ? Pour le gouvernement japonais, la question semble toujours ouverte.

    Cathy Lafon


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  • Des pesticides aux phtalates : quel futur pour l'humanité ?

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    Epandage aérien. DR

    Durant la  Semaine pour les alternatives aux pesticides, Maplanète.fr avait évoqué l'existence d'une discrète circulaire du ministère de l'agriculture datée du 5 mars, destinée à assouplir l'interdiction de l'épandage aérien des pesticides. Révélé par le Monde le 24 mars, ce texte introduit de nombreuses exceptions à leur interdiction.

    Sept produits sont dorénavant autorisés sur la vigne, le riz et les bananes, et 16 autres sont en cours d'évaluation par l’agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses. Petit problème : selon l’association Générations Futures, ces pesticides seraient toxiques, comme le révèle le Journal de l'Environnement du 11 avril.

    Sept produits autorisés, seize autres en cours d'évaluation : tous toxiques ?

    Alors que la mission sénatoriale d'information (MCI) sur les pesticides et leur impact sur la santé et l'environnement organisait, mardi 10 avril, des auditions, Générations Futures a analysé la dangerosité des substances actives de ces pesticides autorisés ou en cours d’évaluation. Sur les 7 produits autorisés, l’association de défense de l’environnement a constaté que toutes les substances actives contenues dans les produits présentent un risque pour la faune et la flore, que trois de ces produits (le fenpropidine, le difénoconazole et le propiconazole) sont classés comme cancérigènes possibles par l’agence américaine de l’environnement (US EPA) et un autre (le propiconazole) est classé toxique pour le développement aux Etats-Unis.

    Perturbateurs endocriniens et cancérigènes probables

    Quant aux 16 produits en cours d’évaluation, l’ONG s‘inquiète de leurs effets possibles. Certains contiennent des molécules reconnues comme perturbateurs endocriniens (classées comme telles par  l’Union européenne). Il s’agit de la deltamethrine, très utilisée dans les produits pour lutter contre la chrysomèle du maïs, du mancozèbe, un fongicide très courant en vigne, ou encore du métirame. D’autres molécules sont considérées comme cancérigènes probables (l’iprovalicarbe, le mancozèbe et le métirame) ou possibles (le penoxsulame, le folpel et tébuconazole) ou encore classées, en Europe ou aux Etats-Unis, comme étant toxiques pour le développement (le tébuconazole et de nouveau le métirame). Enfin, Générations Futures analyse que 10 de ces substances présentent un risque avéré pour l’environnement.

    Les phtalates, une des origines avérées de la baisse de la fertilité humaine

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     Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens présents dans les matières plastiques DR

    Par une étrange coïncidence, presque au même moment, le site de la revue britannique Human Reproduction publiait, le 8 mars, une étude française inédite démontrant que l'exposition aux phtalates (plastifiants que l'on retrouve dans nombre d'articles en PVC, dans les peintures, encres, cosmétiques ou dans des produits laitiers) inhibe chez l'homme la production de testostérone. C'est une première, car jusqu'ici, un tel effet n'avait été constaté que sur les testicules de fœtus humain ou chez le rongeur. Pour l'Inserm, cette étude confirme les soupçons qui pèsent sur les phtalates, concernant leur responsabilité dans la baisse de la fertilité humaine. Une directive européenne, révisée à plusieurs reprises, interdit aujourd'hui les phtalates, classés perturbateurs endocriniens, dans les jouets et objets de puéricultures, destinés aux enfants de moins de 3 ans. L'Europe les a également bannis des films alimentaires, mais ce n'est pas le cas dans beaucoup d'autres pays.

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    Dans un entretien donné au Monde.fr sur ce sujet le 12 avril, Shanna Swan, professeure au département de médecine préventive de la faculté de médecine Mount Sinai à New York, confirme que les produits chimiques reconnus comme des perturbateurs endocriniens, car altèrant le fonctionnement hormonal, affectent bel et bien le futur de l'humanité. Elle les décrit comme des "produits chimiques furtifs", dont personne ne se rend compte de la présence, mais qui font des dégâts et surtout, qu'on retrouve dans la descendance, sur plusieurs générations...

    La récente décision française d'autoriser l'épandage aérien de pesticides contenant des molécules toxiques, reconnues pour certaines comme cancérigènes et pour d'autres comme perturbateurs endocriniens par l'Europe, donne, hélas, l'impression que l'on préfère continuer à jouer aux apprentis sorciers, en réintroduisant d'un côté un danger (les pesticides) pas vraiment écarté de l'autre (les phtalates), plutôt que de travailler à prendre, en toute cohérence, les mesures préventives qui s'imposent dans l'usage des produits chimiques, afin de protéger la santé et l'avenir de l'humanité. A l'heure où l'on commence à s'interroger à voix haute sur l'impact des pesticides sur les cancers dans le monde agricole et celui de la viticulture (voir "Sud Ouest" du 7 avril), n'y aurait-il pas là une forme d'inconscience ?

    Cathy Lafon

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  • Fil vert. Le Japon fait le pari des énergies renouvelables, dont le solaire

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    Le projet de centrale solaire japonaise Photo IHI Corporation

    Le Japon est déjà à fond sur les éoliennes, avec un projet avant-gardiste d'éoliennes flottantes annoncé en mars par les entreprises Hitachi, Mitsubishi Heavy Industries et Nippon Steel. Prévu pour démarrer en 2013 au large de Fukushima, ce site vise à alimenter 100 000 foyers à terme. Mais les Japonais s'intéresse tout aussi fortement aux autres formes d'énergies renouvelables.

    A l'heure de l'après-nucléaire, l'empire du Soleil levant passe au solaire

    Un consortium d'entreprises nippones a annoncé mardi 10 avril, un projet de construction de la plus grande centrale solaire du Japon. Depuis le tsnuami et la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, l'archipel ne parvient plus à satisfaire tous ses besoins en électricité, suite à l'arrêt de la quasi intégralité de ses réacteurs nucléaires. Sur un parc de 54 réacteurs, un seul est aujourd'hui encore en activité, mais il devrait être arrêté pour maintenance d'ici la fin mai, date à laquelle le Japon vivra sans énergie nucléaire. La part de l'énergie nucléaire dans la production japonaise d'électricité se situait entre 25% et 30% du total : c'est cette part manquante que le Japon s'efforce de compenser depuis un an dans l'urgence, par des importations d'énergie, mais aussi par des économies d'énergie des entreprises et des particuliers, doublées d'une utilisation accrue des centrales thermiques et  par une politique volontariste de développement des énergies propres et renouvelables. Dans ce domaine, les initiatives se succèdent à un rythme effréné, avec le soutien de la population et des autorités locales, qui refusent toujours le redémarrage des centrales nucléaires et plébiscitent le recours aux énergies propres renouvelable, solaire en tête. Au Japon, cette technologie est reine : depuis plus de quatre décennies les groupes japonais Kyocera, Sharp, Sanyo ou encore Mitsubishi Electric, la maîtrisent à la perfection.

    Le projet de la future méga-centrale solaire japonaise devrait ainsi démarrer dès le mois de juillet dans la préfecture de Kagoshima (sud-ouest) avec l'aide de la firme d'industries lourdes IHI et de la banque Mizuho.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    La future centrale solaire en chiffres

    • Le groupe Kyocera fournira les panneaux photovoltaïques pour cette installation de 70 mégawatts.
    • Sa surface (1,27 million de mètres carrés) équivaudra à celle de 27 terrains de baseball, pour un coût de construction estimé à 25 milliards de yens (235 millions d'euros).
    • Une entreprise sera créée par les mêmes acteurs pour exploiter le site dont la production sera revendue à la compagnie d'électricité régionale Kyushu Electric Power et devrait permettre d'alimenter quelque 22.000 foyers.

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