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Industrie - Page 176

  • Nucléaire. EPR de Flamanville (Manche) : une dernière mise à prix à 9,1 milliards d'euros

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    Le chantier de l'EPR à Flamanville (Manche), décembre 2012 Photo TF1

    En plein débat sur la transition énergétique, la nouvelle fait causer : le coût de l'EPR de Flamanville (Manche) n'en finit pas de flamber.  Cette annonce n'est pas celle d'une vente aux enchères caritative, hélas pour la cause qu'elle soutiendrait, car c'est une nouvelle augmentation de 2 milliards d'euros qu'EDF a rendue publique  lundi 3 décembre, concernant le coût de la  construction de l'EPR français, qui atteint désormais 8,5 milliards d'euros(compte tenu de l'inflation), contre 3,3 milliards prévus initialement en 2005. Il a été revu depuis à 4 milliards en 2008, puis à 6 milliards en 2011. La dérive financière du projet de réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR, a provoqué depuis la défection du n°1 italien de l'électricité, Enel, qui participait au développement à hauteur de 12,5%. EDF devra lui rembourser plus de 600 millions d'euros, qui se rajoutent aux 8,5 milliards...

    Attendra-t-on les 10 milliards d'euros, d'ici la fin du chantier ?

    160 % d'augmentation en 7 ans

    Depuis 2005, le coût de construction de l'EPR a augmenté de 160%... Ce n'est pas rien : avec ces 8,5 milliards d'euros, on pourrait, par exemple, construire 56 musées du Louvre, comme celui de Lens (150 millions d'euros)qui ouvre aujourd'hui dans le Nord-Pas-de-Calais. On finance une ligne LGV Lyon-Turin, ou bien, comme au Japon, on investit pour une  relance nationale de l'emploi.

    Explications

    epr,coût,travaux,edf,areva"L'évolution du design de la chaudière, les études d'ingénierie supplémentaires, l'intégration des nouvelles exigences réglementaires ainsi que les enseignements post-Fukushima ont pesé sur le coût total de la construction", indique EDF dans un communiqué. Outre les exigences sécuritaires, sur le coût démesuré desquelles l'ancien patron de l'ASN, André-Claude Lacoste, avait attiré en son temps l'attention des pouvoirs publics et des industriels, la révision du coût s'explique aussi par des dépenses supplémentaires liées à des aléas industriels, comme le remplacement des 45 consoles et ses conséquences sur l'aménagement du planning des travaux ainsi que l'impact financier de l'allongement des délais de construction.

    Quatre ans de retard, mais pas plus, selon EDF

    EDF souligne toutefois que "des étapes importantes ont été franchies avec la réalisation de 93% du génie civil et 36% des montages électromécaniques ainsi que la mise en eau du canal d'amenée de la station de pompage début novembre 2012". Quant à la mise en service du réacteur de 3e génération conçu par Areva, elle est en revanche maintenue pour 2016, a également annoncé l'électricien français. La construction de ce réacteur de 1.650 megawatts a débuté en 2007 pour une mise en service initialement prévue pour 2012, puis repoussée deux fois.

    Une mauvaise nouvelle de plus pour l'électricien français

    Pour EDF, c'est la série noire. La nouvelle, rendue publique lundi après la fermeture des Bourses européennes, devrait logiquement faire plonger l'action de l'électricien davantage encore. Le titre d'EDF avait atteint jeudi dernier son plus bas historique, à 13,39 euros avant de se reprendre légèrement ces trois derniers jours. À la clôture lundi soir, l'action EDF était en perte de 25,72 % depuis le début de l'année, et de 55,89 % depuis l'ouverture du capital. EDF se serait certainement aussi passé d'une autre information publiée lundi également : l'exploitant a été condamné par la cour d'appel de Toulouse à 4.000 euros d'amendes à la suite d'une fuite de 450 litres d'effluents radioactifs en 2010 à la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne).

    "Flamanville-la-poisse"

    epr,coût,travaux,edf,arevaUne nouvelle panne est en outre survenue dans la nuit du samedi 1er décembre sur le circuit secondaire du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Flamanville, conduisant à découpler cette unité du réseau. "Le fonctionnement aléatoire d'une vanne de vapeur sur le circuit secondaire" a conduit à désactiver celui-ci et à réduire à 6% la puissance du réacteur, qui n'a pas été arrêté, a indiqué à l'AFP Eric Trelet, dirigeant d'astreinte du site. "Il s'agit du même problème que celui de samedi dernier (NDLR le 25 novembre), qui n'avait pas été entièrement soldé", a-t-il précisé. Cette nouvelle panne, qui devait être réparée dimanche soir, s'inscrit dans une série d'aléas qui affectent le fonctionnement de ce réacteur depuis son arrêt pour maintenance le 21 juillet, dont l'un de niveau 1 survenu fin octobre.

    Et pendant ce temps là, le match des anti et des pronucléaires continue

    epr,coût,travaux,edf,arevaCôté anti. "On nous avait annoncé une grande technologie, il s'agit d'une véritable gabegie financière", a dénoncé lundi sur France Info José Bové. "Qui va payer? Ce sont les gens qui consomment de l'électricité, ou alors ca va encore creuser le trou dans le budget de l'Etat, s'est agacé l'eurodéputé écologiste. On continue d'injecter des milliards dans un projet dont on sait que ce n'est pas l'avenir."

     "Cette annonce enterre la compétitivité de l'EPR face à l'éolien et tue aussi la crédibilité de l'EPR à l'export", a déclaré au journal Le Monde Sophia Majnoni, en charge des questions nucléaires à Greenpeace France. "Voilà qui vient briser le mythe, si cela n'était pas déjà fait, du nucléaire pas cher. Ce sont 8,5 milliards gaspillés et détournés des véritables alternatives. Il faut arrêter les frais et stopper ce chantier qui est absurde", a enchaîné Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.

    Et côté pro. Pas du tout, répond  Hervé Machenaud, directeur de la production et de l'ingéniérie chez EDF, qui assure que même à ce niveau, "le nucléaire reste moins cher que les énergies renouvelables hors hydraulique".

    Une technologie remise en cause, mais qu'Areva veut toujours s'exporter

    epr,coût,travaux,edf,arevaOutre le nucléaire en général, les réacteurs de type EPR en particulier posent problème. En Finlande (photo ci-contre), où le premier réacteur EPR est en construction à Olkiluoto, le chantier d'Areva accuse cinq ans de retard et devrait être achevé en 2014. Quatre autres EPR sont aujourd'hui en construction dans le monde au total. Les deux bâtis à Taishan, en Chine, semblent quant à eux respecter leur calendrier. Le président directoire du groupe Areva, Luc Oursel, ambitionne toujours  de vendre dix réacteurs EPR d'ici 2016. L'échéance la plus proche concerne la Grande-Bretagne, où le gouvernement pourrait rendre sa décision dès le 14 décembre. L'Inde, l'Arabie Saoudite et même encore la Finlande, décidément peu rancunière, seraient potentiellement intéressés pour la suite.

    L'EPR : un "mythe" toujours plus cher ?

    L'EPR est-il vraiment devenu un "mythe" toujours plus cher, comme le pense bon nombre d'écologistes? En tout cas, des économistes s'interrogent désormais sur l'EPR, comme Jean-Marie Chevalier, professeur à l'université Paris-Dauphine, qui déclare au Figaro "C'est très préoccupant pour EDF et pour le nucléaire en général, a fortiori au moment où la Grande-Bretagne présente une loi pour favoriser l'investissement pour construire des EPR.""C'est comme si le gigantisme et la complexité de l'EPR, avec ses 1 650 mégawatts (MW), conduisaient à des «déséconomies» d'échelle ", dit-il en rappelant qu'en lançant l'EPR, "Areva s'était engagé à un coût du mégawattheure (MWh) à 30 euros alors qu'on va dépasser 70 euros."

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS avec Ma Planète sur l'EPR : cliquer ICI


  • Coup de coeur. Starck et Duflot roulent pour un futur plus vert

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    Cécile Duflot arrive avec la Mia de Heuliez, au Conseil des ministres du 14 novembre 2012 Photo AFP

    coeur.jpgVoici deux bonnes et jolies nouvelles vertes qui vous ont peut-être échappé ces dernières semaines : les premiers modèles du Pibal, le nouveau vélo de prêt de la ville de Bordeaux, dessiné par Philippe Starck, seront prêts d'ici trois mois. Quant à Cécile Duflot, elle est devenu la première ministre à avoir adopté la Mia, la voiture électrique picto-charentaise, comme véhicule ministériel. Ca fait plaisir.

    Ma Planète à l'affût de ces événements plutôt rares et pourtant propres à illuminer la journée de l'écolo le plus grognon, les a gardés bien au chaud pour vous et vous les ressert aujourd'hui. Juste au cas où.

    Le Pibal de Philippe Starck


    Philippe Starck présente le Pibal, son vélo pour... par innovcity

    Dans trois mois, on découvrira les premiers prototypes du Pibal, le vélo conçu par le designer Philippe Starck pour la Ville de Bordeaux. C'est ce qui a été annoncé en Conseil municipal, le 19 novembre dernier, à l'occasion du vote du marché qui encadre la conception et la commercialisation du vélo. La production en grande série de ces bicyclettes dans les ateliers de Peugeot Cycles commencera plus tard.  Le marché est signé avec Peugeot Cycles pour une durée d'un an, renouvelable trois fois. Il s'élève à 200.000 euros sur la première année, et à 130.000 euros par an les années suivantes. L'un des enjeux de l'opération est de faire baisser le coût de revient du vélo : la production en grande série devrait permettre de produire le Pibal pour environ 350 euros pièce. L'année 2013 s'annonce décidément très bordelaise pour le designer, qui a aussi dessiné la poubelle de tri et de recyclage de papiers de bureau pour la société ELISE, qui vient tout juste de s'installer à Bordeaux.

     La Mia dans la cour de l'Elysée

    Le 14 novembre dernier, la ministre du Logement s'est rendue au Conseil des ministres dans la voiture électrique fabriquée par Heuliez... Habituée à utiliser son vélo, l'écologiste Cécile Duflot lui a préféré un véhicule électrique. "Aujourd'hui il fait un peu trop froid et je vais un peu plus loin", s'est justifié la ministre du Logement à l'antenne de LCI. Joli coup de pub pour la voiture des Deux-Sèvres, qui a désormais tout d'une grande  !

    Cathy Lafon

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  • Débat national sur la transition énergétique : chronique d'un échec annoncé ?

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réduction

    Transition énergétique : débat or not débat ?

    Conformément aux engagements pris par François Hollande et Jean-Marc Ayrault lors de la  Conférence de l'environnement (14 et 15 septembre), le gouvernement lance aujourd'hui le débat sur la transition énergétique en France.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionAvec comme double objectif la définition de la trajectoire permettant de réduire les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique et de l'augmentation des maladies respiratoires, tout en diminuant, comme promis par le président François Hollande, la part du nucléaire dans la production électrique. Au menu :  efficacité énergétique, diminution du nucléaire au profit des renouvelables, gaz de schiste... Et pour les Français: factures de chauffage, d'éclairage, de carburants, mobilité, transports...

    Un débat à l'allumage bien chaotique

    Très attendu par les consommateurs, les industriels, les économistes et, bien sûr, les écologistes le débat, qui doit se poursuivre jusqu'au printemps prochain en vue d'une loi de programmation attendue pour juin 2013, débute enfin, mais sous de bien mauvais auspices : prévu pour le 20 novembre, il a été reporté au dernier moment suite aux polémiques qui ont aussitôt entouré l'annonce de la compositon de son Comité de pilotage, le 10 novembre dernier. Raison officielle : François Hollande devait être au même moment au Congrès des maires... C'est ballot ! Manque de transparence, flou, défections en série : le moins qu'on puisse dire est que ce fameux "débat" patine sérieusement...

    A l'origine, il était une fois un Comité des "sages" très critiqué

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionCinq personnalités avaient été choisies initialement, le 10 septembre par la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, pour animer à ses côtés le débat national sur l'énergie que Greenpeace France et les Amis de la Terre ont finalement décidé de boycotter, jugeant que la compositition de ce Comité de "sages" ne respectait pas la neutralité. Les ONG pointaient la présence en son sein de trop de pro-nucléaires déclarés. L'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon (photo ci-contre) et le président du conseil d'administration de Valeo, ancien administrateur du CEA, Pascal Colombani, figuraient en effet parmi les cinq "sages", aux côtés d'un ancien de Greenpeace, Bruno Rebelle, qui a navigué des Verts au Parti socialiste, du climatologue Jean Jouzel, qui a fait carrière au CEA et préside l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), dont la directrice n'est autre que Laurence Tubiana, cinquième personnalité choisie par Delphine Batho.

    Une "bonne alchimie", selon le gouvernement...

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réduction"Ce Comité est une bonne alchimie", répondait aux ONG le 10 novembre Delphine Batho, qui présidera l'instance. "Anne Lauvergeon est un grand serviteur de l'Etat. Pascal Colombani, homme doté d'une grande expérience industrielle, a tout à fait le droit de ne pas partager les idées du gouvernement sur la transition énergétique, c'est cela le respect de la diversité, justement", avait-elle ajouté.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réduction... Un Comité "inacceptable" pour Greenpeace

    Suite au déferlement des critiques du monde environnemental sur sa présence, Pascal Colombani (photo ci-contre) a pourtant fini par jeter le gant, le 20 novembre dernier et s'est retiré du comité. Depuis, deux nouvelles personnalités choisies par Delphine Batho ont rejoint  "les sages" : Michel Rollier, patron du groupe Michelin jusqu'en mai 2011, qui préside la Plate-forme de la filière de l'automobile et George Mercadal, issu des Ponts et chaussées et ancien vice-président de la Commision nationale du débat public (CNDP), une instance qui veille au respect de la participation du public dans les projets d'aménagements ou d'équipements d'intérêt national.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionLe départ de Colombani a-t-il suffi à convaincre les ONG de participer à nouveau au débat ? Non, pour Greenpeace et les Amis de la Terre ce Comité reste "inacceptable". "Nous sommes scandalisés par la présence de personnalités connues pour être des ardents défenseurs du nucléaire", déclarait dès le 12 novembre le directeur général de Greenpeace, Jean-François Julliard (photo ci-contre), qui a ensuite annoncé, après s'être entretenu avec la ministre de l'écologie que son organisation refuserait de participer au débat national sur l'énergie:  "Nous ne participerons pas au débat, car nous n'avons plus confiance dans ce débat et dans la réelle volonté du gouvernement de réussir la transition énergétique".

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionMêmes motifs, même punition : le 15 novembre, Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre (photo ci-contre) déclarait à son tour que son organisaiton renonçait à participer au débat. Bras de fer ou décision définitive ?

    "La goutte d'eau qui a fait déborder le vase" pour Greenpeace

     

    "La composition du comité de pilotage a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", expliquait Jean-François Julliard. "Il y avait déjà le projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et ce qui s'y passe en ce moment, les incertitudes sur la fermeture de la centrale de Fessenheim, la déception de la conférence environnementale, le flou qui entoure l'organisation de ce débat et maintenant un comité de pilotage déséquilibré avec deux personnes ouvertement pronucléaires", détaillait encore le directeur de Greenpeace. 

    Des réactions mitigées dans les autres associations environnementales

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionUn comité "plutôt neutron que neutre!", ironisait sur Twitter Thierry Salomon, président de l'ONG d'énergéticiens négaWatt, alors que Sortir du nucléaire s'interrogeait dans un communiqué : "Comment espérer que soit sérieusement discutée la possibilité de fermer d'autres centrales que Fessenheim?". De son côté,  France Nature Environnement (FNE, fédération de 3.000 associations) ne contestait pas  la composition du comité "tant que tous les scénarios (énergétiques) sont étudiés, y compris la sortie du nucléaire".

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionEnfin la Fondation Nicolas Hulot et le Rassemblement pour la planète ont distribué des "cartons rouges" en citant le manque d'ambition sur la fiscalité écologique, la crise du solaire et de l'éolien, le "passage en force" sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ainsi que "l'organisation chaotique" du débat national sur la transition énergétique."Transparence, pluralisme, représentativité et indépendance" ne sont pas au rendez-vous, a assené la Fondation Nicolas Hulot, qui a estimé dans un communiqué qu'"un profond malaise entache le débat, avant même son commencement". Avant de conclure : "Déterminer la composition du Comité de pilotage avant même d'avoir statué sur ses missions laisse planer le doute sur sa capacité à assurer une représentation juste, impartiale et transparente des différents points de vue."

    "Parvenir à une solution" pour le changement climatique


    Réchauffement climatique - Jean Jouzel par CEA-tv

    "Le rôle d'un tel Comité de pilotage, c'est de parvenir à une solution, les gens ne sont pas forcément là uniquement pour défendre leurs idées", a déclaré de son côté à l'AFP le climatologue  Jean Jouzel, qui a accepté de siéger pour apporter son expertise climatique.  "La priorité de la transition énergétique, cela doit être de tenir nos engagements d'aller vers le facteur 4 d'ici 2050", c'est-à-dire la division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990, estime le glaciologue, rappelant que le secteur énergétique est "un levier majeur" dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Jean Jouzel est connu et respecté pour son importante contribution au sujet du réchauffement climatique, et notamment pour son rôle au sein du GIEC de l'ONU, dont il est expert depuis 1994 et vice-président depuis 2002.

    Un "Comité des sages" qui ne respire pas vraiment la "rupture" écologique

    Nobel de la paix 2007 avec  Al Gore et les autres scientifiques membres du GIEC, Jean Jouzel a été aussi responsable du groupe climat du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) qui dépend du Commissariat à l'énergie atomique. Si le climatologue n'est pas un pro-nucléaire déclaré, cette proximité avec l'atome titille-t-elle aussi  les environnementalistes ? En tout cas, il y a fort à parier que la présence de Michel Rollier,  "Monsieur Auto" en France, ne les rassurera pas vraiment sur la réalité des ambitions gouvernementales en faveur de la transition écologique de la société, qui intégère la transition énergétique et le débat censé la préparer. L'image donnée par les CV des membres de ce Comité est plutôt celle d'un "entre-soi" à la moyenne d'âge vieillissante : celui des représentant des grandes filières industrielles françaises classiques, construites depuis des décennies par les grands corps de l'Etat franais sur l'idée que la croissance économique repose, entre autres, sur une consommation illimitée de l'énergie. Et pas vraiment sur un développement durable, économe des ressources et respectueux du biotope humain : la planète.

    Alors, qui participe en finalité au débat ?

    Selon la feuille de route du gouvernement, l’instance qui va débattre, appelée commission nationale du débat ou Parlement, devrait s’appuyer sur un comité d’experts scientifiques et un comité citoyen dont les membres ne sont pas connus aujourd’hui. Cette commission doit représenter équitablement six collèges participants : les Etats, les ONG, les entreprises, les syndicats, les élus locaux et les parlementaires : sans Les Amis de la Terre et Greenpeace, on l'aura compris.

    transition énergétique,réchauffement climatique,émissions de gaz à effet de serre,réductionEt de quoi va-t-on y parler ?

    Autre motif de reproche de la part des ONG : pour Greenpeace, "Rien n’est prévu, rien n’est calé". A la FNE, on reconnaît avoir peu d’indications sur le déroulé du débat mais on espère qu’il permettra d’" engager un tournant vers la sobriété". L’épineuse question du gaz de schiste a en tout cas d’ores et déjà été traitée en amont. Idem pour le projet de tarification progressive de l’énergie, la fermeture de la centrale de Fessenheim ou encore les tarifs de rachat des énergies renouvelables, comme le dénonce Arnaud Gossement, avocat spécialiste en droit de l’environnement et chroniqueur pour Terra eco.

    Le nucléaire, encore et toujours ?

    L'un des arguments-massue des pro-nucléaires en faveur du développement de l'atome est qu'il permet de lutter contre le réchauffement climatique, en produisant une énergie peu émettrice en gaz à effet de serre et écologiquement propre. Ce que contestent radicalement les écologistes anti-nucléaires, aux arguments renforcés par la catastrophe de Fukushima et partisans avant tout de l'efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables. Alors, nucléaire encore et toujours ? Ou pas ? La question sera bien sûr au coeur du débat sur la transition énergétique. De même que celle de la mobilité et des transports. Si réel "débat" il finit par y avoir.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le Comité de pilotage : il aura pour tâche d'animer les débats entre les différents collèges: patronat, syndicats, associations, Etat, collectivités locales et parlementaires. Selon la "feuille de route" établie en septembre après la conférence environnementale, il s'appuiera sur un comité d'experts scientifiques (chargés de donner un avis sur les documents débattus) et un "comité citoyen".
    • Le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA-CNRS-université de Versailles Saint-Quentin) : cliquer ICI