Nucléaire. Nouveau retard pour l'EPR finlandais
"D'après les informations transmises par le consortium Areva-Siemens, Teollisuuden Voima Oyj (TVO) estime que le réacteur de production d'électricité nucléaire Olkiluoto 3 ne sera pas prêt pour une production d'électricité normale en 2014", a affirmé le groupe dans un communiqué, repris par l'AFP le 16 juillet. "Les travaux d'installation du réacteur et l'ingénierie du système d'automatisation de la centrale sous la responsabilité du fournisseur n'ont pas progressé conformément au calendrier du fournisseur", et "TVO attend du fournisseur qu'il mette à jour le calendrier global", a-t-il ajouté.
Une entrée en service intialement prévue en 2009
Cette déconvenue s'ajoute aux multiples déboires du chantier, démarré sur la côte Ouest de la Finlande en 2005. Alors que le réacteur OL3 devait initialement entrer en service en 2009, des retards sont annoncés chaque année. Jusque-là, la date prévue était d'août 2014 pour ce réacteur d'une capacité de 1.600 mégawatts. TVO a fait part de son agacement, tout en le modérant : "Bien que nous ne soyons pas satisfaits de la situation et qu'il y ait eu des problèmes répétés de fixation du calendrier, les travaux progressent et des solutions pour les points de construction et d'ingénierie restants sont trouvées les unes après les autres". "Les installations mécaniques de toutes les composantes majeures du réacteur sont achevées, et la majeure partie des installations de tuyauterie a été implantée. Les préparatifs pour la mise en route sont en cours", a-t-il expliqué. TVO a déjà tenté de pénaliser ses fournisseurs en plaçant sous séquestre des sommes qui leur étaient dues. Le consortium (73% Areva et 27% Siemens) a répondu sur le terrain judiciaire, et obtenu d'un tribunal arbitral début juillet le déblocage de 125 millions d'euros.
Trois autres EPR en construction dans le monde
Trois autres réacteurs du type EPR sont en construction dans le monde, un à Flamanville (Manche, nord-ouest de la France), et deux à Taishan (sud-est de la Chine). Les deux réacteurs chinois, construits en collaboration avec l'opérateur chinois CNGPC, pourraient être les premiers au monde à entrer en service, fin 2013 et fin 2014 selon le calendrier actuel. A Flamanville, le démarrage initialement prévu pour 2012, a déjà été reporté à 2016.
Des EPR à problèmes
Areva présente ce réacteur nucléaire dit de troisième génération, à eau pressurisée, comme plus sûr, performant et durable que ses concurrents. Mais, pour l'heure, les problèmes de l'EPR ont surtout fait perdre beaucoup de crédit au géant français du nucléaire, qui, à cause de ces retards, a en outre passé des provisions qui ont déjà largement excédé le prix auquel le réacteur a été vendu, 3 milliards d'euros, pour lequel il a touché 1,8 milliard. Pas vraiment rentable. En quatre ans, l'action Areva a perdu plus de 85% de sa valeur à la Bourse de Paris, malgré une hausse ponctuelle, lundi 16 juillet, due à une cession d'un producteur d'or canadien, La Mancha Resources. Finalement, le nouveau retard de l'EPR finlandais n'aura que très peu surpris les investisseurs.
►LIRE AUSSI