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Environnement - Page 603

  • Le Japon veut redémarrer deux réacteurs nucléaires. Avec ou sans l'assentiment de la population ?

    reacteurs sendai.jpg

    Les réacteurs nucléaires Sendai 1 et 2 susceptibles d'être relancés par le Japon. DR

    Trois ans et demi après la catastrophe de Fukushima Daiichi, les autorités japonaises sont prêtes à relancer l'énergie nucléaire au pays du Soleil levant. Selon la NRA, l'équivalent nippon de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), deux réacteurs nucléaires remplissent les nouveaux critères de sûreté post-Fukushima.

    fukushima accident.jpg"Le danger réduit autant que possible"

    Les deux réacteurs nucléaires pressentis pour redémarrer leur activité sont ceux de Sendai, dans la préfecture Kagoshima, au sud-ouest du Japon. Depuis le désastre de Fukushima le 11 mars 2011 (photo ci-contre), le parc des 48 réacteurs nippons est resté arrêté et aucune unité n'a encore reçu de certificat de conformité aux nouvelles normes de sécurité ultra sévères, entrées en vigueur en juillet 2013. "Ce sont presque les plus hauts niveaux de sûreté au monde", a affirmé mercredi le président de la NRA, Shunichi Tanaka. Tout en précisant bien qu’on ne peut jamais dire que les risques sont absolument nuls: "l’examen sert à mesurer si les normes sont respectées de sorte que le danger soit réduit autant que possible", a-t-il ajouté.

    sendai.jpgTsunamis, séismes, éruptions volcaniques, tornades... promis, Sendai résistera à tout !

    Les membres de l’autorité de régulation nucléaire ont approuvé un rapport de 420 pages selon lequel les dispositions techniques prises par la compagnie Kyushu Electric Power pour les tranches Sendai 1 et 2 sont  compatibles avec ces nouvelles exigences, en cas d"accident critique". Selon le document, Sendai est parée pour faire face aux tsunamis, séismes, éruptions volcaniques, tornades et autres dangers afin d’éviter que la situation ne dégénère en catastrophe majeure, comme en mars 2011 à la centrale de Fukushima, détruite par un puissant tremblement de terre au large suivi d'un gigantesque raz-de-marée. Il vaut mieux, car en 2011, la ville de Sendai a également été rayée de la carte par le séisme et le tsunami géant (photo AFP ci-dessus).

    shinzo abe.jpgShinzo Abe proche de la victoire

    L'avis de la NRA conforte le premier ministre de droite nippon, Shinzo Abe, qui ne crie pas encore victoire mais s'y prépare : il a pour objectif de faire redémarrer 19 des 48 réacteurs japonais. Son gouvernement qui souhaite réduire les importants déficits commerciaux subis par le pays depuis que l’arrêt des réacteurs nucléaires l’oblige à importer des quantités massives d’hydrocarbures pour ses centrales thermiques, veut surtout retrouver une indépendance énergétique basée sur le nucléaire. Et ce, en dépit du potentiel énorme des renouvelables en plein boum au Japon.

    Les réticences et l'opposition de la population
     
    Mais, avant d'avoir un feu vert définitif, les deux réacteurs de Sendai doivent encore passer par "un appel à commentaire publics d'une durée de 30 jours", avant validation définitive de l'avis de la NRA. Autrement dit: la population est censée avoir son mot à dire. Et au Japon, tout le monde n'est pas d'accord pour renouer avec le nucléaire. Selon Greenpeace, "des milliers d’habitants de la préfecture de Kagoshima (où se trouvent les unités Sendai 1 et 2) et de la province voisine de Kumamoto ont fait part de leurs inquiétudes". "Les principaux problèmes comprennent l’absence de plan réel d’évacuation de la population en cas de nécessité, notamment des personnes âgées, des enfants, ou des personnes hospitalisées", ajoute l’organisation.
     
    Les intérêts commerciaux des compagnies avant la sécurité de la population

    Les opposants, dont certains se sont immédiatement rassemblés devant le complexe atomique de Sendai dès mercredi pour protester contre la remise en route des réacteurs,  considèrent en outre que la compagnie Kyushu Electric Power et l’autorité ne sont pas parvenues à établir un diagnostic et fournir une réponse précise au risque volcanique dans la région. "L’autorité a cédé à la pression énorme de l’industrie nucléaire et du gouvernement Abe ", lance Kazue Suzuki, de Greenpeace. "Elle place les intérêts commerciaux des compagnies électriques avant la sécurité de la population".

    L'épreuve de la démocratie

    Des rencontres avec les habitants et les municipalités proches de la centrale de Sendai sont prévues en octobre. Dores et déjà, le gouvernement de Shinzo Abe sait qu'ils ne sont pas favorables au redémarrage et qu'il sera difficile de les convaincre. Mais tiendra-t-il compte réellement de l'opinion de la population ? Au vu de ses déclarations, on peut en douter. "Quand une décision définitive aura été prise sur la sûreté de la centrale, nous entamerons la procédure pour redémarrer les réacteurs, en essayant d'emporter l'assentiment des communautés locales et des habitants", a-t-il dit.

    Les dossiers de 17 autres réacteurs, tous en zone sismique et en bord de mer, doivent désormais également être scrutés à la loupe.

    Cathy Lafon

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    • Les articles de Ma  Planète sur Fukushima: cliquer ICI
  • 7ème Continent : "Il y a de la vie dans les déchets plastique!"

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    Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS à l'Université Paul Sabatier, étudie la pollution transportée par les microplastiques sur l'expédition 7ème Contintent. Dans son laboratoire, elle  fait des analyses par spectrométrie de masse afin de doser ces polluants. Photo 7ème Continent.

    De retour de l'expédition 7ème Continent conduite par Patrick Deixonne en mai dernier, Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS, poursuit les études sur les morceaux de plastique échantillonnés dans le gyre de l'océan Atlantique Nord.

    plasfifere.jpg"La plastisfère"

    Les débris de plastique offrent un habitat artificiel à des organismes mircroscopiques et peuvent les transporter et les disperser sur de très grandes distances, comme l'ont révélé des travaux américains en 2013.  Les auteurs ont appelé cet ensemble de microbes "la plastisfère". C'est un nom assez poétique... En réalité les scientifiques ne savent pas encore quel pourrait être l'impact de ces microbes sur l'écosystème marin. L'un des objectifs scientifiques de l'expédition 7ème Continent est justement d'en savoir plus sur le sujet.

    Premières images en microscopie électronique des fragments de plastique du 7ème continent

    C'est au laboratoire des Interactions Moléculaires et Réactivité Chimique et Photochimique (IMRCP) de l'Université Paul Sabatier de Toulouse qu'Alexandra Ter Halle du CNRS et son équipe s'attèlent à analyser les échantillons de plastique qu'ils ont rapportés du cœur du gyre de l'Atlantique Nord avec l'expédition 7ème Continent.  Les chercheurs ont réalisés des images de microscopie électronique à balayage au Centre toulousain de Microscopie Electronique Appliquée à la Biologie (CMEAB) à la Faculté de médecine Rangueil. Et leurs premières découvertes confortent celles de leur collègues américains: "Comme le montrent ces photos colorisées, les débris de plastique sont très colonisés! On retrouve par exemple des bactéries, des ciliés (organismes eucaryotes unicellulaires possédant des cils vibratiles) ainsi que des diatomées (micro-algues unicellulaires)..." explique Alexandra Ter Halle.

    plastifère 3.jpgLe travail des scientifiques est loin d'être terminé. Les investigations doivent se poursuivre avec des scientifiques spécialistes de ces communautés microbiennes dans l'équipe "Microbiologie de l'environnement et bioinformatique" du Laboratoire Microorganismes Génome et Environnement (LMGE) de Clermont-Ferrand. Ces derniers procéderont à la caractérisation génétique de ces microorganismes afin de mieux les connaître pour pouvoir mesurer leurs impacts sur la biodiversité.

    Cathy Lafon
     
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  • Biodiversité : en France, la guerre du loup n'a pas de fin...

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    La France en veut à ses loups. Photo archives AFP

    Dans le cadre du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l’Assemblée nationale a autorisé le jeudi 10 juillet les éleveurs à abattre des loups dans certaines zones du territoire et à certaines conditions. La Convention de Berne de 1979, signée par la France, classe en effet les loups en espèce strictement protégée. Une protection renforcée par la directive Habitat faune-flore de 1992. Mais en cet été 2014, l'Hexagone veut à nouveau en découdre avec ses loups, au grand dam des écologistes.

    L'arsenal législatif contre le "canis lupus" renforcé

    Les mesures destinées à faciliter les abattages des loups votées par les députés, découlent d’un amendement au projet de loi sur l’avenir de l'agriculture, introduit au Sénat, retouché ensuite en commission à l’Assemblée via un amendement du gouvernement. L’amendement du Sénat prévoyait notamment qu’en cas d’attaque, l’éleveur soit autorisé à tuer des loups pour une durée de six mois sur le territoire de sa commune. Le gouvernement a fait adopter en commission à l’Assemblée un amendement pour être en conformité avec le droit européen notamment en autorisant l’abattage des loups dans des zones de protection renforcée, délimitées par les préfets, pour une durée maximale d’un an lorsque des dommages importants sont constatés pour les activités pastorales.

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageRenégocier la convention de Berne ?

    Le seul changement apporté dans l’hémicycle, via le vote d’un amendement UMP ayant le feu vert du gouvernement et du rapporteur, précise que cela concernera l’élevage et non le seul pastoralisme, qui a cours principalement dans les zones de montagne. Un plafond d’abattage sera fixé pour chaque zone de protection renforcée dans le respect d’un plafond national. "On renforce comme jamais l’arsenal législatif qui va permettre aux éleveurs de se protéger beaucoup mieux" et c’est "d’un commun accord avec la ministre de l’Ecologie et en cohérence avec le plan loup", a commenté le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll  qui a ajouté : "Au-delà, il faudrait renégocier la convention de Berne mais aujourd’hui il n’y a pas de majorité pour le faire".

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageSégolène Royal, ministre des éleveurs...

    Sur la même ligne que Stéphane Le Foll, le 20 juin, Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, a lancé une consultation électronique ouverte au public jusqu'au 11 juillet, sur un projet d'arrêté autorisant les chasseurs à organiser des tirs de prélèvement du loup, à l'occasion de chasses ordinaires dans 57 communes des départements des Alpes Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence, de Savoie et du Var. En dépit de l'avis du  Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) qui avait rendu un avis négatif à propos du premier texte plus restrictif et sans attendre les résultats de la consultation, le samedi 28 juin, elle a déjà signé deux arrêtés pour renforcer le plan national loup 2013-2017. Le premier reprend le plafond de 24 loups maximum pouvant être abattus en France dans les douze prochains mois, à titre dérogatoire. Mais ce plafond pourra être porté à 36 quand 20 loups auront été éliminés. Le second porte de 14 à 20 les départements dans lesquels des tirs de prélèvement peuvent être autorisés par les préfets en cas d’attaques avérées sur les troupeaux. Est concerné un grand quart sud-est de la France, allant jusqu’à la Meuse et la Haute-Marne. 

    montagne,élevage,loup,ministère ecologie,ministère agriculture,ségolène royal,stéphane le  foll,polémique,plan loup,abattageLes écolos vent debout

    On s'en doute, tout cela n'est pas du goût des associations écologistes qui défendent les espèces animales sauvages protégées, dont le loup. "Ségolène Royal chasse une espèce protégée dans un espace protégé. On est rentré dans une hystérie collective. C'est à celui qui en promettra le plus aux éleveurs", s'indigne Pierre Athanaze (photo ci-contre)le président de l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui a déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille ainsi qu'une plainte devant la Commission européenne. Jean-David Abel, responsable du dossier Loup à France nature environnement (FNE) interpelle l'Etat, qui "doit s' engager clairement, et énoncer pour toutes les parties prenantes, les conditions pour une présence pérenne de l'espèce." Le représentant de la FNE dénonce également la faiblesse du gouvernement, sous pression du lobby des éleveurs dont "l'objectif réel, argumente-t-il, est la régression ou l'éradication de l'espèce... Leurs revendications sont incompatibles avec les engagements internationaux de notre pays."

    Les battues pas suffisamment encadrées

    Naturellement revenus en France au début des années 1990 par l’Italie et durablement installés dans les Alpes, les loups sont encore peu nombreux dans l'Hexagone qui n'en compte que 300, pour 1.500 en Italie et 2.500 en Espagne où leur présence ne semble pourtant pas poser problème. Les loups français s'aventurent logiquement sur de nouveaux territoires: partie orientale des Pyrénées, Massif central, Vosges, Haute-Marne et plus récemment l’Aube et, en dépit de leur petit nombre, ils auraient tué plus de 6.000 animaux d’élevage en 2013, selon le ministère de l’Ecologie. L'an dernier, après un été particulièrement meurtrier, l'Etat avait d'ailleurs autorisé les tirs de prélèvement lors des battues. Mais tous ont été  annulés les uns après les autres par les tribunaux administratifs, saisis par les associations écologistes. Motif : les battues n'étaient pas suffisamment encadrées...

    Les éleveurs mécontents

    Ainsi, lors de ces 12 derniers mois, seuls huit loups ont été abattus malgré le plafond passé de 11 à 24 dans le nouveau plan loup, en raison de la complexité des procédures mais aussi de la difficulté de trouver l’animal sur le terrain. Dans ces conditions, on est en droit de se demander l'intérêt qu'il y a à augmenter encore le nombre de loups que l'on peut abattre... L'association Eleveurs et montagnes pas plus satisfaite que les écolos, dénonce ainsi les arrêtés gouvernementaux "démagogiques" selon elle et réclame un "vaste plan de régulation de l'espèce" en souhaitant "une révision de son statut de conservation". De son côté, excédée, l'ASPAS en est venue à demander, le 15 juillet "le retrait des troupeaux dans les Parcs nationaux, si la cohabitation avec les éleveurs est impossible !"

    Pas de doute : au pays des 400 fromages et des 300 loups, la guerre du "canis lupus" est relancée !

    Cathy Lafon

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