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Energie - Page 97

  • EPR : "simple ajustement" ou éventuelle "catastrophe industrielle" ?

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    Jusqu'où ira l'EPR de Flamanville ? Photo AFP

    Décidément, la ministre de l'Ecologie en pince pour l'EPR. Suite à l'anomalie de fabrication détectée sur la cuve du réacteur nucléaire de troisième génération construit par EDF et Areva et pointée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Ségolène Royal garde son enthousiasme intact."Le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche) "n'est pas condamné", a-telle assuré ce dimanche, sur France 5, parlant de simples "ajustements de travaux" à faire. Genre, juste un bloc de Lego à vérifier et/ou à remplacer. La foi, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, de la charbonnière.

    Anomalie "sérieuse de fabrication"

    Pour l'ASN, l'anomalie qui concerne la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur est pourtant une anomalie "sérieuse" de fabrication. Areva, qui a fabriqué la cuve, doit proposer des essais complémentaires visant à cerner "l'importance de l'anomalie, essayer de la qualifier et de voir quels impacts elle a potentiellement sur la sûreté", selon Pierre-Franck Chevet, son président. Si la fragilité de la cuve était avérée, elle pourrait en effet se fissurer et occasionner de graves fuites radioactives. Cela représente "un très gros travail de plusieurs mois" a-t-il insisté en soulignant que cette autorité administrative indépendante entend se forger une "conviction très forte" avant de trancher sur le dossier.

    "Non, il n'est pas condamné"

    "Non, l'EPR n'est pas condamné", a martelé pour sa part avec vigueur sur France 5 la ministre de l'Ecologie et de l'Energie. De son côté, EDF, sur la même longueur d'onde que Ségolène Royal, a rappelé dans un communiqué diffusé dans la soirée que "dans l'état actuel des informations disponibles", le "chantier de l'EPR de Flamanville se poursuit". Et toc. Une pierre dans le jardin d'Europe Ecologie-les Verts dont la patronne, Emmanuelle Cosse, réclamait, également le même jour, mais sur Europe 1, l'arrêt du chantier. 

     

    La transparence, "un progrès extraordinaire"

    epr,flamanville,sécurité,asn,ségolène royal"Les Français peuvent être rassurés au sens où l'ASN dit les choses", a estimé la ministre, vantant un "système français transparent (...) et ça, c'est quand même un progrès extraordinaire". Ah bon, parce qu'avant, il n'y avait pas de transparence concernant l'industrie de l'atome en France ? "Cela permet au parlement de faire des auditions, au gouvernement d'exiger des évaluations, des tests complémentaires, ce qu'Areva s'est engagé à faire", a-t-elle poursuivi, rappelant que "Ce sont des travaux extrêmement complexes (..) et comme dans tous les travaux industriels, même ceux menés en dehors de la filière nucléaire, il y a des ajustements en cours de travaux". Merci, on avait quand même compris qu'on n'était pas en cours de travaux manuels et on se doute bien qu'un réacteur de 3ème génération, c'est un poil plus compliqué à fabriquer qu'un chasse-moustiques...

    "Les choses sont dites"

    Selon la ministre de l'Ecologie qui apprécie le pragmatisme et dont on sait qu'elle aime que les choses soient claires, "la clarification est faite, les choses sont dites, il y a un complément d'examens, de tests qui vont avoir lieu, dont les résultats seront rendus publics à l'automne prochain, et ensuite les travaux reprendront". Voilà tout. Point final. Fermez le ban.

    La Chine s'interroge

    epr,flamanville,sécurité,asn,ségolène royalMais les Chinois qui ont acheté deux EPR à la France et qui sont, comme chacun le sait, peu regardants sur l'environnement et la sécurité des populations, adorent en revanche, "chinoiser". Aussi, l'Empire du milieu qui n'a pas tout-à-fait le même point de vue sur la question que la ministre de l'Ecologie, Areva, ou EDF, veut-il lever les doutes sur la sûreté des EPR français. "La Chine ne chargera pas de combustible dans ses deux réacteurs de type EPR construits par le Français Areva tant que tous les doutes, quant à la sûreté des équipements, ne seront pas intégralement levés", a annoncé en fin de semaine dernière le ministère chinois de l'Environnement.

    Le scénario du pire doit être envisagé

    Le simple bon sens, pourtant si cher à Ségolène Royal, ne commande-t-il donc pas au gouvernement d'envisager aussi l'hypothèse du pire, juste au cas où  ? Si les essais complémentaires, menés par EDF et Areva d'ici à octobre sur la pièce défectueuse, ne répondent pas aux normes requises par la nouvelle réglementation sur la sûreté des équipements nucléaires, il faudra bien enlever la cuve installée à Flamanville pour la refaire. Un très gros Lego, chacun en conviendra. Ou bien, abandonner le chantier qui a déjà coûté plus de trois fois plus cher que prévu (8,5 milliards d'euros aujourd'hui), et qui accuse un retard de 5 ans. Quant au client chinois de l'EPR, qui représente 9% du marché d'Areva, on peut parier qu'il sera légèrement agacé.

    Comme l'écrit le quotidien Les Echos de ce lundi, à propos de l'EPR et Areva : "Une catastrophe industrielle ne peut plus être totalement exclue". Et cela, c'est on ne peut plus clair et pragmatique.

    Cathy Lafon

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  • 100% d'énergie verte en France en 2050 sans nucléaire, c'est possible. Mais ça dérange

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    63% d'énergie éolienne en France en 2050, selon l'Ademe, c'est possible. Photo DR

    Selon une information révélée par Mediapart mercredi dernier, un rapport explosif commandé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) montre que la France peut produire, en 2050, la totalité de son électricité à partir des énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, géothermie, etc.), sans que cela coûte plus cher que le mix énergétique tricolore prévu à l'horizon 2025, qui prévoit d'abaisser et de maintenir à 50% le seuil du nucléaire.

    Une bonne nouvelle qui dérange ?

    Autrement dit,100% d'électricité verte en France à un coût comparable à celui de l'atome, c'est possible. Ca fait plaisir. Sauf que, bizarrement, la bonne nouvelle semble plus déranger que réjouir les pouvoirs publics : sa présentation prévue pour ce mardi 14 avril, à Paris, à l'occasion d'un colloque sur les énergies renouvelables intitulé "40% d'électricité renouvelables électriques en 2030 : la France est-elle prête ?" a été déprogrammée et reportée...  Ca fait pas plaisir.

    Sujet sensible

    rapport,ademe,énergies renouvelables,coût,mix énergétiqueOn comprend que le sujet soit sensible, alors que la loi sur la transition énergétique est toujours en cours d’examen au Parlement et que l’un des points de frictions pendant les débats a porté sur la trajectoire de réduction de la part du nucléaire (75% aujourd’hui) dans le mix-électrique du pays. On n'oublie pas non plus que le groupe du nucléaire français Areva accuse un déficit titanesque de 4,9 milliards d'euros pour 2014 et que le coût de l'EPR en construction à Flamanville (photo ci-dessus) qui accumule incident sur incident, dérape bien plus que celui des travaux de la Maison de la radio... Alors, si l’Ademe dément que le report de la publication réponde à un quelconque agenda politique, Fabrice Boissier, son directeur général délégué, évoquant "des hypothèses à retravailler" apparues "suite à des consultations avec un comité d’échange" composé d’acteurs du secteur, comme EDF ou le Syndicat des énergies renouvelables, on peut s'interroger avec Mediapart sur les motivations réelles de ce report.

    Pas touche au nucléaire ?

    rapport,ademe,énergies renouvelables,coût,mix énergétiqueMais ce qu'il y a de bien avec Internet, c'est que les secrets sont de moins en moins bien gardés. Alors, brûlot ou pas, le 8 avril, Mediapart a décidé de publier sur son site ce rapport dans son intégralité. Il est vrai que les citoyens français ont quand même le droit de savoir que, selon l'étude pilotée par l'agence de l'Etat, la France pourrait parvenir à un bouquet énergétique 100% renouvelable, avec 63% d'éolien sur terre et en mer, 17% de solaire, 13% d'hydraulique et 7% de thermique renouvelable. Et que ce scénario serait à peine plus coûteux que celui que prévoit le projet de loi sur la transition énergétique qui a pour objectif de maintenir 50% de nucléaire et de laisser à 40% la part des renouvelables.  Avec 100% d'énergies vertes, le coût de l'électricité, 119 € le mégawattheure (MWh), serait 30%%  plus cher qu'aujourd'hui (91 €), mais quasiment identique à celui du scénario où l'atome représenterait 50% du mix énergétique, 117 €.  L'explication est simple: maintenir un parc nucléaire vieillissant comme celui de la France est très coûteux. En 2025, la moitié des 58 réacteurs auront atteint l'âge fatidique de quarante ans. Jeune pour un humain, c'est un âge canonique pour une centrale nucléaire... Les prolonger en répondant aux exigences de sécurité de l'Autorité de sûreté du nucléaire, ou  les remplacer par des EPR, vu l'exemple désastreux de Flamanville, cela coûtera forcément très cher. 

    Les positions des écolos confortées par l'Ademe

    baupin.jpgL'étude de l'Ademe va donc à contre-courant de l'idée reçue et véhiculée par le gouvernement et la très grande majorité des élus, selon laquelle maintenir le nucléaire dans le mix énergétique aura moins d'impact pour le portefeuille des Français. Elle conforte aussi les écologistes,  politiques et associatifs, qui proclament l'inverse, et ce, depuis fort longtemps. Ainsi, pour Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, elle est "importante car c’est la première fois que l’on a un scenario national 100% renouvelables" et qui montre que "les différences de coûts sont finalement assez faibles" avec d’autres scénarios de mix. "Plutôt que de chercher à en minimiser la diffusion, le gouvernement doit se saisir de ce rapport de l’Ademe pour accentuer les efforts en matière de transition énergétique", a regretté le parti Europe-Ecologie-les-Verts, dans un communiqué. "Cela illustre une nouvelle fois le tabou qu’il y a à évoquer le passage du nucléaire aux énergies renouvelables", a indiqué à l’AFP le député écologiste Denis Baupin (photo ci-dessus) dont le rapport de janvier 2014 sur le coût réel du nucléaire est confirmé par l'étude de l'Ademe.

    Le "fiasco industriel du nucléaire"

    rivasi.jpgPour Michèle Rivasi, eurodéputée EELV, qui souligne l'énorme potentiel des énergies vertes pour l'emploi et l'économie, la révélation par Mediapart du rapport commandé par l’Ademe démontre bien l’"omerta imposée par l’industrie nucléaire sur l’avenir énergétique et électrique de la France". "Alors que les coûts du nucléaire ne font que croître, précise la vice-Présidente du Groupe des verts/ALE au Parlement européen et que ceux de l’éolien ou du solaire ne font que diminuer, alors que la géothermie ou l’énergie marine représentent des gisements inépuisables et constants de production de chaleur ou d’électricité, la France s’entête à vouloir développer de nouvelles générations de réacteurs nucléaires, avec le succès que l’on connaît : un fiasco industriel."

    Pas question pour le gouvernement de sortir du nucléaire

    royal transition énergétique.jpgL’intérêt de l’étude n’est "pas l’objectif" d’atteindre 100% d’énergies renouvelables, mais "quel est, quand on se projette dans des scénarios extrêmes, le coût de chacune des énergies, quelles sont les modalités de déploiement des sources de production et l’impact sur le réseau électrique", a pour sa part réagi dans un communiqué Ségolène Royal. La ministre de l’Ecologie et de l’Energie a par ailleurs "demandé à l'Ademe de travailler à un scénario 100 % nucléaire en 2050 pour rétablir l'équilibre". On l'aura bien compris : pour l'heure, le gouvernement est toujours hostile à l'abandon du nucléaire. Quand bien même la stratégie du 100 % renouvelables s'avèrerait moins coûteuse à terme pour l'Etat et pour les consommateurs. Et garante d'une plus grande sécurité pour les populations et l'environnement.

    Quoiqu'il en soit, l'Ademe a fini par mettre en ligne à son tour le fameux rapport, 48 heures après sa publication par Mediapart. Pour le lire, il faut cliquer ICI.  Merci Internet et merci Mediapart !

    Cathy Lafon

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    Depuis plus d'un an, la Californie est en proie à une sécheresse d'une ampleur exceptionnelle, qualifiée par les autorités locales d'"historique". Jerry Brown, le gouverneur de l'Etat de l'ouest américain, a dû annoncer sur la chaine ABC, le 5 avril dernier, des mesures d’urgence d’économies d’eau, en soulignant que le changement climatique n'était "pas un canular" pour son Etat. Une pierre dans le jardin des climato-sceptiques. "Le temps que nous avons en Californie, ce temps sévira dans d’autres endroits du monde", a-t-il aussi averti.


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    Un signal d'alarme

    Les mesures d'économie visent à réduire de 25% la consommation d’eau dans cet Etat où vivent 40 millions de personnes, et où le ministère californien des Ressources en eau a indiqué que, cette année, le 1er avril, il n'a pas trouvé de neige à 2.000 mètres d’altitude dans la Sierra Nevada. Une première en 75 ans. "C’est un signal d’alarme et il devrait concerner tout le monde, parce que ce décret est pris en vertu des pouvoirs d’urgence", a insisté Jerry  Brown, rappelant que les contrevenants s’exposaient à des amendes de 500 dollars par jour, voire à la coupure du service d'eau.

    L'agriculture épargnée

    Interrogé sur le fait que l'agriculture était largement épargné par ces mesures, le gouverneur a reconnu que 80% de l’eau était consommée par ce secteur, qui ne représente que 2% de l’économie californienne. Mais les agriculteurs "n’arrosent pas leur pelouse ou ne prennent pas de longues douches. Ils produisent la majorité des fruits et des légumes fournis par l’Amérique à une partie importante du monde", a-t-il souligné. "Bien sûr, on pourrait tout couper. Si on ne veut pas produire d’aliments et les importer d’ailleurs, théoriquement c’est possible. Mais cela déplacerait des centaines de milliers de personnes", a argumenté Jerry Brown. Et l'impact écologique en terme d'émissions de gaz à effet de serre, serait désastreux.

    Transition écologique à la californienne

    sécheresse,etats-unis,californie,mesures,économie d'eauParmi les mesures annoncées, l'Etat va, par exemple, demander le remplacement de 4,6 millions de mètres carrés de pelouse par des plantes peu consommatrices d’eau.  La Cité des Anges avait déjà instauré des mesures d’incitation, comme le programme "pelouse contre dollars", mais sur la base du volontariat.  Les "normes des toilettes et robinets" vont également être revues pour limiter le débit d’eau, et la « police de l’eau » déjà existante pourrait devenir plus sévère. La batterie d'actions envisagées pour économiser l'eau en Californie implique un véritable changement de mode de vie. L'Etat le plus écolo de l'Amérique de Barack Obama a déjà bien engagé cette transition écologique en développant, notamment,  les énergies renouvelables dont le photovoltaïque. Par ailleurs, la ville de San Francisco, qui a banni les sacs plastiques, s'est fixée pour objectif de parvenir, d'ici à 2020, à zéro déchet non recyclé ou composté, afin d'éviter les décharges et les incinérateurs, très polluants.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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