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Economie - Page 277

  • Avec CitéGreen, finie l'écologie "punitive" !

    citegreen.jpg

     CitéGreen DR

    Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais l'écologie dite "punitive", y en a marre. Et batailler tous les jours sur son petit vélo pour diminuer la pollution et désengorger la ville, dans l'indifférence générale, sans gagner rien d'autres que des coups de klaxons d'automobilistes énervés, y en a marre aussi.  Alors : "Moi d'abord, après moi le déluge, ce n'est pas ma petite bonne action qui va sauver le monde, ça me complique la vie et ça sert à rien, et de toute façon, nos gouvernants s'en battent l'oeil ?"  Motiver ou remotiver chacun à l'écoresponsabilité, mission impossible ? Non, bien sûr.  Mais comment ? Et surtout : à quand l'écologie "récompensante" ?

    "Le bon point ! ", vous dis-je

    La réponse est simple comme les bons points de l'école d'antan : il faut récompenser les bonnes pratiques et les initiatives éco-responsables de la vie de tous les jours. Utopie ? Pincez-vous tant que vous voudrez, c'est possible : CitéGreen.fr le fait. Lancé le 7 février, ce site internet français surfe sur ce concept et se propose de faire gagner du pouvoir d'achat à ceux qui covoiturent, pratiquent l'autopartage, utilisent un Vélib', troquent plutôt qu'achètent, consomment de l'énergie renouvelable, etc. Déclinable à l'envi, l'idée vient du monde anglo-saxon, où elle cartonne : le pionnier américain de l'écorécompense, Recyclebank.com compte ainsi 3 millions d'inscrits entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

    Comment ça marche ?

    Le principe de CitéGreen est simple : vous vous inscrivez gratuitement sur Citegreen.fr et indiquez le type d'actions " vertes " dont vous êtes coutumiers. Ensuite, il ne vous reste plus qu'à consommer citoyen pour gagner des points, CiteGreen ayant des partenariats avec de multiples sites.

    covoiturage.jpgAinsi, chaque fois que vous covoiturez en utilisant Tickengo.fr :  bingo, 15 points !  Vous louez ou troquez un bien entre particuliers sur Consoglobe.fr ? 10 points supplémentaires ! Ces récompenses représentent l'empreinte carbone que vous économisez. Les différents points se cumulent et vous permettent d'obtenir des récompenses en nature.  Ainsi, avec 50 points, on a le choix entre un film en vidéo à la demande (VOD) sur Canal Play et 20 % de rabais sur des vêtements éthiques Idéo. Trente points permettent de télécharger, sur Mac, PC ou tablette, un magazine proposé par Lekiosque.fr. Pour les fashion addicts, il existe des points pour des poses de vernis à ongle, ou des achats de produits de beauté bio ...  Les bons comptes faisant les bons amis, CitéGreen se rémunère en prélevant un pourcentage sur les transactions réalisées : bienvenue dans le monde de l'économie "verte".

    CitéGreen.fr fourmille de nouvelles idées.vls.jpg

    Par exemple, d'ici à cet été, toute utilisation de Vélib' à Paris donnera 5 points à son usager. Cinq allers-retours par semaine peuvent se transformer en deux films en VOD. Cela passe par un accord signé avec la Mairie de Paris.



    A quand un BordeauxGreen.fr ? Ou un BayonneGreen ? Ou un PérigueuxGreen ? ...

    recyclage.jpgIl faudrait juste que nos collectivités locales s'intéressent un peu plus au principe de la récompense...  et un poil moins à celui de la punition. Et passent des accords avec CitéGreen. A Bordeaux, je le sens bien... On pourrait envisager des récompenses pour ceux qui trient correctement leurs déchets, comme cela a été fait au Royaume-Uni, avec Recyclebank.com : le système a fait bondir de plus de 30 % le volume de matière triée. Ou des récompenses aux familles qui font l'effort de se séparer de leur voiture, ou de ne pas en racheter, pour lutter contre la thrombose de la ville, en leur offrant, soyons fous, un abonnement gratuit pour un de leur membre au réseau de transport en commun TBC, ou au VCub, ou à un système d'autopartage, ou de covoiturage.

    Accordons un bon point à la Communauté urbaine de Bordeaux, qui multiplie "les bonus gagnants" pour les citoyens écoresponsables, comme dernièrement, l'ouverture d'une station de gonflage de pneus gratuites pour les abonnés du parking à vélo de la Gare Saint Jean. Au rayon des récompenses, elle donne aussi des signes encourageants, en proposant dans ses bus et trams le jeu : "Je(u) valide : plus vous validez plus vous gagnez ». Un peu plus de 9 000 passagers de TBC ont déjà participé à ce jeu anti-fraude qui permet, par tirage au sort, de gagner des cadeaux. Mais il ne vous a pas échappé qu'on reste là dans un registre punitif, même s'il s'agit d'échapper à la punition...

    Récompenser ce qui est bien fait : ce ne serait pas plus sympa que de réfléchir sans cesse à de nouvelles mesures coercitives pour limiter la circulation automobile (des péages de ville et autres ZAPA), ou à de nouvelles amendes, pour lutter contre les déchets répandus sur la chaussée et les poubelles non rentrées ? Certes, le punitif est nécessaire. Mais un système de récompenses permettrait aussi, dans certains cas, de mieux faire passer les pilules incontournables du développement durable... Tout en valorisant, via des web partenariats, la richesse de l'activité économique locale liée aux modes de vie et de consommation durables, en plein essor sur internet.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    Le site de CitéGreen : cliquer ICI

    A Bordeaux, le coup de pompe est gratuit : cliquer ICI

  • News fil vert. Nucléaire : perte financière historique pour Areva en 2011

    centrale-nucleaire.jpg Areva dans le mur ?  Le groupe nucléaire français qui doit publier vendredi 2 mars ses résultats annuels 2011, s'apprêterait à annoncer une perte historique de plus de 1,5 milliards d'euros.

     

    La catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon semble avoir fissuré le modèle économique du groupe. Selon le site internet boursier "Investir, le Journal des finances", des cessions d'actifs sont nécessaires pour Areva. "La période de forte croissance de la filière nucléaire dans le monde est révolue depuis la catastrophe de Fukushima. Un peu partout en Europe, les pays ne veulent plus recourir à cette source d'énergie (Allemagne, Suisse, Belgique, Italie) ou souhaitent limiter sa croissance. Résultat, la capacité de production nucléaire à construire d'ici à 2030 a chuté de 23 % depuis la catastrophe au Japon, estime Areva, et le gel des projets a provoqué une chute des cours de l'uranium. ", évalue le spécialiste des placements financiers.

    L'opération hasardeuse que représente au final pour Areva l'achat en 2007 de la société minière UraMin, payée au prix fort de 1,8 milliard d'euros, complique d'autant sa transformation. UraMin a perdu 80 % de sa valeur et il s'avère que les ressources de son principal gisement en Namibie ne dépassent pas 26.000 tonnes, contre 45.000 estimées initialement. En 2009, Areva avait enregistré un bénéfice de 97 millions, mais en 2010, le groupe d'Anne Lauvergeon avait déjà déjà annoncé une première perte historique opérationnelle de 423 millions d'euros, en raison notamment d'une provision sur la construction du réacteur EPR finlandais.

    A suivre.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    ► Le site boursier d'"Investir, Journal des finances" : cliquer ICI

    Areva affiche une perte historique en 2010 : cliquer ICI

    "UraMin: le groupe Areva aurait été escroqué" : cliquer ICI

  • Nucléaire : l'urgence du choix d'une nouvelle stratégie énergétique

     

    rapport,cour des comptes

    Centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne)

    Le rapport de la Cour des comptes sur les coûts de la filière électronucléaire, publié le 31 janvier (www.ccomptes.fr), fait s'effondrer le mythe du nucléaire pas cher. Si les Sages de la rue Cambon ne relèvent pas de coûts cachés dans le nucléaire français, ils brisent un tabou. Modernisation et entretien des centrales, gestion des déchets radioactifs, futurs démantèlements : certaines estimations sont entâchées d'incertitudes, mais il est sûr que l'atome coûtera de plus en plus cher.

     49,50 € le mégawattheure nucléaire  (MWh) :  l'éolien est compétitif

    Ces derniers jours, tout a été dit ou presque, plutôt intelligemment d'ailleurs, sur les chiffres donnés dans les 400 pages du volumineux rapport présenté par Didier Migaud, premier président de la Cour des Comptes. En bons écologistes, prenons le temps de revenir sur l'essentiel pour essayer d'en tirer des conclusions "durables".

    • 228 milliards d'euros d'investissements et assimilés valeur 2010, c'est le montant de la note rondelette de la filière, si l'on prend en compte tous les coûts liés à l'atome (de la fabrication d'une centrale à son démantèlelement, en passant par le retraitement des déchets).
    • Les écologistes, qui affirmaient que le nucléaire coûtait plus cher que ce qui était affiché, peuvent crier victoire : la Cour leur donne en partie raison. Le coût courant économique du parc nucléaire, qui n'est pas celui retenu pour les tarifs, mais "permet de faire des comparaisons entre modes d'énergie", s'élève en effet à 49,50€ le MWh. Un chiffre plus élevé que ceux qui circulaient jusque là et, surtout, qui écorne sérieusement le mythe de la sacro-sainte compétitivité du nucléaire par rapport aux énergies renouvelables. Pour Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste, la preuve est faite : si le prix du MWh est réévalué de 42 € à 50 € pour le parc existant, et qu'il double pour les EPR pour se situer entre 70 et 90 € : l'éolien est compétitif, contrairement aux arguments traditionnels des pro-nucléaires. D'autant qu'avec ce type d'énergie, le problème du stockage des déchets et du démantèlement des installations ne se pose pas, contrairement au nucléaire.

    Le coût réel du nucléaire sera encore plus élevé

    Démantèlement et gestion des déchets, coûts de renforcement de sécurité et de gestion de crise "post-Fukuhsima", facture de maintenance de réacteurs, Didier Migaud l'a souligné à plusieurs reprise en présentant le rapport, les factures vont s'envoler  : "Les devis en la matière ont généralement tendance à augmenter". D'autant que l'évolution des coûts est parfois mal anticipée par EDF, voire très floue. La Cour des comptes a d'ailleurs demandé des audits complémentaires sur l'impact du démantèlement des centrales et la gestion des déchets.

    • Pour la facture de maintenance des réacteurs, l'augmentation est une certitude : la Cour des Comptes estime que la facture annuelle liée à l'entretien des centrales passera de 1,5 milliards d'euros (2010) à 3,7 milliards d'euros en moyenne d'ici treize ans. Avec les travaux de sécurisation des réacteurs imposés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la suite de la catastrophe de Fukushima, le coût de production de l'électricité augmentera de 10 à 15%, selon Didier Migaud.  On est tenté de dire "au moins", car Michèle Rivasi et l'Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) pointent l'insuffisance de l'estimation de 10 milliards d'euros faite par EDF pour les installations de sécurisation : elle leur semble sous-évaluée. Le vieillissement du parc électro-nucléaire, si EDF choisit de prolonger leur durée de vie au delà de 40 ans, comme cela semble probable, ne fera qu'alourdir d'avantage la facture.
    • Pour le coût du démantèlement des réacteurs, c'est le grand flou. Pour les 58 réacteurs français, il est estimé par EDF à 18,4 milliards d'euros. Mais la Cour des comptes a refusé de valider ce montant, car elle l'estime peu fiable, faute de retour d'expérience réel en France, et au regard des chantiers de ce type déjà effectué dans le monde. En Grande-Bretagne, le coût du démantèlement des sites nucléaires est ainsi quinze fois plus élevé que l'estimation d'EDF (300 millions d'euros par réacteur)
    • Le stockage des déchets : autre zone d'incertitude. Le coût estimé du projet de centre de stockage en grande profondeur des déchets à vie longue est déjà passé en quelques années de 16 à 36 milliards d'euros...

    En cas d'accident majeur, les centrales ne sont pas bien assurées

    Paradoxalement, on en parle peu, comme si l'enjeu des vies humaines ne comptait pas. Or, c'est peut-être finalement aussi le coeur du problème économique : comment financer les indemnisations en cas d'accident ? On a tendance à l'oublier, mais les centrales nucléaires sont implantées dans des territoires peuplés d'êtres humains... En cas d'accident majeur, des vies humaines seront touchées en grand nombre. Il y aura des victimes à court, moyen et long terme, des activités économiques, agricoles et industrielles seront condamnées, des gens seront déplacés et devront être relogés. C'est ce que le Japon expérimente dans la douleur depuis Fukushima : avec un coût de la catastrophe estimé aujourd'hui à plus de 95 milliards d'euros, sans compter l'indemnisation des victimes, qui fait parler de 600 milliards d'euros. Or EDF avance 80 millions par accident, ce qui est dérisoire et conduirait l'Etat à financer l'essentiel des indemnisations. Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement  le constate "Si les centrales étaient correctement assurées, les montants seraient tels qu'on arrêterait immédiatement d'en construire". On a  là une véritable bombe financière à retardement : croisons les doigts pour qu'elle n'explose jamais en France. Mais qui peut en jurer ? Même l'ASN, nous le savons, ne s'y risque pas.

    Les comptes du nucléaire ne sont pas bons

    Faisons nos comptes. Nous avons donc une énergie nucléaire pas si bon marché que cela, pas beaucoup plus compétitive finalement qu'une énergie renouvelable comme l'éolien. A la différence de celle-ci, elle est potentiellement dangereuse pour la santé humaine et l'environnement, on ne la stoppe pas du jour au lendemain, elle produit des déchets également dangeureux qu'il faut savoir stocker et traiter : elle a et aura des coûts de plus en plus importants. Si l'on reste dans le modèle énergétique français actuel, à production et consommation électrique constante, "Il faudrait construire onze EPR d'ici la fin 2022", souligne Didier Migaud. Soit d'ici dix ans. On connaît les déboires du seul EPR en cours de construction en France  (Flamanville), dont le chantier s'enlise. Un tel effort est jugé "très peu probable voire impossible, notamment pour des considérations industrielles" par le premier président de la Cour des comptes.  Rajoutons aussi considératons financières. Et géographiques. Le territoire est déjà truffé de centrales nucléaires : où loger onze futurs EPR ?

    Faire durer les centrales au-delà de quarante ans, et après ?

    "Cela signifie qu'il est fait l'hypothèse soit d'une durée au-delà de quarante ans (...) soit d'une évolution de mix énergétique vers d'autres sources d'énergie, sans que ces orientations stratégiques aient fait l'objet d'une décision explicite", précise le rapport. "Compte tenu des délais en matière de politique énergétique", conclut-il "ne pas prendre de décision revient à faire le choix de faire durer le parc au-delà de quarante ans".  Car investir dans les énergies vertes et les économies d'énergie prend  aussi du temps. Sophia Majnoni de Greenpeace le regrette aussi : "Par leur inaction, les gouvernements successifs rendent quasi irréversible la prolongation de la durée de vie de nos centrales au-delà de quarante ans".

    Le choix de la raison : décider ensemble d'une nouvelle stratégie énergétique "durable" pour sortir de l'impasse

    Comment ne pas convenir que sortir de l'inaction en la matière est l'urgence absolue d'aujourd'hui pour préparer demain ? Dans cinquante ans, que se passera-t-il, si l'évolution vers d'autres sources d'énergie n'a pas été décidée et préparée aujourd'hui ?  Si nous ne changeons pas nos modes de vie et nos process industriels pour économiser l'énergie ? Pourquoi le modèle allemand, si séduisant pour nos représentants politiques dans tous les domaines économiques et financiers, devient-il farfelu quand il s'agit d'une sortie plannifiée du nucléaire ? Le Japon, lui, est entré dans l'ère post-nucléaire à marche forcée: depuis Fukushima, en moins d'un an, les Japonais ont réduit leur consommation d'électricité de 20 % et arrêtent peu à peu leurs réacteurs nucléaires. Une telle contrainte, c'est quand même pas terrible...

    "Durable". Le mot n'aura jamais autant de sens qu'appliqué à la stratégie énergétique sur laquelle  notre société doit débattre et s'entendre aujourd'hui, pour que nous ayons un avenir demain.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    Consulter le rapport de la Cour des comptes : Cliquer ICI

    "Des centrales appelées à vivre vieilles", Sud Ouest 1er février : Cliquer ICI