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Economie - Page 158

  • Tribune libre. Pour nourrir l'humanité en 2050, "l'agriculture durable doit devenir la norme"

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    Un enfant dans une exploitation de café au Honduras. Photo archives AFP

    programme,agriculture durable,norme,lutte contre la pauvreté,faim dans le monde,travail des enfants,exode ruralUne agriculture durable est l'une des solutions qui permettront à l'humanité de faire face aux défis économiques, environnementaux et sociétaux mondiaux. Tel est le message que veut délivrer Han de Groot (photo ci-contre), directeur exécutif d’UTZ Certified, un programme et un label pour la production durable de café, cacao et thé. Sa mission : créer un monde où la production agricole durable est la norme.

    L'agriculture durable doit devenir la norme

    L'impact mondial de l'agriculture

    Le secteur agricole a un impact mondial immédiat sur tous les consommateurs. Il emploie 30 % de la population active mondiale, utilise 38 % des terres de la planète et génère de 19 à 29 % des émissions de GES. Les problèmes de pauvreté, d'insécurité alimentaire et de dégradation de l'environnement impactent directement les marchés, les écosystèmes et la société. Avec une population globale dépassant 9 milliards en 2050 et l'évolution croissante de la consommation due à une classe moyenne en expansion, ces défis sont inéluctables sans une transformation durable des filières agricoles et de l'approvisionnement alimentaire. Peut-on envisager l’agriculture durable comme une des réponses aux défis économiques, environnementaux et sociétaux dans le monde ?

    Les défis économiques : former au savoir-faire et aux bonnes pratiques

    programme,agriculture durable,norme,lutte contre la pauvreté,faim dans le monde,travail des enfants,exode ruralAujourd’hui la viabilité économique des exploitations n’est pas assurée en raison d’une gestion agricole pauvre et de pratiques non durables. De nombreux agriculteurs de pays à faible revenu réalisent moins d'un tiers de leurs rendements potentiels. Cela est dû à un manque d'accès au crédit, qui se traduit par moins d'investissements que nécessaire, et à un manque de connaissances afin de développer des méthodes agricoles plus productives. La plupart des sociétés rurales ont été intégrées dans des systèmes de marché et des chaînes d'approvisionnement plus larges, mais souvent à des mauvaises conditions et dans une position de négociation défavorable. Le manque de sensibilisation sur les exigences du marché et la réglementation des prix pénalise les revenus des agriculteurs, en particulier lorsque les prix fluctuent. Pour répondre à ces défis, des programmes de certification pour une agriculture durable délivrent des formations au cours desquelles les agriculteurs acquièrent un savoir-faire et des bonnes pratiques pour mieux exploiter leurs terres.

    Les défis environnementaux : préserver les ressources naturelles et s'adapter au changement climatique

    programme,agriculture durable,norme,lutte contre la pauvreté,faim dans le monde,travail des enfants,exode ruralL'agriculture fait face aux défis du changement climatique tout en y contribuant. Le secteur alimentaire génère entre 19 et 29% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'agriculture étant la composante la plus importante (80-86%).  A travers l'application d'engrais chimiques, la  pratique du brûlis et la déforestation, les gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère ont un effet direct sur le changement climatique au niveau local et mondial. Toutefois, les agriculteurs dépendent également de conditions climatiques stables. Ainsi l'évolution des rythmes de précipitations, les températures extrêmes, la montée du niveau de la mer rendent l’exploitation de cultures de plus en plus difficile. De plus la sur-fertilisation, l'utilisation inappropriée des pesticides, la monoculture et la surexploitation de l'eau et de la terre impactent négativement les écosystèmes locaux... Il devient impératif que le secteur agricole s’adapte au changement climatique.  

    Les défis sociétaux : lutter contre les mauvaises conditions de travail, le travail des enfants et l'exode rural

    programme,agriculture durable,norme,lutte contre la pauvreté,faim dans le monde,travail des enfants,exode ruralLes agriculteurs, les travailleurs et leurs familles sont souvent confrontées à des conditions de vie et de travail insalubres et dangereuses. L’utilisation de machines dangereuses et de produits chimiques, des longues heures de labeur et des problèmes de santé liés au travail répétitif représentent les situations à risque les plus fréquentes. En outre, les droits des travailleurs ne sont pas assez respectés. Les droits fondamentaux tels que la liberté d'association, la participation à la prise de décision et les conditions de travail décent ne sont pas toujours reconnus. L’agriculture durable doit prendre en compte ces défis et les adresser à travers la mise en place de bonnes pratiques à suivre. Cela ne signifie pas un changement radical d’un jour sur l’autre, mais petit à petit les agriculteurs viennent à comprendre les avantages apportés par des mesures durables.  Par ailleurs, l'Organisation Internationale du Travail estime à plus de 130 millions les enfants entre 5 et 14 ans travaillant dans l’agriculture. Des mesures de prévention sont nécessaires impliquant plusieurs acteurs du secteur agricole: le gouvernement, les systèmes de certification, et les organisations civiles de protection de l’enfant. Le travail des enfants n’est pas un fait isolé, mais la conséquence d’un système national où la pauvreté  est généralisée et ne dispose pas de structure solide de manière légale. 

    Le rôle de l’industrie : développer une chaine d’approvisionnement durable

    programme,agriculture durable,norme,lutte contre la pauvreté,faim dans le monde,travail des enfants,exode ruralAvec la population mondiale atteignant 9 milliards en 2050, il faudra produire près de 70% de nourriture en plus pour répondre à la demande malgré la pénurie croissante des ressources naturelles (terre, eau et biodiversité). Sans des acteurs de la chaîne d'approvisionnement responsables, l'industrie aura du mal à répondre à la demande mondiale. Toutefois, même si les consommateurs sont conscients des avantages liés au développement durable, leurs habitudes d’achat ne reflètent pas encore cette prise de position. Développer une agriculture durable de masse repose donc sur toute la chaîne d'approvisionnement. Les programmes de développement durable doivent donc innover et s’adapter à la dynamique du marché afin de transformer les chaînes d’approvisionnements traditionnelles.

    L’agriculture durable : réussir le pari d’une solution pérenne

    programme,agriculture durable,norme,lutte contre la pauvreté,faim dans le monde,travail des enfants,exode ruralCette approche répond à un besoin en solutions durables face aux défis du secteur agricole. Ainsi, en pénétrant désormais avec succès le marché de la grande distribution, lobjectif fixé par UTZ Certified est de faire du développement durable une norme. Un monde dans lequel l’agriculture durable est la norme est un monde où les agriculteurs appliquent de bonnes pratiques agricoles et gèrent leurs exploitations de façon rentable dans le respect de l’individu et de la planète, où l’industrie récompense et investit dans la production durable et où les consommateurs peuvent faire confiance aux produits qu’ils achètent. La plupart des avantages perçus par les agriculteurs dans le programme UTZ proviennent directement  de l’implantation de pratiques durables. Par exemple, les bonnes pratiques agricoles conseillées engendrent une meilleure structure des sols, une meilleure production par hectare et utilisation optimisée des ressources en eau.. Grâce à de meilleures prises de décision, une gestion des risques à long terme et un profit réinvesti au sein de l’exploitation, ces dernières deviennent plus souples et économiquement viables.

    Han de Groot, directeur exécutif d’UTZ Certified

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    • UTZ Certified est un programme et label pour la production durable de café, cacao et thé. La mission de l'ONG est de créer un monde ou la production agricole durable est la norme. Le programme UTZ Certified permet aux agriculteurs d’apprendre les méthodes pour une meilleure production afin d’améliorer les conditions de travail et prendre soin de l’environnement et des travailleurs. Pour consulter le site de UTZ Certified : cliquer ICI

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    • Les articles de Ma Planète sur le développement durable: cliquer ICI                                                                                               
  • Biodiversité : avec la LPO, jusqu'en septembre, je compte les oiseaux !

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    Les moineaux se font rares: 61 % d'entre eux ont disparu en 30 ans en Europe. Photo Alain Noël

    La Ligue de protection des oiseaux (LPO) lance en avril une grande enquête participative, et invite chacun à comptabiliser dans les jardins des villes comme des campagnes, les petits oiseaux commun qui nichent dans les arbres, au creux des haies ou sous les toits.

    Adieu moineaux domestiques, alouettes des champs, hirondelles....

    oiseau,lpo,comptage,déclin,préservation espèces menacéesCes oiseaux qui enchantent notre quotidien et rythment nos saisons ne sont pas - fort heureusement - classés par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), parmi les espèces menacées de disparition. Pourtant, ils réclament notre attention: ces trente dernières années, les oiseux communs ont vu leur population fondre comme neige au soleil: en France et en Europe, on compte aujourd'hui 61 % de moineaux et 46% d'alouettes en moins. Selon une enquête menée par une équipe de scientifiques britanniques et tchèques publiée en novembre 2014 par la revue "Ecology Letters", c'est la tourterelle des bois qui est la plus atteinte, avec une diminution de 77% de ses effectifs.

    Pesticides et urbanisation, deux explications majeures au déclin des oiseaux

    oiseau fauvette des jardins alain noel.jpgLes statistiques de la LPO Aquitaine, qui vient de publier cette année un Atlas remarquable des oiseaux nicheurs de la région, confirme cette tendance. Dans le Sud-Ouest, ce sont les espèces communes d'oiseaux qui sont finalement les plus fragiles : n'étant pas menacées de disparition comme les espèces rares, elles ne sont pas aujourd'hui spécifiquement protégées. L'association, qui a sollicité la contribution d'un millier de bénévoles, naturalistes et observateurs amateurs pour réaliser cette bible, remarque qu'avec le réchauffement climatique, l'agriculture intensive, avec l'usage des pesticides, et l'urbanisation galopante, avec l'artificialisation croissante des sols, sont deux explications majeures au déclin des espèces. Moins d'insectes à becqueter, moins d'abris naturels dans les haies, les broussailles et les buissons, sont autant de coups portés à l'habitat naturel des oiseaux et à leurs stocks de vivre. Ainsi, en Aquitaine, entre 2003 et 2012, pour 60 espèces communes, selon les résultats des données de l'Atlas, 31 sont stables, 11 sont en augmentation, comme la tourterelle turque, la pie bavarde et le pigeon ramier, et 18 en diminution, comme le moineau domestique, la fauvette grisette, le martinet noir, le rouge-gorge et le chardonneret élégant.

    Lutter contre le déclin des oiseaux

    oiseau,lpo,comptage,déclin,préservation espèces menacéesMais rien n'est encore irréversible. La plupart des grandes villes ayant adopté le "plan zéro phyto" pour renoncer aux pesticides et insecticides dans la gestion de leurs espaces verts, c'est désormais  en zone urbaine que nos oiseaux familiers se portent le mieux ! Et puis, l'autre bonne nouvelle, relevée par la LPO Aquitaine, c'est que l'on constate la recrudescence des effectifs des espèces qui font l'objet de mesures de protection (grand tétras, cigognes, grues cendrées...). C'est le cas, dans les Pyrénées, du milan noir ou du gypaète barbu. Pour ceux qui en douteraient encore, protéger la biodiversité, loin d'être une activité vaine, est donc utile et indispensable. Définitivement.

    Voilà pourquoi, pour attirer l'attention du public sur le déclin des oiseaux communs sur notre territoire et en connaître les raisons, la LPO fait appel pour la quatrième année consécutive à la science participative,  à l'échelle de la France entière, et nous invite à participer sur son site Internet à l'enquête "Devine qui vient nicher chez moi", jusqu'au 30 septembre. A vos carnets, crayons, jumelles, ordis, tablettes et smartphones : c'est parti pour le grand comptage des oiseaux !

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • La LPO compte aujourd'hui environ 2.500 membres. Elle a 4 principales missions : la connaissance, la préservation, la valorisation de la biodiversité régionale, ainsi que l'engagement pédagogique à destination de tous les publics. Le site de la LPO : cliquer ICI

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  • Bio-bitumes : demain, nous roulerons sur des routes à base de micro-algues

    microalgues bitume.jpg

     Bassin de culture de microalgues. Photo AFP

    On savait déjà que les micro-algues  permettent de fabriquer des biocarburants qui ont pour intérêt de ne pas concurrencer l'industrie alimentaire. La nouveauté, c'est que, pour la première fois, elles ont été utilisées pour faire... du bitume ! Dans une étude publiée ce mois-ci dans la revue "ACS Sustainable Chemistry & Engineering", des chercheurs du CNRS de Nantes, en collaboration avec l'entreprise AlgoSource Technologies, viennent en effet d'apporter la preuve que les caractéristiques du bio-bitume né des micro-algues, sont très proches de celles du « vrai » bitume de nos routes. Une bonne nouvelle pour l'écologie et la planète.

    Les infinis trésors des micro-algues

    micro algues carburant.jpgLes micro-algues seraient-elle une vraie réponse miracle aux besoins de l'humanité ? Elles sont connues depuis longtemps pour leurs applications comme colorants en cosmétique ou comme compléments alimentaires. Autre utilisation, les biocarburants. Leur raffinage pour produire des carburants verts une idée qui a émergé ces dernières années et qu'exploite notamment l'entreprise Fermentalg en Gironde, fait aujourd'hui des micro-algues l'une des alternatives les  plus prometteuses au pétrole.

    Algoroute

    Dans le cadre du programme Algoroute, financé par la région Pays de la Loire, des chercheurs de laboratoires nantais et orléanais ont produit du bio-bitume en valorisant des résidus de micro-algues, issus, par exemple, de l'extraction de protéines hydrosolubles des algues pour l'industrie cosmétique. Pour ce faire, ils ont utilisé un procédé de liquéfaction hydrothermale, de l'eau sous pression, qui transforme ces déchets de micro-algues en une phase visqueuse noire hydrophobe, le bio-bitume, dont l'aspect et les caractéristiques physiques sont très proche de ceux d'un bitume pétrolier.


    Retrouvez toutes les vidéos sur la WebTv de l'Université de Nantes

    Le faux jumeau du bitume

    innovation,cnrs,recherche,route,bitume,microalguesSi la composition chimique du bio-bitume est complétement différente de celle du bitume issu du pétrole, les deux matières ont en effet bien des points communs : leur couleur noire et, surtout, leurs propriétés de déformation et d'écoulement, sous l'effet d'une contrainte appliquée. Liquide au-dessus de 100°C, le bio-bitume peut enrober les agrégats minéraux. Viscoélastique de -20 °C à 60 °C, il assure la cohésion de la structure granulaire, supporte les charges et relaxe les contraintes mécaniques. Bref, des véhicules comme les automobiles, camions, autocars, motos et vélos peuvent rouler dessus. L'importance de l'innovation est de taille pour l'industrie routière, actuellement entièrement dépendante du pétrole, une matière première dont il faut impérativement économiser la ressource. Jusqu'à présent, la fabrication des bio-bitumes utilisait en effet des huiles végétales d'origine agricole qui ont pour inconvénient majeur d'entrer en compétition avec l'alimentation, ou bien issues de l'industrie papetière, mélangées à des résines pour améliorer leurs propriétés viscoélastiques.

    Solution durable

    La culture des micro-algues ne nécessite pas la mobilisation de terres arables. Les utiliser pour fabriquer le bitume de nos routes, est donc une solution durable pour l'avenir de la planète. Maintenant qu'on sait qu'on peut le faire, il faut évaluer la rentabilité du procédé dans la perspective d'une production à grande échelle et étudier la tenue dans le temps de ce nouveau matériau.  Ce à quoi s'attèlent dores et déjà les chercheurs, qui ne chôment pas.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    • Pour lire l'étude : "Subcritical Hydrothermal Liquefaction of Microalgae Residues as a Green Route to Alternative Road Binders", Mariane Audo, Maria Paraschiv, Clémence Queffélec, Isabelle Louvet, Julie Hémez, Franck Fayon, Olivier Lépine, Jack Legrand, Mohand Tazerout, Emmanuel Chailleux, Bruno Bujoli, "ACS Sustainable Chemistry & Engineering", volume 3, issue 4, p. 583–590. cliquer ICI
    • Les micro-algues, carburant vert : comment ça marche ?

    Les micro-algues représentent une matière première renouvelable et abondante dont la croissance est rapide. Leur culture a besoin de lumière et de CO2 (produit par les industries). Leur récolte est valorisée dans des bio-raffineries d’où sont extraits les bioénergies : le biodiesel, le biométhane, et les bioproduits : des molécules à haute valeur ajoutée et des protéines pour l’alimentation aquacole.