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Economie - Page 155

  • Frelon asiatique : la véritable histoire de l'invasion de l'insecte chinois racontée par l'ADN

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    Un seul individu, une femelle originaire de Chine, serait à l'origine de la fulgurante conquête d'une partie du territoire européen par le frelon asiatique, selon les conclusions d'une étude publiée par des chercheurs français, le 24 mars dernier, dans la revue "Biological invasions". Des résultats étonnants qui permettent de résoudre l'énigme de la fulgurance de l'invasion de l'insecte, mais qui constituent une bien mauvaise nouvelle pour la lutte contre le Vespa velutina, véritable fléau pour l'apiculture.

    Une invasion inquiétante pour l'apiculture

    Le frelon asiatique est la première espèce de frelon introduite accidentellement en France. Signalé pour la première fois en 2004 dans le département du Lot-et-Garonne, cet insecte originaire d’Asie occupe désormais les deux tiers du territoire français. Il a également été repéré en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Italie et en Allemagne. Dans les régions les plus touchées, dont le grand  Sud-Ouest, l'insecte inquiète les apiculteurs car ce prédateur d’abeilles constitue un facteur supplémentaire de déclin de leurs colonies déjà fragilisées par les parasites et les insecticides agricoles.

    La preuve par l'ADN

    frelon asiatique 2.jpgCe que l'on savait jusqu'à présent du frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique, c'est qu'arrivé en France il y a plus de dix ans, il avait réussi à coloniser une grande partie du territoire métropolitain. Mais l'origine de cette invasion fulgurante, fatale pour les abeilles, intriguait et agitait depuis les chercheurs. Les scientifiques sont finalement parvenus à reconstruire l’histoire de l'introduction du frelon asiatique en France, grâce à la génétique, en comparant les caractéristiques de ces populations envahissantes à celles de populations issues de la zone d’origine du frelon asiatique.  

    La méthode

    C'est dans le cadre d’un programme communautaire d’aide à l’apiculture européenne, qu'une équipe de chercheurs du laboratoire Evolution, Génomes, Comportement, Ecologie (EGCE - CNRS/IRD/Université Paris Sud-Saclay), de l’Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (ISYEB – CNRS/MNHN/UPMC/EPHE) et de l’Institut Sophia Agrobiotech (ISA – CNRS/INRA/UNICE), s’est intéressée à l’histoire de l’introduction du frelon asiatique en Europe. Pour ce faire, ils ont comparé, d’un point de vue génétique, quatre populations de frelons autochtones à deux populations envahissantes provenant respectivement de France et de Corée du Sud.  

    Une seul scénario d'introduction

    frelon chine.jpgEn combinant ces données génétiques aux paramètres démographiques déjà disponibles pour cette espèce, les chercheurs ont pu tester divers scénarii d’invasion. Contre toute attente, le scénario basé sur un seul événement d’introduction depuis l’Asie s’est avéré le plus probable. Son origine géographique a pu être localisée dans une zone comprise entre les provinces chinoises du Zhejiang et du Jiangsu. Celle-ci englobe à la fois la métropole de Shanghai et la ville de Yixing, renommée au niveau international pour la production de poteries. Ces résultats corroborent donc l’hypothèse selon laquelle le frelon asiatique serait arrivé en France par conteneurs de poteries chinoises importées via le port du Havre, avant d'élire domicile en Lot-et-Garonne. Les analyses montrent par ailleurs que le frelon asiatique a vu la diversité génétique de sa population diminuer drastiquement lors de son arrivée en France, entre 2001 et 2004.

    Une seule et même "mère" ?

    Comment dans ce cas expliquer le succès de son invasion? Pour trouver des éléments de réponses, les biologistes ont procédé à un échantillonnage génétique des nids de frelons présents dans l’Hexagone. « A partir d’un échantillon d’individus prélevés dans chacune de ces zones géographiques, nous avons non seulement mesuré la diversité génétique de chaque population grâce aux séquences d’ADN microsatellites mais aussi identifié leur origine maternelle par l’ADN mitochondrial », précise la principale auteure de ces travaux, Mariangela Arca, doctorante au sein de l’EGCE au moment de l’étude. En clair, en analysant un marqueur précis, les chercheurs ont constaté que tous les individus présents en France possédaient la même séquence ADN, et étaient donc issus d'une seule et même femelle fondatrice de la lignée.

    «En permettant à l’espèce d’accroître la diversité génétique de sa descendance, ce phénomène plutôt rare chez les frelons a permis de renforcer ses capacités d’adaptation vis-à-vis de l’environnement colonisé et de contribuer ainsi à la réussite de son invasion », conclut Mariangela Arca. Autrement dit, une femelle de frelon asiatique est capable de s’accoupler avec plusieurs mâles. Ce qui rend vain l'espoir de s'en débarrasser.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Pour lire l'étude publiée le 24 mars par "Biological Invasions", "Reconstructing the invasion and the demographic history of the yellow-legged hornet, Vespa velutina, in Europe" : cliquer ICI

    LIRE AUSSI

    • Tous les articles de Sud Ouest sur le frelon asiatique : cliquer ICI
  • Climat : le mois de mars a battu un record de concentration de CO2 dans l'atmosphère

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    Manifestation de militants écologistes déguisés en molécules de CO2 devant la porte de Brandebourg, à Berlin, le 12 décembre 2009. Archives AFP

    Mauvaise nouvelle pour la planète. La concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère a atteint un niveau record au mois de mars, un signe évident du réchauffement climatique, a annoncé le 6 mai dernier lAgence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

    Le seuil des 400 ppm dépassé

    réchauffement climatique,changement,co2,émissions,concentrationLes scientifiques s'y attendaient : pour la première fois, la concentration mondiale moyenne mensuelle de CO2 dans l’atmosphère a dépassé  le seuil des 400 parties par million (ppm).  « Ce n’était qu’une question de temps », a souligné Pieter Tans, le principal scientifique chargé de la surveillance des gaz à effets de serre à la NOAA, en précisant que les stations de mesure de l’agence avaient déjà mesuré des seuils supérieurs aux 400 ppm dans l’Arctique au printemps 2012, et à Hawaï en 2013.

    Les activités humaines en cause

    Jusqu’à la révolution industrielle et le recours massif aux énergies fossiles, ce taux n’avait pas dépassé les 300 ppm durant au moins 800.000 ans, selon des prélèvements effectués dans les carottes de glace polaire.  Cela montre que les activités humaines et notamment « la combustion du charbon et du pétrole a entraîné une augmentation de plus de 120 ppm des concentrations de CO2 depuis l’ère préindustrielle, dont la moitié depuis 1980 », a insisté le scientifique.

    Les émissions mondiales de CO2 stabilisées depuis 2013

    réchauffement climatique,changement,co2,émissions,concentration L’Agence internationale de l’énergie a annoncé le 13 mars que l’augmentation des émissions mondiales de C02 provenant de la combustion des énergies fossiles s’était arrêtée en 2014 pour se stabiliser au même niveau qu’en 2013.  C'est un gros progrès, mais stabiliser le taux des émissions des gaz à effet de serre n’est pas suffisant pour empêcher le changement climatique, souligne Pieter Tans.  Les données de la NOAA montrent, en effet, que le taux moyen d’augmentation des concentrations de CO2 dans l’atmosphère a été de 2,25 ppm par an de 2012 à 2014, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré au cours de trois années consécutives.

    La concentration de CO2 continue d'augmenter

    Signe que la tendance est toujours à la hausse, l’observatoire hawaïen de la NOAA, à Mauna Loa, a continué à mesurer un taux supérieur aux 400 ppm en avril. Mauna Loa, la plus ancienne station de mesure du CO2 du monde, qui enregistre des données depuis 1958, a constaté un taux de 401,3 ppm, alors qu’en 2013, le cap des 400 ppm n’avait été franchi que durant deux jours.

    Les concentrations moyennes mensuelles sont calculées à partir de mesures continues. Il existe environ 130 stations de mesure du CO2 réparties sur la planète.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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    • Tous les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
  • Innovation. En Allemagne, une start-up franco-allemande fait du pétrole avec des vieux pneus

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    Les derniers pneus du site lotois près de Souillac (il y en a encore plus de 3 millions) doivent être enlevés d’ici à la fin 2016. Photo Sud Ouest / Thierry David

    La France s'efforce actuellement d'évacuer la plus grande décharge de pneus du pays, haute de 12 mètres, dans le Lot, près de Souillac. Les vieux pneus, ça pollue, ça encombre et on peine à tous les recycler. Pourtant, recycler de vieux pneus en pétrole de qualité, semble possible. En Sarre, dans l'ouest de l’Allemagne, une jeune entreprise franco-allemande s’en déclare capable, grâce à un procédé par pyrolyse.

    Mais l'industrie du pneumatique et le leader mondial, Michelin, méfiants, mènent par ailleurs leurs propres recherches. On comprend Bibendum : parvenir à maîtriser le recyclage du pneu, pour l'un des leaders mondiaux du secteur, représente en effet un énorme business à la clé.

    Comment ça marche ?

    pyrum pyrolyse.jpgAprès trois ans de travaux et dix millions d’euros d’investissements, Pyrum Innovations, basée en Allemagne, à Dillingen, près de la frontière française, peaufine les derniers réglages de sa première unité industrielle, un silo en métal de 25 mètres de haut. Son principe: dans un milieu inertisé pour éviter leur combustion, des granulats de pneus usagers sont chauffés à près de 700°C dans un réacteur vertical, aux faux airs de capsule Soyouz, truffé de sondes de contrôle et contenant quelque 300 chicane.

    Le pétrole se forme dans la partie de condensation des molécules. Selon Pyrum, le pétrole obtenu peut être transformé à 60% en équivalent diesel, à 30% en équivalent essence et à 10% en solvants. Avec son unité de production conçue pour transformer 5.000 tonnes de pneus par an, la société franco-allemande affirme pouvoir dégager 50% de pétrole, 38% de coke et 12% de gaz, lequel sert à alimenter l’immense groupe électrogène du site, fonctionnant ainsi en autarcie énergétique.

    Grand prix du concours Lépine

    Pyrum, dont le procédé a remporté le Grand Prix, ou Prix du Sénat, au concours Lépine à Paris, qui présente des inventions originales, espère pouvoir commercialiser sa technologie dans les prochains mois. Sur le papier, le marché potentiel est colossal: 17 millions de tonnes de pneus usagers sont générées chaque année dans le monde, selon l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

    La seconde vie des pneus

    Pyrum-Innovations-750x300.jpgDepuis plus de 20 ans, des sociétés du monde entier développent des procédés de pyrolyse pour recycler, entre autres, des pneus. Les pneus en fin de vie servent généralement de combustible alternatif dans des cimenteries ou des centrales thermiques ou, dans une moindre mesure, sont réutilisés pour des fondations de route, du mobilier urbain ou des cloisons antibruit. Autant de valorisations classiques que les fabricants de pneumatiques cherchent, eux aussi, à dépasser pour à refaire des pneus avec des anciens.

    Pas convainquant ?

    Pour l’heure, le modèle industriel de Pyrum n'aurait pas toutefois pas convaincu les acteur de référence dans la valorisation des pneus usagés en France. "Leurs produits sont de moins bonne qualité et n’arrivent pas à passer en termes de prix" par rapport aux matières neuves, explique à l'AFP Jean-Philippe Faure, directeur de la recherche-développement d’Aliapur, la filière de valorisation des pneus usagers. Bien qu’étant "attentifs" aux progrès de la pyrolyse, les fabricants de pneumatiques "ne veulent pas courir le risque d’utiliser un produit recyclé sur lequel ils ont encore des doutes en termes de performance", précise-t-il. 

    La pyrolyse, au coeur de la recherche de Michelin sur le recyclage du pneu

    Pouvoir recycler des pneus à l’identique "n’est pas suffisant, car les matériaux de demain devront avoir des propriétés bien plus intéressantes que celles d’aujourd’hui", justifie de son côté Thierry Willer, directeur de la communication scientifique et technique chez Michelin. Le groupe français s’est lancé l’an dernier dans le projet Trec, un ambitieux programme de recherche sur le recyclage du pneu de 51 millions d’euros, avec le concours de l’Ademe, du CEA et de deux autres entreprises, Proteus et SDTech. D’une durée de 8 ans, Trec développe deux voies de recyclage: la première ambitionne de traiter des particules de pneus avec des micro-organismes qui devront "dévulcaniser" le caoutchouc en éliminant le soufre. La seconde prévoit de fabriquer du caoutchouc synthétique avec du butadiène biosourcé, à partir d’un alcool généré par la fermentation d’un gaz de synthèse, obtenu à partir de pneus usagés.

    Comment ? Par pyrolyse...

    Cathy Lafon avec l'AFP

    PLUS D'INFO sur le site de Pyrum: cliquer ICI