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Eau - Page 136

  • Mobilité. Rouler à l'hydrogène, ça gaze !

    Moteur à eau et générateur HHO

    Pour économiser l'énergie et diminuer les gaz à effet de serre, l'idée de base reste qu'il faut réduire nos déplacements en voiture. Mais on aurait quand même du mal à se passer totalement de nos chères bagnoles. Développement des transports en commun, y compris fluviaux ou maritime, vélo, covoiturage, autopartage, véhicules électriques, voitures plus légères et plus propres consommant moins d'essence... la diversité de la palette des moyens permettant de réduire l'usage de l'automobile et de réduire consommation de carburant et pollution est aujourd'hui bien connue. Mais il reste encore des niches à explorer.

    Rouler à l'hydrogène

    C'est l'histoire incroyable du "moteur à eau", non émetteur de CO2. Relativement délaissé jusqu'à présent en France, l'hydrogène intéresse de nombreux constructeurs automobiles aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Communément appelés « moteurs à hydrogène » ou « moteurs à eau », les piles à combustible pourraient bien faire rouler les voitures électriques de demain. Car l'hydrogène est un gaz qui a de l'avenir... Mais s'il est l'élément le plus simple et le plus abondant de l'univers, il est aussi très peu présent sur Terre à l'état simple. Il doit donc être transformé, conditionné, transporté et stocké. Chacune de ces étapes consomme de l' énergie, largement produite par combustion d'énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole. Le développement de centrales hydroélectriques, photovoltaïques ou d'éoliennes est donc essentiel pour que des véhicules électriques propres à grande échelle aient une chance de voir le jour. L'hydrogène intéresse aussi bien sûr la filière nucléaire et selon le CEA, l'éclosion du marché de la voiture électrique à batterie prépare le terrain à l'avènement des technologies de l'hydrogène et des piles à combustible. Le CEA possède 16 brevets sur cette technologie et espère pouvoir développer une application pré-industrielle en 2015.

    HHO : le bon plan pour rouler plus propre et moins cher

    En attendant le jour "H", des solutions existent pour convertir les voitures classiques en véhicules roulant à l'hydrogène. Un système encore peu connu permet en effet d'équiper son véhicule polluant d'un système afin de le convertir en un engin presque propre, tout en diminuant aussi sa consommation de carburant. Suggéré par un fan de Ma Planète, ce procédé est celui du kit générateur d'hydrogène, HHO (hydrogène-hydrogène-oxygène) qui revient à faire fonctionner le moteur avec de l'eau, par électrolyse.

    Une belle arnaque ? Non. Didier Letac, qui habite à Saint-Paul-les Dax (Landes), a équipé voici un an sa R25 Turbo d'un tel kit à hydrogène est formel : "Mon véhicule a considérablement réduit ses émissions de gaz à effet de serre et qu'il roule désormais avec 5,5 litres aux 100".

    Un kit générateur d'hydrogène... Mais qu'est-ce que ça peut bien être ? Renseignement pris sur internet,  les forums  forums de discussions et les sites professionnels en tout genre abondent : la toile ne parle que de ça... Selon les sites commerciaux, comme  HHO France Energy Plus,  ou Kit HHO on peut effectivement économiser du carburant avec des générateurs d'hydrogènes. Il suffit d'utiliser son carburant habituel avec l'hydrogène produit dans sa voiture par un processus appelé électrolyse.

    Comment parvenir à produire cet hydrogène ?

    C’est en réalité très simple : on n'a pas à toucher au moteur lui-même. Les sites commerciaux proposent à la vente une technologie, le kit d'hydrogène, que l'on peut installer dans sa voiture sans l'aide d'un mécanicien ou d'un garagiste. A condition toutefois de savoir un peu ce qu'il y a sous le capot de sa voiture, ce qui n'est absolument pas mon cas... Placé sous le capot, le générateur HHO fonctionne à l’allumage du véhicule et permet de créer de l’hydrogène à partir de l’eau en suivant le processus de l’électrolyse. L’électrolyse permet de diviser une cellule d’eau en atome oxygène et hydrogène. L’hydrogène sera ensuite acheminé dans le moteur et permettra une meilleure combustion de votre carburant fossile ce qui réduit la consommation de carburant.

    Un système parfaitement légal

    L'installation d'un générateur d'hydrogène est réversible, et ne touche pas physiquement au moteur ni au réservoir du carburant. Ce dispositif n'a donc pas besoin d'un agrément particulier de la part de la DRIRE, ni d'un processus d'homologation, ou de l'accord d'un régime d'assurance. Il n'existe pas de texte de loi qui interdise l'utilisation des générateurs hydrogène pour l' automobile en France. Il n'y a pas besoin d'homologation particulière, car les kits sont considérés comme des économiseurs de carburant (arrêté du 26/02/1976 modifié le 26/12/1997), qui ne changent pas les caractéristiques du véhicule.

    Quels sont les avantages de la technologie hydrogène ?

    Selon les promoteurs de cette technologie, n'y a que des avantages à utiliser les kits à hydrogène. En bons écolos, nous en retiendrons trois principaux.  On réduit de façon sinificative la consommation du carburant, en ville comme sur la route.  On réduit aussi ses émissions de CO2, la combustion étant réalisée de manière plus efficace. On réduit enfin les bruits du moteur, grâce à l´effet de l'hydrogène dans le cycle de combustion. Seule la durée de vie du moteur est allongée... Ecolo et durable, donc.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    COMBIEN CA COUTE ?

    • Les prix des kits proposés par HHO vont de 139,90 € à 240,50 €. Il en existe aussi pour camions. Plus cher : 139,90 € et 224,90 €. Chez Kit HHO, ils vont de 199 € à 399 € (pro).


  • Algues vertes : l'agriculture intensive prend la marée

     

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    Défenseur de l'environnement portant un masque de tête de cochon pour protester contre l'envahissement de la plage d'Hillion par les algues vertes, dues à l'utilisation des nitrates. Bretagne, baie de Saint-Brieuc, août 2011. PHOTO AFP

    Sudouest.fr l'a révélé dès le 24 mai, les conclusions du rapport « Bilan des connaissances scientifiques sur les causes de la prolifération des macroalgues vertes » qui vient d’être rendu public, concluent que la prolifération des algues vertes en Bretagne est bien due à l’agriculture et à l’élevage intensifs.

    A la question : les marées d’algues vertes qui empoisonnent certaines parties du littoral breton sont-elles vraiment causées par l’agriculture intensive ? La réponse est oui. Elle est conjointement donnée par les services du ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (Conseil général de l’environnement et du développement durable), par leurs homologues du ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux), et par des experts indépendants sollicités pour l’occasion. Et elle s'appuie sur la synthèse de toutes les connaissances scientifiques en la matière...

    Pour lire l'intégralité de l'article de Jean-Denis Renard, "Marées vertes : un rapport met en cause l'agriculture", 24 mai : cliquer ICI

  • "Erika", justice, pollutions, surpêche... la longue liste des maux de la mer

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    Naufrage de l'Erika, photo Marine Nationale

    La Cour de cassation, plus haute juridiction française, examinait aujourd'hui les condamnations prononcées dans le naufrage de l'"Erika" en 1999, dont celle de Total. Avec pour enjeu une possible remise en cause des décisions obtenues par les victimes. Si les droits des victimes humaines sont assurées aujourd'hui par des conventions internationales, le milieu marin reste, selon certains experts, une "jungle organisée". Et la notion de "préjudice écologique" reste fragile. Quant à l'autre et première victime, la mer et ses ressources, qui la protège et qui la dédommage ? 

    Le naufrage de l'"Erika" : un long feuilleton juridique

    Vieux de 24 ans, le navire s'est brisé en deux le 12 décembre 1999 dans une tempête avant de sombrer, déversant 20.000 tonnes de fioul sur 400 km de côtes bretonnes, tuant des dizaines de milliers d'oiseaux et ravageant les fonds marins.

    Le 16 janvier 2008, le procès de première instance condamne en correctionnelle pour pollution l'armateur, le gestionnaire, l'affréteur et l'organisme ayant délivré le certificat de navigation de l'"Erika" et reconnaît un préjudice d'"atteinte à l'environnement".  La Cour d'appel de Paris confirme, le 30 mars 2010, au plan pénal, les condamnations pour pollution maritime à l'encontre de la société de classification Rina (l'organisme de contrôle maritime italien qui a donné son certificat de navigabilité au navire, condamnée à 175.000 euros d'amende), ainsi que du propriétaire et du gestionnaire du navire. Et porte les dommages et intérêts à verser à 200,6 millions d'euros. Elle retient contre Total SA une imprudence dans la mise en oeuvre de sélection du navire qui lui vaut une amende de 375 000 euros. Et, surtout, elle consacre la notion de "préjudice écologique".

    A la suite de la décision de la Cour d'appel, Total se pourvoie en cassation, de même que les régions Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes. Total a déjà versé (à la suite du jugement de première instance du 16 janvier 2008) aux parties civiles qui le souhaitaient 171,5 millions d'euros.

    Vers une remise en question du "préjudice écologique" ?

    Reconnu en 2010 dans l'appel de l'"Erika", le "préjudice écologique" permet de demander réparation de toute atteinte à l'environnement, au même titre que pour les préjudices moral, matériel ou économique. Or, dans le cadre du pourvoi en cassation, le ministère public a requis par écrit l'annulation définitive de la condamnation de Total en relevant que le naufrage n'avait pas eu lieu dans les eaux territoriales françaises mais en "zone économique exclusive" (ZEE), et que le navire battait pavillon maltais, ce qui retirerait toute possibilité de poursuite à la justice pénale et annulerait toute la procédure judiciaire qui a fait suite au naufrage du pétrolier. Il va de soi que les avocats des victimes, les collectivités locales de l'ouest de la France, contestent ces arguments.

    "Je pollue mais je paie !"

    Quel que soit l'arrêt de la Cour de cassation, Total, qui a payé la quasi-totalité des réparations financières de plus de 200 millions d'euros après le procès de première instance en 2008 et l'appel, a déjà dit qu'il ne demanderait aucun remboursement. Mais cette éventualité ne serait peut-être pas la plus grave conséquence écologique : les conclusions du ministère public  pourraient tendre aussi à balayer le "préjudice écologique", une notion que, précisément, la procédure de l'"Erika" avait permis d'introduire en droit.  Car l'enjeu reste de fixer le régime de responsabilité en cas d'accident de mer. Les collectivités locales, comme le conseil régional des Pays de la Loire, et les associations sont particulièrement attentives au maintien de la notion de "préjudice écologique" introduite en 2008 par le jugement de première instance. Mais aussi, par voie de conséquence, à l'obligation future de protéger juridiquement l'océan et ses ressources de nouveaux accidents et de marées noires à venir.

    Pas plus pour la nature que pour les hommes, l'argent ne peut tout réparer.

    serres.jpgAlors "pollueur-payeur" oui. Mais s'exonérer de pollutions éventuelles par le seul dédommagement des victimes humaines ne contribue pas efficacement à préserver et défendre les intérêts de notre patrimoine commun, la nature. Et, dans l'affaire de l'"Erika", pas plus que dans les autres marées noires, personne ne représente la principale victime : l'océan et ses ressources naturelles. Car la Terre, elle, personne ne l’a invitée au procès de l'"Erika". On peut le déplorer avec Michel Serres, le philosophe agenais, qui faisait un  constat similaire lors du sommet de Copenhague sur le climat, en 2009 : " Mais personne ne représente la Terre; il n’y a pas de représentant des océans, de la banquise, des espèces menacées. Et nos gouvernants n’ont pas la culture nécessaire pour parler au nom de la planète."

    2050 : une mer sans poissons ?

    Or, on craint désormais aujourd'hui que l'humanité ne soit en train de conduire les océans à l'épuisement de ses ressources, avec la pêche industrielle, la surpêche et les pollutions de toutes sortes: chimiques (rejets industriels), radioactives (Fukushima), plastiques (un septième continent de déchets flottants dans le Pacifique nord , marées noires... Et les stocks halieutiques s'amenenuisent, à tel point que certains scientifiques et les ONG craignent désormais la disparition pure et simple des poissons.

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    Les excès de l'industrialisation de la pêche font craindre la disparition des ressources halieutiques. Photo AFP

    Catastrophisme ?

    La conclusion d'une étude du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement),  est tombée comme un couperet en 2010 : si on ne change rien aux méthodes de pêche, en 2050, il n'y aura plus de poissons dans les océans. "Une mer sans poissons", livre co-écrit par Philippe Cury, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement à Marseille et le journaliste Yves Miserey, lance un cri d'alarme, montrant combien la pêche contemporaine est prédatrice et dangereuse pour la ressource halieutique. Dans un dossier publié le 24 mai, "La mer épuisée", "Paris Match" assure que l'Ifremer (Institut de recherche pour l'exploitation de la mer) est beaucoup moins alarmiste, et souhaite relativiser. Mais le magazine souligne aussi que l'Ifremer reste là dans son rôle de chercheur "pour l'exploitation" des ressources océanes, plus que pour leur protection. Et rappelle qu'une mer sans poissons est loin d'être de la pure science-fiction : au Sénégal, le thiof (grand mérou) a disparu, et à Terre-Neuve, la population de mourues s'est effondrée, provoquant une des plus graves crises halieutiques du XXème siècle, avec des impacts socio-économiques importants : des dizaines de milliers de personnes se sont ainsi retrouvées au chômage.

    L'activité humaine modifie bien les éco-systèmes, quitte à en payer chèrement le prix. Même au coeur de l'océan. Quant à l'"Erika", la Cour de cassation a mis sa décision en délibéré au 25 septembre.

    Cathy Lafon

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