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Développement durable - Page 552

  • Agriculture : bio ou pas, les petits agriculteurs en ont gros sur la patate

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    L'élevage bio de vaches salers de Rémi  Bogros, dans l'Allier. Copyright R. Bogros

    L'organisation en France de la réforme de la Politique agricole commune (PAC) fait jaser dans nos campagnes. Les agriculteurs bio craignent que sa déclinaison dans le pays ne condamne l'agriculture sans pesticides à végéter et, pour sa part, la filière des producteurs de lait s'alarme de la fin des quotas laitiers qui risque faire disparaître un grand nombre d'exploitants. Bio ou pas.

    "La bio condamnée à végéter"

    europe,elevage,laitier,quota,josé bové,confédération paysanneRémi Bogros (photo ci-contre), éleveur de bovins en bio, installé à Saint-Martinien dans l'Allier, tire la sonnette d'alarme. Il reproche au ministre de l'agriculture français, Stéphane Le Foll, de vouloir faire sortir la bio du "1er pilier" de la PAC, qui porte sur le soutien des marchés et des prix agricoles, pour la mettre dans le "2ème pilier",  consacré au développement rural. Centré sur l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture et de sa multifonctionnalité, le "2ème pilier" concerne la promotion de la protection de l’environnement en agriculture et la participation au développement des territoires ruraux

    "Un vrai retour en arrière"

    "Si la bio passe dansvaches salers.jpg le "2ème pilier" de la PAC, l'aide financière sera mise en oeuvre par les régions, et son enveloppe, trop petite, supprimera l'aide au maintien en bio", explique-t-il. Selon lui, cela équivaudra à un vrai retour en arrière, à la situation d'avant le Grenelle de l'environnement (2007), où "les gens faisaient 5 ans en bio et puis retournaient en conventionnel". A 57 ans, ce fils de moutonnier a pas mal roulé sa bosse, avant de revenir à l'agriculture. Il exploite aujourd'hui 35 ha et, depuis 2007, élève 15 vaches salers, "en plein air et sans céréales".

    La France veut faire payer les agriculteurs à l'installation

    "Non seulement les producteurs en bio vont toucher moins d'aides mais en plus, ils paieront pour leur certification", s'indigne encore l'agriculteur. L'État veut en effet instaurer un critère de capacité professionnelle alors que, sur ce chapitre, l'Europe ne demande rien. "Sur les 13.000 agriculteurs qui s'installent chaque année, 2.000 risquent de ne plus pouvoir le faire demain. Ils sont en effet concernés par les nouvelles barrières à l'installation que le ministère de l'Agriculture veut mettre en place", dénonçait pour sa part la Confédération paysanne de l'Aude, le 26 janvier dernier, devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), à Carcassonne.  Le dispositif sur les nouveaux installés dans le cadre de la réforme de la PAC, tel qu'il est mis en place par Paris, risque une fois de plus "favoriser les gros agriculteurs, ceux qui polluent le plus, ne créent pas d'emploi et vivent de subventions" dénonce Rémi Bogros. 

    "La PAC oublie la bio"

    bové.jpgPour José Bové, le député européen écologiste et ancien syndicaliste agricole, la nouvelle PAC oublie tout simplement le bio et la petite agriculture familiale. Les 55 milliards d’euros distribués par l'Europe bénéficient, selon lui, essentiellement à 15 % des agriculteurs. Les parlementaires écologistes, minoritaires, n’ont pas réussi à obtenir une modification substantielle du système "qui ne fait qu’entériner le maintien des avantages acquis", regrette le vice-président de la Commission agricole.

    La fin des quotas laitiers

    europe,elevage,laitier,quota,josé bové,confédération paysanneAutre gros sujet d'inquiétude, sur le front de l'élevage et du lait.  Institués en 1984 par l'Europe, les quotas laitiers plafonnaient depuis 1986 la production laitière européenne : ils seront supprimés le 1er avril prochain, ce qui place les éleveurs dans une situation "inquiétante", pour la Confédération paysanne. Le syndicat redoute que, face à la hausse attendue de la production et à la baisse des prix qui devrait s'ensuivre, les petits producteurs ne paient les pots cassés. Dans un scénario idéal, la Chine est censée sauver le marché, mais la forte demande chinoise pour le lait a ralenti ces derniers mois en raison des stocks importants constitués par Pékin. Les prix ont donc déjà baissé, un mouvement amplifié par une offre mondiale abondante et par l'embargo russe, qui crée une situation de surproduction. Pour y remédier, la Confédération paysanne demande des mesures européennes de gestion des volumes.

    "On risque voir disparaître la moitié des producteurs d'ici 15 à 20 ans"

    mega-elevage-laitier.jpgSous la pression conjuguée des producteurs de lait et d’un nombre grandissant de pays de l’Union européenne, l'Europe a annoncé la création d’un fonds laitier pour venir en aide aux exploitants ayant les problèmes les plus urgents. Le mardi 20 octobre, José Bové a toutefois qualifié d’"aumône" le fonds de 280 millions d’euros promis par la Commission européenne pour aider le secteur laitier en crise, soulignant qu’en France, cela représentait "45 euros par mois par éleveur". A la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, le 20 février, l'eurodéputé prédisait un "effondrement du prix du lait ravageur pour les exploitations agricoles", en accusant les grands industriels du lait d'avoir "poussé au fait d'arrêter les quotas pour avoir de la matière première la moins chère possible". Huit fermes industrielles de plus de 250 vaches existent déjà en France dont la très controversée ferme dite "des 1.000 vaches" en Picardie et, pour José Bové, la fin des quotas favorisera le développement de ces fermes géantes au détriment de l'emploi agricole. "On risque voir disparaître la moitié des producteurs d'ici 15 à 20 ans", prévient l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne.

    europe,elevage,laitier,quotaPour sa part, Rémi Bogros, estime qu'il va perdre "jusqu'à 30% de ses aides en 2015" et s'inquiète de ne pas pas pouvoir continuer son activité. Pas plus en bio qu'en conventionnel. Une situation plus que paradoxale, au moment où la France cultive désormais 10% des surfaces bio en Europe. Avec un marché national du bio de 5 milliards d'euros en 2014, et 1,1 million d'hectares cultivés, l'Hexagone a même doublé l'exemplaire et verte Allemagne, en se hissant au troisième rang européen derrière l'Italie, numéro 1, et l'Espagne deuxième...

    Condamner la bio à végéter en France obligerait les consommateurs à acheter d'avantage de produits bio importés. Une éventualité désastreuse tant sur le plan économique qu' écologique.

    Cathy Lafon

    EN CHIFFRES

    • Le marché du bio en France. 5 milliards d'euros en 2014, soit 10% de plus qu'en 2013. Près de 9 français sur 10 ont consommé du bio en 2014, dont 6 sur 10 régulièrement (au moins une fois par mois). Le marché alimentaire bio, c'est plus de 20% pour les oeufs et plus de 10% pour le lait. Le nombre d'agriculteurs convertis a augmenté de 4% pour s'établir à 5,5% en 2014.
    • Le bio dans la région. En Aquitaine, l'organisme interprofessionnel Arbio Aquitaine regroupe 110 structures et 2.300 producteurs bio. La Gironde, avec ses 645 exploitations bio sur plus de 14.036 ha, vient d'être récompensé par le premier label Territoire Bio Engagé. 6,1% des surfaces agricoles du département sont cultivées en bio, et ses restaurants collectifs sont approvisionnés à plus de 20% en bio.

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  • Un demi-million d'euros pour sauver les platanes du Canal du midi

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    Les platanes du Canal du midi à Toulouse en juillet 2014. Photo Ma Planète

    Les platanes du Canal du Midi souffrent d’une maladie incurable : le chancre coloré. Un appel aux dons pour financer leur replantation a été lancé en 2013. Il a permis de recueillir « plus de 530.000 euros », a annoncé le 12 février dernier à Toulouse, Voie navigable de France (VNF), l'organisme public gestionnaire de la voie d’eau qui lutte contre la contamination.

    Le chancre coloré

    chancre coloré.jpgLe chancre coloré a déjà rongé plus de 13.000 des 40.000 platanes qui longent le canal, ouvrage inscrit par l’Unesco au patrimoine de l’humanité. Cette maladie incurable, jusqu’à récemment cantonnée à la partie du Canal allant de la Méditerranée à l’Aude, touche désormais la Haute-Garonne où 44 platanes vont devoir être abattus.  Dans ces nouveaux foyers, pour éviter la propagation de la maladie, la règle stricte reste appliquée: sept arbres seront abattus de part et d’autre du sujet malade. Dans la région Languedoc-Roussillon en revanche, la procédure a été assouplie en 2014 face à la pression de nombreux élus et seuls les arbres malades sont désormais supprimés.

    Un projet de restauration en l'attente d'un vaccin

    Un laboratoire toulousain, le Cetev, propose une alternative à l’abattage via l’injection d’un vaccin. Mais, pour tester ce produit qui ralentit la propagation de la maladie à d’autres arbres, il faut une autorisation du ministère de l’Agriculture. Le vaccin doit également obtenir l’aval de lAgence nationale de la sécurité et de la santé. En attendant, VNF a lancé une collecte pour poursuivre un projet de restauration de la voûte arborée qui s’appuie sur la plantation de différentes espèces, afin d'éviter un nouveau risque sanitaire. Sept variétés tests seront plantées cette année et VNF s’est fixé comme objectif de planter 1.000 arbres d’ici fin mars, tandis que 4.000 platanes supplémentaires seront abattus sur l’ensemble de l’année.

    Toulouse canal 1.jpgDons privés et mécénat d'entreprises

    Depuis le lancement de l'appel aux dons, en août 2013, 252.000 euros  ont donc été récoltés auprès de 3.000 donateurs individuels, et 35 entreprises ont contribué à hauteur de 283.000 euros. Toutefois, la campagne lancée pour financer l’arrachage et la replantation des nombreux platanes atteints par le mal n’a pas encore été étendue au niveau international, faute de moyens, contrairement à ce qui avait été promis. « L’objectif est d’arriver à réunir 50 entreprises mécènes d’ici la fin de l’année », a déclaré René Bouscatel, président du « Cub des entreprises mécènes du canal du Midi », créé fin 2013.

    Un bugdet total de 200 millions d'euros

    Le budget total du projet de restauration des arbres du Canal du midi, replantation et abattage compris, doit atteindre 200 millions d’euros. ll est financé pour un tiers par VNF, donc l’État, pour un second tiers par les collectivités territoriales et pour le dernier tiers par d’autres moyens dont le mécénat. VNF prévoit ainsi de lever « une dizaine de millions d’euros sur 15 ans » auprès des entreprises et des particuliers. Un demi-million d'euros c'est un bon début, mais c'est loin d'être encore suffisant.

    Cathy Lafon avec l'AFP

  • Energies renouvelables : en Gironde, une ferme solaire géante écrasera bientôt les prix du nucléaire

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    A la fin de l'année, la centrale solaire de Losse, dans les Landes, ne sera plus la plus importante d'Europe : elle sera détrônée par celle de Cestas, en Gironde.  Photo archives Sud Ouest / Nicolas Le Lièvre

    Finalisé en novembre dernier, le développement de la plus grande ferme photovoltaïque d'Europe est passé au stade de la construction sur la commune de Cestas, en Gironde. A la fin de l'année, elle pourra alimenter en électricité l'équivalent de la ville de Bordeaux, à un prix inférieur à celui des futurs réacteurs nucléaires EPR.

    L'équivalent d'un barrage

    panneaux photovoltaiques.jpg300 hectares et un "mégaparc" d'une puissance de 300 magawatts, contrôlés par 25 centrales reliées directement à une ligne haute tension : telles sont les caractéristiques de la future ferme solaire, située en bordure de la forêt des Landes, sur un espace dévasté par la tempête de 1999 et grand comme 300 terrains de foot.  Elle est pilotée par la PME française Neoen qui, pour un investissement de plus de 360 millions d'euros, posera en un an seulement un million de panneaux solaires capables de produire en énergie électrique, l'équivalent d'une centrale à gaz ou d'un barrage.

    Le solaire cher, c'est fini

    barbaro.jpgXavier Barbaro, le patron de Neonen -30 millions d'euros de chiffre d'affaires- prévoit que la structure alimentera en électricité à la fin de l'année les 200.000 foyers (hors chauffage) de la ville de Bordeaux, pour un coût de production inférieur à celui d'un EPR nucléaire : 105 euros par mégawatt/heure. Notamment grâce aux économies d'échelles réalisées : le solaire cher, c'est fini.

    Le solaire, domaine d'excellence français et girondin

    Selon le Syndicat des énergies renouvelables, les prix vont encore baisser de 25% d'ici à cinq ans et les nouvelles installations pourraient afficher 70 € le mégawatt/heure, bien en dessous des tarifs des futurs réacteurs nucléaires. Les coûts ont déjà été divisés par quatre en cinq ans, notamment grâce aux panneaux chinois à bas coût Mais ce sont la gestion du parc et l'ingénierie qui pèsent pour plus de la moitié dans les budgets des centrales solaires, domaines d'excellence tricolore et girondine.  A Pessac, non loin de Cestas, une autre PME française profite du décollage du solaire : Exosun, dirigée par Frédéric Conchy, fabrique des "trackers", de véritables "robots tournesols" qui permettent aux panneaux photovoltaïques de se gorger de soleil en suivant l'orientation de l'astre au centimètre près.

    En plein débat sénatorial sur la loi sur la transition énergétique où les élus se refusent à limiter à 50% le nucléaire d'ici à 2025 et s'empressent de mettre de nouveaux bâtons dans les pales des hélices des éoliennes, le décollage du photovoltaïque devrait faire réfléchir.

    Cathy Lafon

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