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Biodiversité - Page 324

  • Nitrates: l'Etat reconnu responsable de la mort du cheval intoxiqué par les algues vertes

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    La plage de Saint-Michel-en-Grève(Côtes-d’Armor) envahie par les algues vertes, en 2011. Archives AFP

    La décision était très attendue par les victimes des algues vertes, leurs familles et  les écologistes : ce lundi, la justice a reconnu la responsabilité de l’État sur les conséquences sanitaires de la prolifération des algues vertes sur le littoral, en acceptant d’indemniser le propriétaire d’un cheval mort sur une plage bretonne en juillet 2009. Une décision d'autant plus importante qu'elle pourrait débloquer d’autres instructions liées aux algues vertes, provoquées par la pollution des eaux par les nitrates agricoles.

    algues vertes cotes d'armor.jpgL'Etat ne protège pas suffisamment ses eaux des pollutions d'origine agricole

    La cour administrative d’appel de Nantes avait été saisie par Vincent Petit dont le cheval était mort intoxiqué après s'être enlisé il y a cinq ans de cela dans une vasière, à proximité de l’embouchure d’une rivière couverte d’algues vertes, sur une plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor. Le 21 juillet dernier, pour la première fois, elle a retenu la responsabilité de l’État "du fait de la prolifération des algues vertes, en raison de ses carences à mettre en œuvre de manière suffisamment efficace les règles nationales et européennes" sur la protection des eaux "contre les pollutions d’origine agricole" par les nitrates, "qui sont la cause principale des marées vertes", selon un communiqué de la cour.

    Le gaz toxique dégagé par les algues vertes a bien causé la mort du cheval

    Autre décision également très attendue, la cour a également estimé que la mort de l’animal "devait être regardée comme ayant eu pour cause déterminante une intoxication par inhalation d’un gaz toxique (hydrogène sulfuré, H2S) dégagé par des algues vertes en décomposition dans la vasière : sans nul doute, ce sont bien les algues vertes toxiques qui sont responsables de la mort du cheval.

    corinne lepage.jpg"C’est une victoire pour M. Petit"

    Corinne Lepage, eurodéputée écologiste et avocate du propriétaire du cheval s'est réjouie de cette décision, même si la cour a également considéré que Vincent Petit avait commis "une imprudence" en se rendant sur cette plage de Saint-Michel-en-Grève, certes "particulièrement exposée à la présence d’algues vertes" mais à l’entrée de laquelle un panneau recommandait aux usagers de ne pas s’approcher des zones d’échouage. En conséquence de quoi la justice a décidé de procéder à un partage de responsabilité" entre  Vincent Petit et l’État, en ne lui accordant 2.200 euros d’indemnités alors qu’il en réclamait plus de 31.000, et 2.000 euros de frais de justice.

    Les conséquences sanitaires des algues vertes reconnues

    Mais "Le but du jeu, a commenté Me Lepage, ce n’était pas forcément de gagner de l’argent, c’était de faire reconnaître un principe ". L'important, pour l'avocate, c'est que "c’est la première fois que l’État est condamné du fait des algues vertes pour des conséquences sanitaires et non pas environnementales".  Vincent Petit avait souffert également du H2S: victime d’une intoxication, il n’avait été sauvé que grâce à l’intervention rapide d’un témoin et s’était vu prescrire 19 jours d’ITT. Il a porté plainte au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui mais le dossier "avance à la vitesse d’un demi escargot", a déploré Me Lepage, qui espère dorénavant une accélération de l’instruction.

    algues vertes tracteur.jpgEn 2009,  le décès d'un transporteur d'algues

    La décision de la cour administrative nantaise donne aussi de l’espoir dans un autre dossier douloureux, celui du décès à Binic (Bretagne), en juillet 2009 également, d'un chauffeur, Thierry Morfoisse, 48 ans. Sa famille a porté plainte contre X en 2010 pour "homicide involontaire par imprudence", persuadée qu'il a été intoxiqué par les gaz mortels dégagés par les algues vertes en décomposition qu’il transportait. Cette affaire, dont l’instruction se poursuit, "va forcément rebondir au regard de la décision de la cour nantaise", s’est félicité André Ollivro, le porte-parole du comité de soutien de la famille du disparu, interrogé par l’AFP. "Ce qui bloquait dans le dénouement de cette instruction, c’est qu’il n’y avait pas forcément de relation entre les algues vertes en décomposition et l’H2S produit et l’influence sur la maladie cardiaque" dont est mort le transporteur d'algues.  C'est désormais le cas grâce à la décision nantaise. "Il faut qu’il soit reconnu dans son accident du travail", a-t-il ajouté. Ce sont aussi des algues vertes qui sont mises en cause dans la mort de sangliers en 2011 sur une autre plage costarmoricaine, une affaire instruite à Paris.


    Algues vertes. Une pétition de 4... par Letelegramme

    algues vertes normandie.jpgLe coût trop élevé des nitrates

    Outre leur impact sanitaire et environnemental les nitrates pourraient finir par coûter cher à l'Etat français, toujours sous la menace d'une amende européenne pour non application de ses directives. En juin 2013, la  Cour de justice de l'Union européenne condamnait la France pour ses nitrates agricoles et indiquait que si elle ne constatait pas de progrès de la qualité de l'eau  française dans les prochains mois, elle pourrait saisir à nouveau les magistrats et leur suggérer des pénalités journalières. Combien devra alors payer la  France? Plus ou moins 60 millions d'euros d'amende et plus de 150.000 euros par jour, selon les calculs. Pendant ce temps-là, les algues vertes continuent de coloniser le littoral français et s'attaquent désormais à la Normandie...

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

    • Pour lire les articles de Ma Planète sur les nitrates : cliquer ICI
  • La France, nouveau refuge de Paul Watson, le "fugitif" de l'ONG écolo Sea Shepherd

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    Le militant écologiste radical Paul Watson. Photo archives AFP

    Le célèbre militant écologiste "fugitif" Paul Watson qui se trouvait aux Etats-Unis depuis octobre dernier, s'est réfugié en France début juillet.

    activistes-sea-shepherd-collent-affiche.jpgRecherché par le Costa Rica

    Agé de 63 ans, Paul Watson a fui l'Allemagne en 2012 pour gagner la haute mer et échapper à un mandat d'arrêt international relayé par Interpol. Recherché par le Costa Rica suite à une opération menée en 2002 dans les eaux guatémaltèques contre le braconnage des requins, il a choisi la France comme terre d'asile : "Il séjourne actuellement dans l'Hexagone où il entend continuer à oeuvrer pour la protection des océans", a indiqué le 17 juillet l'ONG écolo activiste  Sea Shepherd dont il est le fondateur et dont l'emblème est un drapeau de pirate.

    "J'ai toujours adoré la France !"

    Le Canadien, figure emblématique de la lutte d'action directe contre la chasse à la baleine, est arrivé le 2 juillet en France sans être inquiété, a indiqué à l'AFP son avocat Me William Bourdon. Dans un communiqué, Paul Watson a déclaré  avoir "toujours adoré la France", où il entend s'établir au moins plusieurs mois. "Son pied à terre est à Paris, mais il voyagera certainement dans l'Hexagone", a précisé à l'AFP Lamya Essemiali, la présidente de Sea Shepherd France. "J'y ai de nombreux amis et je me réjouis d'y passer quelque temps pour travailler à l'écriture de livres et apporter ma contribution sur le changement climatique et la protection des océans", a complété Paul Watson.

    brigitte-bardot-photo-afp.jpgL'appel de BB à François Hollande

    L'ONG précise que l'écologiste a rencontré depuis son arrivée Nicolas Hulot et Brigitte Bardot qui l'a accueilli chez elle à Saint-Tropez (Var). "J'ai ouvert ma porte et mon coeur à Paul Watson mais c'est la France, patrie des Droits de l'Homme, qui doit défendre sa liberté d'action" a déclaré l'ancienne actrice et militante pour les droit des animaux dans un communiqué diffusé par sa Fondation. "La diplomatie française doit intervenir auprès du Costa Rica pour l'abandon des procédures ridicules et malhonnêtes contre Paul, c'est mon appel à François Hollande" a-t-elle encore ajouté.

    guilhem.jpgUne étoile pour amie

    Décidément, l'écolo le plus recherché de la planète ne manque pas d'amis parmi les stars : bio-pipole de Ma Planète, la danseuse étoile française Sylvie Guilhem soutient également publiquement l'action de Sea Shepherd : elle anotamment mis à la disposition de l'ONG un stand pendant ses spectacles, du 15 au 22 mars 2012 au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    Paul Watson a créé Sea Shepherd en 1977 pour tenter de mettre fin à la chasse à la baleine et a organisé de nombreuses campagnes en mer pour bloquer la route des baleiniers japonais. L'ONG se donne pour mission de mettre en place des stratégies novatrices d’action directe pour enquêter, documenter et intervenir si nécessaire afin de dénoncer et de combattre les activités illégales de haute mer. En sauvegardant la biodiversité, elle s'efforce de préserver la survie des écosystèmes marins fragiles pour les futures générations. Le site de Sea Shepherd : cliquer ICI

  • Pourquoi les plantes invasives sont-elles dangereuses pour la planète ? Réponse ce mardi sur Arte

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    Originaire d'Amérique du Nord, l'ambroisie colonise la France et l'Europe, entraînant asthme et réactions allergiques. Photo DR

    Arte ouvre un nouveau dossier noir et s'attaque à la racine à la question des plantes invasives dans un documentaire diffusé mardi 22 juillet, à 10h20. La flore européenne est menacée par des espèces exotiques invasives, qui prolifèrent de façon exponentielle et accaparent les habitats traditionnels des plantes endémiques. Quelles sont ces plantes et comment maîtriser leur expansion massive dans nos régions ?

    berce.jpgJolies mais nocives pour l'homme

    Si la berce du Caucase (photo ci-contre), le séneçon du Cap ou l’ambroisie sont bien agréables à regarder, ces
    plantes exotiques, introduites en Europe centrale au cours des siècles derniers, sont pourtant nuisibles. Envahissantes, elles représentent une menace pour l’équilibre des milieux naturels locaux, en accaparant l’espace vital des plantes indigènes. Elles sont également nocives pour l’homme. Le pollen de l’ambroisie déclenche en effet des allergies extrêmement handicapantes. Selon les prévisions des chercheurs, cette plante occasionnera à elle seule des dépenses de santé de plusieurs millions d’euros.
    Des champs allemands jusqu’à la côte atlantique française en passant par le plus ancien jardin botanique de France, à Montpellier, des spécialistes de toute l’Europe analysent les conséquences de la prolifération des plantes invasives.

    Qu'est-ce qu'une plante invasive?

    Nombre de ces plantes sont originaires de pays lointains et n’ont quasiment pas de parasites naturels en Europe. Et elles sont souvent toxiques. Ces espèces menacent de précieux biotopes en France et en Allemagne. Bien qu'il existe plusieurs définitions des espèces envahissantes, elles sont toujours basées sur quatre critères principaux : l’origine de l’espèce, la capacité de l’espèce à se reproduire en milieu naturel, la dispersion géographique de l’espèce et son impact environnemental. Les conséquences et les impacts des espèces invasives diffèrent selon l’espèce en question et les milieux envahis. Leur position dans les réseaux trophiques et leur capacité de colonisation interviennent sur la nature, l’intensité et l’ampleur des impacts. On distingue généralement les effets écologiques (principalement altération du biotope et atteinte à la biodiversité), économiques et sanitaires.

    Des listes noires

    Leur nombre ne cesse de croitre, Plusieurs organismes publient et mettent régulièrement à jour des listes de ces espèces. Parmi lesquels le Conservatoire Botanique National Méditerranéen (de Porquerolles) qui a établi la liste noire des  Espèces végétales exotiques envahissantes en France méditerranéenne continentale.  La liste identifie les espèces capables de proliférer rapidement et jugées potentiellement dangereuses pour la santé animale, végétale ou celle de l’environnement. Afin de justifier et argumenter les listes d'espèces exotiques envahissantes, les scientifiques ont mis en œuvre un système de hiérarchisation des espèces reposant sur l'analyse du risque encouru par l'environnement lors d'introduction d'espèces exotiques. L'analyse de risque utilisée ici est l'analyse développée par Weber & Gut (Weber, 2004) qui considère 3 niveaux de risques (faible, intermédiaire et fort) pour l'environnement si l'espèce se naturalise. Elle est basée sur une série de 12 questions portant essentiellement sur la biologie et la biogéographie de l'espèce. Les espèces de la liste noire sont celles dont le score est supérieur à 28. Cette liste, en constante évolution, fait l’objet d’actualisations régulières.

    Le coût des dommages  causés par les plantes invasives est énorme

    Douze milliards d’euros : c’est, selon la Commission européenne, le coût annuel des dommages causés aux États membres par les espèces exotiques envahissantes. Selon Bruxelles, 12.000 espèces allochtones ont été recensées en Europe. 15% sont «envahissantes», au sens de la Convention sur la diversité biologique : «Espèce introduite par l’homme hors de son aire de répartition naturelle, volontairement ou accidentellement, dont la propagation menace la biodiversité et peut avoir des impacts négatifs sur l’économie et-ou la santé.»

    L'Europe veut lutter contre les espèces exotiques invasives...

    L’Europe va se doter d’ici à 2016 d’un cadre juridique pour lutter contre ce phénomène. Importation, commerce, utilisation ou libération dans la nature des végétaux, animaux et micro-organismes recensés seront interdits. Les Etats devront analyser les canaux d’entrée de ces envahisseurs et établir des sanctions pour les contrevenants. Ils devront aussi prendre des mesures de gestion pour les espèces trop largement répandues pour pouvoir être éradiquées. La «liste noire» européenne a été  avalisée par le Parlement européen début avril.

    ... et la France aussi

    Une nouvelle proposition de loi pour lutter contre les plantes invasives devrait être présentée à l'automne à l'Assemblée nationale afin d'améliorer l'efficacité de la réglementation française actuelle. C'est ce qu'a annoncé à la presse Alain Moyne-Breyssand, député de l'Isère et président du comité parlementaire de suivi du risque ambroisie et autres plantes invasives, le 3 juin dernier.

    Cathy Lafon

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