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"Vino Business", une enquête inédite diffusée ce soir sur France 3. Photo FR3
Après son livre "Vino Business", paru en février dernier aux éditions Albin Michel, très critique des milieux professionnels du vin et réciproquement, la journaliste Isabelle Saporta récidive avec un documentaireéponyme diffusé ce soir sur France 3, à 20h45.
Le vin, c'est tout un monde
Rien de plus facile et de plus plaisant que de déboucher et de boire une bouteille de bon vin. Mais qu'y a t-il avant cet instant magique ? Pour ceux qui ne sont pas du métier, le vin, c'est tout un univers à part entière, avec ses propres codes et ses contraintes spécifiques car étroitement liées à la nature. Ce monde, et notamment celui des vins de Bordeaux, le documentaire d'Isabelle Saporta l'a exploré pendant près d'un an pour nous en faire découvrir la complexité et les questionnements.
Derrière le constat
C'est une évidence : hier paysan, l'univers du vin est devenu une industrie où les enjeux financiers sont lourds. L'univers de la viticulture française est en mutation : les plus grands crus sont devenus des produits de luxe qui se vendent à prix d'or sur un marché mondialisé où la demande est toujours plus forte. La vigne est devenue un placement rentable qui a poussé de nombreuses fortunes, françaises ou étrangères, à investir massivement dans la terre, faisant disparaître au passage beaucoup de petits exploitants. Au delà de ce constat unanimement partagé et de la dénonciation des liaisons dangereuses entre la finance et le vin qui appartient à Isabelle Saporta, ce voyage nous fait découvrir ce que l'on connaît moins : les difficultés des vignerons face aux aléas climatiques, les angoisses des producteurs lors d'un millésime compliqué et comment on fabrique le vin, du spontané à l'ultra-technique.
La question brûlante des pesticides
A l'image des vins, les philosophies des vignerons qui les produisent sont également différentes. Le documentaire aborde bien évidemment, entre autres, la question des pesticides dans la vigne, qui rappelons le, couvre 3% des surfaces agricoles françaises et utilise 20% des pesticides vendus dans l'Hexagone. Les propriétaires de grands crus classés devraient être à la pointe d’une approche bio de la vigne et montrer l’exemple, selon la journaliste qui veut croire aussi que, si la réduction des pesticides ne se fait pas pour des raisons éthiques et pour préserver la santé des travailleurs de la vigne et des consommateurs, elle finira par venir pour des raisons économiques, la plupart des grands crus classés étant vendus à l’export.
Sur le terrain, les choses bougent pourtant. Même si cela ne va pas assez vite par rapport à l'attente sociétale en matière d'environnement, comme le reconnait dans "Sud Ouest" aujourd'hui Bernard Farges, le président du Centre interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) qui explique : "400 viticulteurs, 10% du vignoble girondin, sont engagés dans un système de management environnemental (SME) qui amène à la certification bio. Nous avons aussi adopté un plan climat 2020, qui prévoit -20% d'émission de gaz à effet de serre, -20% de carburants et d'eau utilisée...".
Manichéen ?
Dans un contexte économique où les ventes des alcools français à l'exportation enregistrent une nette baisse (- 7,3% au premier semestre 2014),"Vino Business", tourné en partie en Libournais, manque-t-il de recul ? S'agit-il d'une enquête manichéenne et outrancière sur le milieu des grands vins ? Telle est naturellement la question. Pour se faire une opinion, une seule option : regarder le documentaire.
Après avoir battu des records, les exportations d'alcools français ont reculé de 7,3 % au premier semestre 2014. La vente des vins de Bordeaux à l'export a plongé, elle, de 28 % dans le même temps.
La production des vins de Bordeaux compte soixante appellations différentes et couvre une surface de 112.600 ha. Ils sont consommés par 45 % des Français qui achètent en moyenne une quinzaine de bouteilles par an. 42 % de la production part à l'étranger et notamment en Asie. La filière viticole bordelaise représente 60.000 emplois directs et indirects. En 2013, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 4,24 milliards d'euros.
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"Dugesia japonica", le petit ver planaire sur lequel ont travaillé les chercheurs pour cette étude. Photo CNRS
On ne cesse de crier haro sur les espèces animales invasives, comme encore tout récemment pour le plathelminthe terrestre, ce ver plat sans prédateur qui tueur de lombrics et désormais présent en Gironde. Sachez pourtant que dans sa famille, l'un de ses cousins, le petit ver plat aquatique "Dugesia japonica", le planaire, permis d'identifier une nouvelle voie de défense contre les bactéries du type tuberculose ou staphylocoque doré.
Une découverte française
Cette découverte a été réalisée par des chercheurs français de l'Unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (CNRS/IRD/Inserm/Aix-Marseille Université), en collaboration avec le Centre méditerranéen de médecine moléculaire (Inserm/Université Nice Sophia Antipolis), et d'autres laboratoires français et étrangers. "Nous sommes les premiers en France et au monde à avoir utilisé ce ver plat, le planaire Dugesia japonica, pour rechercher une réponse immunitaire", a déclaré dans un communiqué le chercheur Eric Ghigo,directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), à la tête de l'équipe "Infection, Genre et Grossesse", dont les travaux, publiés dans la revue "Cell Host and Microbe" le 10 septembre dernier, soulignent l'importance qu'il y a à étudier des organismes modèles alternatifs, et ouvrent la voie vers de nouveaux traitements contre les infections bactériennes.
Le ver à 9 vies
En étudiant pour la première fois au monde cet organisme modèle original, les scientifiques français ont en effet réussi à identifier une nouvelle voie de défense contre des bactéries comme l'agent de la tuberculose, Mycobacterium tuberculosis. Jusque là, ce ver plat était surtout connu pour ses extraordinaires capacités de régénération qui en font un être potentiellement immortel : il ne peut pas mourir de vieillesse. Si on le coupe en 9, il donne naissance à 9 nouveaux vers...
Dévoreur de bactéries
Il est aussi capable de résister à des bactéries très pathogènes voire mortelles pour l'homme. Pour comprendre les raisons d'une défense immunitaire si efficace, les chercheurs ont étudié les gènes exprimés par le planaire suite à l'infection par des bactéries pathogènes chez l'homme, telles que M. tuberculosis, responsable de la tuberculose, le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) et l'agent de la légionellose (Legionella pneumophila). Ils ont ainsi identifié 18 gènes qui lui confèrent une résistance à ces agents pathogènes. L'un de ces gènes - MORN2 – essentiel à l'élimination de tous les types de bactéries testées, est aussi présent dans le génome humain. Les scientifiques ont alors surexprimé ce gène dans les globules blancs humains macrophages, chargés d'éliminer les agents pathogènes en les digérant. Ainsi stimulés, ils sont devenus capables d'éliminer les bactéries S. aureus, L. pneumophila, M. tuberculosis et bien d'autres agents pathogènes...
Des essais cliniques sur l'homme
Cette découverte ouvre une nouvelle piste d'action contre la tuberculose, maladie qui revient en force et dont les souches résistantes aux antibiotiques sont de plus en plus répandues. Selon Eric Ghigo, cette avancée pourrait conduire à des essais cliniques sur l'homme d'ici "10 à 15 ans". Mais ces travaux montrent aussi l'intérêt des organismes modèles « exotiques », comme le planaire...
Alors, avant de "condamner" le ver plathelminthe terrestre, peut-être convient-il de réfléchir à deux fois... A l’heure où les espèces exotiques envahissantes sont considérées par certains scientifiques comme l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité, Jacques Tassin, chercheur à Montpellier, estime lui que "invasif" n'est pas synonyme de nuisible et que "les envahisseurs finissent par devenir indigènes". Selon lui, le monde comptera même demain "davantage d’espèces invasives mais ne méritera pas pour autant d’être tenu pour mauvais"."Invasif" ou pas, chaque être vivant sur Terre a sa raison d'exister et la nature, pleine de ressources, n'a pas fini de nous étonner.
Dans les champs, faute de biodiversité florale, les butineuses n'ont plus assez à manger. C'est l'une des explications de la baisse de la production de miel constatée cette année par les apiculteurs. Photo archives Sud Ouest
2014 s'annonce comme une année noire pour l'apiculture française. Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles tire la sonnette d'alarme et appelle les pouvoirs publics à réagir sans délai, afin d'éviter le naufrage de la filière en 2015.
Alors que la saison apicole touche à sa fin, le bilan de l'année est catastrophique. Partout, on déplore l'absence de production de miel, alors même que le taux de mortalité des colonies d'abeilles domestiques en sortie d'hiver était considéré en Europe comme normal, car inférieur à 10%, selon la dernière étude COLOSS (Prevention of Honey Bees Colony Losses).
Une production quatre fois moins importante qu'il y a 20 ans
Certes, seules 650.000 ruches sont répertoriées en France et les estimations laissent penser que plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'autres échappent à ce recensement.... Ce qui rend le suivi de la filière quasi-impossible, selon le Réseau, qui souligne qu'il est donc "bien difficile de connaître précisément la production de miel en France cette année". Mais les estimations les plus crédibles laissent toutefois penser qu'elle se situe aux alentours de 10.000 tonnes voire moins, soit près de 4 fois moins qu'il y a 20 ans.
La biodiversité florale en cause
"Comment expliquer un tel fiasco alors que la France s'affiche vertueuse en matière de réduction des produits phytosanitaires, qu'elle s'est doté d'un institut technique apicole et qu'elle développe depuis un an le PDDA (Plan de Développement Durable de l'Apiculture) ?" s'interroge Philippe Lecompte, apiculteur bio professionnel et Président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles (photo ci-contre). "Suite aux décisions de la Commission Européenne et du Ministère de l'Agriculture, de nombreux produits phytosanitaires ont été supprimés. L'action des pouvoirs publics s'est concentrée sur le facteur « pesticides » en oubliant le reste, à commencer par la ressource florale et le volet sanitaire. Force est de constater que c'était une erreur. Il devient urgent de corriger le tir sous peine de mettre en péril l'existence même d'une filière apicole en France" avance Philippe Lecompte. Pour le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, les pouvoirs publics doivent prendre toute la mesure de la gravité de la situation et y répondre de manière rapide et efficace en s'appuyant sur les modèles qui fonctionnent à l'étranger, comme la Roumanie qui a vu sa production doubler en 10 ans.
L'urgence de la ressource alimentaire
Sans fleurs, pas de pollen indispensable à la défense immunitaire des abeilles. Sans fleurs, pas de nectar. Et sans nectar, pas de miel... Pour le Réseau, c'est la floraison chétive des espèces sauvages due à la sécheresse du printemps qui serait à l'origine de la baisse de production du miel, après avoir provoqué une diminution drastique de la ressource avec une explosion des pathologie chez les abeilles. Pionnier dans la mise en œuvre et le développement des jachères apicoles afin d'offrir aux petites ouvrières butineuses de quoi manger en abondance, le Réseau Biodiversité pour les Abeilles s'inquiète vivement de l'absence de résultats des politiques publiques dans ce domaine. "Les ministères de l'agriculture et de l'écologie sont toujours d'accord lorsque nous leur demandons de développer cette biodiversité fonctionnelle indispensable pour maintenir un cheptel apicole en bonne santé et assurer une production de miel de qualité et en quantité. Mais la traduction en actes est malheureusement quasi inexistante" s'alarme Philippe Lecompte.
La jachère apicole menacée ?
Autre menace qui plane : la mise en œuvre de la nouvelle Politique Agricole Commune, avec la suppression au 1er janvier 2015 du bonus lié à la jachère apicole. Les expérimentations du Réseau Biodiversité pour les Abeilles ont pourtant démontré l'efficacité de cet aménagement, explique le Réseau qui rappelle que "la présence de jachères apicoles sur seulement 0,5% de la zone de butinage des abeilles assure en moyenne les deux tiers de leur alimentation". "Le développement de ces gardes mangers pour abeilles doit être aujourd'hui la priorité de Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture et de Ségolène Royal, Ministre de l'Ecologie", avertit Philippe Lecompte.
L'urgence sanitaire: mettre des moyens à la hauteur des enjeux
Enfin, le virus de la paralysie chronique des abeilles (CBPV : Chronic Bee Paralysis Virus) a fait cette année d'importants dégâts dans les principaux bassins de production en raison du manque de ressource disponible dans l'environnement. Surnommée "la maladie noire" par les apiculteurs et les scientifiques, cette pathologie virale affaiblit considérablement les ruches et ne laisse que peu d'espoir de récolte de miel sur les colonies affectées. Très contagieux, ce virus peut décimer des colonies entières et mettre ainsi en péril l'équilibre économique de nombreuses exploitations apicoles. Le Nosema ceranae est un autre facteur clé expliquant le mauvais état de santé général du cheptel. Dépourvus de moyens de traitement vétérinaire efficaces, les apiculteurs sont aujourd'hui démunis face à ces pathologies qui déciment les colonies.
Le premier agent pollinisateur, c'est l'abeille !
"Il faut aujourd'hui apporter des réponses techniques aux véritables problèmes que sont l'appauvrissement de la ressource et les difficultés sanitaires. Des moyens techniques et financiers adéquats doivent être mobilisés. Le Plan de Développement doit être revu et corrigé pour prendre en compte ces réalités" conclut Philippe Lecompte, en rappelant qu'en tant que, premier agent pollinisateur, l'abeille domestique est indispensable pour assurer ce précieux service de la pollinisation des productions agricoles comme des fleurs sauvages.