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Animal - Page 216

  • Biodiversité : quand la démoustication fait polémique en Gironde

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    Un beau spécimen d'Aedes albopictus en plein travail. Photo DR

    Les moustiques, bêtes noires des peaux sensibles, inquiètent aussi car ils peuvent être vecteurs de maladies virales graves, telles que la dengue, le chikungunya, la fièvre jaune...  L’arrivée en France du moustique tigre (Aedes albopictus), originaire d’Afrique de l’Est, en a rajouté une couche, et préoccupe les organismes de santé publique.

    La démoustication sanitaire

    Dans ce contexte, sous l’impulsion de l’OMS, la démoustication sanitaire peut être suggérée, voire fortement conseillée. Mais une telle opération n'est pas toujours anodine : elle peut avoir des impacts sur la biodiversité locale qui font parfois polémique. Tel pourrait être le cas en Gironde, selon l'association de protection de l'environnement aquitaine, la Sepanso, qui vient de porter plainte auprès de la Commission européenne pour démoustication. Pourquoi un tel émoi écologique, qui pourrait faire sourire à première vue ? Explications avec Bernard Velasquez, membre de la Sepanso.

    Une plainte auprès de l'Europe

    "Sur la demande de quatre communes de la Presqu’île, Ambès, Ambarès et Lagrave, Saint Louis de Montferrand et Saint Vincent de Paul, la démoustication a obtenu la validation préfectorale, afin de réduire la prolifération des moustiques", rappelle Bernard Velasquez. Selon lui, "la Sepanso reconnaît qu'il est évident et légitime que la seule pensée de ces pathologies suscite des réactions d’inquiétudes des populations. Donc, dans le cadre de la protection sanitaire des populations l’action semble cohérente". Il confirme  que l'association a pourtant déposé une plainte auprès de la Commission européenne en réponse à l'arrêté du préfet. Publié dans la presse, ce dernier autorise des opérations de démoustication par pulvérisation de BTi (Bacilius Thuringiensis, var. Israelensis) sur douze sites Natura 2000 du département de la Gironde, dans le marais de Montferrand.

    démoustication,sepanso,conflit,plainte,commission européenne,europe,gironde,marais monferrandLa biodiversité locale menacée

    Une plainte justifiée, pour le militant de la Sepanso.  Selon lui, la démoustication de la zone marécageuse de la Presqu’île d’Ambès pose en effet un certain nombre de problèmes pour la biodiversité locale. L’ensemble de l’hydrosystème de la Presqu’île, classé Natura 2000, ZNIEFF, ZICO, est protégé par la Loi sur l’Eau et la Loi sur les Zones Humides. A juste titre, compte tenu de le haute importance écologique du site. "Or, souligne-t-il, les démoustications portent atteinte à la chaîne trophique (NDLR : le lien qui unit le prédateur et sa proie dans un écosystème) car elles éliminent la biomasse que constituent les moustiques (culicidés), mais aussi les chironomes (chironomidés)". Autant d'insectes qui constituent une source alimentaire pour les larves d’odonates, les batraciens, les alevins, les oiseaux, les chauves-souris, les araignées et le micro-zooplancton. Bref, les moustiques, c'est la nourriture de pas mal de monde dans la nature. A Ambès, leur disparition a, par conséquent, un effet direct sur la biodiversité d'un site que le classement en zone Natura 2000 a, justement, pour objet de protéger.

    Une bactérie exogène qui pourrait perturber l'écosystème local

    Outre ce premier inconvénient, Bernard Velasquez ajoute que "les actions phytosanitaires ont montré, depuis fort longtemps, un dysfonctionnement caractérisé des mécanismes biochimiques entraînant un déséquilibre notoire dans les processus organiques cellulaires". Selon lui, la démoustication n’échappe pas à cette règle. L'écologiste concède que la technique utilisée par l’EID (Etablissement Public Interdépartemental pour la Démoustication du littoral Atlantique), s’appuie sur un élément actif biologique, le Bti, ce qui, a priori, exclut une molécule de synthèse. On pourrait s’en réjouir avec lui. "Mais à y regarder de plus près, poursuit-il - et on peut faire confiance aux écolos sur ce point - on s’aperçoit que la bactérie Bti, est issue d’une contrée ou les écosystèmes ne correspondent pas aux nôtres". En clair, pour la Sepanso, il s'agit là d'une espèce exogène qui rallonge la liste des invasives, facteurs de perturbations phytosociologiques de la nature.

    Quelles solutions préconise alors la Sepanso, pour démoustiquer ?

    Tout cela est bel et bien, mais alors, comment démoustiquer ? Pour la Sepanso, les traitements contre les moustiques doivent d'abord être limités aux secteurs habités, là où le public se plaint de nuisances.  Concernant le cas de la Presqu'île d'Ambès, Bernard Velasquez regrette que le protocole expérimental n’ait pas tenu compte du facteur temps. Et assure que, même si le produit s'avérait inoffensif, un traitement mécanique (sans produit chimique) aurait été plus judicieux, les zones non traitées restant alors du domaine de l’action biologique naturelle, en particulier de l’ensemble de la faune insectivore.

    Chercher la petite bête

    Avoir épandu le Bti par voie aérienne sur les Marais de Montferrand, pourrait, donc, selon l'écologiste, risquer provoquer une contamination généralisée. Ou pas. Mais en l'absence d'informations plus précises, il estime qu'il aurait mieux valu s'abstenir. La Sepanso cherche-t-elle la petite bête dans le marais de Montferrand ? L'association assure qu'elle n'a déposé sa plainte auprès de l'Europe qu'après avoir adressé plusieurs courriers au Préfet et fait un recours gracieux, resté sans réponse. La balle est dans le camp de la la Commission européenne, qui ne manquera pas de la renvoyer, un jour ou l'autre. A suivre.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Bernard Velasquez est membre de l’association « Les Amis de Marais de Montferrand » de la Société Linnéenne de Bordeaux et de la SEPANSO. Ce retraité, ancien technicien d'un labo de Recherche en Biologie Végétale à l’Université de P. et M. Curie (Paris VI), ne prétend pas être spécialiste des insectes, mais assure que son passé professionnel lui permet de porter "un regard interrogatif de l’action des chimies de synthèse sur la cellule vivante, animale et végétale". Il revendique un niveau de compétence écologique de terrain.
    • Pour déposer une plainte auprès de la Commission Européenne :  http://ec.europa.eu/eu_law/your_rights/your_rights_fr.htm

  • Planète vidéo."Quand les océans deviennent acides", les poissons trinquent

    océans acides.jpg

    Des bulles de CO2 s'échappent du sol sous-marin © Sally Ingleton

    C'est la loi de la nature et, sur Terre, nul n'est censé l'ignorer  : impossible d'échapper à l'impact des émissions de CO2 et au réchauffement climatique.  Pas plus sur terre que dans les mers.

    La planète bleue

    Les mers, sources de la vie sur la planète bleue et réservoirs de nourriture pour l'humanité, font leur part de boulot dans l'écosystème Terre en absorbant environ un quart du dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère. Le hic, c'est que les émissions de carbone en constante augmentation du fait des activités humaines, transforment aussi la chimie de l'eau de mer. Dans des eaux sans cesse plus acides, les animaux marins ne peuvent plus constituer leurs squelettes et les coquilles indispensables à leur survie. Une nouvelle bonne raison, si on en cherchait encore une, pour réduire nos émissions de CO2...

    océans acides corail.jpgL'écosystème du récif corallien menacé

    Des pôles aux tropiques, des milliers d’espèces sont en danger. Récemment, une équipe scientifique a fait une découverte importante : au milieu de la magnifique barrière de corail de Papouasie-Nouvelle-Guinée se trouve un récif unique où des bulles de CO2 s’échappent du sol volcanique sous-marin (photo ci-contre). Afin de déterminer l’impact du changement des niveaux d’acidité sur les coraux, les chercheurs ont mis en place une série d’expériences.

    La chaine alimentaire en danger

    Mais les récifs coralliens ne sont pas les seuls écosystèmes menacés. Ce sont les mers polaires qui seront frappées en premier, et le plus violemment. Une autre équipe de chercheurs, spécialisés dans les écosystèmes et le climat en Antarctique, étudie l’effet de l’acidification des océans sur les ptéropodes ou les papillons des mers, principale source de nourriture de nombreux poissons. Lorsque les eaux marines atteignent le niveau d’acidité redouté, les papillons de mer disparaissent en à peine quarante-huit heures. Cela se produira-t-il pour d’autres espèces comme les krills, éléments essentiels de la chaîne alimentaire marine ?

    documentaire,océan,acidification,télévsion,arte,recherche,océanographie,poission,co2,émission,victimeIl y a 65 millions d'années, les océans acidifiés responsables d'une extinction massive 

    L'acidification des mers, c'est un sujet qui intéresse aussi les paléontologues qui essaient d'expliquer la dernière crise d'extinction massive, survenue il y a 65 millions d'années, à la fin du crétacé. Selon les conclusions de chercheurs japonais, l'impact de la météorite de Chicxulub, qui s'est abattue sur la péninsule du Yuacatan, dans l'actuel Mexique, a bien balayé, notamment, les dinosaures de la surface de la  Terre. Mais elle aurait aussi provoqué une acidification de la couche supérieure des eaux océaniques, en vaporisant des roches riches en soufre qui auraient produit un épais nuage de trioxyde de soufre, qui, mélangé à la vapeur d'eau de l'atmosphère aurait à son tour déclenché des pluies d'acide sulfurique à la surface de la Terre. Un phénomène probablement responsable de l'extinction de nombreuses espèces marines, estiment les scientifiques dans le numéro de mars de la revue Nature Geoscience.

    Un cri d'alarme sur internet

    ingleton.jpgSentinelles de l'écologie, les chercheurs océanographes du monde entier se mobilisent pour s’attaquer à l’un des problèmes environnementaux les plus urgents de la planète : l’acidification des océans. Leur cri d’alarme est relayé par le documentaire de Sally Ingleton, "Quand les océans deviennent acides". Rediffusé par Arte ce jeudi, à 10h15, on peut le voir aussi en ligne sur internet.

     

    Cathy Lafon

    A VOIR : "Quand les océans deviennent acides", Sally Ingleton, 52 minutes, Australie (2013), ARTE.

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    • Les articles de Ma Planète sur les émissions de CO2 : cliquer ICI
    • Les articles de Ma Planète sur les menaces environnementales qui pèsent sur les océans : cliquer ICI
  • Mortalité estivale des abeilles : la France est le pays le plus touché en Europe

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    Abeille butinant des fleurs. Photo archives Sud Ouest / Xavier Léoty

    Le déclin des abeilles, pollinisatrices indispensables à la biodiversité et à l'agriculture, est un phénomène mondialement connu depuis le milieu des années 1990 et qui porte préjudice à la survie des végétaux. Pour la première fois, une étude européenne évalue plus précisément la disparition des petites ouvrières de la pollinisation et produit une cartographie inédite : le nord de l'Europe est plus touché que le sud, et la France se distingue comme le pays où la mortalité est, de loin, la plus élevée au cours de la saison apicole.

    pesticides,abeilles,apiculture,étude,mortalité,europe,france"Epilobee"

    L'étude "Epilobee", présentée à Bruxelles le 7 avril, est une première scientifique. Menée dans dix-sept pays membres de l'Union européenne, elle y compare l'état de santé des ruchers grâce à l'utilisation de "critères harmonisés" pour mesurer le taux de mortalité des abeilles domestiques. L'enquête est d'envergure. Coordonnée par le laboratoire de l'Anses à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), laboratoire européen de référence pour la santé des abeilles, elle se base sur les observations de 1.350 inspecteurs, qui ont visité à trois reprises (automne 2012, printemps 2013, été 2013) quelque 31.800 colonies d'abeilles dans 3.300 ruchers.

    Mortalité en hiver : le nord est le plus touché

    Pour la mortalité en hiver, période où les abeilles meurent le plus, le nord apparaît le plus touché, avec des taux qui dépassent régulièrement les 20% : 33,6% en Belgique, 28,8% au Royaume Uni, 28,7% en Suède et plus de 23% en Estonie et en Finlande. Au sud de l'Europe, la situation semble moins grave, avec un  taux de mortalité qui reste "normal", soit en-deçà de 10%, dans plusieurs pays comme en Italie (5,3%), la Grèce (6,6%) ou encore l'Espagne (9,5%). La France (14,1%), comme l'Allemagne (13,6%) ou la Pologne (14,8%) se situent à un niveau intermédiaire. Un clivage nord-sud qui s'explique en partie par le climat, mais pas seulement, selon l'Anses.

    pesticides,abeilles,apiculture,étude,mortalité,europe,franceSurmortalité des abeilles françaises en saison apicole

    Lors de la saison de production de miel, entre le printemps et l'été, l'étude met en évidence une mortalité des abeilles globalement moins importante qu'en hiver. Avec l'exception notoire de la France, où le taux atteint 13,6%, ce qui en fait le seul des 27 pays étudiés avec une mortalité supérieure à 10% à cette période-clé. Par ailleurs, les apiculteurs sont les premiers à le déplorer, la production de miel a diminué en France de moitié entre 1995 et 2013 malgré un nombre de ruches similaire.

    Et les pesticides ?

    Pour cerner les causes de mortalité, l'étude s'est intéressée à la présence ou non d'agents pathogènes (bactéries, virus, acariens), en notant sans surprise la présence des deux plus importants que sont Varroa, un acarien, et le Nosema, un champignon. Mais, très étrangement, elle ne porte pas sur les pesticides, soupçonnés pourtant de contribuer grandement aux déclins des pollinisateurs. Pas une seule fois le mot n'apparaît dans les 30 pages du rapport et aucune mesure de pesticide na été effectuée dans les ruches analysées. Pourquoi cette absence ? Les pesticides n'ont pas été écartés du champ de l'étude pour des raisons "politiques", mais "techniques", plusieurs laboratoires européens associés aux travaux n'ayant pas forcément les capacités de mener ces analyses, justifie l'Anses. Une limite de taille aux résultats de l'enquête, qui ne manque pas de susciter des commentaires critiques de la part d'une partie de la communauté scientifique.

    La France est le premier pays européen pour sa consommation de phytosanitaires

    L'étude, financée à hauteur de plus de 3 millions d'euros par la Commission européenne, doit être reconduite cette année. L'Anses indique travailler à une "harmonisation" des techniques de dosage des pesticides pour mieux prendre en compte ce sujet. Il faudra bien en passer par là : en France, où la mortalité estivale est plus élevée qu'ailleurs en Europe, les résultats semblent exclure la responsabilité unique des pathogènes naturels. Or, l'Hexagone est le troisième pays plus gros consommateur de pesticides au monde, derrière les Etats-Unis et l'Inde, et le premier en Europe. On se rappelle que la consommation de produits phytosanitaires y a augmenté de 2,6 % entre 2008 et 2010.  Et ce, alors que le plan dit "Ecophyto" de réduction des pesticides prévoyait une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires d'ici à 2018... A contrario, d'autres pays interdisent l'usage des pesticides, comme l'Italie ou l'Allemagne pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles et la Slovénie pour toutes les plantes.

    On se rappelle aussi qu'au moment où les apiculteurs accusaient une chute de production de miel en 2013et  bataillaient pour obtenir le durcissement des restrictions des pesticides afin de stopper la mortalité des abeilles, le 15 janvier dernier,le Parlement européen rejetait, une résolution rendant obligatoire l’étiquetage du pollen OGM contenu dans le miel. Finalement, l'absence du critère des pesticides dans l'enquête européenne n'est peut-être pas si étrange que cela.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • L'étude Epilobee sur le site du Parlement européen (en anglais) : cliquer ICI
    • La présentation des résultats d'Epilobee sur le site de l'Anses : cliquer ICI

    LES ABEILLES EN CHIFFRES

    • 13 millions de colonies manquantes au sein de l'Union européenne pour polliniser les cultures selon une étude publiée en janvier. Le continent ne disposerait que des deux tiers de colonies d'abeilles nécessaires à une pollinisation optimale.
    • 70% C'est la proportion des plantes sauvages ou cultivées en France qui dépendent de la pollinisation assurée par les abeilles et les pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles sauvages...)

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