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Le manchot empereur est l'une des espèces animales particulièrement menacée par le réchauffement climatique. Photo DR
Le manchot empereurest le seul animal à se reproduire durant l'hiver Antarctique. Autre particularité, l'oiseau des grands froids éternels qui n’a pas de prédateur naturel, ne vole pas. Bien qu’elle soit protégée, une étude de chercheurs du CNRS de La Rochelle (Charente-Maritime) montre que cette espèce devrait voir ses populations fortement décliner en Antarctique d’ici à 2100 et que les deux tiers des colonies actuelles de manchots empereurs pourraient voir leurs effectifs chuter de 50%…
Le réchauffement climatique
Qui est le coupable ? Vous avez deviné : le changement climatique. C’est ce que montre une étude menée par une équipe internationale comprenant des chercheurs du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CNRS / Université de La Rochelle), sous la direction de l'écologiste Henri Weimerskirch, publiée en juin dernier dans la revue "Nature Climate Change". Ces prévisions se basent sur les scénarios d’évolution de la concentration des glaces de mer de l'Antarctique en relation avec le changement climatique.
La glace, indispensable à la survie du manchot empereur
La glace de mer est cruciale pour la survie et la reproduction du manchot empereur (Aptenodytes forsteri), et au final pour la croissance de ses population. Et pour cause : cette espèce se reproduit et élève ses petits presque exclusivement sur cet élément. De plus la glace est indispensable au développement du premier maillon de la chaîne alimentaire du manchot : le phytoplancton, cet ensemble d’organismes végétaux qui tapisse le dessous de la banquise. Celui-ci est ingéré par le krill, des petites crevettes des eaux froides mangées par les poissons qui nourrissent à leur tour le manchot, qui mange aussi du krill.
Classer le manchot empereur "espèce en danger"
En tenant compte des modèles climatiques du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) prédisant l’évolution future de la glace autour de l’Antarctique, Henri Weimerskirch (photo ci-contre)et son équipe ont pu modéliser l’évolution démographique possible des 45 colonies de manchots empereurs connues en Antarctique. Et le résultat est affligeant: si le taux de croissance annuel de ces populations est majoritairement positif jusqu'en 2040, toutes les colonies vont commencer à décliner à partir de 2080. En 2100, l’espèce pourrait avoir chuté de 19%, avec 2/3 de ses populations diminuant de plus de 50%... "C’est la première fois qu’on arrive à obtenir des prédictions d’évolution démographique globales pour le manchot empereur, concernant non pas une colonie en particulier mais l’ensemble des populations constituant cette espèce", souligne Henri Weimerskirch, qui conclut : "Nos résultats pourraient amener l’Union internationale pour la conservation de la nature – UICN – à classer le manchot empereur comme espèce en danger, à cause du changement climatique".
Consulter l'étude : "Projected continent-wide declines of the emperor penguin under climate change", par Jenouvrier Stéphanie, Holland Marika, Stroeve Julienne, Serreze Mark, Barbraud Christophe, Weimerskirch Henri et Caswell Hal, "Nature Climate Change" le 29 juin 2014 : Cliquer ICI
Contact communication : Bruno Michaud, Centre d'études biologiques de Chizé - CEBC (CNRS / Université de La Rochelle). Tél. : 05.49.09.67.43 - Email : bruno.michaud@cebc.cnrs.fr
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Haiyan, le typhon le plus violent jamais vu, a fait près de 6.000 morts aux Philippines qui n'étaient pas préparées à à supporter un cyclone d'une telle ampleur. AFP
En s'appuyant sur les dernières découvertes scientifiques, le triptyque de la série documentaire "Ouragan" diffusée sur Arte à partir de ce soir, montre combien l'homme, malgré tous ses efforts, est encore impuissant à prévoir les cyclones tropicaux, monstres imprévisibles aux immenses pouvoirs dévastateurs... Dans le contexte du réchauffement climatiqueen cours, mieux connaître leurs mécanismes pour les anticiper et s'y adapter devient un enjeu primordial pour les régions du globe concernées, dont les Etats-Unis et Cuba.
Qu'est-ce qu'un ouragan ?
On les appelleouragans ou cyclones tropicaux au-dessus de l'Atlantique et typhons au-dessus du Pacifique. Ces tempêtes monstrueuses, phénomènes géophysiques majeurs qui touchent surtout les régions tropicales, sont parmi les catastrophes naturelles les plus ravageuses de la planète. Tournée sur une période de trois ans, les trois épisodes de la série "Ouragan", réalisée par John Jackson et Andy Byatt, explore leurs mécanismes, les dégâts qu'ils provoquent et les solutions pour s'en protéger.
Chasseurs d'ouragan
Aux Etats-Unis comme à Cuba, nombreux sont les scientifiques qui planchent sur le phénomène. Les ouragans et les typhons se forment lorsqu'une masse d'air chaud et humide rencontre une perturbation au-dessus des océans, c'est-à-dire une zone de basse pression amorçant une rotation. Classés en cinq catégories selon la puissance de leurs vents et de leurs vagues, ils sont notamment étudiés par les scientifiques américains de la Nasa et du National Hurricane Center, qui dissèquent les données des satellites météo et créent des modèles numériques toujours plus précis. Certains d'entre eux, des chasseurs d'ouragan font des relevés au sol, en pleine tourmente. D'autres n'hésitent pas à piloter leurs avions dans l'œil des cyclones pour sonder les nuages et rapporter de précieuses informations...
L'urbanisation en cause
Quand un ouragan s'abat, outre les pertes de vies humaines, les dégâts matériels se chiffrent par milliards de dollars dans les zones urbaines. Et les conséquences sont multiples. Ainsi, en Floride (photo ci-contre), où l'urbanisation et le bétonnage excessifs du littoral et des îles barrières, ces remparts naturels contre les vagues, empêchent les plages de se ré-ensabler naturellement, on consacre chaque année des budgets colossaux pour rapporter des tonnes de sable qui disparaîtront l'année d'après. Une situation proche de l'absurde, qui n'est pas sans rappeler celle celle que connaissent en France certaines stations balnéaires du littoral atlantique. Ainsi, àLacanau (Gironde), suite aux ravages causés par les dernières tempêtes hivernales, la facture du chantier de reconstruction des défenses anti-érosion devrait s'élever à 3 millions d'euros, dont 2 millions à la charge de la ville.
Des pouponnières pour les coraux
C'est moins visible, mais la biodiversité est également impactée par les ouragans. Très exceptionnellement pour le meilleur, comme ces colonies de flamants roses qui, parties de Cuba, ont survécu aux vents et se sont installées sur les rivages du golfe du Mexique, dans les Caraïbes. Et généralement pour le pire : les crocodiles, crevettes, mangroves ou encore les récifs coralliens, déjà lourdement érodés par la pollution et la surpêche, sont contraints de se régénérer pour ne pas dépérir. Or, les mangroves comme les coraux, sont aussi des remparts naturels qui permettent aux eaux littorales et aux plages de se protéger en s'adaptant aux intempéries. Leur disparition accentue donc à terme les ravages provoqués par les ouragans. Voilà pourquoi, pour aider la nature, les scientifiques créent de véritables pouponnièresartificielles destinées à régénérer les coraux.
En attendant le "big one" Tous les scientifiques qui témoignent dans le documentaires pointent le réchauffement climatique et s'accordent avec les prévisions du Giec, pour dire que les ouragans seront dans l'avenir, peut-être moins nombreux, mais en tout cas encore plus puissants, avec des vents pouvant atteindre plus de 250 km/h et des vagues gigantesques. L’effroyable ouragan Katrina, qui a frappé la Louisiane en 2005, a fait 2.000 victimes. En novembre dernier, Haiyan, le plus puissant typhon jamais mesuré, a balayé l'archipel des Philippines. Bilan : 6.000 morts. L'année d'avant, en octobre 2012, le super ouragan Sandy, baptisé par les médias "Frankenstorm", avait frappé la côte est des États-Unis avec une puissance de vagues inimaginable. La vitesse des vents de Sandy avait pourtant diminué et son intensité baissé avant d'atteindre New York. C'est un ouragan de catégorie 1 qui s'est abattu sur le nord-est de l'Amérique, mais sa dimension inédite a décuplé la violence de ses vagues, provoquant des dégâts d'une ampleur jamais vue dans cette région.
Que ce serait-il passé, si l'intensité de Sandy n'avait pas baissé, se demandent les climatologues? Il n'est pas sûr que l'homme soit prêt à affronter de tels déchaînements de la nature... Il faut pourtant qu'il s'y prépare. Or, si l'on sait en gros comment ils naissent, de quoi ils se nourrissent et pourquoi ils suivent telle ou telle trajectoire, les raisons des variations de l'intensité des ouragans restent encore des mystères.
►A VOIR
"Ouragan" : Un documentaire de John Jackson et Andy Byatt (52 min., France, 2014), Arte, vendredi 03 octobre à 22h25. La série complète est diffusée le 4 octobre à partir de 15h30 dans le cadre de la Journée Sciences. Les deuxième et troisième épisodes sont multidiffusés les vendredis 10 et 17 octobre, à partir de 22h20.
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Le pygargue à tête blanche, surnommé l'"aigle chauve", l'emblème des Etats-Unis, est menacé par le réchauffement climatique et l'urbanisation. Photo archives AFP
La planète chauffe et la biodiversité subit les conséquences de l'élévation moyenne des températures. Ainsi, plus de 50% des espèces d’oiseaux d’Amérique du Nord sont menacées par le réchauffement climatique et l’urbanisation qui font reculer leur habitat, selon deux rapports américains publiés début septembre.
314 espèces d'oiseaux d'Amérique du Nord en danger
Selon l’organisation environnementale américaine National Audubon Society, 314 espèces d’oiseaux, soit plus de la moitié de celles présentes aux Etats-Unis et au Canada, sont en danger d’extinction si la hausse des températures terrestres se poursuit, dont un grand nombre qui jusqu’alors n’étaient pas considérées comme menacées. Les ornithologues ont ainsi identifié 126 espèces qui risquent de perdre plus de 50% –voire même jusqu’à 100% dans certains cas– de leur habitat d’ici à 2050, sans possibilité d’émigrer ailleurs si le réchauffement continue au rythme actuel.
Le réchauffement climatique la plus grande menace pour les oiseaux
188 autres espèces pourraient en outre voir au moins 50% de leur espace naturel disparaître d’ici à 2080, mais elles seraient toutefois en mesure de coloniser d’autres régions plus clémentes et échapperaient à l'extinction. « Le changement climatique représente la plus grande menace à laquelle font face nos oiseaux aujourd’hui », estime Gary Langham, responsable scientifique de la National Audubon Society et directeur de cette recherche « laborieuse et approfondie » qui a duré sept ans.
Tout le vivant est concerné, les hommes comme les animaux et les plantes
« Le réchauffement menace la fabrique même de la vie dont dépendent les oiseaux et le reste d’entre nous », prévient-il Pour ce scientifique, la situation exige « d’agir sans attendre et de façon décisive pour éviter une catastrophe ». Les experts de la National Audubon Society ont analysé 30 années de données sur le climat en Amérique du Nord. Ils ont aussi passé au crible des dizaines de milliers d’observations d’oiseaux effectuées par l’ONG ou provenant d’études sur les lieux de reproduction et les conditions climatiques effectuées par l’Institut américain de géophysique.
Des oiseaux emblématiques menacés aux quatre coins des Etats-Unis
Alors que certaines espèces seront capables de s’adapter au changement climatique, un grand nombre, parmi les plus connues et les plus symboliques, font face à de sérieux défis. Ainsi, l’aigle chauve, emblème des Etats-Unis, pourrait voir son habitat diminuer de près de 75% au cours des 65 prochaines années. Le huart, emblème de l’Etat du Minnesota (nord du pays), pourrait se retrouver dans l’impossibilité de se reproduire dans 48 Etats américains d’ici à 2080. Les autres oiseaux qui symbolisent des Etats de l’Union en danger sont, au Sud, le pélican brun en Louisiane (photo ci-contre) ou encore dans l'Ouest, le goéland de Californie, en Utah.
Avec le réchauffement planétaire, la perte d’habitat est le premier danger pour les oiseaux
Un deuxième rapport rendu public simultanément enfonce le clou. « L’Etat des oiseaux 2014″ (The State of the birds 2014), un document remis à jour chaque année dans le cadre d’une coopération entre des agences fédérales et des organisations environnementales, s'intéresse aux habitats des oiseaux. L'édition 2014 sonne aussi l'alarme en révèlant que les populations d’oiseaux déclinent dans sept habitats clé en Amérique du Nord (côtier, océanique, forestier, insulaire, aride…). Autrement dit partout. Le document liste les espèces qui ont un besoin urgent de protection et qu'il faut surveiller. Un vrai signal d'alerte : les populations d’oiseaux dans les régions arides ont connu le déclin le plus drastique, avec une perte de 46% depuis 1968 dans trois Etats, l’Utah, l’Arizona et le Nouveau Mexique. En cause : l'urbanisation qui chasse les oiseaux ou fragmente leur habitat. Dans les zones de prairies, on constate aussi une diminution du nombre d’oiseaux reproducteurs, comme chez les alouettes et les martinets dont les populations ont chuté de près de 40% depuis 1968.
On peut encore agir
La bonne nouvelle, c'est que rien n'est encore irréversible. Tout comme la couche d'ozone dont l'état s'est amélioré grâce aux mesures drastiques prises par la communauté internationale pour interdire et limiter l'usage des produits chimiques responsables de sa disparition, oeuvrer à la conservation des habitats de nos petits amis à plumes permet de ralentir leur déclin. Les auteurs de l'"Etat des oiseaux 2014" observent ainsi que la situation des espèces s'est améliorée dans les prairies depuis les années 1990, se grâce à des mesures de conservation appropriées. Si « ce rapport met en lumière les menaces pesant sur les oiseaux il offre aussi un espoir pour leur survie si nous agissons de concert », indique Wayne Clough, responsable de la Smithsonian Institution, qui a participé à cette recherche.
Face au réchauffement climatique, les habitats sont des refuges vitaux
On peut et on doit lutter contre le réchauffement climatique, car là aussi, on peut encore échapper à la catastrophe majeure climatique que serait une hausse des températures à + 5°C d'ici à la fin du siècle. Mais la planète se réchauffe déjà inexorablement. Pour aider les oiseaux et l'ensemble de la biodiversité animale à résister aux nouvelles donnes du climat, l'enjeu majeur, c'est la préservation des habitats. A cet égard, la secrétaire américaine à l’Intérieur, Sally Jewell, souligne le rôle vital que jouent les parcs nationaux et les réserves naturelles. « Nos réserves sauvages, nos parcs nationaux et autres domaines publics sont des refuges vitaux pour un grand nombre d’espèces d’oiseaux, surtout face au changement climatique, l’un des plus grands défis pour la conservation des habitats de toutes les espèces animales au 21e siècle », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Notre survie
Comparaison n'est jamais raison. Mais l'écologie n'a pas de frontière et ce qui vaut ici outre-atlantique vaut partout dans le monde. Cet hiver, nous avons pu constater sur notre littoral l'hécatombe inouïe provoquée chez les oiseaux marins par une succession hors norme de violentes tempête hivernales. Alors, oui, c'est une évidence : face au réchauffement climatique qui les met en danger, la préservation des espèces animales passera par la conservation de leurs habitats. Cela implique une urbanisation maîtrisée qui réintroduise et favorise la biodiversité végétale et animale, une gestion des paysages (haies, forêts...) appropriée, y compris en ville, et un soutien actif de la part des gouvernements du monde aux réserves sauvages et parcs naturels. Et de la part de chaque citoyen du monde, chasseur, pêcheur, cueilleur et promeneur, un respect attentifs des lois assurant la protection des espèces animales et végétales, sur terre comme dans les airs et les océans. Car, tout simplement et très égoïstement, de leur survie dépend étroitement la nôtre.
L'ONG National Audubon Society ne se contente pas de tirer la sonnette d'alarme. Elle invite les citoyens américains et ceux du monde entier à s'inscrire sur son site internet pour soutenir son action et aider à défendre la vie animale sur terre, et particulièrement les oiseaux. Par ailleurs, Une carte interactive sur le site internet de l'ONG permet d'obtenir les données par espèce, pour chaque Etat.
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En France, beaucoup d'oiseaux sont aussi en danger, comme la sarcelle marbrée ou le balbuzard pêcheur. Sur 277 espèces d’oiseaux nicheurs évaluées en fonction des différentes catégories de la Liste rouge de l'UICN, 5 ont disparu, 11 sont en situation critique, 20 sont en danger, 42 sont vulnérables. Seuls 61 % des oiseaux ne présentent qu'une préoccupation mineure. Pour consulter la Liste rouge des oiseaux menacés de disparition en France métropolitaine, établie par l'UICN : cliquer ICI