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Animal - Page 198

  • Littoral: aux Pays-Bas, un "moteur de sable" naturel protège les plages

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    Le moteur de sable hollandais. Photo Zandmotor

    Soumis à une forte érosion l'hiver dernier, l'avenir du littoral atlantique intéresse et fait causer bien au-delà des frontières de l'Hexagone. Julien Smit est hollandais. Ce juriste de 47 ans, amoureux de la Gironde, suit de près, depuis 1981, l'évolution de la plage et des dunes de Lacanau. "Suite à l'érosion naturelle, la plage a changé énormément", observe-t-il. Depuis 1981, il dit avoir fait plus de 300 allers retours entre Lacanau et La Haye. "Toujours surpris, avoue-t-il, par la différence de la protection entre la côte girondine et les Pays-Bas", également menacés par la montée des eaux qu'accélère le changement climatique.

    Julien habite à La Haye, tout près de la mer. Pour protéger la plage des vagues, explique-t-il à Ma planète, on a conçu dans son pays un moteur de sable (zandmoteur), qui fonctionne avec la dynamique du littoral et l'énergie de la nature, sans aide humaine. Après quelques années d'utilisation, nous apprend-il, "le succès du zandmoteur est énorme, bien plus qu'envisagé au départ". 

    Un "moteur de sable", késaco ?

    Le principe est on ne peut plus simple. Le "moteur de sable" est un banc de sable d'une surface d'environ 1 km², en forme de péninsule, créé par l'homme, le long d'un littoral sableux. L'idée, c'est que ce sable sera ensuite déplacé au cours des années à venir par l'action des vagues, du vent et des courants marins le long de la côte, afin de la protéger et de lui permettre de refaire ses stocks de sable. Du sable sera  pompé et re-déposé environ tous les cinq ans sur le site pour entretenir le "moteur" et le système écologique associé.

    Partenaire de la nature

    moteur de sable carte.pngLe premier moteur de sable a été construit en Hollande, en 2011, dans le cadre de la défense côtière et de l'entretien du littoral. A la demande de l'Office des eaux Van Delfland, avec le soutien du ministère de l'Environnement et de l'autorité régionale du Sud Hollande et le concours de six universités et instituts de recherche, une péninsule a été créée entre Ter Heijde et Kijkduin, là où les plages naturelles et les dunes sont relativement étroites. Sa réalisation a nécessité 21.5 millions de mètres cube de sable dragué à 10 km des côtes. Le papa de cette construction qui se veut partenaire de l'action de la nature, Marcel Stive, est professeur de génie côtier à l'Université de technologie de Delft. 

    70 millions d'euros

    erosion,littoral,dune,plage,recul trait de côte,pays-bas,préventionParmi les aménagements visant à protéger le littoral, ce système de "rechargement de plage" constitue donc une solution souple, avec une bonne intégration paysagère et touristique. Paradis des kite surfers, le moteur de sable hollandais constitue aussi un habitat naturel pour les espèces animales, où la biodiversité semble trouver son compte, selon les premiers bilans. Des familles de phoques ont commencé à s'approprier le site où l'on observe aussi de nombreux oiseaux. Il nécessite toutefois un entretien permanent qui alourdit son coût, supérieur aux solutions dures tels que des brise lames, épis, digues... Le financement du système, 70 millions d'euros, est supporté en Hollande par l'Etat et le département (10 %). "C'est vrai, c'est cher, reconnaît Julien, mais à long terme, précise-t-il, c'est beaucoup moins cher que des gros travaux de reconstruction de digue ou de ré-ensablement sans cesse recommencés".

    Le moteur de sable "naturel" est aujourd'hui un produit que les Pays-Bas veulent exporter et qui intéresse de nombreux autres pays dans le monde entier confrontés à l'érosion de leur littoral et à la montée du niveau de la mer : la Suède, le Pérou, l'Afrique du Sud, le Vietnam, les Etats-Unis, l'Indonésie,  le Royaume-Uni, et... la France. A condition, bien évidemment, que son implantation soit cohérente avec la géomorphologie du littoral concerné.

    Le moteur de sable est sous haute surveillance scientifique : relevés bathymétriques, radars, bouées hydrographiques pour mesurer la houle... Les premiers résultats du suivi seront disponibles en 2016 et l’étude complète sera publiée en 2021.

    Pour voir comment ça marche: cliquer sur la vidéo ci-dessous.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le site du moteur de sable: cliquer ICI
    • Aménagement:  Le moteur de sable Hollandais (Zand Motor), article publié par Géodunes : cliquer ICI

    LE MOTEUR DE SABLE EN CHIFFRES

    • 21.5 millions de mètres cube de sable.
    • Sable dragué à 10 km des côtes.
    • Superficie de 128 hectares au début du projet (256 terrains de football).
    • 2 km de largeur au début du projet.
    • Au bout d’un an, environ 2 millions de mètres cube de sable ont commencé à bouger.
    • Suivi du moteur de sable pendant 20 ans.

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    • Les articles de Ma planète sur le littoral et l'érosion du trait de côte : cliquer ICI
  • Pesticides : les origines de l'hécatombe chez les abeilles sont connues, oui mais...

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    Des abeilles mortes sur l'exploitation de Michel Bliguet près de Perpignan, le 6 juin 2014, une des exploitations concernées par la surmortalité des abeilles dans les Pyrenées orientales. Photo AFP

    Deux organisations apicoles ont lancé un appel inédit aux dons d’essaims pour aider les apiculteurs de l’Ariège et des Pyrénées Orientales touchés par une hécatombe exceptionnelle l’hiver dernier. Ces derniers veulent aussi savoir à quoi est due cette surmortalité. Un fort soupçon pèse depuis des années sur les pesticides, les OGM et plus généralement, la dégradation de l'environnement.

    Une opération de solidarité pour compenser les déficiences de l'Etat

    « Puisque l’État est déficient sur le sujet, on lance une opération de solidarité pour que nos collègues puissent reconstituer leurs colonies », a annoncé à l’AFP le 12 novembre dernier, Alain David, coordinateur de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP). Cette opération va être menée conjointement par la FFAP, qui représente 150 à 200 apiculteurs professionnels, et la section apicole de la Confédération paysanne, syndicat agricole très investi dans les sujets environnementaux. Quelque 150 essaims ont déjà été promis et ils seront livrés au début du printemps, selon la FFAP.

    Un millier de ruches perdues dans les Pyrénées-Orientales.De récentes analyses lient la surmortalité des abeilles catalanes à la présence de molécules neuro-toxiques dans les ruches. Les apiculteurs pointent du doigt les pesticides, les agriculteurs réclament de nouvelles recherches. France 3 Languedoc-Roussillon

    La désinsectisation du bétail en cause ?

    Les apiculteurs de ces deux départements ont connu l’hiver dernier une surmortalité importante dans leurs ruches. Les services vétérinaires de l’Ariège ont lancé en février une mission pour évaluer un lien entre ces pertes et la désinsectisation du bétail dans le cadre de la lutte contre la fièvre catarrhale ovine (FCO). Selon Alain David, les services de l’État « sont venus constater mais rien n’a été fait ». « Les bêtes qui vont dans les estives (veaux, moutons, vaches…) sont traitées avec des produits anti-parasitaires chimiques qu’on retrouve dans les déjections et qui polluent l’environnement. Et c’est cela qui pourrait être la cause de cette surmortalité importante », avançait-il.

    Pas de cause commune et unifactorielle

    Si les pesticides sont mis en cause, ce lundi 17 novembre, la préfecture a annoncé que les investigations menées chez 52 apiculteurs parmi les 58 ayant déclaré des pertes de cheptel dans les Pyrénées orientales et l'Ariège, et dans 25 élevages à proximité des ruchers touchés, n'avaient pas permis de conclure à une "origine commune et unifactorielle" de la surmortalité des abeilles. Selon la responsable de la Direction départementale de la protection de la population, Chantal Berton, jointe par l'AFP, "cette enquête a permis de mettre en évidence, à l'état de traces, la présence d'agents pathogènes et de substances chimiques connues pour des usages divers: utilisation phytosanitaire, usage sanitaire et biocide en élevage, usage apicole". Ce qui ne surprend en aucun cas les apiculteurs, puisque tel est leur diagnostic depuis fort longtemps...

    Mauvaise récolte pour les apiculteurs du Gard. France 3 Languedoc-Roussillon

    Poursuivre les études... et "noyer le poisson" ?

    abeille,apiculture,pesticide,surmortalité,pyrénées,ariègeAlors, que vont faire les pouvoirs publics ? Un protocole de surveillance spécifique financé par l'Etat sera mis en place afin de poursuivre les études, ont annoncé des responsables du ministère de l'Agriculture lors d'une rencontre avec des représentants des apiculteurs. Cette surveillance devrait être réalisée dans des zones ciblées, dans les Pyrénées et les Alpes, dès cet hiver et sur deux saisons. D'étude en étude, en attendant, la France et l’Europe sont toujours en déficit d’abeilles en raison d’une surmortalité multifactorielle des colonies, liée à une dégradation de leur environnement et des pesticides, jugés, semble-t-il à raison, par les apiculteurs comme une des causes majeures de leur disparition. Jean-Philippe Antoine, porte-parole du Collectif des apiculteurs sinistrés des Pyrénées-Orientales, s'est ainsi félicité que les experts aient "enfin reconnu la présence de pesticides" dans les ruches. "Or nous apiculteurs, nous n'utilisons pas de pesticides, à la différence des éleveurs", a-t-il déclaré. Le porte-parole a cependant regretté que les experts "noient le poisson en essayant de minimiser" l'impact des pesticides. "Ils sont sous l'emprise du lobby phytochimique", a-t-il accusé.

    Bruxelles a interdit en 2013 et pour deux ans l’usage des trois pesticides néonicotinoïdes jugés responsables en partie de cette situation. Cette mesure est jugée insuffisante pour les apiculteurs, qui réclament un moratoire étendu à toutes les autres molécules. En 2013 la production de miel en France a été inférieure à 15.000 tonnes, soit moitié moins qu’en 1995, pour un nombre de ruches presque équivalent.

    Sur ce sujet, les études, on en a peut-être suffisamment, non ? On aimerait bien que l'Etat français et l'Europe réagissent avant que la production de miel n'ait encore diminué de 50%... Ou que nos petites ouvrières de la pollinisation n'aient disparu de nos champs, comme c'est déjà le cas dans d'autres régions du monde, aux Etats-Unis, en Californie, et en Chine.

    Cathy Lafon

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  • Sivens : un barrage pour ou contre le réchauffement climatique ?

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    Les travaux du barrage de Sivens sont suspendus. Photo AFP

    Le projet de construction du barrage de Sivens (Tarn) illustre l’équation de plus en plus délicate à résoudre entre la demande des prélèvements d’eau pour un usage agricole et la disponibilité de la ressource, une situation aggravée par le réchauffement climatique.

    Sivens : trouver une solution pérenne et durable pour l'agriculture et l'environnement 

    « Il faut faire des choix conciliant la protection de l’environnement et les activités économiques », a déclaré Ségolène Royal, en convoquant une réunion avec les acteurs de la gestion de l’eau en France autour du barrage de Sivens. « Qu’est-ce qu’on autorise comme prélèvements, à quel prix, au profit de qui ? », a interrogé la ministre de l’Ecologie, pour qui « ces questions doivent être posées courageusement, en transparence, avec des règles claires sur l’utilisation des fonds publics pour financer des barrages ou retenues d’eau ».


    Barrage de Sivens : un nouveau Notre-Dame-Des... par lemondefr

    Les prélèvements supérieurs aux capacités de réalimentation

    barrage,sivens,réchauffement climatique,ressource,eauSelon Bernard Rousseau, expert à France Nature Environnement (FNE), « sur une grande partie de la France, les prélèvements sont supérieurs aux capacités de réalimentation ». Car, poursuit le spécialiste, « au delà des chiffrages des hydrogéologues (…), il y a des pressions locales et il y a beaucoup d’autorisations de prélèvements qui ne tiennent pas compte de la réalité du milieu ». Dans un rapport de 2013, le centre d’analyse stratégique (CAS), rattaché au Premier ministre, constatait « un déficit chronique » en eau dans les bassins Seine-Normandie, Adour-Garonne (où se situe le projet de barrage de Sivens, et Rhône-Méditerranée. Les auteurs soulignaient que « certaines régions (pouvaient) connaître d’importantes tensions sur la ressource à certaines périodes de l’année », surtout l’été (arrosage des cultures, des jardins, remplissage de piscines, activités touristiques, etc.).

    Une agriculture plus économe en eau

    barrage,sivens,réchauffement climatique,ressource,eauStéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, a par ailleurs rappelé que « la question de la ressource en eau pour un certain nombre d’agriculteurs et de zones agricoles (était) aujourd’hui un sujet extrêmement sensible ». « Les sécheresses de printemps se répètent et elles sont extrêmement dommageables, en particulier pour l’élevage », a-t-il relevé. Quant au CAS, il a prévenu que les régions déjà en difficulté seraient aussi « les plus à risques » à l’horizon 2030 du fait de la baisse prévisible des précipitations futures et appelait à « favoriser une agriculture plus économe en eau ».

    Adapter les systèmes de culture

    « Le secteur agricole, premier consommateur de la ressource, devrait fortement être touché » et il est « primordial de considérer ce phénomène comme structurel, en mettant en place des adaptations de systèmes de culture », affirmait le rapport. Le choix des semences ou des types d’arrosage peuvent être déterminants. Or, selon Bernard Rousseau, « face au changement climatique, au lieu de faire une mutation de l’agriculture, ce sont les solutions les plus classiques – "j’ai besoin de flotte, je fais un barrage"– qui sont mises en place ».

    Des projets de barrages abandonnés

    La construction de ce type d’ouvrage d’art rencontre depuis longtemps des résistances dans les milieux écologistes, et parfois parmi les populations concernées. Si bien que, parfois, des projets avancés ne voient pas le jour. C’est le cas du projet de barrage de Charlas (Haute-Garonne), au pied des Pyrénées, qui a été stoppé en dépit d’un feu vert gouvernemental délivré en 2006. Le projet s’étalait sur 625 hectares, une dimension tout autre que la retenue de Sivens qui doit couvrir une trentaine d’hectares. 

    Quelle politique agricole par rapport à la préservation des ressources en eau ?

    « La question posée aux politiques, c’est quelle politique agricole par rapport à la préservation des ressources en eau », résume Bernard Rousseau. « Les décideurs doivent introduire dans leurs réflexions la notion de limite », insiste-t-il mais « la compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (Ndlr, maître d’oeuvre pour la retenue de Sivens, présidée par des élus locaux) est une machine à faire des barrages ».

    A quel coût ?

    barrage,sivens,réchauffement climatique,ressource,eauEnfin, dans un contexte de réduction des dépenses publiques, la question du financement de ces projets devient plus épineuse encore et s’ajoute aux critiques sur les redevances payées aux six agences de l’eau de l’Hexagone par les différents usagers (ménages, agriculteurs, industrie) qui prennent mal en compte les coûts de dépollution. Surdimensionné et obsolète selon le rapport d’expertise remis au Conseil Général du Tarn, le projet de Sivens est évalué à plus de 8 millions d’euros, dont la moitié à la charge de l’Agence de l’eau. Cet aménagement bénéficierait à une quarantaine d’agriculteurs. 

    Au-delà de la polémique liée au projet ponctuel de Sivens, on voit bien que c'est surtout la question d'un vrai choix sociétal, économique et environnemental qui se pose désormais à l'agriculture, autour de la gestion de la ressource eau. Avec la contrainte du réchauffement climatique, ce que disent les opposants à cette infrastructure, c'est avant tout : ne construisons plus systématiquement de nouveaux barrages d'irrigation parce qu'ils ne sont plus une solution appropriée pour l'agriculture d'aujourd'hui et de demain, mais faisons plutôt évoluer les cultures afin de favoriser celles qui sont moins exigeantes en eau. Et aidons les agriculteurs à y parvenir.

    Si une partie du monde agricole s'oppose à cette vision des choses, une autre partie en est intimement convaincue.

    Cathy Lafon, avec l'AFP

    • Le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du TESTET : cliquer ICI 
    • Sur le site de la FNE : le dossier de Sivens jour par jour : cliquer ICI

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