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Agriculture - Page 173

  • Initiative. Pour les poissons exotiques, le bonheur est dans le Gers

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    Le poisson rouge exotique a trouvé son bonheur dans le Gers, à Nogaro Photo DR

    Dans la région, les écolos aquariophiles peuvent avoir le sourire. Pour assouvir leur passion, plus besoin de recourir à une pratique écologiquement incorrecte en allant sous les tropiques vider les bleus lagons de leurs poissons exotiques : dans le Gers, au pays du canard et du foie gras,  une pisciculture unique en France s’est spécialisée depuis 28 ans dans l’élevage écologique de poissons chatoyants à destination des aquariums français, suisse et belges.

    3.000 aquariums

    Et ça nage, dans l’exploitation piscicole d’Estalens, à Nogaro. Poissons-clowns du Pacifique, voiles de Chine et autres néons bleus d’Amérique du Sud virevoltent dans 3.000 aquariums empilés les uns sur les autres, dans un concert de bulles formant un ballet aussi bigarré qu’incessant. C'est tout aussi beau qu'un troupeau d'oies en liberté dans un pré de la campagne gersoise, mais attention, ça ne se mange pas. Sous d’immenses hangars, 1.600 espèces et variétés sont élevées puis acclimatées après avoir été importées d’Asie du Sud-Est, du Brésil ou encore d’Israël.

    françoise montac.jpgUne réussite locale et durable

    L’entreprise gersoise nage à contre-courant du marché de l’aquariophilie, en favorisant la reproduction de 400 spécimens sur son site. « La reproduction nous permet de proposer une large gamme de variétés, dont de nombreux poissons rares, à l’inverse des grossistes, qui, eux, stockent en plus petites quantités », affirme Françoise Montac,  passionnée d'aquariophilie, qui a fondé en 1985 la pisciculture avec son ex-mari. Elle a choisi Nogaro pour son son puits géothermique permettant de chauffer l’eau de ces poissons des régions chaudes. "A l’époque, on nous a pris pour des illuminés. On était les premiers. Il a fallu tout inventer", se rappelle cette chef d’entreprise, à la tête aujourd’hui de 19 salariés dans la seule pisciculture de ce type en France. S'il existe une dizaine de grossistes en France qui vendent comme elle des poissons exotiques, c'est la seule à en faire l'élevage.

    Un mode d'élevage extensif et écologique

    Depuis sa création, l’entreprise fonctionne sur un mode d’élevage extensif et écologique. "Outre l’eau de pluie que l’on récupère, on utilise en permanence la même eau, qui est recyclée par lagunage", explique Michaël Négrini, commercial au sein de l’exploitation piscicole d’Estalens. Par ailleurs, les installations sont peu gourmandes en énergie, l’entreprise ayant recours à l’un des nombreux atouts de la campagne gersoise: la géothermie. L’eau des bassins et autres cuves en verre est en effet chauffée « grâce aux calories d’une source souterraine », sous la commune de Nogaro, « récupérées à l’aide d’un échangeur thermique », précise ce passionné d’aquariophilie.

    Le poisson rouge, top des ventes

    Trois fois par semaine, entre 5.000 et 20.000 spécimens (selon les saisons) sont expédiés vers les animaleries et jardineries françaises, suisses et belges, emballés dans des sacs en plastique gonflés d’oxygène. La pisciculture alimente également plusieurs aquariums publics prestigieux, comme ceux de Brest, Biarritz et Monaco. Les espèces les plus courantes représentent 80% du chiffre d’affaires de l'entreprise. Si l’indétrônable poisson rouge caracole toujours largement en tête du hit-parade, d’autres espèces sont également très demandées, comme le " guppy" ou le "combattant du Siam", dotés de grandes nageoires caudales en forme d’éventail.

    Avec la pisciculture de Nogaro, le Gers abrite une vraie réussite d'un mode d'élevage écolo : au total, ce sont environ deux millions de spécimens qui sont vendus chaque année par la pisciculture de Nogaro, même si l’année 2013 s’annonce plutôt morose, avec une baisse de 10% enregistrée sur le dernier exercice.

    Cathy Lafon

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  • Fukushima: impossible procès pour une catastrophe nucléaire majeure ?

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    La centrale accidentée de Fukushima, photo archives AFP

    L'histoire de Fukushima ne se résume pas à des affaires de pollution et de fuites d'eau radioactives. La catastrophe nucléaire comporte aussi un volet judiciaire d'une ampleur conséquente, nourri par une question d'ordre légal, moral et éthique : qui est "responsable" ?

    Qui va payer ?

    Qui est "responsable" du plus grave accident nucléaire de l'histoire de l'humanité, après Tchernobyl ? Qui va indemniser les  centaines de victimes humaines de Fukushima, présentes et à venir ? Qui va payer pour le préjudice écologique subi par la nature, victime d'un monstrueux désastre écologique, pour la Terre et l'océan souillés, aux ressources naturelles rendues inexploitables pour des décennies ? Les dirigeants de l'opérateur Tepco (Tokyo Electric Power Co) qui gèrent la centrale ? L'ex-chef du gouvernement nippon alors au pouvoir ?

    Responsables, mais pas "responsables"

    fukushima enfants.jpgNi les uns, ni les autres, pour le parquet de Tokyo dont les procureurs ont décidé, le lundi 9 septembre, de ne pas recevoir les plaintes criminelles des habitants de la préfecture de Fukushima contre plus de 40 anciens responsables de la Compagnie d’électricité de Tokyo et représentants du gouvernement. Ces résidents veulent poursuivre devant la justice criminelle les dirigeants de la centrale accidentée et le gouvernement japonais de l’époque, pour négligence. Non, pour les procureurs japonais, la catastrophe nucléaire de Fukushima de mars 2011 ne saurait être imputée aux négligences professionnelles de ces responsables.

    naoto kan.jpgLes "erreurs" stigmatisées par les plaignants

    Les plaignants demandaient au parquet de poursuivre non seulement les dirigeants de la compagnie gérant le site, Tepco, mais aussi l’ancien chef de la Commission de sûreté nucléaire et l’ancien Premier ministre Naoto Kan (photo ci-contre), ainsi que plusieurs de ses ministres. Ils reprochent à ces divers responsables d’avoir tardé à dévoiler les données sur l’ampleur de la contamination radioactive issue de la centrale de Fukushima Daiichi (220 km au nord-est de Tokyo). Les plaignants arguent aussi du fait que ces mêmes dirigeants n’avaient pas prévu de mesures de protection suffisantes pour faire face à un tel raz-de-marée.   Au final, ils estiment que ces diverses erreurs ont entraîné la mort de nombreux résidents des environs. Si personne n’est mort officiellement des radiations émises après l’accident, la préfecture de Fukushima a rapporté en juin que plus de 1.400 résidents de la région étaient décédés des suites de la catastrophe (du fait des mauvaises circonstances de leur évacuation, de la dégradation de leurs conditions de vie ou par suicide).

    japon manif antinucleaire.jpgDeux poids, deux mesures

    Le parquet a statué que Tepco ne pouvait pas prévoir un séisme et un tsunami de cette ampleur. Le tremblement de terre au large des côtes nord-est du Japon avait atteint la magnitude 9 et le tsunami avait largement dépassé les dix mètres de haut. Les procureurs ont ajouté que les dirigeants gouvernementaux ne pouvaient pas être tenus légalement responsables pour leur réaction au désastre. Par une indécente coïncidence, la décision est tombé alors que, le jeudi 12 septembre, devait se tenir une nouvelle audience du procès intenté par l'Etat contre deux responsables du mouvement antinucléaire nippon, dont le campement est dressé au pied du ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI) – l'administration chargée de la politique nucléaire – en signe de protestation contre les "mensonges du nucléaires".  Le gouvernement, qui a porté plainte contre eux, le 29 mars dernier, pour "occupation illégale d'un espace public", réclame 22 000 yens (167 euros) par journée d'occupation, plus les arriérés...

    De nombreuses autres plaintes en cours

    La justice japonaise est toutefois loin d'en avoir fini avec Fukushima. Il reste de nombreuses autres plaintes devant la justice civile en cours et l’opérateur électrique de la centrale endommagée par le tsunami est confronté à une kyrielle de demandes d’indemnisations, qui se comptent en dizaines de milliards d’euros. Ainsi, la petite coopérative agricole Nanohana, établie à Chiba, à l'Est de Tokyo, qui a entrepris un bras de fer juridique avec Tepco. Elle exige que l’opérateur, comme il s’y était engagé, lui verse des dommages pour les pertes subies après l’accident nucléaire de mars 2011. Les habitants du village de Hippo, proche de la centrale, demandent de meilleures indemnisations que celles accordées par Tepco. Le 11 mars 2013, 800 citoyens japonais sommaient Tepco d’accélérer les travaux de décontamination. De leur côté, une centaine de militaires américains, venus prêter main forte aux secouristes japonais, réclament devant un tribunal de Californie 2 milliards de dollars, car ils estiment que Tepco leur a menti sur les risques encourus...

    Pas de Madame Soleil au pays du soleil levant

    Certes, même au pays du soleil levant, nul n'est censé être Madame Soleil, pour prévoir l'ampleur d'un séisme ou d'un raz-de-marée. Mais les responsables d'une industrie aussi dangereuse que le nucléaire ne se doivent-ils pas d'anticiper ce type d'événement ? C'est bien d'ailleurs ce qu'ils avaient fait, à Fukushima: mais juste pas suffisamment. De même, les responsables d'un gouvernement démocratique n'ont-ils pas à leur charge la responsabilité de gérer les crises qui surviennent sur leur territoire (accidents, catastrophes, terrorisme, guerre... ) afin de prendre soin des populations qui les ont désignés pour ce faire ? Au sens étymologique du terme, le "responsable" est bien pourtant celui qui doit répondre de ses propres actions ou de celles des autres, en fonction de ce dont il est garant.

    La responsabilité d'un "désastre créé par l'homme"

    Ce qui est en jeu à Fukushima, c'est, selon les termes sans ambiguïté d’un rapport indépendant japonais, la question  de la responsabilité d'un "désastre créé par l’homme". Car c'est bien l'homme qui a créé l'industrie du nucléaire et tout particulièrement, installé et géré la centrale dévastée par la double catastrophe naturelle. Cette question cruciale reste posée par les centaines de personnes qui attaquent Tepco et mettent en cause la gestion par le gouvernement de la crise de la catastrophe nucléaire. Au Japon, mais aussi ailleurs dans le monde, où Fukushima soulève une autre question : celle des futures responsabilités, en cas d'un autre accident similaire...

    Les résidents de Fukushima à l’origine de la plainte qui vient d'être rejetée, ont le droit de la reformuler et de la soumettre de nouveau au parquet : ils ont déclaré qu’ils allaient immédiatement porter l’affaire devant un comité d’enquête.

    Cathy Lafon

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    • Les articles de Ma Planète sur Fukushima : cliquer ICI
  • Frelon asiatique: le dioxyde de soufre autorisé pour lutter contre le prédateur des abeilles

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    Un apiculteur en plein travail à Teuillac (Gironde). Photo archives Sud Ouest / Guillaume Bonnaud

    Les apiculteurs remportent une bataille dans leur guerre contre le frelon asiatique : ils vont désormais pouvoir utiliser le dioxyde de soufre pour lutter contre le redoutable prédateur des abeilles, selon un arrêté paru samedi 7 septembre au Journal officiel. 

    abeille,frelon asiatique,lutte,arrêté,gouvernement,dioxyde de soufreTrès attendu par les apiculteurs et les écologistes, cet arrêté autorise "la mise sur le marché et l'utilisation" de produits contenant du dioxyde de soufre "à des fins de lutte exclusive contre Vespa velutina (dénomination scientifique du frelon asiatique) pour une durée de 120 jours" à partir de ce dimanche 8 septembre.

    Une espèce "nuisible"

    Introduit dans le Sud-Ouest en 2004 dans des poteries venues de Chine, le frelon asiatique est désormais présent dans une soixantaine de départements, où il fait des ravages dans les colonies d'abeilles. Proies privilégiées du frelon insectivore, les petites ouvrières de la pollinisation payent le prix fort de cette extension. Un mal qui vient s’ajouter aux plaies déjà nombreuses (pesticides, insecticides, virus…) qui expliquent la chute des populations des abeilles.


    Une technique "efficace" à l'impact sur l'environnement "limité"

    À la fin de l’an dernier, les apiculteurs ont enfin obtenu le classement du frelon comme espèce "envahissante" et "nuisible", ouvrant la voie à un plan national de lutte. Or, à cette occasion, les autorités se sont « aperçues que dans les méthodes utilisées, il y avait le dioxyde de soufre (SO2) pour détruire les nids », expliquait en juillet dernier le bergeracois Richard Legrand, spécialiste du frelon à l'Union nationale de l'Apiculture française (Unaf). Depuis des années, l'une des techniques utilisées pour détruire les nids situés en hauteur consiste à placer une petite bonbonne de dioxyde de soufre au bout d'une perche et à injecter le gaz dans le nid des frelons. L'avantage de ce produit étant qu'il est "caustique, irritant, mais pas toxique", selon le spécialiste de l'Unaf : le dioxyde de soufre injecté dans le nid capture l'oxygène et tue ainsi les frelons en les asphyxiant. Or, une circulaire avait pourtant rappelé en mai dernier que cette technique était interdire. Les apiculteurs et les écologistes demandaient depuis au gouvernement de la rendre légale.

    abeille,frelon asiatique,lutte,arrêté,gouvernement,dioxyde de soufreUne victoire pour les agriculteurs et trois élues écolos du Sud-Ouest

    Trois élues Europe Ecologie Les Verts - l'eurodéputée du Sud-Ouest Catherine Grèze (photo ci-contre), la vice-présidente de la région Aquitaine Monique de Marco et la conseillère municipale de Bordeaux Marie-Claude Noël, très impliquées dans ce dossier, avaient appelé le 22 août dernier, le gouvernement à autoriser les apiculteurs à utiliser le dioxyde de soufre contre les frelons asiatiquesune technique jugée "efficace" par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dont elles avaient rendu public un courrier. "Les impacts sur l'environnement et en particulier les organismes non cibles sont très limités comparés aux autres techniques de lutte chimique", indiquait l'Anses, ce que soulignaient aussi les trois écolos. Les apiculteurs se réjouissent également de la décision du gouvernement : "C'est très bien, on redonne à ceux qui luttent contre le frelon asiatique, pas seulement les apiculteurs, la possibilité de détruire les nids, et notamment à grande hauteur, avec un impact extrêmement faible sur l'environnement", s'est félicité auprès de l'AFP Richard Legrand.

    Un bémol : l'autorisation du dioxyde de soufre n'est valable que 120 jours. Elle ne peut qu'être provisoire pour le moment car une autorisation permanente nécessiterait des tests préalables. A suivre.

    Cathy Lafon

    A LIRE

    • L'arrêté du 7 septembre autorisant le dioxyde de souffre : cliquer ICI
    • "Des abeilles et des hommes" : pourquoi les abeilles meurent : cliquer ICI