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Agriculture - Page 170

  • Réchauffement climatique : les Pyrénées en première ligne

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    Pourra-t-on encore skier en 2050 dans les Pyrénées ? Photo archives Sud Ouest / Fabien Cottereau

    La conférence internationale d'étude sur la neige (ISSW) s'est ouverte lundi, à Grenoble (Isère) et à Chamonix (Haute-Savoie). Pour la première fois, ce sommet qui réunit 600 spécialiste a lieu en France. Au coeur des discussions, le réchauffement climatique qui menace l'enneigement des massifs. 

    Ca chauffe !

    Le Giec (Groupe d'Expert Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) a sonné l'alarme dans son dernier rapport sur le réchauffement climatique, remis le 27 septembre dernier: l'accélération du changement climatique se poursuit et la température moyenne de la Terre pourrait grimper de 0,3 à 4,8°C d'ici  à 2100, selon les estimations des chercheurs. Et la neige devenir une denrée rare.

    Noël au balcon, Pâques sans tisons

    Concernant les Alpes, dans le pire des scénarios, les scientifiques prévoient une baisse de 70 à 80% de leur enneigement à l'horizon 2070-2100. Ces estimations viennent confirmer une tendance déjà observée: dans le massif de la Chartreuse, en Isère, une baisse de plus de 50% de l'enneigement a été constatée entre 1960 et aujourd'hui. 

    le treut.jpgLes Pyrénées en première ligne

    Même avertissement dans le rapport scientifique commandé au climatologue Hervé Le Treut par la Région Aquitaine sur "Les impacts du changement climatique en Aquitaine" : il faut envisager une diminution future du manteau neigeux pyrénéen. L'Aquitaine serait même la région la plus concernée de France par le réchauffement climatique. Il ne faut pas se fier aux apparences de l'hiver dernier avec sa neige surabondante, qui a tenu exceptionnellement jusqu'au mois d'août à des altitudes où, de mémoire de berger, on l'avait rarement vue... C'est l'inverse de cet épisode climatique extrême qui est attendu par les scientifiques : la raréfaction des chutes de neige observée depuis les cinquante dernières années, devrait aller en s'accentuant, de même que la disparition des glaciers. Les auteurs du rapport aquitain qui ont travaillé sur la partie consacrée à l'impact du changement climatique sur la montagne, anticipent qu'en 2050 -c'est déjà demain- il pourrait ne plus y avoir de neige qu'en très haute altitude.

    neige arbres.jpgQuel futur pour l'économie de nos montagnes?

    On suppute ferme sur les conséquences de la disparition programmée de l'or blanc en moyenne et basse altitude. Du positif : le nombre d'avalanches pourrait être revu à la baisse du fait de l'augmentation des températures. Ou pas. Mais surtout du négatif, avec l'avenir du tourisme d'hiver : pourra-t-on encore pratiquer, dans trente ou quarante ans, les sports d'hiver, tels que nous les connaissons aujourd'hui ?

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    La question de la rentabilité des infrastructures

    Les beaux jours du ski sont peut-être bien derrière lui et les communes qui ont investi d'énormes budgets dans les infrastructures de leurs stations de ski ont du souci à se faire. La question urgente pour elles semble être de savoir ce qu'on va faire et proposer aux touristes durant les saisons... sans neige. Le canon à neige, dont l'impact écologique néfaste est en outre avéré, ne sera pas la panacée. Quant aux autoroutes, comme, dans la région, celle de l'A65, qui veut permettre aux citadins d'accéder à vitesse grand V aux Pyrénées pour y passer le week-end en joyeuses glissades, rétrospectivement, il y a des chances pour que l'on s'interroge sur la nécessité de leur construction... Comment la raréfaction de la neige pourrait-elle rendre l'A65 plus fréquentée qu'elle ne l'est aujourd'hui ?

    Enfin, parce que la neige est un élément indissociable de l'écosystème global "montagne", la réduction de l'enneigement et de sa durée aura aussi des répercussions sur l'avenir du pastoralisme et de la biodiversité en montagne. Sujets autrement plus préoccupants que la seule question de savoir si l'on pourra, ou pas, continuer à dévaler à ski les pentes enneigées...

    Cathy Lafon

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  • Changement climatique : l'"Alternatiba", c'est à Bayonne

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    Dimanche 6 octobre, on va tomber la chemise pour lutter contre le changement climatique, avec Zebda et à Bayonne : c'est l'Alternatiba !  Photo DR

    Bayonne s'attaque bille en tête au changement climatique et devient les 5 et 6 octobre prochain "Alternatiba, le Village des alternatives au changement climatique", sur une initiative ambitieuse de l'association écologiste Bizi !.

    bizi alternatiba.jpgAlternatiba : le village d'Astérix et plus encore

    Bizi ! son truc, ce sont les "questions d'urgence écologique et climatique et de justice sociale". Vaste programme. Comme Bizi ! est basque, Bizi ! n'a peur de rien. Aussi, à l'occasion de la publication du premier volet du 5ème rapport du GIEC, le 27 septembre dernier et dans la perspective de la tenue de l'importante Conférence sur le climat qui doit se tenir en France en 2015, l'association organise une journée intitulée "Alternatiba" et, la veille, un Forum sur le changement climatique à Bayonne. Rendu piéton pour l'occasion, le centre ville devient un "Village des alternatives individuelles, collectives, territoriales et systémiques au changement climatique et à la crise écologique et énergétique". Alternatiba c'est bien plus que le petit village d'Astérix, reconverti dans la résistance au changement climatique:  le Village, aux rues et places rebaptisées pour l'occasion, est le fruit du travail de 500 bénévoles espère réunir 10.000 personnes. Du lourd.

    rechauffement planete.jpgRelever le défi climatique et réduire les émissions de CO2

    + 4,8° C d'ici à la fin du siècle ? L'objectif d'Alternatiba est clair : diffuser le message de l'urgence climatique, sensibiliser le grand public et les élus à la nécessité de baisser rapidement et radicalement nos émissions de gaz à effet de serre, tout en vulgarisant le contenu du rapport du Giec, qui vient de confirmer la réalité et la gravité du réchauffement climatique. Et surtout, montrer qu'il ne faut pas se résigner mais qu'il faut relever le défi climatique. Car pour Alternatiba, des solutions existent, elles sont souvent à notre portée, et, en outre, "elles sont souhaitables et construisent une vie et une société meilleures et plus désirables". Mais elles ne viendront pas seulement "d'en haut". Elles seront aussi mises en oeuvre au quotidien, par chacun. Voilà pour l'approche citoyenne.

    Un samedi studieux, avec un Forum sur le changement climatique et son "Off"

    Au menu du samedi 5 octobre, un Forum sur le changement climatique, avec des chercheurs, des élus, des journalistes... que des pointures.  Et pour se détendre les neurones, un Forum off, avec des conférences "gesticulées", des concerts et des spectacles placés sous le signe de l'humour.

    bové.jpgUn dimanche écologique de folie

    Le dimanche, Alternatiba s'annonce comme un moment fort de mobilisation citoyenne et de débat en perspective, sur la question des alternatives à la crise sociale, écologique et climatique. Ca commencera tôt et fort, dès 9h, avec un grand marché paysan et fermier. L'occasion de faire les courses de la semaine, mais aussi de causer climat et Politique Agricole Commune (PAC) avec José Bové, euro-député. Ca continuera avec des conférences, où l'on pourra croiser Hervé Kempf, Geneviève Azam, Patrick Viveret et des ateliers pratiques organisés par thèmes. Espace éco-habitat, espace zéro déchet, espace agriculture et alimentation... des dizaines d'artisans seront là, pour partager leurs pratiques. Sans oublier de multiples tables rondes, sur la monnaie locale eusko, les semences libres  et les logiciels libres, la transition énergétique, la réforme des retraites... Si l'on veut, on pourra repartir de Bayonne en sachant cuisiner des poissons peu connus, bon marché et abondants, récupérer et transformer de l'huile de friture, créer une cantine bio et attendre son enfant "écologiquement"...

    Une grande fête populaire et des concerts

    Alternatiba, ce sera aussi une grande fête populaire, avec toute la journée dans les rues du Petit Bayonne et au Carreau des Halles des chanteurs, chorales ou groupes de musique, des troupes de danse et de théâtre, des artistes de rue et de nombreuses animations ludiques ou pédagogiques pour les enfants. Cerise (bio) sur le gâteau (bio) : la journée se conclura par un concert gratuit avec Les Motivés de Zebda, Willis Drummond, Gorka Urbizu (Berri Txarrak), Fernando Sapo (Corazon del Sapo, Kuraia, Estricalla, Matxura…) et Fermin Muguruza...

    appel alternatiba.jpgL'Appel d'Alternatiba

    Devinez quoi ? Alternatiba pourrait bien devenir une étape cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le 27 septembre, le jour de la publication du rapport du Giec  sur le changement climatique, une vingtaine de personnalités, dont Edgar Morin, Michel Rocard, Marie-Monique Robin, Susan George, Nicolas Hulot, Edmond Maire, Christiane Hessel, Annick Coupé, Pierre Rabhi, Pierre Larrouturou et Jacques Testard ont lancé un appel collectif intitulé "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", pour inciter à répondre à l'Appel d'Alternatiba.  "La question du climat est vitale pour notre avenir. Nous appelons tous ceux et celles qui le peuvent à répondre à l'Appel d'Alternatiba, à être présents à Bayonne le dimanche 6 octobre pour lancer une mobilisation à la hauteur du défi sans précédent que constitue cette question pour l'humanité toute entière.",  écrivent-t-ils.

    hessel.jpgAlors, pas d'excuse possible: défendre l'avenir de la planète, ça passe par Alternatiba. Si vous avez encore un léger doute : le parrain du Village n'est autre que Stéphane Hessel, disparu le 27 février dernier. Voilà.

    Cathy Lafon

     

    • Alternatiba : c'est où, c'est quand ? Le Forum se tient à Bayonne, le samedi 5 octobre, au grand amphi de l'IUT de Bayonne (Pyrénées Atlantiques). Le Village, c'est toute la journée du dimanche 6 octobre, dans le centre ville de Bayonne.

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  • Pyrénées :pourquoi la guerre de l'ours est rallumée

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    Dans les Pyrénées françaises, l'ours fâche toujours. Photo archives AFP

    Depuis la réintroduction en 1996 de l'ours dans les Pyrénées, côté français, bergers et défenseurs du plantigrade, animal protégé, n'ont jamais vraiment enterré la hache de guerre. La saison d'estive 2013 qui s'achève ce lundi 30 septembre, marque pourtant une résurgence insolite de la polémique et un durcissement dans les affrontements entre les pro et les anti. Les accusations violentes et les noms d'oiseau pleuvent. Mais que se passe-t-il donc dans le massif pyrénéen ? Décryptage.

    L'affaire du dérochement de Pouilh

    Pouilh, Ariège, 9 septembre : sur une estive, une trentaine de brebis affolées dérochent (chutent dans le vide) d'une falaise. Pour le berger qui découvre le cadavres au petit jour, traumatisé on s'en doute, c'est clair : c'est la faute de l'ours qui a effrayé le troupeau.  L'Addip-Aspap (l'Association pour le Développement Durable de l’Identité des Pyrénées, opposée à l'implantation des grands prédateurs) évoque aussitôt des "agneaux lacérés par les oursons qui suivaient la mère". Pour les pro-ours qui défendent le plantigrade protégé c'est loin d'être aussi sûr. L'expertise menée sur place par les agents de l'ONCFS le 11 septembre, perturbée par les opposants à l'ours, ne parvient pas à prouver que les ours étaient à l'origine de l'accident où une trentaine de brebis a chuté dans une ravine. Ce qui  fait dire à la Préfète de l'Ariège des anti-ours qui ont troublé l'expertise, qu'ils sont  'vulgaires et irrationnels". Sympa.

    ours adet.jpgAction "Vigie Ours"

    Un mois auparavant, fin juillet, dans le Courserans, les anti-ours avaient organisé une battue destinée à montrer qu'ils sont prêts à tuer l'animal protégé, délit passible de sept ans de prison. La riposte des pro-ours arrive le 17 septembre : l'association de protection de l’ours Ferus lance une action « Vigie Ours » dans les Pyrénées. Elle appelle "les utilisateurs de la montagne" à traquer tout indice qui pourrait faire penser à "une action de braconnage" contre l’animal : pots de miel remplis de verres pilés, agitation inquiétante sur un secteur, présence inexpliquée de cadavres qui pourraient être empoisonnés…

    Dispositif de protection de l'Etat boycotté

    C'est aux alentours du Courserans où vivent vingt des vingt-deux ours recensés dans les Pyrénées que les  attaques sont les plus nombreuses : 73 % des prédations de brebis imputées au plantigrade sur la chaîne cette année ont été recensées dans les dix mêmes estives. Paradoxalement, seule une minorité d'entre elles ont adopté le "dispositif de protection" proposé par l'Etat : des chiens patous et des enclos pour regrouper le troupeau avant la nuit. Explication : les éleveurs ne croient pas à son efficacité, et jugent le procédé "inadapté au relief ariégeois et contraire à la pratique du pastoralisme". Dont acte.

    alain reynes.jpgLes dégâts d'ours en baisse de 36%

    Si le Courserans concentre l'essentiel des dégâts d'ours, les bilans officiels des prédations des plantigrades connaissent cependant une baisse significative. En 2013, sur les huit premiers mois de l'année, ils s'annoncent même parmi les plus bas depuis 15 ans.  La baisse est de 36% : le nombre de d'animaux d'élevage tué par les ours est passé de 180 en 2012 à 116 en 2013, alors que le nombre d'ours a très légèrement augmenté. Chutes, maladies, foudres, prédation... : "il meurt environ 25 000 brebis par an dans les Pyrénées, dont seulement 250 à cause l'ours", précise Alain Reynes, le directeur de Pays de l'ours-Adet.  

    "Une affaire de gros sous"

    Alors, pourquoi soudain tant de bruit et surtout, pourquoi tant de haine ? Si les morts de bétail imputées à l'ours sont indemnisées par l'Etat (176 euros la brebis), les éleveurs sont particulièrement remontés en cette fin de saison contre l'animal qu'ils accusent de saccager leur travail et de les atteindre aussi durablement leur moral, alors que les dégâts d'ours sont en diminution. Alain Reynes, qui reconnaît l'impact psychologique pour les éleveurs que représente la perte de leurs animaux, le relativise toutefois. Pour lui c'est clair comme de l'eau de roche : le fond de l'histoire serait une affaire de gros sous. Le défenseur des ours veut y voir une stratégie et relève qu'à la fin de l'année 2013 s'achève le Plan de soutien à l'économie de montagne, mis en place en 2007 : "S'en prendre à l'ours, est le meilleur moyen trouvé par les éleveurs pour attirer les regards sur le malaise de la profession et pour réclamer davantage d'aides, notamment à travers le Plan de soutien à l'économie de montagne mis en place en 2007. Celui-ci expire à la fin de l'année. Ce n'est pas un hasard si la tension monte autour de l'ours à proximité des négociations. Et le système ne fonctionne qu'à une seule condition : râler. "

    ours,animal protégé,polemique,prédationIndemnisées "au bénéfice du doute"

    Et râler, ça marche, si l'on en croit le dénouement de l'affaire du dérochement de Pouilh qui tendrait à donner raison à Alain Reynes. Le 24 septembre dernier, la décision tombe : les brebis victimes du dérochement en Ariège le 9 septembre, seront indemnisées « au bénéfice du doute ». Une décision qui "n'est même pas passée en commission d’indemnisation, alors que de source officielle aucun élément sur le terrain n’a permis de mettre en cause l’ours", commentent les défenseurs des ours. L’Association des Chambres d’Agriculture des Pyrénées (ACAP) se dit "préoccupée" et considère dans la "Dépêche du midi" que "ces évènements  interrogent clairement, la continuité de l’activité de l’élevage sur les territoires concernés ».  Pour les pro-ours, l'ACAP récupère en réalité la tension créée par l’Addip-Aspap pour négocier un plan d’aide à l’agriculture pyrénéenne de plusieurs dizaines de millions d’euros, dont plusieurs millions leur reviendront pour « l’animer »...

    ours,animal protégé,polemique,prédationDes sous !

    En clair, les pro-ours accusent les structures anti-ours d'instrumentaliser les dégâts d’ours, "alors qu'ils représentent moins de 1% des pertes de brebis dans les Pyrénées, mais elles n’hésitent pas à les inventer quand il en manque pour négocier les budgets voulus, comme cela a été le cas de manière flagrante pour le dérochement de Pouilh." Bon, ça,c'est fait. De leur côté, les anti-ours dénoncent les  dizaines de milliers d’euros octroyés aux associations environnementales par l'Etat. Dans un communiqué du 26 septembre, les pro-ours répondent en accusant les anti de négocier discrètement plusieurs millions pour "animer  un programme de plusieurs dizaines de millions d’euros, sur des fonds publics, bien entendu"....  A quoi l’ACAP réplique le 29 septembre que "ce n’est pas elle qui touche les millions d’euros « d’animation » intégrés dans les programmes d’aide à l’agriculture pyrénéenne". Oui, ce sont bien des structures "d’animation pastorale" , mais partenaires de l’ACAP, précise à son tour Pays-de-l'ours Adet. Et toc.

    L'ours, vraie vache à lait ?

    Ambiance, ambiance... Alors, paranos les pro-ours? Machiavéliques les anti? Les Pyrénées françaises, c'est pire que chez les Atrides! Et si l'on en croit les pro, pour les anti, le plantigrade tant décrié serait surtout une vraie vache à lait...  Ah, oui, au fait : et l'ours dans tout ça ? 

    Cathy Lafon

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