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Pour l'agriculture française bio, c'est le grand boom ! Un succès qui "oblige" la filière

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La viticulture bio a progressé de 20% en un an. Ici, un vignoble bio à Sainte-Foy-la-Grande, en Gironde,  le 21 septembre 2018. Photo AFP / GEORGES GOBET 

Année après année, l'agriculture bio continue son essor. Et l'agriculture française poursuit sa grande bascule vers des méthodes plus respectueuses de l'environnement. Selon les chiffres de l'Agence bio, 2018 restera comme une année record pour la bio, avec une poussée de la demande des consommateurs et du nombre de producteurs.

L'activité couvre désormais 7,5% de la surface agricole utile du pays, ce qui permet de contenir les importations de produits bio pour répondre à l'appétit grandissant des consommateurs. Quant au marché alimentaire du bio, il a atteint l'an dernier 9,7 milliards d'euros. En progression en 2018 de 15,7% par rapport à 2017, il continue de séduit de plus en plus les consommateurs et atteint désormais 9,7 milliards d'euros l'an dernier.

Les bons chiffres de la bio

Avec deux millions d'hectares cultivés en bio en 2018 en France, il y a vraiment "un cap franchi" côté production, "en ligne avec l'objectif de parvenir à 15% de la surface agricole en bio fin 2022", a déclaré mardi Florent Guhl, directeur de l'Agence Bio, organisme public qui suit l'évolution du bio en France.

Autre indicateur au beau fixe, le nombre d'agriculteurs qui travaillent désormais en bio. Ils pèsent pour 9,5 % du secteur, qui fournit aussi 14% de l'emploi agricole, indique l'Agence Bio dans son bilan annuel. Il est vrai que les cultures en bio, plus risquées avec leurs aléas, induit un surcroît de travail dans l'organisation des exploitations bios, 100.300 aujourd'hui. Au total, le nombre d'équivalents temps plein employé dans le secteur bio s'élève à 155.347.

L'année dernière a également enregistré un taux record de conversions des agriculteurs en bio : le nombre d’exploitants qui ont décidé de jeter aux orties engrais de synthèse et produits sanitaires chimiques en 2018 a atteint un niveau historique, s’établissant à 6.200, portant leur nombre total à 41.623. La question des aides à la conversion demeure le principal souci.

La Nouvelle-Aquitaine bonne élève du bio

Quatrième pour le nombre d'entreprises de transformation et de distribution engagées en bio fin 2018, la région se hisse à la deuxième place au palmarès des régions qui compte le plus de producteurs engagés en bio, derrière l'Occitanie, bonne première, et devant Auvergne-Rhône-Alpes, qui la talonne.

Quoi de neuf en 2018 ?

Les nouveautés de 2018, "année record" pour le bio, portent surtout sur les grandes cultures (céréales, oléagineux, et légumes secs) très en retrait jusque là. Elles rattrapent leur retard, avec un bond de 31% de ces surfaces agricoles en bio par rapport à 2017, à 513.000 hectares, indique le bilan. 

"En 2013, seulement 1% des grandes cultures en France étaient bio, aujourd'hui nous sommes à 4,3%", salue Florent Guhl. Une hausse permise notamment par l'augmentation importante des capacités de traitement et de stockage dédiées, l'ouverture de silos et de moulins dédiés aux blés bio, comme celui de la coopérative Valfrance près de Melun ou de Soufflet dans le département du Rhône.

Pour parvenir à 15% de la surface utile agricole en bio fin 2022, l'agence estime que 8% des grandes cultures devront être en bio. Dans le domaine des légumes secs, 40% le sont déjà. 

En viticulture aussi, le bond est énorme : +20% sur un an. En 2018, le vignoble bio atteint 12% du secteur, soit 94.020 hectares. Pour encourager les vignerons à franchir le pas, un label CAB (conversion agriculture biologique), une étiquette blanche sur fond bleu, a été créé. La palme revenant à l'arboriculture  : les vergers dont les surfaces sont plantées en bio dépassent les 23,3 %.  

En queue de pelotons, les élevages porcins (1,3%) et de poulets (1,6%), en queue de peloton de la filière bio ont eux ont de sérieux progrès à faire.

La bio doit gérer son succès

Preuve de la bonne santé du secteur, plus la bio se développe et plus les attentes sociétales sur ce que recouvre le label bio grandissent, afin qu'il soit défini plus précisément, dans une approche plus environnementale, sociale et éthique. La charte du bio n'autorise pas les pesticides chimiques, mais permet l'utilisation des additifs alimentaires, dont certains sont reconnus cancérogènes. Par ailleurs, l'huile de palme, une catastrophe pour la déforestation, est aussi acceptée. De nombreux produits alimentaires, pourtant labellisés bio, ont fait des milliers de kilomètres avant d'atterrir sur les rayons de nos supermarchés ou sur les étals de nos marchés. En France, des fruits et des légumes sont cultivés sous serres chauffées aux énergies fossiles pour puissions les consommer à contre-saison. Que penser aussi de ces centaines de milliers de travailleurs payés une misère autour de la planète pour les récoltes de l'agriculture bio ? Produire toujours plus de bio est indispensable. Mais pour fournir du bio pas cher à ses clients, la bio peut-elle également s'accommoder du système d'exploitation intensif de l'agriculture conventionnelle et de celui de la grande distribution, au risque d'en subir les dérives, pour garnir nos rayons et satisfaire l'appétit de plus en plus grand des consommateurs ? 

Plus de bio française de saison et de qualité

Aujourd'hui,la filière bio s'industrialise et fait face à une crise de croissance. Comme tous les gagnants, elle doit aussi savoir gérer son succès. La confiance des consommateurs dans le label passe par une exigence totale, sur tous les critères de l'écologie. Le succès de la pétition (40.000 signatures le 6 juin) lancée récemment par la FNAB, Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot et le Réseau Action Climat, pour s'opposer à la labellisation de légumes bio cultivés sous des serres chauffées aux énergies fossiles, témoigne de cette exigence. Ce qui ne remet nullement en question la qualité du travail des dizaines de milliers d'agriculteurs qui nous nourrissent plus sainement, bien au contraire. Une charte du bio renouvelée devra permettre aussi de mieux les protéger en leur assurer des rémunérations correctes, à la hauteur de leur engagement. L'enjeu aujourd'hui, c'est bien d'avoir plus de bio française de saison et de qualité, et pas une bio française dégradée. 

Cathy Lafon 

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