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Lutte anti-gaspillage : la France veut interdire la destruction des produits non alimentaires invendus d'ici 2023

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La France recycle encore une faible part de ses vêtements alors que l’enjeu est de taille. Photo AFP

C'est à croire que les résultats des élections européennes qui ont vu une belle poussée verte dans les urnes boostent les énergies... A la veille de la Journée mondiale de l'environnement, ce mercredi 5 juin, le gouvernement s'est engagé un peu plus dans la lutte contre le gaspillage.

Une "première mondiale"

Après les produits alimentaires, la destruction des invendus non alimentaires (vêtements, électroménager, produits d'hygiène ou de beauté etc.), un des cas emblématiques du gaspillage, va être interdite d'ici deux à quatre ans en France, a annoncé, mardi 4 juin, Edouard Philippe. Le Premier ministre a présenté la mesure comme une "première mondiale". Elle figurera dans le projet de loi antigaspillage et pour une économie circulaire présenté en juillet prochain au Conseil des ministres.

Ce dispositif vise à imposer de donner ces produits ou de les recycler, à partir de fin 2021 ou de fin 2023 suivant les cas, en complément aux mesures déjà adoptées ces dernières années contre le gaspillage alimentaire. Aujourd'hui, l'équivalent de plus de 600 millions d'euros de produits non alimentaires neufs et invendus sont jetés ou détruits chaque année, selon Matignon.

Un « gaspillage qui choque » et qui n’est « pas nécessaire »

En déplacement dans un magasin CDiscount avec Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique, le Premier ministre a évoqué un « gaspillage qui choque » et qui n’est « pas nécessaire » :

« On peut trouver un modèle économique viable, faire en sorte que tout ce qui est invendu ne soit pas éliminé mais bien donné, afin de favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire, (ou) transformé en pièces détachées, de façon à pouvoir recomposer des objets et accroître leur durée de vie. Nous pouvons éviter la destruction d’objets, de produits en parfait état de marche et ce gaspillage scandaleux. »

Selon le texte, les entreprises devront réemployer – par des dons à des associations par exemple –, réutiliser ou recycler tous les invendus ou risquer une sanction. Pour les produits déjà couverts par une filière à responsabilité élargie du producteur, par exemple les textiles et les équipements électriques et électroniques, l’interdiction entrera en vigueur fin 2021. Pour les autres, elle interviendra au plus tard fin 2023, ont précisé Matignon et le ministère de la transition écologique. L’objectif est d’éliminer à terme tous les invendus, ces contraintes devant favoriser une meilleure gestion des stocks.

Exceptions

Selon Matignon, des aménagements sont prévus notamment pour le secteur du luxe, qui s’inquiète de voir émerger un marché parallèle avec des produits bradés. Mais le produit neuf devra dans tous les cas être recyclé et pas détruit ou mis en décharge. Certains produits qui ne sont plus utilisables passé une certaine date, comme le fond de teint, pourront aussi faire l’objet d’exceptions.

Cathy Lafon avec l'AFP

L'INFO EN PLUS

  • Les enjeux du gaspillage textile, notamment, sont de taille. En France, quelques chiffres permettent de prendre la mesure du problème : une femme achète en moyenne 30 kg de textile par an. A l’échelle du pays, les Français achètent environ 700.000 tonnes de textile, qu’il s’agisse de vêtements, de linge ou de chaussures. Mais en fin de chaîne, moins d’un quart de ces achats se retrouvent dans les filières de recyclage : les associations de collecte de vêtements traitent en moyenne 160.000 tonnes par an. Pour revenir à l’échelle individuelle, la France recycle seulement 2,5 kilos de textile par an et par personne, c’est-à-dire deux fois moins que les Allemands. Quant aux vêtements jetés, ils représentent une mine d’or : l’équivalent de 442 millions d'euros. Certaines entreprises l’ont bien compris et ont investi le secteur du recyclage des vêtements, souvent en coordination avec le monde associatif. 

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