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Sécurité routière. Trop de morts à vélo : vers une charte de bonne conduite ?

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D'avantage de pistes cyclables permettrait d'améliorer la sécurité des cyclistes en ville. Comme ici à Paris, la nouvelle piste cyclable quai Pompidou à Paris, le 4 septembre 2017. Photo archives AFP

C'est un vieux serpent de mer. Revenue sur le devant de la scène le vendredi 27 mai dernier, suite à l'annonce par trois associations nationales, la "Fédération française des motards en colère""40 millions d'automobilistes" et "Mon vélo est une vie", de vouloir travailler ensemble à une charte de bonne conduite pour mieux partager la route, hélas, ne date pas d'hier. Sur le sujet, les cyclistes en ont d'ailleurs gros sur la patate et estiment être un peu les dindons de la farce. 

mon vélo est une vie.jpgInquiétants, les derniers chiffres de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) ont tendance à leur donner raison. Les adeptes de la petite reine sont les usagers de la route qui enregistrent la plus forte hausse des tués : + 14 % sur les douze derniers mois par rapport à 2010. Certes, les Français sont de plus en plus nombreux à circuler à bicyclette, comme l'atteste la bonne forme du marché du vélo, dopé par les ventes des modèles électriques. En 2017, ce sont 3,3 millions de vélos qui ont été vendus dans l'Hexagone. Soit 6,4 % de plus qu'en 2015. Appelée de tous leurs voeux par nos décideurs politiques, cette évolution sociétale est naturellement excellente pour la planète, le climat, la qualité de l'air et la santé humaine. Mais les cyclistes ne sauraient la payer par l'augmentation des incivilités quotidiennes sur la chaussée et des accidents de vélos, plus ou moins graves, voire mortels. 

Il est donc plus que temps de s'attaquer à la difficile cohabitation entre tous les usagers de la route et notamment, entre cyclistes et automobilistes :en France, les cyclistes tués ou grièvement blessés le sont huit fois sur dix lors d'une collision avec un véhicule motorisé. Et pour tout dire, la cycliste que je suis en a un peu ras le guidon.

A vélo, tous les jours, on est confronté aux voitures et aux bus qui vous collent, vous frôlent, vous coupent la priorité et veulent à tout prix vous dépasser sans avoir la place. Sans parler des conducteurs ou des passagers qui ouvrent leur portière sans jeter un coup d'oeil pour vérifier qu'aucun cycliste ne pointe sa roue à ce moment-là.  Des piétons qui déboulent en traversant la rue sans avoir regardé, parce qu'à vélo, bien sûr, on ne fait pas de bruit. Et qui vous agonise d'insultes si vous tentez la sonnette. Et de toutes ces voitures qui stationnent sur les pistes ou les bandes cyclables, y compris sur les trottoirs. Et des scooters et autres motos qui s'autorisent à rouler sur les (trop rares) voies réservées aux vélos. Parfois même à contresens, comme j'ai pu l'expérimenter un soir à Bordeaux sur le pont de pierre, ce qui m'a valu une de mes plus belles chutes à vélo. Sans dommage corporel, fort heureusement, merci, car le conducteur qui roulait sans casque ne s'est même pas arrêté mais à pris la fuite. Mais avec un pédalier en vrac, un guidon tordu, un jean déchiré et une grosse frayeur.

Alors, renvoyer une fois de plus la responsabilité de la hausse des accidents de cyclistes uniquement sur ces derniers, qui selon l'argument archi-rebattu, "font n'importe quoi et ne respectent jamais le code de la route", ou encore vouloir confier la réponse à apporter pour améliorer la sécurité des cyclistes au seul législateur, qui pondrait une nouvelle loi rendant le port du casque obligatoire pour ces derniers, serait un poil insupportable. 

D'autant que, outre la question des incivilités du quotidien ou, plus généralement, du défaut d'attention mutuel des différents usagers de la route, force est de reconnaître qu'en France, question sécurité et protection, les infrastructures urbaines dédiées à la petite reine sont encore loin d'être au rendez-vous. C'était d'ailleurs l'une des explications à la mauvaise situation de Paris, capitale de l'Hexagone, dans le classement de 13 grandes villes européennes sur la qualité de l'air et la mobilité, publié la semaine dernière par Greenpeace. 

 Au secours, Joe Dassin !

Il faut dire que les différentes mesures prévues par la mairie de Paris pour réduire l'espace alloué aux voitures, en plein centre Paris, au profit des vélos et des transports en commun enflamment régulièrement le débat dans la capitale. On a suivi depuis Bordeaux le feuilleton de l'ouverture des nouvelles pistes cyclables sur les quais, qui ont suscité l'inquiétude des automobilistes (parfois enragés) et de la préfecture de police, à propos  de la recrudescence des embouteillages qu'elles allaient forcément provoquer. Au secours, Joe Dassin !

Lutter contre la pollution de l'air sur son vélo, c'est bien ! A condition que celles et ceux qui pédalent pour la planète, à défaut d'être applaudis par leurs concitoyens (ne rêvons pas), puissent aussi disposer d'infrastructures appropriées, de voies sécurisées... Et du respect des autres usagers de la route, automobilistes, motards et piétons. S'il y a, à vélo, comme en voiture d'ailleurs (seraient-ce les mêmes ?), des inconscients qui se moquent comme de l'an 40 de la sécurité d'autrui, cette attitude est loin de concerner la majorité des cyclistes (et des automobilistes). Et puis il serait bon que chacun se mette en tête qu'à vélo, en cas d'accident, c'est sa vie que l'on joue. Pas un pare-choc ou une carrosserie.

Cathy Lafon

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