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"Nul homme n'est une île" : un film solaire sur celles et ceux qui sauvent la planète au quotidien

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"Nul homme n'est une île" : ou comment le local devient le premier terroir de tous les possibles. Photo Météores 

Dans les salles de cinéma ce mercredi, "Nul homme n’est une île", le film de Dominique Marchais, emprunte son titre aux premiers vers d'un très beau poème du début du XVIIe siècle. "Nul homme n’est une île, un tout, complet en soi ; chaque homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble...", écrivait le poète anglais John Donne en 1624, tissant un parallèle entre l’espace géographique, le continent, et le genre humain. 

Cette analogie inspire avec bonheur ce documentaire lumineux et réjouissant, qui s'inscrit dans la lignée des films "Demain", de Mélanie Laurent et Cyril Dion, ou encore "Solutions globales pour un désordre global", de Coline Serreau, en posant dans le même temps et avec optimisme la question spatiale, celle du paysage, et celle, politique, de la coopération, de la solidarité et du changement. 

"Filmer des gens qui font de la politique à partir de leur travail"

nul homme n'est une ile 2.jpeg"Je voulais observer et esquisser des portraits de militants payant de leur personne. M’approcher de cette zone où l’engagement tend à rendre floues les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Je voulais filmer le politique comme quelque chose dans lequel on baigne en permanence, quelque chose avec lequel on respire, avec lequel on dort. En gros, filmer des gens qui font de la politique à partir de leur travail, plutôt que des gens qui font de la politique leur travail", explique Dominique Marchais. Mission accomplie.

"Cela ne sert à rien d’avoir sa jolie petite maison si dehors règnent les bombardements"

Dans un voyage à travers l'Europe, de la Méditerranée aux Alpes, de la Sicile à l'Autriche en passant par la Suisse, le réalisateur nous invite à découvrir des hommes et des femmes de bonne volonté qui travaillent à faire vivre localement l’esprit d'une démocratie heureuse et à produire, ensemble et de leurs mains, le paysage du "bon" gouvernement. Et ses images nous régalent de ces multiples solutions locales et concrètes qui émergent partout en Europe, au ras des champs et des pâquerettes, sans attendre d'éventuelles mesures qui viendraient d'"en haut" pour résoudre les grands problèmes écologiques contemporains. Au tout premier rang desquels trône, on s'en doute, le réchauffement climatique.

Sous l'oeil de la caméra de Marchais, des agriculteurs de la coopérative Le Galline Felici (Les Poules heureuses), qui récupère en Sicile des poules d'élevage industriel en mauvais état pour les retaper en les laissant courir dans les vergers, aux architectes, charpentiers, menuisiers, artisans et élus des Alpes suisses et du Voralberg en Autriche, tous cherchent à concilier modernité et développement durable, avec un horizon commun :  la solidarité. Car chaque homme, sur l'écosystème Terre, est partie d'un grand tout. Ce que résume à merveille la phrase empreinte d'un solide bon sens de l’un des membres de Galline Felici : "Cela ne sert à rien d’avoir sa jolie petite maison si dehors règnent les bombardements". 

En refusant le repli sur soi, en réfléchissant et en construisant au quotidien et de leurs mains une planète équitable, tous font de la politique à partir de leur travail. Dans l'amour et le respect de la nature. Et donc, de leur prochain. En Italie, la coopérative agricole sicilienne, cofondée par Roberto Li Calzi, dynamise la culture locale et réfléchit à comment s'opposer aux autoroutes et à l'urbanisation. A Zwischenwasser, en Autriche occidentale, l'ancien maire explique, lui, comment sa commune a bâti des écoles à énergie solaire, avec des matériaux locaux. En Suisse, dans le village des Grisons, l'architecture est venue au secours de l'agriculture pour développer l'économie locale.

Le local, premier terroir de tous les possibles

Loin de nous donner une énième leçon de catastrophisme écologique (ouf !), ce documentaire passionnant nous donne à lire un autre monde déjà en construction, voire une autre Europe, belle et intelligente, meilleure, plus écologique et plus solidaire, grâce au local qui, de dernier territoire de l’utopie, devient le premier terroir de tous les possibles. Bienveillant, simple et efficace, le message d'espoir de Dominique Marchais réchauffe l'échine et réconforte le coeur et l'âme. Un film à savourer et à partager sans modération, comme on le ferait d'un rayon de miel ou de soleil, en attendant que le printemps se décide enfin à arriver.

Cathy Lafon

►A VOIR : "Nul homme n'est une île", documentaire de Dominique Marchais (France), 1h 36. 

►PLUS D'INFO

  • Ancien critique de cinéma aux "Inrockuptibles", Dominique Marchais a réalisé "Lenz échappé en 2003", court métrage librement adapté de la nouvelle de Georg Büchner. Depuis plusieurs années, il travaille sur les relations entre paysage et politique à travers la forme du cinéma documentaire. "Le temps des grâces", état des lieux sur la modernisation agricole, constitue le volet "histoire" d'un travail sur la France rurale contemporaine dont "La ligne de partage des eaux", en s'inscrivant dans le bassin versant de la Loire pour dépeindre un certain état du paysage français, est le volet "géographie".

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