Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Biodiversité : Hulot veut lâcher deux ourses dans les Pyrénées

ours,réintroduction,pyrénénees,hulot

La France devrait introduire deux ourses dans les Pyrénées, à l'automne 2018. Photo AFP

Après les rapports accablants publiés la semaine dernière, la semaine a plutôt bien commencé pour la biodiversité.  En tout cas dans l'Hexagone. Ce lundi, Nicolas Hulot, ministre de l’Écologie, a annoncé dans un entretien accordé au "Parisien", que deux ourses seraient bel et bien lâchées cet automne dans les Pyrénées. Une première depuis douze ans. 

La biodiversité, "tout le monde s’en fiche"

Au printemps dernier,  Nicolas Hulot encore président de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) allait dans le sens des associations qui réclament de nouveaux lâchers d’ours bruns dans les Pyrénées, afin d'assurer la pérennité de l'espèce en France. C’était dans une lettre adressée à Ségolène Royal, la ministre de l’environnement de l’époque, restée alors sans réponse. Aujourd'hui ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a annoncé ce lundi au "Parisien" qu’il allait réintroduire deux ourses dans l’ouest des Pyrénées à l’automne.

"Sursaut d’indignation"

Plus généralement, après avoir déploré jeudi dernier à l’Assemblée nationale le fait que la biodiversité, "tout le monde s’en fiche", alors qu'on vit à l’échelle mondiale un véritable désastre écologique, confirmé étude après étude scientifique, l'écolo préféré des Français réclame un "sursaut d’indignation" pour défendre la faune et la flore de la planète. Il faut dire qu'il y a de quoi : comme il le rappelle, depuis quelques années, on constate diminution de 30 % du nombre d’oiseaux et de 80 % d’insectes à l’échelle européenne. La France, elle-même est particulièrement touchée par l'érosion spectaculaire de la biodiversité. Une étude récente vient de montrer que dans les zones agricoles de l'Hexagone, les populations d’oiseaux ont perdu en moyenne un tiers de leur effectif en quinze ans. 

Des ours à sauver

"Mais qui s’en soucie ? À ce rythme, 50 % des espèces vivantes vont disparaître d’ici la fin du siècle. Et je trouve insupportable de se résigner à voir la place des animaux se réduire de plus en plus". Nicolas Hulot au "Parisien", le 26 mars 2018

Devant ces chiffres alarmants, Nicolas Hulot dit vouloir faire de la protection de la biodiversité un des sujets majeurs quand la France accueillera, d’ici quelques mois, le prochain G7. "Car on ne gagnera pas la bataille du climat sans restaurer les écosystèmes", argumente-t-il. Et en la matière, la France doit être exemplaire. Certes, elle n'a pas d'éléphants ni de rhinocéros blancs en danger d'extinction, mais elle a des ours à sauver. Aussi, l'ancien patron de la FNH a-t-il décidé de "passer à l'offensive" et d'engager la réintroduction de deux femelles ourses dans les Pyrénées-Atlantiques, après avoir organisé au préalable un dialogue pour réussir cette réintroduction.

"76 % des habitants des Pyrénées-Atlantiques étaient favorables à la réintroduction"

"Il ne reste que deux mâles dans ce département, dont Cannellito, fils de Cannelle, qui était le dernier ours 100 % pyrénéen. Je ne veux pas être le ministre qui assiste à la disparition de cette lignée" martèle le ministre, qui pour autant, ne veut pas non plus nier l'opposition de certains agriculteurs-éleveurs, mais souligne qu'il veut travailler avec eux, en rappelant qu'un sondage récent (1) a montré que "76 % des habitants des Pyrénées-Atlantiques étaient favorables à la réintroduction". 

Les écolos applaudissent

Du côté des écologistes, l'annonce de cette décision par le ministre en charge de la transition écologique est accueillie comme une excellente nouvelle pour la biodiversité, pour les Pyrénées, et pour tous les Français. Nicolas Thierry, vice-président en charge de l’environnement et de la biodiversité au Conseil régional de Nouvelle-Aquiaine,voit pour sa part dans cette annonce "un signal fort en faveur de la biodiversité et une belle victoire après des années de combat", tout en saluant "le formidable travail de pédagogie des associations environnementales". Le directeur de WWF France, Pascal Canfin salue cette annonce de Nicolas Hulot « attendue depuis plusieurs années », avec les associations pro-ours Pays de l'Ours Adet, Férus et la LPO, qui rappelle qu'"il y a près de cinq ans que l'expertise conduite par le Muséum a conclu à la nécessité biologique du renforcement de la population ursine dans les Pyrénées". Le lâcher de femelles ourses répond à cette nécessité : pour redevenir viable dans ses territoires historiques d'occupation, l'espèce a besoin d'un renforcement numérique et génétique. 

"La cohabitation est possible" 

L'annonce ministérielle ne réjouit pas tout le monde, on s'en doute. Inquiet, un collectif d'éleveurs-transhumants des vallées béarnaises et souletines promet la guerre, comme le relate "Sud Ouest" dans son édition du 28 mars 2018, le député Jean Lassalle appelant lui aussi à la résistance. Mais pour le Fond d'intervention éco-pastoral (Fiep), la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques est une bonne décision. Le Fiep qui rappelle que "Ces deux femelles ne font que remplacer les femelles Claude (1994) et Cannelle (2004), tuées de la main de l’homme", affirme, avec les maires et les bergers qui ont soutenu, en 2016, avec la Sepanso son initiative en faveur du renforcement de deux ourses, que "la cohabitation est possible" en Béarn entre les éleveurs et l'ours.

Une fois la concertation achevée, Nicolas Hulot a précisé que "la France sollicitera plusieurs pays européens pour choisir les deux femelles qui seront lâchées dans le massif". 

Cathy Lafon

(1) Ce sondage, représentatif de la population française et des Pyrénées Occidentales, réalisé par l’IFOP, est particulièrement clair :

  • 84% des Français soutiennent le maintien d’une population d’ours dans les Pyrénées (soit une progression notable de + 8% par rapport au sondage précédent de 2008). Le soutien reste massif dans les Pyrénées occidentales avec 76 % d’avis favorables (78 % en Pyrénées-Atlantiques et 70 % en Hautes-Pyrénées) ;
  • 73 % des habitants des Pyrénées Occidentales sont favorables à des lâchers de femelles en Béarn (76 % en Pyrénées-Atlantiques ; 66 % en Hautes-Pyrénées).

►EN CHIFFRES

  • Le nombre d’ours est estimé à 39 dans les Pyrénées, selon les derniers chiffres officiels datant de 2016. Dans les Pyrénées occidentales, on ne compte toutefois plus que deux mâles. La grande majorité des individus ont en effet été recensés dans le centre du massif.

►LIRE AUSSI

Les commentaires sont fermés.