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Massacre de dauphins sur la côte atlantique : la LPO tire la sonnette d'alarme

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Un jeune dauphin échoué sur la plage du Porge (Gironde), le 17 mars 2017. Photo Ma Planète

Ce mercredi, un superbe documentaire animalier Disney sort dans les salles de cinéma. "Blue", de Keith Scholey et Alastair Fathergill, avec la douce voix de Cécile de France et la belle musique de Steven Price, plonge au fond de l'océan pour partager avec nous l'enchantement du sublime spectacle du ballet de dauphins, chassant en rond.

Le nouveau film Disneynature prend par la même occasion la défense de la biodiversité et de la planète. Il y a de quoi. L'hiver, quand on se balade le week-end sur les plages de la Nouvelle-Aquitaine, il n'est pas rare d'y faire des rencontres macabres. Chaque semaine depuis le mois de février dernier, les marées ramènent sur les plages du golfe de Gascogne des cadavres blessés et mutilés de dauphins, pas vraiment morts de vieillesse ou de maladie. Si on s'approche des dépouilles, on constate en effet que la plupart d’entre elles portent les stigmates de la pêche professionnelle : trous de gaffes, mutilations et blessures en tous genres occasionnés par les outils coupants utilisés par les pêcheurs pour extraire les dauphins morts ou vivants des filets dans lesquels ils sont pris.

Que les dauphins soient les victimes collatérales de la pêche industrielle n'est certes pas un scoop. Mais le phénomène prend des proportions inquiétantes. Dans un dossier publié ce mardi 27 mars intitulé "Le sort préoccupant des dauphins", "Sud Ouest" explique que des scientifiques de Pélagis, le laboratoire mixte université-CNRS de La Rochelle, estiment que le niveau de capture accidentelles de dauphins par les pêcheurs est désormais préoccupant pour le renouvellement de l'espèce.

La LPO alerte sur "le massacre massif des dauphins"

De son côté, la LPO tire la sonnette d’alarme et demande à l'Etat d'agir, "pour que cesse enfin la destruction de milliers de cétacés par certaines pratiques de pêche professionnelle". Pour l'association qui ne met pas tous les pêcheurs dans le même filet et rappelle qu'il y a de plus en plus de pêcheurs professionnels éco-responsables,  "le massacre massif des dauphins sur la côte atlantique en 2016 et 2017 n’y aura rien changé. La tuerie se poursuit en 2018 sans que l’Etat n’ait pris les mesures qui s’imposent".  

4 000 dauphins tués en 2017

dauphin,bar,lpo,pêche industrielle,chaluts pélagiquesSuivi depuis 1990 par le laboratoire Pélagis-CRNS, ces trois dernières années, le nombre d’échouages de Dauphins communs morts (Delphinus delphis) a explosé. En 2017, ce sont environ 4 000 dauphins qui ont été tués. La tendance est, hélas, la même pour 2018. La faute aux fameux chaluts pélagiques et autres sennes utilisés par certains pêcheurs, dénoncés d’ailleurs par un nombre croissant de pêcheurs professionnels, qui capturent les cétacés dans d’"immenses filets mortifères"."Il est toujours commode de montrer du doigt les pays lointains dès lors qu’il s’agit de dénoncer la destruction des espèces. Mais les massacres et mutilations des dauphins en France dépasse aujourd’hui en nombre ceux reprochés au Japon et dans les îles Féroé", dénonce Dominique Chevillon, vice-président de la LPO. 

Des "captures structurelles"

"Le risque étant connu, les dommages avérés, les causes identifiées scientifiquement et techniquement et les captures fréquentes et prévisibles", l'association de protection des oiseaux et des animaux marins qui précise que les captures des dauphins ne sont plus "accidentelles"mais "structurelles", demande à l'Etat de passer des paroles aux actes. Face à ces massacres qui durent depuis maintenant plus de 25 ans, la France a créé une commission en 2017, rappelle la LPO. Mais pour stopper l’hécatombe, elle demande à l'Etat de passer à la vitesse supérieure et formule quatre exigences. La France doit remplir son obligation d’établir et de transmettre chaque année à la Commission Européenne la réalité de la  mortalité des petits cétacés. Elle doit aussi mettre en place un contrôle efficace en mer des pratiques mortifères avec la présence systématique d’observateurs embarqués, redémarrer les recherches abandonnées en 2009 sur les techniques qui permettent de supprimer les captures de petits cétacés et enfin, classer en réserve naturelle l’intégralité du plateau de Rochebonne  (ZPS et ZCS Natura 2000) afin d’y protéger ses habitats récifs, frayères de bars, et différentes espèces de dauphins.

Bars et dauphins, même combat

Enfin, la LPO prône l'interdiction de la pêche des bars (Dicentrarchus labrax) sur leurs lieux de frayères en pleine période de reproduction, qui constitue selon elle "un non-sens écologique en soi, qui multiplie en outre les captures de dauphins". Nombreux sont les pêcheurs professionnels à abonder dans le sens de l'association. Ainsi, le 23 février 2017, le site internet des Pêcheurs responsables était vent debout contre la nouvelle réglementation de la pêche du bar, qui autorisait les chalutiers à prendre le maximum de bars durant les périodes de fraie de l'espèce, soit du 17 décembre 2017 au 31 mars 2018.

Cathy Lafon
 
►PLUS D'INFO
  • Le site Internet du laboratoire Pélagis, le laboratoire mixte université-CNRS de La Rochelle : cliquer ICI
  • Le site Internet de la LPO France : cliquer ICI 

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