Climat : les émissions de CO2 du transport automobile sont reparties à la hausse
Le géant de l'automobile japonais Toyota intensifie ses efforts dans le domaine des véhicules électrique, après avoir privilégié l'hybride (double motorisation à essence et électricité) et l'hydrogène (pile à combustible). Photo archives AFP
C'est la mauvaise nouvelle de la semaine pour la planète et la lutte contre le réchauffement climatique. Selon une étude publiée le 6 mars par l'institut Jato Dynamics, et relayée ce jeudi par le quotidien Les Echos, pour la première fois depuis dix ans, les émissions de CO2 des voitures neuves immatriculées dans 23 pays européens sont reparties à la hausse l'an dernier. On savait déjà que la tendance s'était inversée en France, en Grande-Bretagne ou encore en Allemagne. On a désormais confirmation que c'est aussi vrai à l'échelle de l'Union européenne. Alors même que l'objectif européen fixé pour 2021 est de 95 grammes par kilomètre et que la Commission travaille à définir de nouveaux objectifs de réduction du CO2 à l'horizon 2030, l'organisme précise que les émissions de CO2 de ce secteur ont atteint 118,1 g/km en 2017, contre 117,8 g/km en 2016. Soit une hausse annuelle de 0,3 g/km.
Infographie Jato Dynamics
Déclin du diesel et hausse des vents des SUV
En cause, analyse Jato, deux facteurs principaux : le déclin du diesel et la hausse des ventes des SUV. La diminution de la vente des véhicules diesel, responsables des émissions de NOx (oxydes d'azote), les fameuses particules ultra-fines dangereuses pour la santé, mais moins émetteurs de CO2 que les véhicules thermiques à essence, n'est pas contrebalancée par des ventes suffisantes en véhicules plus "propres", hybrides ou électriques. En Europe, ce secteur ne pèse toujours que pour 5% du marché en 2017, contre 3% en 2016. L'hydrogène, pourtant très prometteur pour la réduction de la pollution automobile, reste encore, hélas, un marché confidentiel.
En revanche, la montée en puissance des SUV à motorisation conventionnelle qui ne cesse de croître (30% des ventes en Europe l'an dernier), pèse lourd sur les émissions en CO2 du secteur automobile, "malgré l'introduction de petits SUV et l'adoption de motorisations hybrides qui ont permis de réduire les émissions moyennes de ce segment de 134,9 g/km en 2016 à 133 g/km en 2017", note Jato. Des niveaux bien supérieurs à la moyenne.
Toyota en tête des marques les moins émettrices en CO2
Tableau Jato Dynamics
Dans le périmètre des vingt marques automobiles étudiées par Jato, la meilleure élève de la classe en terme d'émissions de CO2 reste le géant japonais Toyota (101,2 g/km). Il est suivie des marques françaises Peugeot, à la seconde place (104,5 g/km), et Citroën, troisième (105,5 g/km). L'Allemande Nissan arrivant en septième position (115,9 g/km). Les constructeurs automobiles européens ont pourtant affiché de grandes ambitions en la matière, en annonçant des milliards d'euros dans l'électrification de leurs gammes, mais pour l'heure, les effets ne sont pas encore au rendez-vous. Si Renault et Nissan font mieux que Peugeot (+ 2,7 g/km) et Citroën (+ 2,2 g/km) par rapport à 2016, les émissions des voitures neuves de ces deux constructeurs, au lieu de diminuer, ont progressé en 2017 de 1 g/km pour le premier et de 0,9 g/km pour le second.
La Norvège, leader mondial de la voiture électrique zéro-émission
Tableau Jato Dynamics
Selon les analyses de Jato, le pays d'Europe où le marché de l'automobile est le plus "clean", c'est la Norvège, première de ce classement avec un niveau moyen d'émissions de CO2 de 83,6 g/km, en régression de 10,1 gramme par rapport à 2016, ce qui constitue une belle performance. Il y a de bonnes raisons à cela : la Norvège est le leader mondial de la voiture électrique zéro-émission. En 2017, dans le royaume nordique, plus d'un véhicule neuf sur deux vendu était électrique ou hybride. Sixième des 23 pays étudiés, une fois n'est pas coutume en matière d'environnement, la France (110,6 G/km) n'a pas le bonnet d'âne. Détenu par la Suisse (133,2 g/km), et disputé par l'Allemagne (126,2 g/km) et la Pologne (126,4 gm/km).
Les véhicules électriques ne sont pas pour autant 100% propres et écologiques
Pour les émissions de CO2 produites par le transport automobile et leur impact final sur le climat, "le bon exemple" norvégien est toutefois à considérer avec prudence. En Norvège, l'argument climatique est devenu la caution "verte" de la relance de l'industrie automobile. Or, s'ils émettent moins de gaz à effet de serre en roulant que les véhicules à carburants fossiles, les véhicules électriques ne sont pas pour autant 100% propres et écologiques. Leur fabrication a un impact sur l'environnement, de même que la production de l'électricité, leur source de motricité, produite aujourd'hui principalement dans l'Hexagone par le nucléaire. Sur ce point comme sur bien d'autres, le mieux est donc l'ennemi du bien. Des véhicules électriques pour lutter contre la pollution de l'air et le réchauffement climatique : oui, mais pas que.
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