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Protection de l'ours brun dans les Pyrénées : l'Etat condamné par la justice. Et maintenant ?

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Pour espérer voir de nouveaux oursons peupler les Pyrénées, il faut procéder à de nouveaux lâchers de femelles. Photos archives Sud Ouest / Guillaume Bonnaud

Dans l'ouest des Pyrénées, il ne reste que deux ours mâles, Néré et Canelito, deux vieux célibataires. Parfaitement insuffisant, selon les scientifiques et les spécialistes de l'ursidé, pour assurer la survie de l'espèce, réintroduite en France en 1996. Aussi, cela fait maintenant près de dix ans, que les défenseurs du plantigrade et notamment les associations Pays de l'Ours - Adet et Ferus, bataillent auprès de l'Etat pour oeuvrer à sa pérennisation dans le massif franco-espagnol. Ce qui implique, comme elles l'ont demandé et redemandé, de nouveaux lâchers d'une ou de plusieurs femelles venues de Slovénie, dès ce printemps.

Un courrier en ce sens, adressé l'an dernier par Nicolas Hulot, alors président de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) à Ségolène Royal, ex-ministre de l'Ecologie, était resté lettre morte. C'est désormais au nouveau ministre de la Transition écologique, de répondre... à savoir Nicolas Hulot lui-même. Qui ne se bouscule pas pour le faire et donner son feu vert à de nouveaux lâchers, alors que comme le soulignent les deux associations pro-ours : "Il y a désormais extrême urgence". 

La politique française condamnée

Ce qui devait arriver arriva. La justice vient de leur donner raison. Suite à leur plainte déposée en avril 2015 pour faire reconnaître l'insuffisance de la politique française de protection de l'ours brun, par son jugement du 6 mars 2018, le Tribunal administratif de Toulouse a en effet condamné l'Etat à payer 8 000 euros d'indemnités à chacune d'entre elles, considérant que : "les actions mises en œuvre par l'Etat ne peuvent pas être regardées comme suffisantes au regard des enjeux identifiés pour le maintien durable de l'espèce ursine dans le massif pyrénéen ; la France ne satisfait pas à son obligation de rétablissement de l'ours brun dans un état de conservation favorable, telle qu'elle résulte de l'article 2 de la directive du 21 mai 1992; la carence des autorités nationales face à cette obligation constitue une faute de nature à engager la responsabilité de l'Etat."

Pour "un nouveau plan de restauration de l'ours brun"

Si elles ne chantent pas victoire (ce n'est pas leur genre), les associations se félicitent d'avoir atteint leur objectif : pour la première fois, elles ont fait reconnaître par la justice que l'Etat, alors qu'il a bien une obligation légale de restaurer la population d'ours dans les Pyrénées, ne la respecte pas. Fortes de ce jugement, Pays de l'Ours - Adet et Ferus  battent le fer tant qu'il est chaud. Leur porte-parole, Alain Reynes, directeur de Pays de l'Ours, enfonce le clou pet demande désormais au gouvernement d'"adopter rapidement un nouveau plan de restauration de l'ours brun dans les Pyrénées, sachant que le dernier a expiré en 2009, et de programmer, dès ce printemps, les premiers lâchers de femelles afin d'éviter la disparition imminente de l'espèce en Pyrénées Occidentales où il ne reste que deux mâles". 

Le printemps, c'est (presque) maintenant

Un sondage Ifop, commandité par les associations pro-ours et publié le 1er mars dernier, indiquait que 84% des Français, dont 76% des sondés des Pyrénées-Atlantiques, étaient favorable à la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées. La justice est venu en renfort de l'opinion publique et cette année, les étoiles semblent bien s'aligner en faveur de l'ours brun. L'Etat français, plus prompt à s'émouvoir du sort du loup que de celui de l'ours, les écoutera-t-il ? Il est en tout cas au pied du mur : pour les ours, le printemps, c'est déjà demain. 

Cathy Lafon 

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